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4,3

sur 661 notes

Un illuminé abat de sang froid un gynécologue qui pratique l'avortement.
Un méchant et un gentil.
Mais non, le monde n'est pas manichéen et l'approche sociétale de Joyce Carol Oates l'est encore moins.
Si le meurtrier est vraisemblablement perturbé, la victime n'est pas un ange.
En les renvoyant dos à dos, l'autrice nous fait nous interroger sur la notion de bien et de mal, les camps restant mal définis.
Les victimes collatérales sont notamment les enfants de ces deux hommes. Joyce Carol Oates consacre une grande partie aux deux filles aînées qui doivent se débrouiller l'une d'un père meurtrier, l'autre d'un père assassiné qui avait sacrifié sa famille à « une cause plus élevée ».
Elle triture ses personnages jusqu'à en faire ressortir la substantifique moelle. J'ai parfois eu l'impression que des passages étaient hors sujet, c'était pour mieux me remettre dans le chemin de la démonstration.
Un seul regret : la fin. Je l'ai trouvé abrupte et peu crédible.
Ça ne m'empêche pas de vous recommander ce roman sans réserve
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Un uppercut.
Le combat ne cesse d'imprégner ce roman très fort avec au centre la question de l'avortement aux Etats-Unis.

L'autrice parvient dès le début à diffuser de la consternation et de la réflexion avec des sujets d'une grande sensibilité, touchant aux convictions profondes, religieuses, idéologiques.
Cause des femmes. Mouvements anti-avortement. Foi. Fanatisme religieux. Deuil. Complexité des liens familiaux.

Le 2 novembre 1999, Luther Dunphy – marié, père de famille, se dirige vers le Centre des femmes d'une petite ville de l'Ohio, il va tirer sur le Dr Augustus Voorhees, l'un des « médecins avorteurs » de l'hôpital, marié et père de famille lui aussi.
Le récit détricote les mécanismes et met à jour les circonstances, le cheminement, avec l'acte criminel commis ; et, l'avalanche de conséquences provoquée.
Une analyse fouillée et pertinente.
Une réflexion d'une extrême finesse psychologique.

JCO dissèque avec talent les circonstances et conséquences depuis différents points de vue exposés ; marquant un clivage au sein de la société américaine en deux groupes quasi irréconciliables, et mettant en scène plusieurs personnages des deux familles directement impliquées dans cette histoire.
Ce roman explore des sujets clivant au coeur d'une société ébranlée dans ses fondements.

L'autrice parvient à décrire des scènes très rudes, réussissant à heurter (de mon avis) ses lecteurs.
Elle explore la psyché humaine dans ses confins les plus opaques et complexes, et offre un portrait de l'Amérique époustouflant et inquiétant.

Un roman social, dense et captivant qui alterne différents angles narratifs, méritant donc de maintenir l'attention tout au long de ce « pavé ».
La référence du titre est mentionnée dans les premières pages du roman, et celles bibliques sont nombreuses, apportant une certaine dimension au récit.

Une lecture profondément marquante.
A mon sens, un très bon JCO que je recommande vivement.
Merci pour notre lecture commune à @Flaubauski @Marie2406 et @Libertybojangles
*
En 2022 la Cour suprême des Etats-Unis annulait un arrêt fédéral (Roe vs Wade) garantissant depuis 1973 le droit d'avorter dans tout le pays.
Depuis lors, chaque état est libre de légiférer en la matière.
L'abrogation de ce droit constitutionnel par les juges conservateurs marque un retour historique, et apporte un éclairage supplémentaire à ce roman écrit en 2017, donc antérieurement à cette actualité.
Un profond retentissement donc avec ce roman.

Notons qu'en France, depuis la loi de 1975 que nous devons à Madame Simone Veil, l'avortement est dépénalisé. Au moment où j'écris ma critique, le Parlement français inscrit dans la Constitution la liberté des femmes de recourir à l'IVG.
« La France devient le premier pays au monde à faire explicitement référence à la notion d'interruption volontaire de grossesse dans son texte fondamental » (source : gouvernement.fr/actualite).
Pour autant, le sujet reste brûlant d'actualité, dans certains milieux, et dans de nombreux pays encore.
Je publie ma critique en cette journée internationale des Droits de la femme.
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Une lecture que je ne suis pas prête d'oublier!
Ce n'est pas tant le thème qui m'a captivée que la forme.
Je m'explique : le thème de l'avortement et les conflits qu'il génère au sein de la société américaine m'est connu et j'ai déjà lu des romans en traitant notamment Missouri 1627 ou Une étincelle de vie.
L'opposition viscérale qui existe entre les Pro Choice et les Pro Life est inhérente à la société américaine en elle même et découle de la dichotomie caractéristique entre une partie de la société plus conservatrice et ultra religieuse et de l'autre, ceux qu'on pourrait appeler progressistes, plus ouverts en tout cas au changement.
Il est très drôle de noter les accusations des Pro Life, désignant les Pro Choice comme "socialistes athées", courants de pensée qui n'existent que très peu aux États Unis.
Ce qui m'a vraiment plus, c'est l'accent mis sur les personnalités des acteurs de ce récit et l'écriture tout en nuance de l'autrice : il n'y a rien de manichéen dans ses personnages. le médecin avorteur n'est ni un saint ni un diable, simple humain avec ses défauts et ses qualités, tout comme le tireur, tout autant décrit avec ses forces et ses faiblesses.
Mais l'autrice ne s'est pas arrêté là et nous présente aussi les familles endeuillées : celle du tueur, des "white trash", comprenez blancs pauvres, totalement conditionnés par leurs croyances ou celle du médecin, socialement plus élevée mais comportant sa part d'ombre elle aussi.
Bref j'ai adoré mais j'avoue que j'aurais aimé une fin moins abrupte et peut être quelques centaines de pages supplémentaires pour la développer.
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« le martyr parfait est suicidaire. »
Novembre 1999 : Luther Amos Dunphy, charpentier-couvreur, membre actif de l'église missionnaire de Jésus de Saint-Paul, abat de sang-froid le Dr Augustus Voorhees, obstétricien-gynécoloque et son accompagnateur devant le Centre de femmes d'une petite ville de l'Ohio. Ces assassinats créeront une onde de choc sur les familles des victimes et sur celle du meurtrier, condamné à la peine de mort et exécuté quelques années plus tard.
Joyce Carol Oates permet à tous de s'exprimer dans cet immense roman explorant la question de l'avortement aux Etats-Unis; un dossier jamais réglé, toujours ouvert sous la pression de la droite chrétienne (pentecôtistes, baptistes, amish, catholiques, évangélistes, méthodistes, fondamentalistes, « born again »). Toutes les voix des protagonistes sont entendues : la première, celle du tueur devenu martyr, celles de sa femme soumise Edna Mae et de sa fille Dawn, boxeuse rebelle, et celle de Naomi Voorhees, la fille du médecin, documentariste, dont la cellule familiale s'est disloquée à la mort de son père. La puissance de la prose de Joyce Carol Oates réussit à transcender cet affrontement immémorial entre pro-vies et pro-choix pour nous livrer un roman profondément émouvant sur les liens familiaux et sur la morale dont on tente de parer nos existences bien imparfaites. Je suis restée accrochée jusqu'à la toute fin et c'est bien à regret que j'ai refermé le livre. Heureusement, l'auteur est prolifique…
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Je sors assommée par la lecture de ce livre et ce n'est pas du fait de son épaisseur.

L'histoire de deux familles classiques américaines d'aujourd'hui.
Il y a les pro-vie : la famille DUNPHY : papa couvreur, maman (sous anxiolytiques) a arrêté de travailler pour éduquer ses quatre enfants (dont une petite handicapée).
L'avortement, il n'en est pas question. Ils sont très attachés à leur église. le père envisage même de devenir pasteur. Il est tellement certain de sa « bonne foi », et que tant que Dieu ne lui montre pas sa colère, il est dans son bon droit. Il est terrible ce passage, ou alors que sa femme est en pleine dépression, il envisage de l'étouffer pour la soulager, Dieu ne pourrait lui en vouloir.

Les pro-choix : La famille VOORHEES: milieu social plus élevé. Papa médecin gynécologue, maman universitaire, trois enfants : un garçon, deux filles, dont une petite adoptée. L'IVG doit rester un choix, le droit de la femme à disposer de son corps est primordial. ET BIEN SÛR, ils sont opposés à la peine de mort.

02 Novembre 1999, le drame arrive. Luther DUNPHY abat de sang-froid le docteur VORHEES et son garde du corps devant le centre des femmes. A ses yeux, il a fait acte de charité en empêchant plusieurs IVG.
04 mars 2006 : exécution de Luther DUNPHY.

La définition du martyr : qui endure, en général pour la défense de sa foi, de sa cause. Les deux pères sont martyrs.
Et les familles, et toutes les personnes collatérales ? Martyrs où disons victimes ?
Elles sont nombreuses et JCO prend le temps de nous les décrire…. une par une …. nous sommes au pied du mur de chacune d'entre elles, nous devons « écouter », lire (devrais-je dire).

Ce livre est vraiment remarquable.
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Deuxième livre de Joyce Carol Oates que j'ai l'occasion de découvrir et j'ai adoré ! Une fois encore, elle a l'art de manier les sujets américains qui divisent la population avec brio.

Gus Voorhees, médecin, est assassiné par Luther Dunphy. La raison ? L'un aide des femmes à se faire avorter, tandis que l'autre, fervent défenseur de Jésus et traumatisé par ses actions passées, pense qu'il vaut mieux tuer le médecin plutôt que ce dernier ne continuer à tuer des "vies innocentes".

Dans une américaine rurale, marquée par des idées conservatrices ancrées, Oates nous plonge ici au coeur du débat sur l'avortement au sein d'une Amérique divisée.

Au fil des pages, on découvre qui était ses deux protagonistes, comment ils en sont arrivés là, mais aussi et surtout, quelle sera la vie de leur femme et enfants ensuite. le procès, la condamnation à mort ou non, puis les étapes d'après. Comment continue-t-on de vivre avec un père assassin ou assassiné ? Les deux parallèles entre les deux filles sont très bien faits.

Je recommande !
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Muskegee Falls (Ohio). Luther Dunphy est un pasteur raté mais un bon charpentier-couvreur … Luther Dunphy est un piètre mari et un médiocre père de famille (malgré ses intimes convictions) mais un brave soldat de « l'armée de Dieu ».

Il tue le 2 novembre 1999, le Docteur Augustus (Gus) Voorhees et un de ses accompagnateurs, Timothy Barron (« dommage collatéral ») devant une clinique où sont pratiqués des avortements. Pour Luther Dunphy (et un bon nombre d'américains bien pensants, voire intégristes) l'assassinat d'un médecin « foeticide » est un « homicide justifiable » – quand bien même l'enfant à naître est issu d'un viol ou d'un inceste … (Shaun Harris, Michael Griffin, Lionel Greene, Terrence Mitchell sont, aux yeux de ces « illuminés », de véritables héros !)

Si Luther Dunphy assume totalement l'assassinat du Docteur Gus Voorhees, le lecteur a vraiment envie – lui – de plaindre de tout coeur sa malheureuse épouse. Qui a d'ailleurs totalement perdu la raison depuis la mort brutale de leur petite Daphne, fillette trisomique de trois ans, disparue dans un accident de voiture où son père était au volant. On aura également une profonde compassion pour les enfants Dunphy et les enfants Voorhees qui devront grandir avec ce terrible fardeau sous le regard parfois haineux de la société.

À l'aide d'une très grande impartialité, empreinte de commisération et d'empathie, Joyce Carol Oates va s'approprier les plus intimes pensées de pratiquement tous les infortunés protagonistes de son terrible récit. Analysant les sentiments de chacun (notamment des ainés des enfants : Darren et Naomi Voorhees, Luke et Dawn Dunphy) avec une rare lucidité et décortiquant les évènements (entre 1999 et 2012) en faisant preuve d'intelligence et de pertinence.

Joyce Carole Oates (dont j'ai déjà lu un grand nombre de romans) est – et indéniablement demeurera pour moi – la plus talentueuse écrivaine américaine contemporaine et mon auteure de référence par excellence ! J'ai ADORÉ ce chef-d'oeuvre d'humanité, où chacun détient SA vérité, une légitimité qui devra peut-être bien être remise en question, finalement … Voilà une lecture qui se « mérite » mais qu'on ne pourra plus jamais oublier !
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«Dis seulement un mot et mon âme sera guérie. le seigneur me le commanda. Dans tout ce qui arriva, ce fut Sa main qui ne faiblit pas.»
Le début du roman décrit le meurtre, devant la clinique où ont lieu des avortements, de Augustus Voorhees, médecin gynécologique et de son accompagnateur, par Luther Dunphy, membre d'un groupe anti-avortement, persuadé d'être guidé par la main de Dieu.
Joyce Carol Oates démonte avec rigueur et précision le processus qui conduira le meurtrier, couvreur de son état et père de famille, à accomplir son crime. Dans ce récit, l'auteure nous montre une Amérique fracturée entre des classes sociales aisées, instruites, progressistes, et des classes sociales défavorisées et démunies « Il y a quelques poches relativement éclairées à travers le pays - les grandes villes où la culture et l'intelligence se sont réfugiées - le reste est un immense désert.»
Tour à tour, la romancière nous brosse les portraits de Luther Dunphy, se sentant coupable de la mort de l'un de ses enfants dans un accident de la route, influencé par un pasteur rigoriste, celui de sa femme, dépressive et fragile, puis ceux de Gus Voorhees, médecin brillant consacrant sa vie à la défense des droits des femmes, de sa famille, sa femme Jenna et ses enfants.
Puis, nous assisterons aux procès de l'assassin qui seront pour certains, en réalité, celui de la victime, « tueurs d'enfants innocents » et dont l'aboutissement sera la condamnation à mort de Luther, puis son exécution, terrible de souffrances : «Deux heures, dix-huit minutes, c'est le temps que mit Luther pour mourir entre le moment où on l'attacha sur le chariot et celui où le médecin le déclara mort.»
Dans une seconde partie du roman, nous suivrons les itinéraires de Dawn, la fille de Luther, et de Naomi, celle de Gus, toutes deux imaginant leur père en martyrs. Itinéraires qui les mèneront à se croiser et, à la toute fin du livre, à se retrouver «Tout se passa très vite. Dans la consolation du chagrin, elles se tenaient embrassées et voulaient ne jamais se déprendre.>>
860 pages et pas une minute d'ennui, pas une ligne de trop malgré la richesse des thèmes abordés avec humanité et bienveillance : L'antagonisme des anti-avortement et des pro- avortement, l'intégrisme religieux, «un chrétien est quelqu'un qui est prêt à sacrifier sa vie au martyr», Lois divines contre lois terrestres, les rapports entre parents, enfants- parents, frères-soeur, le clivage entre les sociétés américaines progressistes et celles défavorisées , le chagrin et les souffrances de la perte d'un être cher, les mécanismes de la justice américaine, la peine de mort et l'exécution des condamnés, le monde de la boxe, entre autres.
L'action se déroule de novembre 1999 à février 2012. Quand j'observe l'Amérique de Trump d'aujourd'hui, je me demande ce qui a changé.
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2 novembre 1999 : Luther Dunphy, chrétien, militant pro-vie met fin à celle de Gus Voorhees, athée, médecin pro-choix.

Illustrés par une dévotion qui confine à l'aveuglement, de part et d'autre, Joyce Carol Oates nous offre deux visages d'une Amérique résolument scindée (à l'image du drapeau américain sur la couverture). Deux visages d'hommes qui se regardent l'un l'autre dans un miroir déformant où certains traits se confondent quand d'autres paraissent diamétralement opposés. Chacun farouchement convaincu d'une cause plus grande que sa vie et prêt à la sacrifier sur l'autel de ses certitudes.
Mais au delà de ces visages de façade, ce sont leurs familles, spectatrices impuissantes de ce drame et victimes aux premières loges, que l'autrice nous offre de suivre. On y retrouve cette dualité, ce miroir déformant et son reflet déroutant toujours, mais à une échelle plus nuancée qui se veut plus humaine en comparaison aux figures de "martyrs héroïques", dans leurs milieux respectifs, des deux pères de famille.

Il est intéressant de remarquer que, si le conflit se porte sur une thématique aussi féministe que le droit des femmes à disposer de leur corps, l'autrice a choisi deux hommes comme figure de proue de chaque camps. Je ne peux m'empêcher d'y voir une savoureusement subtile et pertinente ironie.
Cela ne l'empêche pas de faire la part belle aux femmes, et notamment à Naomi et Dawn les filles Dunphy et Vorhees. Une nouvelle génération de femmes, incarnant la reconstruction dans un monde dépourvu de repères, un monde sans père et par conséquent sans paternalisme où tout est à conquérir pour et par soi-même.

L'alternance de points de vue est bienvenue. Je n'ai pu m'empêcher de penser à ma lecture de "Fille noire, fille blanche" dans laquelle le point de vue unique m'avait un peu laissée sur ma faim. On retrouve d'ailleurs cette même mise en perspective d'une famille croyante très pratiquante et d'une famille athée socialo-progressiste engagée.

L'écriture respecte une totale neutralité de ton, on ressent donc à juste titre une certaine gêne lorsque l'on erre dans les pensées de Luther Dunphy. C'est sûrement à cela que tient aussi un roman réussi. Il vous malmène parfois pour mieux vous ébranler. J'ai malgré tout l'impression que c'est une neutralité qui se borne à la posture d'écriture, car on perçoit tout de même dans la structure même des personnages un certain engagement sous-jacent et salutaire.

Un roman soigné dans un style accessible pour une lecture captivante et persistante.
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« le livre le plus important de Joyce Carol Oates » annonce le bandeau rouge de ce gros pavé… ça met la pression. C'est un voyage très immersif que nous propose Joyce Carol Oates et ça commence fort puisqu'on se retrouve dans la tête de Luther Dunphy, guerrier de Jésus, sauveur autoproclamé des enfants innocents qui va tuer de sang-froid Augustus Voorhees, un médecin avorteur et son garde du corps. Quelle que soit notre opinion initiale sur le sujet, il faut savoir qu'on va se retrouver dans la peau de tous les personnages essentiels : l'assassin et l'assassiné, leurs épouses et leurs filles respectives. La première partie dans la tête de Luther Dunphy m'a mise très mal à l'aise et j'ai douté de ma capacité à poursuivre. Ensuite, la situation vécue sous l'angle de la famille du médecin assassiné (on entendra parler de celle du garde du corps plus tard) n'a pas été forcément plus facile à lire. de plus, l'autrice ne cherche à aucun moment à nous rendre les personnages sympathiques, ils sont montrés dans toute leur réalité d'humains avec leurs défauts et leurs failles et surtout leur irrationalité. Maintenant que j'ai refermé le livre, je comprends pourtant l'importance de ces passages difficiles. L'autrice décortique lentement tous les facteurs qui entrent en jeu, notamment ceux qui relèvent d'un certain déterminisme social. C'est donc dans une ambiance très pesante qu'on progresse au fur et à mesure que l'on découvre la vie et le contexte des différents protagonistes. L'horizon commence à s'éclaircir quand l'autrice braque sa focale sur les personnages de Dawn et de Naomi, filles sacrifiées sur l'autel des idéaux et convictions de leurs parents, qui tentent de se reconstruire. Alors, pourquoi ce roman mérite d'être lu : tout d'abord parce qu'il nous donne toutes les cartes en main - aucune vérité ne nous est cachée même les pensées les plus horribles – pour, logiquement, arriver à une opinion tranchée. Or, je crois que ce n'est pas tout à fait ce qu'il se passe… Pour ma part, je suis rentrée dans ce roman forte de mes convictions et toute cette belle certitude est un peu retombée comme un soufflé. Pas que j'aie remis mes opinions en question, mais le message que j'en retire c'est qu'il ne peut pas y avoir de vrai débat si l'on reste dans l'incompréhension et l'intolérance de l'autre, si on reste buté dans une position radicale en se disant que tout ce qu'il représente est mauvais et qu'il doit être bâillonné. Ici l'autrice nous parle de l'Amérique divisée, et pas uniquement sur la question de l'avortement, qui n'arrive plus à concilier des opinions de plus en plus radicalement différente. Elle lance un appel au pardon, à l'apaisement et à la réconciliation.
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