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4,3

sur 661 notes
Depuis toujours je me demande comment on peut justifier de tuer quelqu'un parce qu'on défend la vie... Maintenant je sais, mais je ne comprends toujours pas. Ça n'a aucun sens pour moi, comme la peine de mort. En somme on te dit "Tu as tué, tuer c'est mal, alors on va devoir te tuer pour te punir". C'est un non sens...
Dès les premières pages j'ai ressenti une sorte de fascination pour cette histoire et pour Luther Dunphy, cet être totalement ambigu et retors qui se cache derrière sa piété, qui se gargarise de sa charité chrétienne alors qu'il est quelqu'un d'assez vil.
Et il y a Gus Voorhees, le médecin avorteur, l'humaniste, celui qui donne tout à la cause des femmes.
Au bout de tout ça, il y a l'intégrisme chrétien, qui tue pour sauver des vies, au nom de dieu. 
On se croirait en plein moyen-âge. 

Les situations, les sentiments des uns et des autres, tout est décortiqué, analysé et disséqué , et c'est parfois très long... c'est malheureusement ce qui m'a fait décrocher bien souvent, où je me rendais compte que mes yeux lisaient mais que mon esprit vagabondait très loin de l'histoire, m'obligeant à revenir régulièrement en arrière.
C'est pourtant nécessaire pour nous faire ressentir la lente déliquescence des deux familles après le drame.
Puis à partir du milieu du livre, j'ai commencé à être vraiment captivée. L'histoire prend une tournure un peu plus dynamique, on est dans la vie des personnages pendant et après le jugement. On entre plus profondément dans les motivations des intégristes.
On suit parallèlement les deux familles, et plus précisément les vies des deux filles, Dawn Dunphy la fille de l'assassin fou de Dieu, et Naomi Voorhees la fille du médecin humaniste et féministe assassiné. On les voit dans la lente progression vers l'âge adulte, chacune avec sa blessure qui semble inguérissable, et les liens familiaux devenus délétères où tout le monde a démissionné.
Évidemment Joyce Carol Oates ne prend pas partie, elle nous raconte cette histoire qui est un véritable phénomène de société en Amérique, à savoir que les médecins pratiquant des avortements reçoivent sans arrêt des menaces de morts par des intégristes et que certains finissent par être assassinés, et évidemment ça remue beaucoup de choses chez le lecteur.
Il est question dans ce roman d'humanisme et d'obscurantisme, de libres-penseurs et d'intégristes religieux, de droit des femmes et de culte intransigeant, de deuil et de reconstruction... en tout cas d'une société où la religion est omniprésente.
Par certains aspects cette histoire m'a rappelé le chardonneret de Dona Tartt. Sans doute parce que dans les deux histoires il est question d'adolescents confrontés à la mort violente d'un de leur parents, livrés à eux-mêmes et de leur long chemin laborieux vers l'âge adulte.
Ce roman me restera longtemps en tête, c'est une certitude, tant il m'a bouleversée, questionnée, sidérée et tant c'est déconcertant ce genre de situations au XXIème siècle dans un pays qui se prétend "la plus grande nation du monde".
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Un livre de martyrs américains c𠆞st une plongée en profondeur dans un sujet qui, aux Etats-Unis, est au cœur d’une profonde opposition entre les pro et les anti : l𠆚vortement, qui depuis l𠆚rrêt Roe v. Wade de la Cour suprême, en 1973, est considéré par la Justice américaine fédérale comme relevant du droit à la vie privée protégé par le IVe amendement. Chaque Centre de femmes ou clinique pratiquant les avortements est la cible de manifestants pro-vie qui peuvent être parfois très violents, la protection tant des femmes qui veulent s’y rendre que des médecins qui y pratiquent est devenue une nécessité𠉫ref, c𠆞st un sujet très sensible et c𠆞st avec beaucoup d’intelligence, de subtilité que Joyce Carol Oates le traite dans ce roman qui, bien que très dense, se lit assez facilement et sans qu’à aucun moment un quelconque sentiment d𠆞nnui ne vienne ternir cette lecture.

L𠆚utrice décortique admirablement bien tous les aspects de cette guerre qui fait rage entre les deux camps, sans aucun jugement elle nous présente tous les personnages en toute objectivité, et les conséquences que les actes des uns ont eu sur la vie des autres. Comment Luther Dunphy, charpentier, fervent croyant a t-il pu en arriver à commettre l’irréparable en tuant « son prochain »? Comment sa famille, sa femme et ses enfants et aussi la famille et les enfants du médecin assassiné ont-ils vécu après ce drame?

C𠆞st passionnant, remarquablement bien écrit et quelle que soit notre position sur le sujet, c𠆞st une lecture qui fait réfléchir. L𠆚utrice analyse tout en profondeur, la façon dont se déroule le procès et les moyens de défense présentés par les défenseurs de Luther, les conséquences sur les familles des deux côtés, les attentes, les déceptions. Comment vivre tant que tout n𠆞st pas réglé. Les filles des deux hommes, Dawn Dunphy et Naomi Vorhees n𠆚vaient qu’une dizaine d𠆚nnées quand elles ont chacune perdu leur père. Et la deuxième partie qui est consacrée à leurs vues respectives est particulièrement touchante et émouvante.

Bref, j𠆚i beaucoup aimé cette lecture poignante et émouvante
❤❤❤❤
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Tout ce que j'attends d'un roman : des émotions , des questions, des découvertes et, une fois refermé, la certitude d'avoir vécu une expérience humaine.
Avec quel brio JCO nous place dans la tête d'un meurtrier et de sa victime ! D'emblée on assiste au meurtre du Docteur Augustin Voorhees par Luther Dumphy. le premier est gynécologue et aide les femmes à avorter ; le second, soldat de Dieu qui se sent conduit par Jésus, veut châtier ce "foetucide". Dans une bourgade de l'Ohio, aux Etats-Unis, nous voici au coeur de l'antagonisme "prochoice" et "prolife" (très intense dans les années 1990 2000, et loin d'être réglé de nos jours).
Avec quelle intelligence JCO nous dévoile progressivement le parcours de ces deux hommes, et la déflagration de ce crime sur leurs proches ! Après le meurtre vient l'enquête, puis le procès, avec de nombreux rebondissements. On suit en parallèle les épouses et mères anéanties, les enfants des deux fratries - celle de la victime et celle du meurtrier - terriblement déstabilisés, luttant pour comprendre...face à eux les adultes dépassés se montrent majoritairement incapables de répondre aux questions et de leur apporter le soutien et l'affection dont ils auraient tant besoin. Un roman très prenant, qui sidère, surprend, dégoûte et choque, mais surtout qui éclaire un pan du monde et de l'humanité.
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Jusqu'ici Joyce Carol Oates m'intimidait un peu. J'avais essayé de lire Mudwoman qui m'avait un peu ennuyé et depuis je n'osais pas m'attaquer à son oeuvre oh combien prolifique. « Un livre des martyrs américains » m'avait été offert il y a déjà un petit moment et j'ai profité des vacances pour m'atteler à ses 860 pages. Bien m'en a pris car j'ai pris un immense plaisir à cette lecture.
Plongée vertigineuse dans l'Amérique du Nord profonde où les partisans de la liberté de l'avortement et ceux du droit à la vie s'opposent avec virulence : le récit commence quand un militant prolife assassine un médecin pratiquant des avortements. Cette scène d'une violence inouie va agir comme une bombe à fragmentation et faire exploser la vie de leurs deux familles. Joyce Carol Oates raconte dans le détail ce qui a précédé et ce qui suit cette scène originelle. Pour ce faire, elle donne la parole aux différents protagonistes : le meurtrier, un homme frustre aux ambitions insatisfaites qui trouve dans cette cause une raison d'exister et se croit investi d'une mission divine, la victime, fils d'intellectuels qui va prendre tous les risques pour agir selon ses valeurs en faveur des femmes en détresse, et les filles de l'un et de l'autre qui vont trouver leur chemin pour finir par se retrouver face à face et se reconnaître.
A aucun moment, Joyce Carol Oates ne réduit son récit un réquisitoire pour ou contre l'avortement. Ainsi elle ne prend pas clairement parti, ni ne porte de jugement moral et c'est cette neutralité qui fait la force du livre. Les seuls pour lesquels elle a des mots durs sont les leaders activistes pro-life qui, de façon totalement hypocrite, appellent à s'en prendre aux médecins « avorteurs » et refusent ensuite d'assumer toute responsabilité quand un militant passe à l'acte. En revanche, l'assassin et sa victime assument, eux, pleinement leurs actes et leurs conséquences. Ce qu'elle cherche à démontrer, c'est que, dans cette histoire, rien n'est blanc et rien n'est noir : il n'y a pas de saint et de martyr ou plutôt tous deux sont saints et martyrs de causes plus grandes et complexes que leurs personnes. Pour ce faire, elle s'attache à restituer les pensées, les sentiments, les hésitations, les convictions, les doutes, les forces et les faiblesses de chacun de ses personnages pour lesquels elle semble éprouver une immense empathie notamment quand elle raconte les itinéraires des deux filles que tout semble opposer mais que tout réunit.
La grande simplicité du style est contrebalancée par la complexité du récit qui fait intervenir plusieurs narrateurs : c'est d'une grande virtuosité et on ne se perd jamais.
Voici un roman d'une grande intensité qui prend aux tripes et m'a laissée éblouie par tant de talent.
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🇺🇸 Un livre de martyrs américains - Joyce Carol Oates 🇺🇸
Traduction : Claude Seban

2 novembre 1999. le Dr Gus Voorhees, "médecin avorteur" dans un centre pour femmes de l'Ohio, est assassiné. Son assassin est Luther Dunphy, un chrétien militant pro-vie qui venait régulièrement devant le centre avec d'autres partisans pour essayer de convaincre les femmes de renoncer à mettre fin à leurs grossesses. Dunphy se pense choisi par Dieu pour défendre la vie de ces bébés à naître, se prend pour un soldat de Dieu qui accomplirait Sa volonté en tuant Voorhees qu'il prend pour un assassin. Dunphy tire sur le médecin et le bénévole chargé de l'escorter, pose son fusil et se laisse arrêter sans se débattre. Les vies de deux familles basculent ce 2 novembre, celle du Dr Voorhees qui laisse une femme et trois enfants derrière lui et celle de Dunphy qui, emprisonné et risquant la peine de mort, laisse sa femme dépressive depuis la mort de leur cadette et quatre enfants. Ces familles vont devoir faire face au deuil pour l'une et face à une vie avec un père/mari qui a pris en toute conscience une décision qui l'éloignerait d'eux et les forcerait à se débrouiller seuls.

Ce roman est mon premier de l'auteure, il était temps que je la découvre et je me suis dis pourquoi ne pas commencer par le dernier... j'ai une logique implacable 😁.
Ce roman parle de l'avortement oui mais il parle de beaucoup d'autres choses aussi. Il y est question de la religion, des convictions, de la famille, de la condition de la femme, de la maternité et de son absence ou sa perte, de deuil, de construction et de reconstruction... Énormément de thèmes sont abordés, fouillés, questionnés grâce au changement de point de vue. En effet l'auteure passe d'un personnage à l'autre, si bien que l'on passe des idées pro-vie de Dunphy au deuil et à la colère de Naomie, la fille du Dr Voorhees. C'est à mon sens un des points forts du roman, arriver à exposer les points de vue de chacun, exposer sans moraliser, laisser le lecteur faire son tri et se faire son idée, le laisser juger.
C'est donc un roman très complet mais pour être tout à fait honnête il y a eu des moments où je me suis dit "c'est looong..." et où j'avais hâte que l'auteure passe à un autre personnage, ce qui parfois tardait trop à venir.
Pour conclure je dirai que c'est un roman important, une lecture essentielle pour appréhender les questions de société qui reviennent depuis quelque temps sur le devant de la scène (rien n'est jamais acquis à ce qu'on dit...) mais qui aurait gagner à se délester de quelques pages.
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Joyce Carol Oates figure en très bonne place dans mon panthéon personnel de mes auteures préférées. Toutefois, je n'avais rien lu d'elle depuis « Mudwoman ». Quel bonheur de la retrouver avec ce roman magistral. C'est un bonheur, certes, mais pas une lecture facile…un peu comme chacun de ses romans rétorqueront ceux qui la connaissent.

Etat de l'Ohio (celui qui sert toujours de test pour les élections présidentielles américaines) en 1999. Luther Dunphy, marié père de 4 enfants, après un parcours un peu chaotique, rejoint les rangs de la Pro-Life Action League et participe activement aux manifestations anti-avortements devant les Centres de Femmes où ces interventions sont pratiquées .

Augustus Voorhees, marié et père de famille lui aussi, est un gynécologue réputé qui s'est engagé dans la défense du droit des femmes, particulièrement celui à l'avortement. Il dirige la clinique de la petite ville où vit Luther Dunphy.

Ce dernier, emporté par la folie des groupes fondamentalistes religieux qu'il fréquente, ce réveille un jour « investi d'une mission divine » : il doit débarrasser le monde de ce suppôt de Satan qu'est Augustus Voorhees.

Le médecin sera abattu comme un chien devant la clinique où il exerce ainsi que l'homme chargé de sa sécurité par Luther Dunphy.

Ces coups de feu changeront irrémédiablement le cours des vies des membres des familles concernées. Comme les ricochets créés par le mouvement d'une pierre jetée dans l'eau, ces répercussions s'étaleront tout au long de leurs vies.

N'attendez pas de Joyce Carol Oates une prise de positions. Bien au contraire, elle dresse de façon détaillée, complète et sans compromission un portrait de chaque camp, un compte-rendu de la société américaine dans toutes ses contradictions.

Elle laisse au lecteur le soin de se questionner, un peu comme dans une recherche philosophique.

La lecture de ce pavé de 860 pages a été extrêmement intéressante, Il me faut maintenant un petit moment de latence pour entamer un autre roman au risque que celui-ci ne me paraisse fade.
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Je n'avais jamais lu Joyce Carol Oates ; cela faisait un certain temps que j'y pensais, mais que le courage me manquait. Il fallait une dose de folie pour faire irruption dans son oeuvre avec cette oeuvre-là, ce sujet-là et ses presque 900 pages ! Et bien, folie ou pas, l'essai est transformé !

Sale temps en Amérique pour les femmes et leurs libertés si chèrement acquises ; françaises, remercions encore et toujours Simone d'avoir tenu bon dans la tempête, et à ses successeurs d'avoir su pérenniser une loi ‶ sanctuarisé dans le temps ″ son application et surtout évité les hystéries outrancières qui ont cours aux USA pour un sujet qui au fond concerne l'intimité d'une femme et/ou d'un couple.

Parce que dans ce pays si prompt à défendre les libertés, on tue encore celles et ceux qui les appliquent.

Par un beau matin de novembre, le Dr Voorhees qui pratique des avortements croise le chemin de Luther Dumphy autoproclamé ″soldat de Dieu ‶ et résolu à venger ces bébés qui ‶ne demandaient pas à mourir″. L'assassinat fera deux victimes immédiates : le médecin et un vigile. Mais en réalité, deux familles se relèveront difficilement de tout cela.

Il ne faudra jamais chercher la moindre position de l'auteur pour un camp ou l'autre. Car la réalité est infiniment plus complexe. Et c'est là tout l'intérêt de ce roman qui décortique les mécanismes d'une société -irrémédiablement- divisée sur le sujet, dans un pays officiellement laïc où la religion est omniprésente. Son Président prête serment sur la Bible, et sa monnaie affiche fièrement sa devise ″In God we trust ‶ !

Joyce Carole Oates passe au peigne fin tous les personnages, cherche à expliquer du côté du meurtrier, autant qu'elle tente à comprendre le médecin idéaliste dans son aveuglement face aux dangers qu'encourraient sa famille.

Il n'y a pas un martyr, mais des martyrs qui ne sont pas forcément ceux que l'on croit.

Ce roman astucieusement et méthodiquement construit se révèle d'une grande intelligence jusqu'à son dénouement, surprenant, et laissant ainsi davantage de questions que de réponses. Tel n'était d'ailleurs pas la finalité de l'auteur.

Voilà assurément un grand roman, et pour moi une entrée plus que réussie dans l'abondante bibliographie d'une auteur que je relierai !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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1999, Ohio. Un matin, Luther Dunphy tire sur le Dr Augustus Voorhees, un médecin « avorteur » et son garde. Il se rend immédiatement sans aucune résistance et est condamné à la peine capitale.

Dans cette Amérique divisée en tout point, l'avortement est l'un des thèmes de déchirement de ces 328 millions de citoyens.
Ce qui est magistral dans le roman de Joyce Carol Oates, c'est qu'elle arrive de bout en bout à ne pas prendre parti, elle en reste aux faits, objective comme un magistrat, chirurgicale et méticuleuse. Elle divise les protagonistes et tout le pays en deux.

Elle nous ouvre les yeux, qui sont les martyrs? Toutes les victimes collatérales. Les foetus abandonnés aux poubelles, emballés dans des cartons derrière la clinique, pas de sépulture chrétienne pour ceux « qui n'ont pas vécu ». le tueur, arme divine au service de la cause du droit à la vie et condamné à la peine de mort, abandonné par son dieu; sa victime, médecin, héros salvateur de femmes en détresse. La famille: épouses déboussolées, fuyantes, enfants traumatisés, abandonnés par leurs pères et d'une certaine manière par leur mère et la société. Ce gardien de prison devenu proche du condamné et désigné pour l'injection létale.

A travers cette dissection froide des faits tout au long de ces quelques 860… pages de maestria nous sommes questionnés par l'auteure et ne sortons pas nécessairement avec toutes les réponses aux débats de l'avortement et de la peine de mort à notre époque. Quelles sont les véritables conséquences de nos choix?
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Le 2 novembre 1999 le Dr Augustus Voorhees, médecin d'un centre d'avortements et son garde du corps sont abattus devant le centre médical par un activiste pro vie. Joyce Carol Oates pose là un problème majeur aux États-Unis. En effet, la société américaine est divisée entre les pro vie, réactionnaires, attachés à leurs valeurs, leur morale, leur religion et les pro choix progressistes.
L'auteure dissèque la vie et les motivations des deux hommes en toute objectivité.
Après l'assassinat d'Augustus Voorhees et l'emprisonnement puis l'exécution de Luther Dunphy, les deux familles éclatent. Femmes et enfants sont perturbés et devront ré inventer de nouvelles raisons de vivre. Rien ne sera plus jamais comme avant pour eux tous.
La femme du médecin, Jenna choisira la fuite en avant, en abandonnant ses enfants à leurs grands parents et en se noyant dans le travail. Celle de Luther Dunphy déjà très perturbée par la mort accidentelle d'un enfant puis par l'emprisonnement et la mort de son mari réussira, elle aussi, à reprendre le dessus.
Joyce Carol oates s'attache alors aux destins des deux filles, Naomi Voorhees et Dawn Dunphy. La première, obsédée par la mort de son père, essaie de rassembler tous les souvenirs pour faire un documentaire sur ce sujet , la seconde se lance dans la boxe.
Dans la dernière partie du roman J. C. O. nous parle merveilleusement du monde de la boxe à travers les combats de Dawn, il faut dire que L'auteure avait déjà écrit un livre sur ce sujet qui la passionne depuis l 'adolescence.
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Roman prodigieux que je referme à l'instant et qui m'a accompagné pendant 10 jours. J'ai envie d'écrire toute mon admiration pour le génie de cette auteure. ..
Sur le sujet très américain du très controversé droit à l'avortement, Joyce Carol Oates se permet de rester presque neutre et de se glisser dans la peau des "anti" comme dans celle des "pro" : qui sont d'ailleurs ces « martyrs américains » ? le chirurgien assassiné (Augustus Voorhes) et toute sa famille ou bien l'assassin fanatique (Luther Dunphy) et sa famille ? Et si c'était les deux ? L'un assassiné pour avoir lutté très activement et défendu les droits des femmes tandis que l'autre, exécuté (car, oui, dans l'Ohio, la peine capitale subsiste encore), pour avoir voulu suivre Jésus et défendre les « sans-défense », c'est-à-dire les foetus avortés ?
Le lecteur navigue constamment d'un camp à l'autre : l'auteure nous fait écouter la voix des deux personnages principaux mais aussi (et surtout ?) celles de leurs épouses et enfants respectifs. le récit, complexe, est très habilement mené et construit sur 900 pages jamais longues, toujours haletantes et puissantes. Les deux familles subissent une désolation dévastatrice : chacun de ses membres est touché, mis à terre, choqué, moqué, plaint ou évité. Les épouses ne se relèveront pas et leurs filles respectives subiront des choses terribles. Joyce Carol Oates excelle dans la description minutieuse des émotions adolescentes et c'est d'ailleurs le sujet d'une bonne partie de son roman. Un autre sujet abordé est le rapport fille-mère.
La rédemption finale (le pardon est un des thèmes puissants de ce roman) est juste et inattendue, l'humanité des deux jeunes filles se révèle enfin.
A lire absolument.
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