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sur 192 notes
Pourquoi cette mère enferme-t-elle ses trois enfants dans une maison dont ils ne doivent sous aucun prétexte franchir le mur de briques ? Elle sort chaque jour pour aller travailler, laissant les enfants seuls durant des années. Elle leur a demandé un jour d'oublier leurs prénoms mais d'en choisir un en ouvrant les pages d'une encyclopédie scientifique destinée aux enfants. le livre fait partie des centaines d'ouvrages disposés sur des étagères. le résultat de leur recherche ? Ils s'appelleront désormais Opale pour la soeur, l'aînée des trois, Ambre le second et Agate, le dernier frère. Trois prénoms jolis, poétiques, que chacun illustrera à sa façon. Pour Ambre, cette résine aux reflets dorés s'insinuera dans son oeil gauche où s'inscriront toutes sortes d'images vues autour de lui, ambre où la marque vivante, poétique et dangereuse de ce qui l'entoure et le frappe. Opale, ou la délicatesse et la solidité d'une grande soeur qui se sent responsable, Agate ou l'étrangeté d'un petit frère hypersensible et taquin.

Mais il manque un élément à cet ensemble : celle qui, disparue tout bébé mordu par un chien maléfique, ne s'appellera jamais autrement que « la benjamine », l'absente omniprésente pour qui les autres créent une « cavité » entre eux, destinée à l'accueillir en marquant sa place. La toute petite dont on sent bien qu'elle est la clé de cette étrange histoire. Elle va revivre, telle sur la bande d'un film d'autrefois, lorsque Ambre fera tourner très vite les angles des pages de l'encyclopédie qui portent chacune une esquisse qu'il a dessinée de la petite fille.

Le chien maléfique, parfois « famélique » sous la plume de la traductrice (jeu de mots possible en japonais?) est manifestement l'autre clé : qui est-il au juste ? Pourquoi a-t-il agressé l'enfant ? Et qui est ce père, ce mari dont on parle à peine et à qui appartient le cadre, villa-jardin bien clos ?

Toute l'histoire est un mystère, un enchantement féerique propre au monde des enfants qu'on ne laisse pas grandir. Enfermés, vêtus de vêtements de plus en plus courts et étroits, perdant peu à peu l'usage de la voix, ils créent leur monde, leurs règles, organisent leur petit bonheur fait d'amour fraternel, de routine imposée par la mère et surveillée par la grande soeur. Ils sont heureux à leur manière.

L'extérieur pénètre enfin un jour dans ce huis-clos, sous la forme d'un colporteur d'abord puis d'un chaton et un interlocuteur extérieur viendra finalement nous raconter Ambre, devenu M. Amber, monsieur reclus (encore!) dans une résidence pour vieillards ou pour malades.

Livre riche en émotion, en symboles, en délicatesse, comme une peinture japonaise, où se côtoient les éléments indispensables à la plume de l'artiste asiatique : le minéral, le végétal et la construction humaine. Enchantés par un mouvement poétique.

Livre inquiétant où le fantastique et la poésie font oublier le pitoyable.

Une belle réussite littéraire.





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Yôko Ogawa est capable du meilleur comme du pire, du moins à mon goût. le meilleur : la poésie que génère l'intrusion du merveilleux dans un récit par ailleurs réaliste, comme par exemple dans le délicieux "Les tendres plaintes". le pire : lorsque la cruauté s'invite comme dans l'horrifique "Hôtel Iris". Ici, on est dans un entre-deux, parfois attachant mais lassant au bout de plus de 300 pages. L'étrange histoire de cette fratrie, confinée par une mère psychotique, obsédée par la présence imaginaire d'un "chien maléfique" rôdant aux alentours, aurait pu faire l'objet d'une nouvelle, art dans lequel excelle l'auteure ("Les paupières", "Jeune fille à l'ouvrage"). Hélas, à chaque page tournée on se demande quand finira enfin cette souffrance à laquelle les enfants, chacun porteur d'une pierre qui est leur talisman et dont le nom remplacera leur prénom de naissance, se sont habitués et reconstruisent leur vie en tenant compte de cette contrainte extrême. Elle finira, tragiquement, mais il faudra attendre la toute fin pour en savoir plus. Yôko Ogawa aime faire souffrir, c'est certain…
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"Instantanés d'Ambre" est un roman à la limite de l'expérimental, du fantastique et de l'onirique. Mais c'est avant tout un chef d'oeuvre de délicatesse, d'imagination et de métaphore. Trois enfants, frères et soeur, sont enfermés par leur mère dans une maison isolée dont le jardin est entouré d'un mur de briques. Il s'agit de les protéger du chien maléfique qui a emporté la benjamine.
L'enfance et ses merveilleuses ressources se dévoilent sur plusieurs années. La fratrie fait preuve d'unité, de tendresse et d'inventivité dans ses jeux et ses occupations. L'une conte des histoires, l'autre chante, tandis qu'Ambre dessine dans les marges des encyclopédies et découvre ce qui se cache dans les intervalles entre les pages qui tournoient. Mais les enfants grandissent et chacun réagit à sa façon aux interdictions maternelles.
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J'ai beaucoup apprécié cette lecture, le rythme est plutôt lent mais on rentre rapidement dans l'histoire et le texte est assez facile à suivre malgré les changements entre le passé et le présent.
Je me suis posé de nombreuses questions pendant la lecture, dont la plupart n'ont pas eu de réponse. Cependant, l'imagination semble être un thème central du livre et ces questions ouvertes m'ont amené à en imaginer mes propres réponses. le cadre du roman est mystérieux et mélancolique, et j'ai ressenti de l'empathie pour ces enfants coupés du monde extérieur et replié sur leur petit groupe familial.
Je ne connaissais pas du tout Yôko Ogawa donc je ne peux pas juger ce livre par rapport à d'autres oeuvres, mais il m'a donné envie d'en découvrir d'autres.
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Une lecture troublante

Tant de fois j'ai regardé ma fille, son innocence, ses jeux d'enfants, son émerveillement, et j'ai souhaité qu'elle demeure ainsi pour toujours.
Instantanés d'Ambre, c'est un peu la mise en scène de ce voeu.

Yoko Ogawa crée à merveille une atmosphère mélant l'étrange, la douceur de l'enfance et une forme de tension impalpable.
À l'intérieur de ce mur de briques, tous les repères sont flous : le temps, la limite entre imaginaire et réalité, entre vie et mort, entre joie et macabre.
Le personnage de la mère est nébuleux mais intéressant. Les relations mère-fille(s), dépeintes à demi-mot interrogent également.
D'ailleurs, ce roman joue beaucoup sur les non-dits, et sur ce que l'on sait tout en s'efforçant de l'ignorer.

Le personnage d'Ambre est à la fois triste et fascinant. Ambre, c'est celui qui abrite la mémoire de la famille, celui qui plonge en lui pour ne pas voir sa fratrie telle qu'elle devient, et en conserver un souvenir heureux et figé.

Néanmoins, je ne suis pas conquise par ma lecture. Beaucoup de longueurs et de répétitions dans l'écriture. J'ai trouvé le choix de narration peut intéressant.
La fin se précipite un peu et me laisse un goût d'inachevé.

Instantanés d'Ambre est ma première rencontre avec Yoko Ogawa, et je pense, probablement pas la dernière !
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Il s agit de ma première lecture de cette autrice japonaise.Yoko OGAWA. En quête de connaissances sur ce pays et sa culture, j ai donc choisi cette autrice et ce livre un peu au hasard. Autant le dire tout de suite je ne suis pas parvenue à entrer dans l'univers si particulier que nous propose Yoko OGAWA. 3 enfants sont gardés enfermés par leur mère pendant plusieurs années . Durant tout ce temps et après le décès de leur plus jeune soeur, ils vont progressivement se construire leur monde imaginaire ,alimentés par la douce folie de leur mère qui les affublent notamment d'ailes ou de crinière en tissu. le livre est certes très poétique, doux mais avouons le egalement assez ennuyeux. Les pages s' égrennent aussi lentement que la vie de ses enfants dont le moindre événement anodin, un chaton qui passe, un caillou trouvé ,prend une importance démesurée dans leur vie faite
d 'isolement. On est toutefois touché par l' affection indéfectible et la loyauté des enfants à l' égard de leur mère quand même maltraitante et leur souci de ne ni la décevoir ni de l' inquiéter. Mais n' est ce pas le propre des enfants?.
Je reste donc assez perplexe à l' issue de cette lecture certes particulière et sûrement révélatrice de certains aspects de la littérature japonaise mais quand même un peu trop planante à mon goût.
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Ce roman raconte l'histoire de trois enfants isolés du monde et laissés à eux-mêmes par leur mère, qui grandissent en symbiose dans l'univers qu'ils se sont créé. C'est une belle métaphore de la famille, qui agit souvent comme une bulle, à la fois protectrice et contraignante; une ode au pouvoir de l'imagination, qui permet de s'évader et de se protéger de la dure réalité.

C'est un roman mélancolique, à la fois triste et lumineux, sur l'enfance, le deuil et le temps qui passe. L'écriture est douce et poétique. le rythme est assez lent, il y a même quelques longueurs, mais cela contribue à l'ambiance. La lecture devient atmosphérique, onirique même, presque méditative. J'ai bien aimé et j'ai déjà hâte de découvrir d'autres livres de cette autrice.
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Coup de coeur

Monsieur Amber est un homme âgé qui vit dans une maison de retraite. C'est un artiste et ses oeuvres ont toujours quelque chose de triste et de mélancolique, en réalité il a juste sa façon à lui d'observer le monde qui se trouve devant ses yeux.

"On pense bien souvent à tort qu'il a des problèmes de vue, mais non. En réalité, il a sa manière bien à lui d'observer le monde, différente de celle des autres. Il ne se contente pas de regarder le point qui se trouve présentement devant ses yeux : il accueille aussi la continuité des instants passés et à venir. C'est seulement à travers l'ambre au fond de lui que s'écoule le temps tel qu'il est."

Instantanés d'ambre, c'est l'enfance recluse d'une fratrie dans une villa reçue par la mère de ces derniers, par leur père en dédommagement de leur rupture. Une mère qui invente des mythes dans le but d'inciter ses enfants à ne pas déroger à la règle qui est de rester à l'intérieur du mur de briques. Une mère qui coud les vêtements de ses enfants et ajoutent des accessoires à ces derniers tels que des queues, des ailes, des oreilles pour qu'ils soient en harmonie avec leur vaste chambre. 

Une mère à plaindre, une mère menteuse, une mère aimante et une mère malade. 

Les enfants qui inventent de multiples jeux : les jeux olympiques, le jeu des situations où ils sont inspirés, instinctifs, libres et attendrissants : Ambre invente alors, la fédération des enfants nés par le siège : les enfants nés ainsi ont la capacité instinctive d'examiner l'opposé des choses, une facette qui échappe aux êtres nés par la tête.

Ce roman évoque le secret, la séparation du monde, la construction psychologique des êtres même dans un petit endroit à l'écart de la société, le deuil, la perte, l'absence, les illusions, ce qui brille encore malgré le départ, les traces. Il y a certains aspects que je qualifie de féerique dans ce livre, mêlés à un malaise grandissant au fil du temps et en fonction de l'âge des enfants qui grandissent, mûrissent dans la villa, autant que leurs vêtements raptississent et leur intérieur s'use, devenant très morne, les murs qui s'effritent, les affiches qui tombent. Ces passages m'effraient autant qu'ils me fascinent.

Cette cachette devenue leur lieu d'apprentissage, leur lieu d'aventure, dénué de toute nostalgie pour ceux d'entre eux qui avaient connu le monde extérieur.

Des encyclopédies abritent la benjamine.

Instantanés d'ambre ou l'enfance égale à nulle autre pareille d'opale, Agate et Ambre ( fossile qui garde en mémoire le passé)… et à l'absente.

Un roman somptueux, comme toujours avec Yôko Ogawa qui sait avec habilité dérouter les lecteurs tout en leur faisant voir des images auxquelles ils n'auraient jamais imaginé et qui avec celui-ci soustrait une fratrie à la vue du monde.

Yôko Ogawa, sur les mères :

"Une tristesse est attachée au destin maternel : les mères ont pour devoir de donner un amour sans fond, or elles se trompent parfois dans la façon de le donner et pourtant, elles s'obstinent, comme la mère d'Instantanés d'Ambre."

Les oppositions : Monde restreint et vaste univers à l'intérieur de soi. Fusion avec ses proches et inexistence de tout le reste… 

Peut-on rassembler tout cela ?

Cela est-il nécessaire ? 

EXTRAIT :

"Ils sont une fratrie de trois comme nous. Et ils brillent comme des joyaux, alors on se sent de plus en plus familiers avec eux. Ils sont toujours ensemble tous les trois et ne s'éloignent jamais l'un de l'autre. On pourrait dire qu'à eux trois ils ne font qu'un.

On les rencontre aisément un peu partout. En général ils vont par paires, et il y a même des endroits où ils se regroupent. Mais ils ne peuvent pas s'entraider. Chaque membre de la fratrie endure la tristesse expérimentée par l'ensemble. Chacun brille dans sa direction, et même si les groupes peuvent se faire face, leurs rayonnements ne se croisent jamais."

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J'aime retrouver régulièrement Yoko Ogawa. Cette auteure japonaise propose à ses lecteurs des instants de pure grâce, de délicatesse, et de magie.
De son écriture élégante et légère, elle dessine une petite porte dérobée qui s'ouvre rien que pour nous, sur un monde étonnant, entre réalité et imaginaire, empli de douceur et de silence dans lequel s'invite le mystère, les non-dits.

*
Ce roman était dans ma bibliothèque depuis un petit moment déjà, suite à magnifique critique de Sachka que je remercie. Je l'ai choisi parmi tant d'autres, attirée par sa couverture, sûrement parce que j'étais encore profondément imprégnée des majestueuses forêts canadiennes de mon précédent roman.

Dans ce roman-ci, il ne s'agit ni de forêt, ni d'écologie. Ce n'est qu'un simple jardin muré dans lequel une mère va décider de cloitrer ses trois enfants, suite au décès de la petite dernière.

Elle va leur demander d'être silencieux, de tout oublier jusqu'à leur prénom, et surtout de ne jamais sortir de l'enceinte du jardin, afin que rien ne puisse leur arriver.
Intuitivement, les enfants comprennent que leur mère est fragile, perturbée et qu'il faut la préserver. Par amour, ils vont suivre ses consignes à la règle et vivre repliés sur eux-mêmes dans la crainte du monde extérieur, déposant « au fond de leur coeur » tous leurs souvenirs d'avant.

« Un voyage sans retour pour survivre dans un monde où la benjamine n'était plus. »

L'auteure nous livre ici une solide réflexion sur la maltraitance, la résilience chez l'enfant, l'amour filial et l'amour maternel.

*
Seuls toute la journée, ils vont se réfugier dans le cabinet de lecture de leur père et trouver la sécurité au milieu des livres et des encyclopédies. Les livres ont la précieuse faculté de contenir le monde et c'est même dans l'un d'entre eux, l'encyclopédie des sciences, que chacun va se choisir un nouveau prénom, un nom de pierre : Opale, Ambre et Agate.

Derrière les hauts murs de brique, les trois enfants imaginent de nouveaux jeux avec trois fois rien, apprennent grâce aux livres. Leur imagination, fertile, belle, s'épanouit, inventant le monde du dehors.

« Quand Opale dansait, le jardin se transformait à leurs yeux en un univers plus vaste que celui qu'ils connaissaient. Pour eux, ce jardin était toujours aussi immense, mais la danse de leur aînée lui donnait davantage de profondeur. »

*
Si Yoko Ogawa n'a pas son pareil pour nous entraîner dans un huis-clos dérangeant, elle a aussi tout le talent pour introduire une touche de surnaturel.
C'est avec Ambre que le récit bascule dans la magie et le fantastique car ce petit garçon est atteint d'une étrange maladie : son oeil gauche se teinte progressivement d'ambre.

« Tout d'abord, non loin du coin de l'oeil la limite entre le noir et le blanc s'estompa, le marron de l'iris déborda en marbrures qui bientôt s'étendirent à la totalité de l'oeil gauche. Elles coulaient le long des vaisseaux capillaires, se déposaient, sédimentaient. Et les strates venant s'imprégner de larmes comme de résine, il se forma bientôt une concrétion d'ambre. »

Et l'enfant va découvrir la silhouette de sa petite soeur défunte jouant dans les filaments protéiformes pareils à des araignées d'eau qui se déplacent le long de sa rétine.
Il s'invente un monde imaginaire dans lequel la benjamine prend vie dans des folioscopes.

« Venant de découvrir un moyen de reproduire sur les pages de l'encyclopédie ce qui apparaissait dans son oeil gauche, Ambre choisit pour redonner vie à la benjamine l'Encyclopédie illustrée des sciences pour enfants. Il pensait que sa petite soeur devait tout naturellement se joindre à ce volume où Opale, Agate et lui-même avaient choisi leur nom. »

*
Le temps défile sans que le lecteur n'arrive vraiment à cerner le nombre d'années qui passe.
Mais leur monde se craquelle insensiblement à mesure qu'ils grandissent.
*
J'ai aimé ce monde créé par Yoko Ogawa. Son écriture épurée et poétique est propice à nous envelopper dans une atmosphère rêveuse et calme, à transformer progressivement notre regard, à le rendre contemplatif et introspectif. Rien n'est dit de manière frontale. Tout se devine lentement, par petites touches, comme un peintre impressionniste qui apposerait des impressions, des émotions.

Si cette ambiance est onirique et féérique, elle est également tragique et bouleversante. Yoko Ogawa se concentre essentiellement sur les trois enfants, mais en filigrane, le lecteur saisit le drame que vit cette jeune mère qui a perdu son mari, puis son plus jeune enfant.

« le commencement de tout fut la mort de la benjamine. Elle venait tout juste d'avoir trois ans lorsqu'un jour au jardin public, un chien famélique était venu lui lécher le visage : le lendemain elle avait eu une forte poussée de fièvre, et son état de santé s'aggravant rapidement, elle était morte brutalement. le médecin avait dit qu'il s'agissait d'une pneumonie, mais leur mère n'avait jamais voulu le reconnaître.
— C'est le chien maléfique. À cause de sa langue, ne cessait-elle de répéter malgré les dénégations du médecin. »

On retrouve les composantes de l'univers de l'auteure : le sentiment d'enfermement, la nostalgie d'un temps révolu, la mémoire, les souvenirs, l'obsession.
Pour ma part, j'ai eu un sentiment de malaise, partagée entre l'amour de cette mère qui veut préserver ses enfants de la mort en les soustrayant au monde extérieur et la magie du monde de l'enfance. Mais à vouloir trop les protéger et les préserver, ne risque-t-on pas au contraire de les fragiliser et de les rendre inaptes à la vie en société ?

*
Pour conclure, cette atmosphère presque irréelle, entre huis-clos et monde merveilleux, à la fois fascinante et dérangeante, ne plaira sans doute pas à tout le monde. Mais ce roman d'apparence simple fait parti de ces lectures qui laissent une impression profonde après l'avoir refermé, suscitant un sentiment troublant et subtil de solitude, de malaise et de paix.
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Le roman s'ouvre avec la mort d'une petite fille de trois ans. le médecin affirme qu'elle est morte de pneumonie mais la mère, accablée de douleur, prétend que cette mort est due à un chien maléfique.
La mère décide d'isoler les 3 enfants survivants dans une maison abandonnée afin de les préserver de la « malédiction »
Il s'agit là d'un roman très onirique.
L'action est vue d'un point de vue extérieur, et raconte le quotidien de ces trois petits pendant plusieurs années..
Les jeux des enfants sont très bien racontés en particulier les instantanés d'ambre (Ambre est le garçon du milieu, huit ans lors du début de cet isolement) : il a réalisé des « dessins animés » de sa petite soeur disparue dans le bas d'encyclopédies. Sa soeur, Opale, 12 ans au début de l'histoire, danse et le petit dernier, Agate, 5 ans, découvre la nature à l'intérieur du jardin jusqu'au mur de briques cachant leur existence au reste du monde.
Le lecteur voit peu la mère mais le contact avec ses trois enfants est un peu »magique »
Un livre étrange et envoûtant …à la fois doux et un peu angoissant…
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