Ce roman fait suite à
La papeterie Tsubaki, paru en France en 2018, mais il peut parfaitement se lire sans avoir eu connaissance du précédent.
Nous retrouvons Hatoko, dire « poppo », l'écrivain public, qui reçoit dans sa papeterie ceux qui ont besoin que l'on écrive pour eux, que ce soit à cause de leur manque d'inspiration, du caractère particulier de leur demande ou de leur écriture déplorable. Toutefois, dans ce livre, les clients de la papeterie passent au second plan, s'effaçant quelque peu devant la vie privée de Hatoko, qui vient de se marier avec un veuf qui a une adorable petite fille, « QP », et tient un restaurant.
La vie quotidienne à Kamakura, petite station balnéaire située à 50 km au sud de Tokyo, s'écoule tranquillement au rythme des saisons. Les personnages que l'on retrouve (ou découvre) sont ceux du Japon moderne : souvent âgés, respectueux des traditions, amoureux de leur pays, avec quelquefois un jardin secret. « Poppo » découvre son rôle de belle-mère et d'épouse, rencontre sa belle famille, haute en couleur, et tente de faire le bien et de répandre le bonheur autour d'elle.
On prend plaisir à cette évocation de la vie quotidienne, rythmée par les floraisons successives, les fêtes et les temples, et où la nourriture japonaise tient une grande place (
Ogawa Ito ayant écrit plusieurs livres de cuisine, elle maîtrise le sujet, et a choisi comme titres de ses chapitres des noms de recettes).
Les lettres rédigées par Poppo sont reproduites (en japonais), donnant une certaine beauté graphique au livre. On en apprend aussi sur les bases de la calligraphie en suivant les apprentissages de la petite QP, qui rentre à l'école.
La jolie carte de Kamakura, en première page, est une invitation aux gourmands en même temps qu'un repère pratique pour suivre les pérégrinations de notre écrivain public et de sa famille.
Il faut saluer le travail d'adaptation (une traduction du japonais étant presque une nouvelle écriture) de
Myriam Dartois-Ako, qui outre
Ito Ogawa traduit aussi
Miyuki Miyabe (
Le Diable chuchotait) et Durian Sukekawa (Les Délices de Tokyo). Il ne doit pas être facile de rendre en français certains termes de cuisine ou de botanique, sans parler du double sens et des onomatopées fréquentes dans les textes japonais, et utilisés dans les romans de
Ito Ogawa ! Les efforts de la traductrice portent leurs fruits, car on suit avec plaisir les aventures des habitants de Kamakura et l'édification par Poppo de cette « république du bonheur » qu'elle souhaite construire et habiter avec les siens.
Le livre, broché, avec couverture pelliculée, compte 282 pages, au format 13 x 20 cm, et a été imprimé en Espagne. L'impression et l'espacement des lignes rendent la lecture agréable.
À noter :
Myriam Dartois-Ako a fondé un site internet, nouvelles du Japon (https://nouvellesdujapon.com/categorie/nouvelles/) qui permet de lire gratuitement des nouvelles d'auteurs japonais contemporains et classiques traduites par les membres de cette association au service des lettres nipponnes. Une initiative qui mérite d'être saluée ! On y retrouve un nouveau texte tous les 15 du mois, et le 5 et le 25 la suite des longs récits (feuilletons) en cours…