Publiées respectivement en 1990 et 1991, "Un thé qui ne refroidit pas" et "Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie" composent ce recueil de l'écrivaine japonaise
Yoko Ogawa.
Dans le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie, une femme sur le point de se marier emménage avec son chien dans la maison qu'elle rénove avant le retour de son futur mari.
Alors qu'elle s'affaire à repeindre la salle de bain, un jeune garçon et son père sonnent à sa porte.
L'homme lui pose une question avant de s'en aller, sans que la jeune femme ne sache au juste la raison de sa venue.
10 jours plus tard, elle les revoit postés devant le réfectoire d'une école. L'homme lui explique alors pourquoi le spectacle d'un réfectoire le soir lui évoque les mêmes sensations qu'une piscine sous la pluie...
Dans Un thé qui ne refroidit pas, une jeune femme se rend à l'enterrement d'un ancien camarade de classe et en sortant, revoit K. qui l'invite à dîner en compagnie de son épouse.
Charmée par le bonheur serein qui se dégage de ce couple, elle songe à son quotidien morne auprès de l'homme qui partage sa vie depuis 3 ans et décide de faire du rangement dans sa chambre.
Elle retombe alors sur un livre emprunté à la bibliothèque du lycée 10 ans plus tôt et apprend qu'il est le seul rescapé d'un incendie...
Ces deux nouvelles présentent un canevas pour ainsi dire identique. Les deux personnages féminins à l'avant-centre de ces récits sont des jeunes femmes isolées - l'une vivant seule dans une maison en attendant son fiancé, l'autre étant en ménage avec un homme qu'elle ne voit jamais - comme c'était déjà le cas dans "
L'annulaire".
Toutes deux sont auréolées d'un certain mystère et trouvent un curieux réconfort dans le rangement associé à la tentative de mise en ordre de leurs souvenirs.
Des bribes de leur passé ne sont dévoilées au lecteur qu'à travers leur rencontre avec un tiers, une personne extérieure à leur entourage proche qu'elles croisent à un moment clé et qui s'avèrera déterminante pour la suite de leur vie.
On retrouve dans ces deux nouvelles ce goût de l'auteure pour ces décors nus, aseptisés par le rangement et qui permettent de se dégager d'une vue d'ensemble pour se focaliser sur certains objets significatifs.
Les thèmes abordés sont encore une fois ceux de la mémoire (principalement sensorielle), des traumatismes vécus durant l'enfance, de la solitude et de la mort, déclinés dans une écriture ciselée, méthodique, qui laisse volontiers place aux silences et aux zones d'ombres pour déboucher sur une fin propice à la circonspection.
Une fois de plus avec cette auteure, j'avais l'impression de savoir où elle voulait en venir au fil de ma lecture et puis est arrivée la chute (qui n'en est jamais vraiment une) qui m'a fait remettre en question ce que j'avais jusque là cru comprendre.
Mais comme nous le signale l'auteure, "dès qu'on essaie de définir quelque chose, la vérité se dérobe". Peut-être devons-nous accepter, dans la littérature comme dans la vie, que certaines choses nous échappent :)
J'ignore si tout cela vous paraît très clair mais il est certain que je souhaite prolonger ma découverte de cette auteure !
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