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442 pages
PAUL OLLENDORFF (01/01/1899)
2/5   1 notes
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19ème volume de la série des "Batailles de la Vie", "Au Fond du Gouffre" est un roman assez inattendu de la part de Georges Ohnet, d'ordinaire plus centré sur des intrigues familiales bourgeoises. L'auteur prend ici un tournant assez nouveau en adoptant les codes et le style des romans-feuilletons policiers, visant un public ouvertement plus populaire, même si les personnages principaux du récit sont tous issus de l'aristocratie ou de la haute bourgeoisie.
L'histoire débute par un dîner chez un des bourgeois les plus cossus de Paris, Cyprien Marenval. À table, la conversation débouche sur le thème de l'erreur judiciaire. Faut-il y croire ou non ? Après quelques hésitations, un jeune invité, Christian de Tragomer, affirme que non seulement il est persuadé qu'il y a des erreurs judiciaires, mais que personnellement, il est certain d'en connaître au moins une.
En effet, ce groupe d'amis a vécu deux ans auparavant une tragédie qui a touché l'un de ses membres, Jacques de Fréneuse. Ce jeune noceur a subitement - et apparemment sans motif - assassiné sa fiancée, Lea Perelli, dont on a trouvé chez lui le cadavre défiguré par plusieurs balles de révolver tirées à bout portant. Bien qu'il ait toujours clamé son innocence, Jacques de Fréneuse a été condamné à perpétuité, et déporté dans un bagne en Nouvelle-Calédonie. Sous le choc, ses amis eux-mêmes n'ont pas douté de ce crime atroce, et par gêne, ont progressivement cessé de rendre visite à la mère et à la soeur de Jacques de Freneuse, toutes deux éplorées et inconsolables. Tragomer lui-même assume douloureusement d'avoir pris cette distance, car il était fiancé à la soeur de son ami Jacques, et n'a pu l'épouser pour une question de respectabilité.
Cependant, lors d'un voyage d'agrément aux Etats-Unis, Tragomer assiste un soir à la performance d'une chanteuse américaine nommée Jenny Hawkins, en laquelle il reconnaît formellement Lea Perelli, censée pourtant être morte. D'abord persuadé d'être le jouet d'une hallucination, Tragomer n'a plus le moindre doute quand il réalise que Jenny Hawkins est managée par un jeune nobliau français, Sorège, un ami d'enfance de Jacques de Fréneuse. Tragomer soupçonne une machination. Mais comment le prouver ? Passionné par cette énigme, Marenval décide de s'associer au jeune Tragomer pour enquêter sur cette mystérieuse Jenny Hawkins. Très vite, ils apprennent que cette chanteuse américaine s'appelle en fait Jeanne Beaud, qu'elle est de nationalité française, et que sous son véritable nom, elle aurait vivoté dans quelques cabarets parisiens avant d'émigrer aux Etats-Unis nantie d'une nouvelle identité. Mais lorsque Tragomer parvient à obtenir une photographie de cette chanteuse, prise alors qu'elle vivait encore en France, il constate que ce n'est pas la femme qui se fait appeler Jenny Hawkins. Il y a donc eu usurpation d'identité, et il s'agit donc bien de Lea Perelli qui a refait sa vie après avoir été soi-disant assassinée. Afin de la démasquer, Marenval et Tragomer iront même jusqu'au bagne de Nouvelle-Calédonie pour en faire évader Jacques de Fréneuse au péril de leurs vies, afin de le ramener à Londres, où Jenny Hawkins fait un gala prochainement. Ils espèrent qu'en le confrontant à Lea Perelli et à Sorège, marionnettiste cynique de cette mystification, les deux criminels se révèleront dans toute leur félonie...
L'intrigue, on le voit, est purement policière. Il n'est pas question ici de se plonger dans une atmosphère de moeurs provinciales. Délibérément, Georges Ohnet s'essaye à quelque chose de nouveau, et hélas, il s'y montre plus que médiocre.
D'abord, comme on s'en doute, tout est ici assez prévisible. L'auteur se donne inutilement beaucoup de mal pour entretenir un suspense dont l'enjeu est aisément devinable dès les premières pages. Même en tenant compte du fait que le genre policier était encore un peu balbutiant en 1899, les intrigues policières n'en étaient pas moins très souvent alambiquées, et ce, depuis les tous premiers romans d'Emile Gaboriau, véritable créateur du genre.
Soit qu'il ait une piètre estime de ses lecteurs, soit qu'il n'ait pas eu envie de se fatiguer, Georges Ohnet a préféré se contenter de cette mince trame, et s'est surtout concentré sur les détails de l'enquête, tout en exprimant les réflexions, les doutes, les hésitations de Tragomer et Marenval, en insistant de manière très discutable sur la nécessité de transgresser la loi pour faire triompher la Justice.
C'est d'ailleurs là ce que l'on peut considérer comme le fond véritablement littéraire de ce feuilleton à demi-raté : Georges Ohnet est soucieux, par-delà son récit, de s'interroger sur la rigueur morale prévalant l'institution judiciaire, laquelle, selon lui, a trop vite tendance à conclure hâtivement que le suspect le plus probable est forcément le seul coupable possible. Il est à noter que ce roman fut écrit en pleine affaire Dreyfus, et que sans aucun doute, Georges Ohnet était fortement influencé par l'actualité, et a voulu en extrapoler certaines conclusions dans un contexte plus civil.
Néanmoins, ce souci de faire passer un message est précisément ce qui plombe "Au Fond du Gouffre". N'est pas Eugène Sue qui veut : le roman-feuilleton a ses règles ! Celles-ci imposent un certain rythme, une dynamique, des intrigues multiples et croisées, une foule de personnages et une attention constamment renouvelée par des rebondissements et des coups de théâtre. Or, par cette démarche moraliste sentencieuse, assez exprimée du reste par de trop nombreux - et interminables - dialogues philosophiques, "Au Fond du Gouffre" est un roman terriblement lent, qui parle plus qu'il n'avance, et qui étale ses rebondissements parfois sur une trentaine de pages. On retrouve finalement assez vite l'aspect quelque peu monolithique, statique, du style habituel de Georges Ohnet, mais sans ce qui en fait toute la qualité : c'est-à-dire l'ambiance, l'atmosphère, la tension entre les êtres, bref, tout ce qui se dégage précisément de ses plus célèbres chroniques provinciales. le titre même du roman est un avant-goût de cet immobilisme désespérant, qui plonge dans la torpeur une enquête se voulant pourtant palpitante.
Georges Ohnet a parfaitement compris la mécanique du roman-feuilleton, mais il l'applique sans passion, sans enthousiasme, sans aucune folie. Seule son expérience de narrateur fait qu'on se laisse tout de même embarquer dans son histoire bien improbable, non sans noter d'innombrables longueurs. Trop préoccupé de prouver par un pathos permanent toutes les conséquences dramatiques d'une erreur judiciaire, Georges Ohnet saborde à la fois son récit et sa démonstration, cette dernière apparaissant vite comme un très ennuyeux sermon.
Un tel manque de discernement a de quoi surprendre chez un auteur, qui arrivait alors à sa quinzième année de carrière et n'était plus un débutant. Sans doute Georges Ohnet a-t-il eu trop confiance en lui. Toujours est-il que ce roman ne s'est guère bonifié avec le temps, et s'il se laisse encore lire d'un oeil paresseux, "Au Fond du Gouffre" apparait aujourd'hui terriblement vieillot, n'ayant même pas pour lui la fantaisie d'un vrai roman-feuilleton, ni le charme kitsch d'une fable de la Belle-Époque. Dramatiquement morne et sérieux, même si paradoxalement "Au Fond du Gouffre" est l'un de ses romans les moins tourmentés, Georges Ohnet rate assez ostensiblement son examen d'entrée dans le genre policier, et ne parvient qu'à "ohnetiser" une littérature de genre au travers d'un roman bancal, mal conçu, mal conté, besogneux et presque parodique à force de maladresses...

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