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3,87

sur 305 notes
C'est une chance de lire un tel livre parce qu'il est une rareté.
La couverture est une oeuvre en elle-même avec des scènes du roman représentées formant un crâne. le décor est planté.
Des événements magiques classent ce livre dans la fantasy avec pour cadre, l'Afrique noire, et, dans le contexte, non seulement le racisme entre ethnies mais aussi le rejet des enfants nés du viol.
Parmi toutes les horreurs et les difficultés, nous suivons la vie d'une fille de 11 ans, Onyesonwu, qui donne aussi son nom au roman.
Cette gamine a survécu avec sa mère dans le désert, période peu décrite mais incroyable, et nous suivons leur intégration dans un village favorable, okeke, alors que la menace nuru sourde à quelques semaines de marche.

Avec de tels ingrédients, originaux et d'actualité, on ne saurait se lasser une seconde. Si la tension était entretenue. Pourtant, passés les moments forts du début, l'agression de la mère et l'excision de sa fille, des événements décrits dans l'horreur du détail qui forcent à s'interroger sur le sort des femmes dans bien des contrées, je n'ai pas trouvé l'auteure si habile en noyant son récit dans la crise d'adolescence de son héroïne, parsemant l'histoire de ses colères, de ses jalousies et la rendant souvent antipathique et lassante.

Nonobstant cette réserve, ce roman a des qualités dont le contexte n'est pas des moindres.
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Ouvrage paru en 2010, World Fantasy Award 2011, Prix Imaginales du meilleur roman étranger 2014, Prix Lucioles 2017. Un ouvrage qualifié de Fantasy, sur des thématiques rarement développées dans le genre: l'Afrique, ses traditions et rites, la femme et sa sexualité, l'excision, le génocide. Autant dire que j'étais très curieux et pensais passer un bon moment...et bien raté. Une grande déception plutôt. Un livre en trois parties inégales, puisque la dernière occupe la moitié du livre de 600 pages. Nous suivons Onyesonwu Ubaid, dont le prénom signifie "Qui a peur de la mort ?. Enfant d'un viol affreux perpétré dans un contexte génocidaire, elle est une Ewu, c'est-à-dire enfant de la Violence, rejetée par la plupart, car de mauvaise augure. Nous suivrons son parcours, en commençant par la voir grandir dans le village de Jawahir, se faire des amis, rencontrer son amour. Elle développera bien vite des capacités magiques, qu'elle cherchera à comprendre, contrôler, pour rencontrer son destin: celui d'être "l'élue de la prophétie", celle qui ré écriera l'histoire, mettant fin au massacre des Okekes par les Nurus, se jurant de tuer son père, le violeur de sa mère, général sorcier des Nurus, génocidaire des Okekes. Les deux premières parties ont été pour moi plutôt plaisantes, mettant en place des éléments assez originaux en Fantasy. Par contre, la troisième partie, intitulée "Guerrière", occupant la moitié du Livre, est pour moi, une catastrophe. En effet, alors que les personnages principaux (Onyesonwu, son amour Mwita, et 4 amis) se lancent dans une traversée du désert de 5 mois pour aller affronter son père, je m'attendais à des péripéties haletantes. Loin s'en faut. Vous découvrirez au contraire une répétition d'inepties, basées principalement sur la sexualité des personnages, de querelles et jalousies entre les personnages féminins, de la Colère d'Onyesonwu, le tout avec des personnages qui font systématiquement preuve d'un grand manque de maturité. de plus vous en passerez des chapitres sans qu'il ne se passe quoi que ce soit de vraiment digne d'intérêt. Tout cela pour arriver à la confrontation finale, qui accouche d'une souris, bâclée comme j'ai rarement vu.
Ajoutons rapidement, que "le World Bulding" est quasiment inexistant, ce qui est tout de même une gageure dans ce genre littéraire, qui ne plaira pas à tous.
En somme, une déception bien dommage, car le potentiel des thématiques y était largement.

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Eh ben ! le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas une lecture qui fut de tout repos. Sombre et violent sont les maîtres adjectifs de cette terre qui fus jadis connue sous le nom d'Afrique. Entre la désolation, l'esclavage, les viols, les lapidations, les excisions, on en a pour notre argent. Un monde que l'héroïne Onyesonwu ne connaît que trop bien. C'est pourquoi elle veut y mettre fin.
Parait-il que les forêts existent encore quelque part...

On pourrait se dire, mais que peut faire une seule femme face à la démence d'une nation ? Que peut une femme et ses idées révolutionnaires contre la puissance des traditions ? C'est que cette femme-là, est différente. Élue ? Ça se pourrait bien. Sorcière ? Puissamment !

Attention lecteur, tu entres avec ce roman dans le monde fascinant et fuyant des esprits, des mascarades. Les contes du désert nous transportent dans l'entre deux pendant que le peuple des sables nous abreuve et nous nourrit.

C'est un roman d'apprentissage puissant, rempli de rage, d'indignation et de sagesse. Porté par une héroïne imparfaite mais courageuse. Impétueuse. Tellement humaine.
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J'avoue, je ne sais pas trop par quel bout commencer...
Peut-être par le fait que c'est certainement mon premier roman d'une autrice africaine.
Ou alors le fait que ce n'est absolument pas une dystopie comme annoncé sur la 4ème de couverture.
Ou encore l'attaquer par le prisme de la magie, de l'écologie ou du féminisme, j'hésite.

En tout cas, ce roman, fantastique, est sacrément ancré dans une réalité sordide : viol comme arme de guerre, massacres entre ethnies, génocide, enfants soldats, guerre dont on ne sait plus vraiment sur quoi elle est fondée, excision, infériorité de la femme.

Et en contre point magnifique de tout cela, des femmes puissantes, grandes et fortes, pétries de courage, et pleines d'une magie ancestrale.

Hormis quelques longueurs dans leur voyage et des personnages parfois ne connaissant que la colère (en même temps, on ne peut pas les blâmer), j'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture à l'écriture fluide et rythmée.
Une belle découverte!
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Qui a peur de la mort ? est un roman déroutant, car l'auteur nous emmène dans un monde dans lequel on a très peu de repères. le thème de la mythologie africaine est extrêmement intéressant et fait toute l'originalité du récit. L'aspect fantastique s'intègre parfaitement dans l'intrigue qui nous mène vers des frontières dépassant tout ce qu'on peut imaginer. Si l'intrigue est un peu classique et traîne parfois en longueur, elle est portée par des personnages très forts et abordent avec beaucoup de justesse des thématiques importantes. L'horreur de la guerre, le rejet des différences ou encore les violences sociales faites aux femmes sont ainsi abordés dans un récit forcément dur, mais dans lequel la violence n'est jamais gratuite.


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Onyesonwu, le prénom de l'héroïne, signifie « qui a peur de la mort ? ». C'est une façon de défier la mort, le thème central du roman.
Elle est différente, discriminée car son physique trahit qu'elle est issue d'un viol de guerre, donc une honte. Mais lorsqu'elle démontre des capacités magiques, un sorcier se trouve obligé de la prendre en apprentissage malgré ses préjugés. C'est le début d'une quête pour vaincre son violeur de père et pour rassembler les peuples.

Encore une fois, c'est un roman de SF/fantasy qui pourrait parfaitement plaire à des lectrices/lecteurs qui ne sont pas friands habituellement de ce genre. C'est un roman qui parle de viol comme arme de guerre, qui parle de coutumes africaines ancestrales, de discriminations (sexuelles, ethniques…), de spiritualité, de liberté sexuelle…
L'histoire fonctionne très bien, mais ce n'est pas donc elle qui me marquera. Ce sont plutôt les thèmes évoqués et l'ambiance, le fait que pour une fois dans un roman imaginaire, l'histoire met en scène d'autres héro.ïne.s que des personnes blanches et/ou occidentales… et cette mise à l'honneur des traditions et croyances africaines m'a bien plu. Entre les personnages qui « tchipent » régulièrement, qui ont des coupes afro ou les cheveux tressés, etc… C'est un peu triste à dire car cela devrait être plus courant, mais c'était rafraîchissant et d'autant plus dépaysant.
L'autrice déploie un message engagé : féministe, pacificateur… J'ai eu l'impression qu'elle évitait beaucoup des clichés habituels de Fantasy. Notamment, malgré ce que laisse entendre mon résumé express, la formation d'Onye est très courte, elle apprend finalement beaucoup plus à l'instinct, par elle-même et grâce à l'aide de ses ami.e.s.
Je me rappelle une phrase de J.K. Rowling, qui disait qu'elle ne se voyait pas mélanger des licornes avec du sexe. Eh bien ici, c'est plutôt bien fait par Nnedi Okorafor, qui évoque le sexe sans pour autant décrire les scènes. Dans son roman, les héroïnes ont des relations sexuelles, ont leurs règles, etc.

Qui a peur de la mort ? est un roman de SF/Fantasy original qui casse un peu les codes de l'imaginaire. Cela me donne envie de découvrir d'autres récits de cette autrice !
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Onyesonwu est une enfant du viol. Sa mère, comme tant d'autres Africaines, a été abusée par un homme d'une tribu voisine. le but de ces hommes est de les exterminer. Ainsi, le modus operandi est le même partout sur le territoire : les villages sont pillés, les hommes sont massacrés et les femmes sont violées, souvent laissées pour mortes. Mais, contre toute attente, la mère d'Onyesonwu survit et s'exile dans le désert. C'est là-bas, qu'elle donnera naissance à son enfant. La déesse Ani l'a exaucée en lui permettant de mettre au monde une fille et non le fils que son violeur attendait. A 6 ans, Onyesonwu s'installe avec sa mère à Jwahir. Son existence passe sur toutes les langues, les commérages vont bon train. Pourtant cela n'empêche pas la jeune fille de s'épanouir et de se faire quelques amies. A la mort de son beau-père, les événements s'accélèrent pour elle. Elle découvre notamment qu'elle peut communiquer avec les esprits et changer de formes. A force de persuasion, elle réussit à convaincre le puissant sorcier Aro d'être son maître afin qu'il lui apprenne à canaliser ses pouvoirs. Plus que de devenir une grande sorcière, Onyesonwu sait qu'elle devra aussi embrasser un grand destin. En effet, en tuant son père biologique, elle espère non seulement venger l'honneur de sa mère mais aussi mettre un terme aux terribles exactions commis par le peuple Nuru. En plus d'être un puissant sorcier, Daib, son géniteur, est également un général qui pousse son peuple à massacrer les Okekes. Mais est-ce qu'une simple jeune fille pourra faire la différence dans ce combat qui s'annonce déjà sans pitié ?

La genèse de ce roman trouve ses racines dans le chagrin et la douleur. le décès prématuré de son père a été un tel électrochoc pour Nnedi Okorafor qu'elle a ressenti le besoin d'écrire. D'ailleurs, le premier chapitre, consacré au décès du beau-père de son héroïne, reflète parfaitement son propre état d'esprit suite à la veillée funèbre de son père. Un début poignant qui donne la mesure de ce grand roman.

Bien que ce livre soit une fiction, l'autrice l'a beaucoup nourri de sa propre histoire, de ses origines et des siens. Tous ses personnages sont inspirés de ses proches. Les faits relatés font références à des événements vécus. C'est le cas de la guerre civile nigérienne qui, dans les années 60, a décimé ou exilé beaucoup d'Africains. C'est elle d'ailleurs qui a poussé ses propres parents à quitter l'Afrique pour Chicago. Un événement traumatisant pour sa famille qui l'a également profondément marquée. C'est de tout cela que l'autrice s'est nourrie pour donner naissance à un texte inattendu et subjuguant.

Sous sa plume, on explore une Afrique authentique aussi belle que cruelle. C'est un voyage au coeur des traditions et des croyances.

Avec Qui a peur de la mort ?, l'autrice signe aussi un récit d'apprentissage où la quête de l'identité est mise en exergue, aussi bien pour Onyesonwu que pour ses compagnons de voyage. Ce sont tous des adolescents en quête de l'adulte qu'ils souhaitent devenir.

Nnedi Okorafor nous transporte dans une Afrique post-apocalyptique où la guerre a continué ses ravages, où le progrès n'a pas annihilé les rites et les croyances. C'est un récit tissé de larmes et de violence qui recèle pourtant une vraie beauté, à travers l'espoir qu'il véhicule... suite sur Fantasy à la Carte
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Etant une grande fan de la littérature nigériane - et en particulier des autrices nigérianes -, c'est tout naturellement que j'ai lu ce roman de Nnedi Okorafor.
C'était une belle découverte. Qui a peur de la mort est le premier roman ayant lieu dans une Afrique post-apocalyptique que je lis. On se retrouve quelque part sur le continent africain, dans une région où la guerre sévit depuis des centaines d'années entre la tribu et Nuru et des Okeke. L'héroïne, Onyesonwu, est une enfant "ewu" : une enfant du viol. Son père est un soldat Nuru, et le mélange des deux tribus lui donne un métissage particulier et reconnaissable qui lui vaut d'être mise à l'écart par presque tous.

L'autrice dénonce bien-sûr la guerre, mais aussi le viol des femmes comme arme de guerre pour anéantir les populations, l'excision forcée des filles par celles-mêmes qui l'ont subie et l'enrôlement forcé des garçons enfants-soldats qui n'ont d'autre choix que de tuer.
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Ma lecture fut longue. Mais intense.
Tout commence avec la mort d'un père. Celui d'Onyesonwu, celui de Nnedi. Tout commence avec des larmes, du chagrin et une forme de violence psychologique. Tout commence avec les mains d'Onye sur son corps, avec le souffle qui s'échappe de nouveau de sa bouche pour quelques secondes et avec les cris d'effroi autour d'elle. Et pourtant tout n'a pas commencé ici, à cette veillée funéraire, l'esprit d'un père s'envolant pour les plaines sauvages. Non l'histoire d'Onyesonwu débute avec un viol, celui de sa mère, Okeke, par son père, Nuru. Les Okekes sont les premiers êtres à avoir évolué sur les terres d'Ani mais sans l'accord de la déesse qui pour les punir fit descendre les Nurus des étoiles afin de les réduire en esclavage et récupérer leurs terres. Ainsi a été écrit le Grand Livre. Cela fait d'Onye une « ewu » considérée par tous comme une paria, née dans la violence et dont la haine pourrait rejaillir sur les Okekes. Rejetée par sa couleur de peau, le sable, et ses yeux, Onye grandit pourtant avec l'amour de sa mère. Cette relation est magnifique, il existe une véritable complicité entre elles, et Najiba a une force incroyable, et un courage énorme. Elles atteignent toutes les deux une forme de légitimité lorsque sa mère épouse un forgeron de Jwahir qui deviendra bientôt le père d'Onye de bien des manières.

Mais Onyesonwu mais n'est pas n'importe qui, c'est une eshu, elle peut se transformer en vautour, tigre, et autres animaux, elle peut guérir, ramener à la vie. Elle peut chanter et attirer les créatures du monde. Elle peut traverser les plaines vertes. Oui Onye pourrait changer la face du monde. Et pourtant… Pourtant Onye reste un personnage charismatique, étrange, auquel on s'attache lentement mais sûrement. Cette importance que lui prête l'histoire et les prophéties ne se reflètent pas en elle. Elle est impulsive, colérique, dangereuse. Un jour elle plongera une ville dans le noir et en guérira une autre. La mise à l'écart qu'elle subit depuis son enfance la révulse, et on s'impressionne de voir son personnage se construire de manière si franche et en même temps si subtile. Une phrase, un mot, change le destin d'Onye. Elle passe pourtant par des épreuves inimaginables : l'excision, l'histoire de sa mère, la rencontre psychique avec son père biologique, le refus des anciens de lui enseigner jusqu'à ce qu'elle manque d'aller trop loin… Elle se construit, toute de rage et de haine, mais avec en son centre, l'amour de sa mère, les rencontres avec ces filles dont elle a partagé le Onzième Rite, et Mwita, un ewu comme elle, incapable d'être sorcier et désolé de n'être que guérisseur.

Je n'irais pas plus loin sur l'histoire pour me concentrer sur sa construction, sa plume et son univers, mais sachez que c'est une lecture dense, violente, qui ne laisse que peu de place au souffle, au repos, à la paix. Pourtant vous y trouverez quelques bulles éclatantes, rayonnantes. Et à aucun moment la violence et la cruauté ne seront gratuites, bien au contraire, elles servent le récit, l'entourent, le composent, le rendent plus vibrant et puissant, tout cela servi par une écriture extraordinaire. Beaucoup lui ont reproché son classicisme une fois passé la première moitié du roman, le retour du principe de quête, de prophétie, de destin. Mais l'autrice aborde des sujets déjà si complexes et son univers est déjà si dense, que c'est au contraire quelque chose qui m'a plu. Et je pense que je n'aurais tout simplement pas eu de coup de coeur sans ce compte à rebours, cette tension et cette fuite en avant. Sans savoir.

Nnedi Okorafor le dit à la fin de son roman, dans une postface que j'ai été ravie de découvrir, cet univers n'est pas né du néant. D'origine nigérienne elle-même, l'Afrique est un continent qu'elle connaît, tout comme la place de la femme africaine. Cette dernière, au centre de sociétés patriarcales, gardent souvent une forme de fierté, d'indépendance, et de liberté, et c'est ce que l'autrice a souhaité mettre en avant dans ce roman. Alors oui les hommes y sont souvent sexistes, machistes, et même Mwita agace souvent, mais il s'agit là aussi d'une évolution qui suit son cour. L'Afrique et le désert de Qui a peur de la mort ? se situent dans notre Soudan actuel mais à une époque indéfinie. On comprend qu'il y a eu une forme d'apocalypse, mais cela n'est pas clair. Et cela n'a rien de dérangeant ! On y retrouve des ordinateurs, des scooters, mais aussi des condensateurs d'eau qui leur servent de puits ce qui signifierait une époque plus avancée que la nôtre. Cela reste flou, en arrière plan, et j'ai beaucoup aimé que cet univers se révèle sans trop en dire, il aurait finalement pu être complètement différent. Mais ses similitudes le rendent aussi plus majestueux, et plus impactant.

La magie y est également étrangement présente. Elle se rapproche de ce que j'ai pu lire dans le roman Les masques d'Azr'khila de Charlotte Bousquet. Quelque chose de primitif, d'ancestral, de chamanique. On y retrouve les esprits, les « mascarades » (créatures totemiques présentes dans les traditions africaines), mais aussi la transformation physique en animal (qui se rapprocherait de l'héroïne de N.I.H.I.L. d'Alex Cousseau) et le voyage astral. Beaucoup de choses se mélangent, se superposent, ce qui rend l'ensemble très complexe mais assez jouissif. Quelques aspects sont un peu farfelus, mais tout reste cohérent et tangible.

La plume traduite est vraiment très belle. On oscille entre des aspects très terre à terre et des aspects plus poétiques, irréels. Les plaines sauvages apparaissent comme un lieu où la magie règne, dangereux mais aussi très lumineux, tandis que le désert apparaît comme menaçant et brutal. Les deux se côtoient avec brio et ce changement de plume nous les rend d'autant plus reconnaissables. J'ai mis du temps à me faire à cette apparente brutalité, mais une fois rentrée dedans impossible de le lâcher, quand bien même je me sois forcée à prendre des respirations, à me « désengluer » de la douleur, la colère, la haine, et la révolte qui me prenaient à certaines scènes.

Cette chronique est déjà bien trop longue alors je finirais sur ceci. Ce roman n'en est pas seulement un et je pense que vous vous en rendrez compte. Il y a beaucoup de l'autrice, il y a beaucoup de la femme, il y a beaucoup de notre monde contemporain. Derrière Qui a peur de la mort ? Nnedi Okorafor y a mis énormément de l'Afrique, des traditions qui nous oppressent, nous oppriment et celles qui nous entourent, nous bercent.

En résumé

Coup de coeur pour ce roman extraordinaire qui prend ses racines dans les traditions et la chaleur de l'Afrique soudanaise pour y développer une mythologie et des histoires qui lui sont propres. On y croise des mascarades, de la magie, de la violence, de la cruauté, mais aussi beaucoup d'espoir à travers une héroïne époustouflante.
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Un roman post-apocalyptique d'une autrice d'origine africaine... cela pourrait n'être qu'une curiosité.
Dans une Afrique en plain chaos, que l'on imagine en Afrique de l'Est, les Nurus dominent les Okekes, presque jusqu'au génocide. Ainsi le proclame le Grand Livre, sorte de bible qui régit cette société asymétrique. Onyesonwu est une "ewu", une enfant née d'un Nuru et d'une Okeke. Union interdite, et souvent le résultat d'un viol. Les ewus sont craints et méprisés. On les dit nés de la violence et voués à être violents eux-mêmes. En effet, Onyesonwu est le fruit d'un viol. En grandissant, elle se découvre des pouvoirs magiques qu'elle comprend avoir hérité de son géniteur.
Beaucoup d'idées dans ce roman qui ne se perd pas en inutiles explications. L'univers imaginé par Nnedi Orokafor est un unibvers rtiche et cohérent qui n'a pas besoin de longues et vaines mises en contexte. Il mélange efficacement modernité et tradition. Il se base sur des rapports de force et des éléments directement identifiables. Il expose une Afrique à la fois différente et très proche. de là, la galerie de personnages imaginée par l'autrice est suffisamment riche pour nourrir un roman, très plaisant. L'intrigue en tant que telle reste très classique, reprenant les motifs habituels de l'élue et de la quête intiatique. Mais elle comprend suffisamment d'éléments originaux pour échapper au sentiment de familiarité face à une histoire relativement banale. de fait, l'ancrage africain de ce récit n'est pas un gadget, mais permet de réellement apporter une certaine fraicheur à ce roman. Une belle surprise.
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