J'ai tout d'abord accroché aux dessins et à ce violet qui accompagne
Nellie Bly. L'ensemble se construit dans une certaine unité de couleurs, lesquelles permettent notamment de dissocier passé et présent dans le récit. J'ai apprécié également ce côté sombre et fantastique qui donne corps aux hallucinations ou au mal-être des internées, à travers des spectres verdâtres ou des tentacules noirs.
A travers l'histoire exceptionnelle de
Nellie Bly, nous plongeons dans le quotidien des femmes du 19e siècle – car oui, avant d'être des « folles » (aux dires de la société), ce sont avant tout des femmes. Or, celles-ci sont internées pour tout et n'importe quoi ! Leur manque d'indépendance leur est fatal : quelle belle solution pour se pouvoir débarrasser de celles que l'on considère comme un poids financier !
Lorsqu'elles ne sont pas folles, c'est l'asile psychiatrique de Blackwell qui les aliène. L'enquête – et la BD, donc – révèle les dessous les plus sombres de l'institution comme le trafic de nourrisson, les abus sexuels, le chantage, l'insalubrité, les privations de toutes sortes ; mais aussi, dans une dimension très humaine, la souffrance de ces femmes, malades ou non, dont on nie l'intimité, le confort, les sentiments, l'autonomie.
J'ai pris grand plaisir à lire cette BD (tout en enrageant lors de ma lecture !) mais je reste un peu frustrée sur un point. L'histoire se concentre évidemment sur l'enquête de
Nellie Bly dans l'asile psychiatrique. Cependant, l'alternance passé-présent donne envie d'en savoir plus sur son histoire, comme si elle n'avait été qu'effleurée. J'aurais aimée qu'elle fût approfondie… même si c'est un choix scénaristique ! A ce sujet, l'entretien entre
Aurélien Ducoudray et
Virginie Ollagnier est d'ailleurs intéressant.
J'ai envie d'en savoir plus : si quelqu'un a des suggestions (outre celles présentes dans la BD, comme
10 jours dans un asile de
Nellie Bly), je suis preneuse !