AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,12

sur 45 notes
5
4 avis
4
0 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
5 avis
Encore un écrivain français captivé par la capitale planétaire du tourisme sexuel : Pattaya. Jean-Noël Orengo nous gratifie d'un pavé de 750 pages. Agrémenté d'une construction narrative alambiquée (et fastidieuse) et d'incessantes (et gratuites) coquetteries typographiques. Tout ça pour quoi ? Pour enfoncer les stéréotypes les plus éculés. On a droit à l'inévitable, fascinant et impénétrable "katoy" (transsexuel), produit d'appel patenté de la prostitution thaïlandaise. A la déchéance du client européen, engagé dans une double démarche de perdition/rédemption. Au thème ressassé d'un Occident décadent et las, venu par charters entiers se régénérer au contact de la jouvence low-cost extrême-orientale. Etc, etc...Aucune mise en perspective, autre qu'égotiste, de l'économie libidinale mondialisée. Au vu du titre de l'ouvrage, pourtant, on imaginait presque accompagner Samir Amin au pays du sourire. On se retrouve avec un Claude Farrère déluré et prétentieux....Sur le même sujet, mieux vaut lire (ou relire) "Pattaya beach", de Franck Poupart ou, surtout, "Old is Beautiful", de François de Negroni..
Commenter  J’apprécie          372
Je souhaite laisser une note de lecture sur ce livre pour 2 raisons précises :
- la première est évidemment parce que ce roman ne peut être, devant son projet, laissé de côté ou regardé de manière indifférente tant il a tout l'air de représenter le grand roman français de ce début du XXIe siècle et qu'il faut donc essayer d'en parler tant bien que mal pour comprendre comment un tel geste d'écriture est possible dans ce pays qui ne publie que de l'autofiction désespérée, mais aussi, tout simplement – que l'on s'intéresse au sujet ou pas – de souligner l'importance à le lire sérieusement ;
- Or, ma seconde raison découle de la première : je souhaite répondre dans cette note à ceux qui, apparemment, ont intentionnellement ouvert des profils pour cracher sur ce livre (le même jour ou presque - nommés DSQ, grandloup et autre adam1 – et qui ne critiquent aucun autre livre sauf celui-là pour en dire n'importe quoi, maniant comme par hasard les mêmes références… Personne n'est dupe et en tant que lectrice, je trouve ces procédés écœurants d'autant que j'aimerais souvent lire de tels romans plus souvent et qu'il est suffisamment rare d'en trouver pour être honnête – encore une fois même si le sujet du roman est particulier (prostitution et que l'on peut être en retrait par rapport aux propos tenus par l'auteur).
Passons donc au livre lui-même, à sa lecture réelle, à l'importance de cette œuvre au regard même de l'Histoire de la littérature française (je précise que je suis une lectrice qui aime la lecture davantage pour le travail de sa langue que pour ses « Histoires » donc, évidemment aussi, pour ses analyses de la société contemporaine à travers un regard lucide mais absolument artistique, du moins « littéraire » qui me donne à entendre une langue autre que celle que je lis ou manie toute la journée à rédiger des rapports techniques dans mon milieu professionnel (pétrole, gaz et matières minéralogiques).
Pourquoi ce roman est-il – à mes yeux – d'une importance cruciale pour tout lecteur honnête et qui aime vraiment la « littérature » : parce qu'il est époustouflant par son geste d'écriture (structure, découpage, rideaux, actes, césures, citations, insertion, typographie, dialogue, style, plongée dans le réel insoupçonnable, etc.) qui est celui de décrire esthétiquement des personnages et un territoire méconnu sinon inconnu de notre culture : le Siam, Pattaya, l'Asie cachée, secrète, magique mais violente aussi. Mais d'abord et surtout parce que c'est une fiction enivrant, vivante comme un organisme qui évolue sans cesse, qui vous prend à la gorge et au cœur à chaque chapitre et notamment par le portrait incroyable de cette « France qu'on quitte » que l'on rencontre guère dans les reportages des journaux. C'est donc le « Roman du roman » : c'est l'oeuvre absolue que la littérature, dans son essence même, tend à en produire parfois, si rarement et qui est un mélange de Claude Simon, de David Goodis, ou encore de Michael Connelly (dans son rapport au réel et à la violence urbaine, sociale, psychologique), tous trois que je lis assidument depuis 30 ans. Ce roman peut-être aussi à considérer - dans sa structure et son ambition sur la langue - proche d'un Proust (par son récit de tas d'autres récits : 5 actes, 5 personnages, 5 situations qui s'entrecroisent autour de la figure d'un ladyboy) ou d'un Céline (comme ce voyage au bout du bout du bout de ce Pattaya qui est, en plus d'être cette fleur, représente aussi ses nuits nombreuses, festives, glauques, burlesques, paradisiaques ou infernales).
Alors, oui, on peut – qu'on aime ou pas le projet – considérer ce roman comme un "chef-d'oeuvre" authentique tel qu'il en existe une poignée par siècle et encore... Si vous, lecteurs drogués de la langue et du style, amoureux de cette beauté à assoir sur vos genoux comme à lire de vos yeux grands ouverts, vous vous lamentez de ne rien vous mettre sous la dent qui vous propulse, vous jette dans l'émerveillement, alors jetez-vous sans plus attendre sur ce premier roman qui est cette fleur et cette quintessence de la littérature française comme depuis si longtemps, nous n'avions pas eu la chance d'en lire une aussi belle, aussi forte, aussi corrosive !
Et que tous ceux qui ne l'aiment pas et qui lui crachent dessus argumentent autrement que dans leurs propos pathétique du niveau degré zéro. Pour ma part, j'adore cette Fleur et dis bravo à ce jeune auteur qui mérite notre humble considération de lecteur… contenté ! C'est si rare de le déclarer. J'attends donc avec impatience son prochain roman.

PS ce 7 octobre 2015 :
J'apprends ce matin que La Fleur du Capital qui a reçu le Prix Sade 2015 vient de se voir décerner le 6 octobre la "Bourse de la découverte 2015" du Prix Prince Pierre de Monaco et qu'il serait en lice pour le Prix de Flore 2015. Informations parallèle à ma critique, histoire de souligner que lorsqu'on aime à ce point un roman comme j'ai pu tant l'apprécier, il n'y a jamais de hasard.
Commenter  J’apprécie          203
Pattaya stade terminal de la misère sexuelle occidentale ? On nous a déjà fait le coup, notamment Houellebecq. Thématique paresseuse et aussi vieille que le voyage exotique. Seul François de Negroni (Old is Beautiful) a su montrer que, dans la "ville-bordel", se dévoilait d'abord un rapport de classe qui renvoie aux pays d'origine et à l'inégalité sociale face aux injonctions du marché du désir. Les élites mondialisées - si promptes à condamner le touriste sexuel - ont d'autres terrains de jeux et d'autres pratiques transgressives.
Commenter  J’apprécie          90
L'auteur se prend volontiers pour Malcolm Lowry ou Céline (entre autres identifications flatteuses). Mais son univers romanesque, caricatural et néocolonialiste, fait davantage penser à Gérard de Villiers, avec moins d'économie de moyens, hélas !
Commenter  J’apprécie          71
Un très grand livre, loin des clichés faciles sur le Siam. Une puissance stylistique évidente. Les remerciements à Marcel Barang, le grand traducteur de littérature thaïe en français, démontrent les accointances de l'auteur avec ce pays et cette ville unique : Pattaya. C'est d'abord une fabuleuse histoire d'amour entre Marly, parisien désoeuvré, et Porn, transsexuelle venant du sud musulman, véritable aristocrate de rue, et splendide de beauté, figure lumineuse du roman. C'est le voyage aux enfers de Kurtz, un ancien mercenaire obsédé par une survoix où s'entend toute la folie de sa condition de "punter". C'est la France qu'on quitte d'Harun, ex-étudiant d'architecture devenu agent immobilier et qui vend des nouvelles vies aux reconvertis de l'existence venus du monde entier. C'est Scribe et sa certitude que Pattaya représente une mine de fictions d'où il pourra tirer son grand livre... C'est un univers noir et somptueux, une ville bien réelle pour la première fois décrite dans toute son ampleur. Et c'est un ton qui change tout ! Construit comme une pièce de théâtre, avec cinq actes (1 par personnage, prenant tour à tour la parole), cinq scènes par acte, et des intermèdes entre chaque, on dirait surtout un immense poème en prose, et même en rimes des fois, qui reste longtemps dans la tête, comme un genre de mantra... À lire et à suivre, car c'est un premier roman.
Commenter  J’apprécie          41
Un grand roman et une écriture splendide.
Construit à la manière d'une pièce de théâtre en 5 actes, autour de 5 personnages qui s'entrecroisent autour d'un ladyboy à Pattaya, ville noire, mystérieuse, magique et somptueuse.
Félicitation à Jean-Noël Orengo !
Commenter  J’apprécie          30
Alors que le thème m'intéresse (la prostitution en Thaïlande), je n'ai pas pu lire ce livre en entier (j'ai sauté une partie qui m'ennuyait). La ville de Pattaya m'était inconnue et son univers aurait pu me fasciner mais malheureusement ce roman est beaucoup trop long, on peut y lire des phrases (pas particulièrement belles) qui durent plusieurs pages, les effets typographiques ne sont pas intéressants et tout cela donne l'impression que l'auteur cherche à impressionner le lecteur ou les critiques. Je n'ai pas accroché.
Commenter  J’apprécie          30
Troie a eu son Homère, Pattaya a son Jean-Noël Orengo.

Il parle de ce patelin thaïlandais, ce bled plouc mondialisé, dès les premières pages, comme d'« Un Versailles de sexe et d'intrigues au ras des trottoirs donnant l'impression d'une initiation. » et la passe comme « porte privilégiée pour comprendre le vrai sens de l'existence. » Les épigraphes sont très classe : Ezra Pound, Ponge, Lowry…, dont des Cubains, d'excellentes recommandations – qu'il faut mériter bien sûr : Lezama Lima, Pedro J. Gutiérrez, Reinaldo Arenas… Ses parrains parlent pour lui.

Le repoussoir : « En Europe, c'est cuistrerie et tartufferie avant, les restaurants dégueulasses très chers, les minauderies, une sacralité déplacée, faute de Dieu encore debout, on sanctifie l'amour, à l'intérieur tout est permis, dans le « consentement réciproque ». Ici pas besoin ». On sent monter le vertige… Il entend « en finir avec la raréfaction du vécu français », résumé (p.473) : « Tout ferme avant vingt-deux heures dans leur vie et c'est pas près de changer. »

Premier élément, le sexe. Deuxième : $. du personnage appelé « le Scribe », il écrit : « Seul, masculin, sous les tropiques, il fréquenta les putains. Il était stupéfait. Il découvrait une discipline, un art martial, un sens donné au fric gagné. le filer à ces putes justifiait qu'on travaille. » Il insiste : « j'indique que tout mon argent est rigoureusement dépensé dans la fréquentation des lieux de prostitution et des prostituées, que jamais je ne donnerai le moindre de ces centimes à aucune association caritative ». S'il fait entendre sa petite ritournelle politiquement incorrecte contre la « Survoix », il ne hait pas le monde, il vit en dehors de lui ; en revanche, sûr qu'il emmerde son produit dérivé, sa version la plus détestable, confortable et sournoise de la pleutrerie et de l'arnaque ambiantes : l'humanitaire.

Pattaya c'est le royaume, amazing bien sûr, des punters (« parieurs », littéralement, et ici : clients, michetons, « chasseurs de putes ». le héros (?), « Marly », parle de sa trouvaille, une perle, un transsexuel intégral (espèce rare), garçon opéré avec un vagin reconstruit – il en parle comme du « gibier suprême » : « j'ai su que ce serait du très grand jeu avec elle, que se mesurer à elle, ce serait renforcer non seulement mes galons de mâle, mais surtout mes armoiries d'être vivant, mon blason, ma race. Manipuler et être manipulé. » ; il répétera : « J'attends de cette fille mon blason de vivant. »

La Fleur du capital est un roman tout en sous-couches de littérature – intertextualité, comme on dit. J'y voyais un alibi (les mythes romantiques au sujet de la prostitution, de la nuit, Nerval, Breton, etc.), mais non, la mémoire écrite est incorporée à cette méditation comme son fond sédimentaire, ou ses fondations, ou le trou du souffleur ; et le pastiche généralisé, viral, est à l'image de ce qui se vit et se rêve là-bas : après une imitation du début de Lolita, par exemple : « je nage, je nage dans le ? Dans le, comment dire… Le… L'éternité. Quoi ? – le Bonheur. / C'est la piscine allée. / Avec le soleil. » ; suit un petit essai de réécriture d'Une saison en enfer.

L'auteur n'est pas dupe, il connaît l'usage du contrepoint lorsqu'il évoque le dégrisement, l'écoeurement, de cette foire aux illusions (mais pas trop aux vanités) : c'est tel sponso (nom donné à celui qui envoie de l'argent à sa putain entre deux voyages), parmi des centaines de milliers, qui a succombé, « rongeant cet os que constitue ici la fille « différente ». » Ou cette implacable sentence : « Si coq tu joues, protéger la fille tu dois. Finir pigeon. » C'est ce qui fait la force et l'honnêteté de ce livre, ce mélange indécidable de paradis et d'enfer (« Il vivait décidément au bon endroit, c'était définitif, comme une condamnation à mort. »), bled post-moderne, oasis polluée, sordide, bâtarde, de très mauvais goût, au sein du Kali Yuga ; boule à facettes où se réfléchissent, se fragmentent et s'éparpillent tous les reflets du monde, où leurs couleurs virent au premier essorage comme ceux des tissus trio bon marché. du waï, par exemple, ce geste mains jointes, tête inclinée, qui a tant de grâce : « j'aime ce geste beau comme la signature d'un trait sûr en bas d'un chèque en bois ».

Mais peut-être te demandes-tu, potentiel lecteur, potentiel acheteur : mais qu'en est-il alors au juste de la teneur sexuelle de ces exploits ? Pas les chiens de faïence de l'homosexualité et de l'hétérosexualité, évidemment, passés de mode, provocation en peau de lapin ! Trop vectorisé. Mais plutôt un « tableau de Mendeleïev » de toutes les combinaisons sexuelles possibles, autrement appelé « Tableau périodique des genres joyeux » – Orengo, lui aussi, a droit à son granum salis, et il en assaisonne son récit notamment en reprenant à son compte le SSC, « Service sexuel et civique », d'inspiration fouriériste. Hétéro, certes, si l'on veut, mais comme point de départ, comme destin, à rouvrir, à mettre en variation, à opérer ; la véritable héroïne, le foyer, la plaque tournante, c'est l'ambigu sexuel ; hétéros, comme ils disent, qui deviennent fous, « trouvant leur femme idéale entre les cuisses d'un jeune garçon splendide », quidams « se sentant des privilégiés, avec l'impression d'entrer dans un autre plan de l'existence », etc.

Ce melting pot des sexualités, leur détraquement surtout, leur passage à la limite, ne sont pas pour vanter l'extraordinaire, le marginal, etc. ; c'est bien le tour de force, qui fait que ce qui est raconté là n'est pas anecdotique, pas plus que la pathologie des Frères Karamazov du moins. Juste l'avenir entropique. « Il fallait prendre sa loge à l'année avant que cela ne finisse. Quelque chose d'essentiel se déroulait là, d'inédit, jamais vu avant, un aboutissement de la condition humaine animale et spirituelle. Ni carrière, ni famille n'avaient d'importance face à l'urgence de vivre et d'assister à Pattaya tous les jours. »

Le problème d'Orengo, son ambition, serait de « copier toute la surface de Pattaya, et la traduire, en caractères, dans des pages ». Il lui faudrait un suaire ! ce que Didi-Huberman appelle la ressemblance par contact, comme idéal littéraire. Orengo compte une superficie de 22,2 km², soit 777 millions de pages (ce qui représente un ouvrage occupant plus de 31 kilomètres de rayonnages). Nous n'avons donc qu'un résumé, ou plutôt une tranche, sans commencement ni fin, une « préparation » en laboratoire. le narrateur s'avise un peu plus loin qu'il faut tailler le suaire plus large encore – qu'il a oublié de tenir compte du volume !

Pattaya est le tonneau des Danaïdes ou le vase de Pandore ; Orengo parle beaucoup de lui (en quatre ou cinq personnages, ses hypostases, ses métastases), mais pour se méconnaître, se dérégler, s'anamorphoser, se pulvériser en une myriade d'expérimentations, par variations continuées ; c'est ce sentiment de Même toujours différent ; il multiplie les éclats (c'est pacotille, et alors ?) ; il ne cherche pas à contrôler son argument, il le fait miroiter ; il se laisse porter par les dérives de la réalité-imaginaire, file le long des lignes brouilleuses, des courants divagants, accentue le papillotement. Orengo parle du monde, et y jette l'ego, bouchon de liège parmi le flot ; pas de grands sentiments, ni de petits d'ailleurs. Nous sommes bien loin de la NRF ; trois lignes suffiraient à en attester, comme : « l'affirmation du « fuck and forget », l'injonction de baiser et d'oublier, non pas seulement de ne pas s'attacher, c'est l'évidence niveau 1 du punter apprenti, mais de ne rien penser de ces choses, de ne pas tirer de leçons, de conclusions sur l'existence, suspendre le jugement, se concentrer, se retirer en soi, aucun savoir, aucun secret, aucune meilleure connaissance de l'humain. « Suis-je l'auteur de ce texte ou ce texte est-il l'auteur de moi-même en son sein ? », se demande le narrateur. Pourquoi ces historiettes, pulvérisées en confetti de sensations réfléchies, surplombées par une métaphysique comme par un néon géant, seraient-elles plus ridicules que « celle d'une princesse française fourvoyée dans la psychologie des passions à la cour du roi Henri II de Valois ? » La question reste posée, mais la description d'un fist dans un con femelle sacre le véritable écrivain : Orengo a passé l'examen. Voilà de la littérature vraiment contemporaine, dont la peinture ne séchera pas.




Commenter  J’apprécie          20
L'Asie et en particulier la Thailande et Pattaya vu par des amateurs de tourisme sexuel.Malgré un talent certain pour l'écriture, il s'agit là d'une diarrhée scripturale que je n'ai pas pu poursuivre au-delà de 25 % A éviter!
Commenter  J’apprécie          20
Il y a des livres qui ont un destin puisque cet ouvrage de Jean-Noël Orengo a obtenu le prix de Flore

(déesse des fleurs et du printemps), couronné la même année par le prix Sade (le célèbre marquis) ce qui tombe plutôt à pic pour un livre traitant de Pattaya, la station balnéaire thaïlandaise dédiée à la luxure, au stupre le plus débridé et aux désirs les plus inavouables.

"La lutte des passes"

Un livre titanesque de près de 800 pages conçu comme une pièces de théâtre. Cinq personnages, cinq voix qui découpe le livre en cinq actes.

Le livre démarre sur les chapeaux de roue sur la déliquescence d'un monde occidental anéanti par la crise, les désillusions, la frustration et la déprime, où les perspectives s'amenuisent, ce que l'auteur appelle "La France qu'on quitte ".
S'y oppose un nouvel horizon, un Orient toujours mystérieux, envoûtant et la promesse d'une nouvelle respiration en cet ailleurs fantasmé, champs de tous les possibles. Et puis Pattaya, bordel à ciel ouvert, station balnéaire plus moche qu'un pou avec ses plages de sable gris et sa pollution endémique où viennent se désaltérer des nuées de touristes venus des quatre coins de la planète. Farangs en "mâles" d'expériences inédites parce qu'ici aucune limite n'existe pourvu que le micheton paye. Beaucoup en deviennent toxico et entament des allers et retours incessants entre l'Ouest et l'Asie, cherchant par tous les moyens à dégoter sur place un business rentable qui leur permette de rester à vie, de se fondre pour toujours, croyant au mirage d'une Asie naïve et accueillante.

Cinq personnages, cinq voix pour nous conter Pattaya.

Kurtz, déjanté et pervers qui pratique la "lutte des passes".

Harun, sortie tout droit d'une banlieue qui vend des appartements aux illuminés occidentaux qui veulent s'installer.

Marly qui s'amourache de Porn, une Lady-boy à la beauté indescriptible.

Scribe (l'avatar de l'auteur) qui caressent le rêve de décrypter Pattaya sous toutes ses coutures.

Porn, le transsexuel bijoutier qui gère avec application son épargne qu'il cachetonne à ses amoureux fous.

Un livre-monde, inventif, touffu et parfois brouillon, où les mots s'entrechoquent, un roman vertigineux fait de sons et de couleurs, d'odeurs et de goûts. Orengo utilise toute la palette de nos sens pour au final nous faire toucher Pattaya, capitale mondiale du sexe, mais avant tout, des illusions perdues.
Lien : https://www.bertrandpeillard..
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (123) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3685 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}