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sur 343 notes
A défaut de répondre aux seules vraies questions, éternelles rengaines depuis que la pensée a investi le cerveau d'un animal pour en faire un homme, ce petit opuscule de Jean d'Ormesson a le mérite de placer sur un pied d'égalité l'érudit et l'inculte, l'académicien et son lecteur. La différence ne résidera alors plus que dans leur capacité à exprimer ces interrogations. Le second restera coi devant son tourment existentiel. Le premier fera assaut de tournures savantes et alambiquées propres à faire illusion et à le laisser s'imaginer plus proche de la vérité. Mais rendu à sa solitude il sera revenu au même point que le vulgaire.

Ne restera alors plus que croyances et espérances pour ranger les esprits dans des catégories selon leurs réponses qui ne seront jamais qu'hypothèses et produits de conviction. Fondement surtout d'un fructueux commerce des idées mais aussi, l'homme étant ce qu'il est, en particulier avec la cupidité qu'on lui connaît, d'un commerce lucratif bien entendu. De celui qui lui laisse à penser que confort spirituel rime avec confort matériel.

Dieu existe-t-il ? Quelle est sa nature ? En a-t-il une d'ailleurs ? Et toutes les questions découlant de celles-ci, Jean d'Ormesson saura mieux que beaucoup d'autres les mettre en forme. En appelant à son renfort nombre de grands philosophes de sa connaissance depuis que l'écriture nous en colporte les interrogations. Quant à y répondre !

Il y a bien la catégorie des sceptiques, au premier rang desquels se placent les scientifiques, pour tenter d'élucider le mystère de la vie. Leur horizon s'élargit au fur et à mesure qu'ils se dotent de moyens pour scruter l'infini dans les deux directions. Mais le problème avec l'infini c'est qu'on n'en voit jamais le bout justement. Et ça, ça ne peut que rendre philosophes les plus lucides. Pour les autres, ne reste alors que le divertissement pour tenter d'oublier les questions.

Le seul avantage que l'on puisse concéder à la philosophie, c'est Montaigne qui nous l'énonce. Et peut-être l'a-t-il repris d'un de ses prédécesseurs car depuis l'antiquité il n'est pas grand-chose de neuf sous les cieux de l'être pensant : philosopher n'est-ce pas apprendre à mourir ?
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Jean d'Ormesson fait ici un travail scientifico-philosophique qui m'a profondément troublé.
Je ne voudrais surtout pas être grandiloquent, mais cet essai risque de chambouler durablement votre serviteur qui a toujours été non croyant et à qui Jean d'Ormesson a suggéré Dieu presque comme une évidence

Il n'est sans doute pas le premier à avoir mené cette démarche consistant à partir de l'avéré, de la certitude scientifique, à remonter jusqu'au point où rien d'humainement concevable ne peut siéger, où rien d'autre que Dieu ne peut se trouver.

En soi le procédé n'a rien d'extraordinaire ; ce qui l'est beaucoup plus c'est le talent que l'auteur met à le faire. Car comment, sans talent, rédiger en cent pages, quarante-deux portraits.
Des portraits différant entre eux par d'infimes détails, des nuances, des inflexions, des petits riens qui font que malgré l'impossibilité de nous peindre Dieu qui n'est rien et qui est tout, D Ormesson, par instant, nous le fait entrevoir, deviner, presque palper.

L'approche que l'auteur nous présente est une approche scientifique. Il remonte le temps jusqu'au tout début de ce que nous nommons Univers et que nous sommes capable d'expliquer, jusqu'à cet étrange phénomène qu'est le Big Bang. Tout au moins il remonte jusqu'à une infime fraction de seconde après l' « explosion » car là se trouve ce qu'on ne sait plus expliquer. Là se trouve l'énergie colossale de l'Univers entier contenue en un non-objet de taille zéro, c'est-à-dire rien, c'est-à-dire tout.
Là est ce que l'on peut appeler Dieu, là se trouve sa volonté.
Et si Dieu est cet instant zéro, cette dimension nulle et cette énergie infinie et que son premier et peut être unique acte est de s' « expandre » alors Dieu est omniprésent.
Voilà une chose entendue.
Mais quid du dessein de Dieu ?

Et bien de la même façon Jean d'Ormesson utilise ce même art consistant à partir d'un fait scientifiquement avéré, à le titiller jusqu'au moment où l'évidence est là.
Il part donc de la certitude que la seule intervention du hasard et de la nécessité ont mené irrémédiablement le monde vivant à son état actuel, puis il va avoir la petite audace de le généraliser à l'ensemble de l'Univers pour ensuite remonter jusqu'à l'origine et suggérer que l'ordre et les lois très strictes qui dirigent le monde matériel ne peuvent s'expliquer que par le seul hasard. Se posant dans une réflexion non galiléenne il va nous conduire, habilement, par le seul usage brillant de la langue, à l'évidence de la nécessité, qui ne peut être que le dessein divin.

« Comme un chant d'espérance » est donc
Un roman sur rien, c'est à dire, un roman sur tout.
Un roman sur le néant, c'est-à-dire un roman sur Dieu.
Une fois encore Jean d'Ormesson nous parle de Dieu, et il nous en parle de mieux en mieux je crois, en tous cas il me touche de plus en plus.

Voilà ce, qu'à la fin, j'en ai compris, et qui n'est sans doute pas grand-chose, voilà ce qui m'en reste et ce reste me bouleverse.

Post-scriptum : Ne pensez pas que je vous ai dévoilé le roman car mes impressions ne sont qu'un assemblage maladroit de mots. Ce livre doit être lu pour laisser agir la magie du talent de Jean d'Ormesson, qui saura distiller en vous une évidence, une profondeur réellement troublante.
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Je referme le livre à l'instant.
Si petit, si dense, si puissant.

Jean D'Ormesson nous éclaire le chemin des grandes questions du pourquoi du comment. de l'avant de l'après. Il a la plume qui vibre, vivante, si proche de nous. Il nous parle de Dieu.

Je vais vous citer un extrait qui résonne particulièrement en moi. Il nous parle du Soleil:

"Quand il se couche, nous nous couchons. Quand il se lève, nous revivons. Nous passons. Il demeure. Il est pour nous, mortels, l'image de l'éternité. On est en droit de se dire qu'il est là pour toujours. Et pourtant, comme vous, comme moi, comme nous tous et comme le reste, il passera, lui aussi.

Éclatant, gigantesque, source et promesse de vie, divinité dans le ciel, il est le symbole de ce monde. Et il n'est presque rien. Il y a des milliards d'astres comme lui à travers l'univers. Il n'est devenu Soleil que parce qu'il y a des hommes sur cette Terre qu'il éclaire et qu'il réchauffe. Quand le Soleil disparaîtra, les hommes ne seront plus rien. Mais si les hommes, comme c'est probable, disparaissaient avant lui, le Soleil ne serait plus rien qu'une pauvre étoile parmi les autres".

Où que vous soyez Monsieur D'Ormesson, auprès de Dieu où dans l'absurdité du rien , vous êtes pour moi une part de ce Soleil, "gigantesque et éclatant" .

Merci
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Ouf ! Ça y est, j'ai lu un Jean d'O !
Parce que qui dit « fêtes de fin d'année » dit « repas de familles » et dit « sujets de discussions incontournables ». Quelqu'un va bien lancer un débat sur les deux morts marquantes du mois de décembre, opposant hommage national et hommage populaire. Non pas que je trouve ce débat passionnant, mais je ne voudrais tout de même pas passer uniquement pour la cruche au joli sourire aux côtés de son bien-aimé à l'acuité intellectuelle reconnue de tous. Il vaudrait donc mieux que j'aie quelque chose à dire !…
Contrairement à Johnny - dont, sans m'y intéresser, je connais les tubes et la vie dans les grandes lignes - je ne connaissais de Jean d'Ormesson que l'homme sympathique à la jolie verve sur les plateaux télé, semblant vouloir séduire le plus grand nombre. Mais concernant ce grand monsieur, ce n'était clairement pas suffisant pour me permettre de me démarquer autour de la traditionnelle dinde.
Alors j'ai emprunté ce livre dans ma médiathèque, attirée par sa faible épaisseur...
Suis-je vraiment plus avancée pour participer aux discussions familiales noëliennes après cette lecture ?
Pas sûr…
Premièrement, j'ai tendance à penser qu'on ne peut juger un auteur sur un seul de ses livres.
Et deuxièmement, le thème « La seule question c'est Dieu, qu'il existe ou qu'il n'existe pas » ne m'emballe pas non plus.
Sauf que, comme le dit M. d'Ormesson : « La littérature est d'abord un style qui éveille l'imaginaire du lecteur » et avec un seul livre on a quand même un aperçu du style de l'auteur.
Donc il faudra bien que je me lance.
Courage katix !

Reste à trouver LE commentaire.
Se contenter d'un « bof » ? Ça serait inopportun pour parler d'un auteur agrégé de philosophie et académicien.
Jouer franc-jeu et expliquer que seul le prologue où il raconte son cheminement pour en arriver à écrire ce livre sur le « rien » m'a intéressée ? Ça serait réducteur.
Mettre en avant mon côté décalé en expliquant qu'une préface des frères Bogdanoff aurait amené du panache sur l'explication d'un Dieu par la physique quantique ? Ça serait risqué, voire gênant.
Botter en touche et parler du discours bien écrit de M. Macron pour lui rendre hommage ? Un peu facile…
Emprunter l'expression de mon bien-aimé à l'acuité intellectuelle reconnue de tous lorsque je lui demande comment il trouve le plat que je lui ai cuisiné ? « Imhotep ». Je ne suis pas convaincue que la référence fasse sourire…

Dur dur d'avouer qu'on a pas trop apprécié l'écriture de ce grand écrivain.
J'ai entendu dire qu'il aimait les femmes en usant de l'amour courtois. Je crois que Jean d'Ormesson préférerait alors que je me contente de mon joli sourire pour participer à cette discussion en famille. Pour lui rendre hommage, c'est ce que je ferai… exceptionnellement.
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Un roman sur rien, voici le thème...Le grand, et regretté, Jean d'Ormesson en fait une discussion sur tout, des origines de l'univers à sa fin, en passant par ses tableaux préférés au milieu!
C'est un peu comme cela que j'imagine une discussion dans un salon à la grande époque où l'on tenait des salons. Brillant, à bâtons rompus, le sens de la formule, et parfois manquant un peu de substance....mais peu importe, le style emporte tout!
Court et délicieux.
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En voilà un livre étrange, un livre sur… rien (!)
Loin d'une fiction, ce livre est une succession de pensées sur le rien, le tout, les religions, l'humain. le néant, l'infini.
Curieux, étrange, j'ai trouvé cette lecture intéressante car elle ressemble pour moi un peu à un ovni. Et, on se demande même si celle lecture est utile, vu qu'elle parle de rien (de quoi cogiter n'est-ce pas?)
Lecture plaisante donc, même si j'avoue ne pas avoir tout compris :)
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Faux roman, mais vraie réflexion sur le monde et ses mystères, ce petit ouvrage (d'une centaine de pages, organisées en courts chapitres) déambule dans les errements de Jean d'Ormesson et questionne le sens de la vie, Dieu et les hommes, le rien, le tout, le néant ; et le plaisir, toujours. La discussion est inégale : à mon sens, les passages sur le temps sont les plus intéressants.

L'auteur se livre aussi à un exercice jubilatoire : trouver, comme un chant d'espérance, toutes les manifestations de Dieu dans le monde, et dresse ainsi une liste (non exhaustive), qui tourne beaucoup autour de l'Italie. Chacun devrait pouvoir reproduire cet exercice, qu'il soit croyant ou non !
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Il n'y avait rien. Et ce rien était le tout. le tout et le rien se mêlaient l'un à l'autre et se confondaient l'un avec l'autre.
Jean d'Ormesson Comme un chant d'espérance.

Parcourir un roman correspond à la visite d'une aventure accomplie dont nous reconstituons la trame page par page de manière sensitive.

La simultanéité de toute une rédaction privée de vibrations sollicite de notre part la constitution d'une imagerie émotionnelle et séquentielle.

Le livre de l'univers se réalise toujours au contact de son absence en projetant dans son écriture tout un déterminisme inconscient que notre conscience transforme en lumière par son ressenti.

"Ma vie est l'histoire d'un inconscient qui a accompli sa propre réalisation".
C.G Jung.

A l'image du premier de tous les nombres forme pleine dans une valeur nulle moulé dans la vacuité de son empirisme.

La réalisation de soi ne pouvant s'opérer que par notre pensée, unique mesure de ce rien fusionnant dans sa révélation phénoménologique l'intégralité de ce qu'il peut être.

Notre raisonnement demeurera éternellement la mesure de toutes choses.

La pensée (la fleur) sait elle que son dessin interne correspond à son architecture externe?

C'est la contemplation et l'étude de sa structure par un esprit qui le démontrera en lui attribuant une identité tout en préservant sa chose en soi que jamais personne ne découvrira.

Le tout et le rien ne seront alors plus qu'un.


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« Comme un chant d'espérance », avec ce livre Jean d'Ormesson exprime sa foi en Dieu crédité d'être le créateur suprême, l'absolu, indicible mais omniprésent.

A mon humble avis, les questions de l'existence de Dieu, son essence, son appropriation par l'homme etc.. appellent des réflexions dont l'aphorisme de Confucius « respecter les diables et les dieux et s'en tenir éloigner.. » pourrait être une des fondations.

Jean d'Ormesson chante l'existence de Dieu et la beauté de la vie à la fois avec sobriété et profondeur, au rythme de courts chapitres qui suscitent positivement la réflexion.

De nombreux passages ne sont pas sans emprunts à d'autres auteurs, sages et philosophes, tout particulièrement à François Cheng, dont une citation du très beau livre « Cinq méditations sur la mort » ouvre ce « chant d'espérance ». Spinoza semble aussi dans le coup (dans les coups lisses si j'ose dire…) sauf que précisément le philosophe dénonce la superstition qui conduit l'homme à créer un Dieu imaginaire pour donner du sens à ce qu'il ne comprend pas. On peut voir une contradiction et une pierre dans le jardin de d'Ormesson dans l'exposé dans cet ouvrage, du fondement de sa foi divine.
Certains accents du livre flirtent même avec l'univers du bouddhisme ; ce parfum d'oecuménisme paisible et involontaire n'est évidemment pas blâmable et même salutaire en ces temps de déferlement d'intolérance.

Le mouvement des pages dans les mains du lecteur oscille comme un pendule entre le magnétisme tragique de la condition humaine, la noirceur de l'histoire faite par l'homo sapiens depuis son apparition sur Terre et le credo de la beauté de la vie et de Dieu. Mais les mots de Jean d'Ormesson apparaissent malheureusement comme des incantations, une sorte de mantra, une consolation, une bouée ( ?) pour essayer de lancer la symphonie pastorale.
Se convaincre que l'histoire a un sens (positif), que tant de génocides, de buchers, de souffrance, de destruction de la vie sont éclipsés par l'existence de Dieu, la vibration ordonnée de la voute céleste en expansion depuis le big bang, « nécessairement » divin….

L'inventaire personnel de Jean d'Ormesson de joies et de beautés terrestres est certes sympathique et appétissant mais outre qu'il a un côté un tantinet snob et élitiste, il peut être observé que l'on peut aussi vivre intensément la beauté de l'instant présent sans percevoir le souffle de Dieu fut-il bienveillant.
La voix grave et puissante du vent qui secoue les cimes solitaires de la montagne, le bruissement plus discret des oiseaux et du souffle dans la canopée, le flot bruyant et joyeux du torrent, le voile brumeux qui se déchire délicatement sur la fleur gorgée de rosée au petit matin, le premier sourire de la journée de l'être aimé(e)….l'écho du sacré est sans nul doute perceptible dans ces instants et dans bien d'autres mais pas nécessairement celui de Dieu labellisé par Jean d'Ormesson dans cet ouvrage.

Quoiqu'il en soit, en dépit des réserves exprimées ce livre est à lire, à méditer
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Je ne me souvenais pas d'avoir déjà lu Jean d'Ormesson, aussi j'ai été intriguée par ce livre d'à peine 120 pages mais au titre qui sonne comme une invite au lecteur. Je ne suis pas déçue par ce court roman.
Dans « Comme un chant d'espérance », l'auteur nous parle du Big Bang et du mur de Planck, du néant qu'il y avait « avant-notre-monde » et qu'il y a sans doute « après-notre-mort », de Dieu et des Hommes, de la liberté qu'ils ont d'agir ou d'être. Il nous parle aussi de l'histoire du monde, des nombres et du comique (oui, du comique, pas du cosmique !), du temps et de l'espace, du soleil et de la lumière, de tout ce qu'il aime et de ses réflexions plus intimes, lui qui affirme que « dieu n'existe pas mais il est. Il n'est rien d'autre que rien - c'est-à-dire tout».
J'ai particulièrement aimé la liste qu'il dresse, comme un chant d'espérance, et qui démontrerait que Dieu se dissimule dans ce monde qu'il aurait créé. Il m'a donné envie d'en établir une à mon tour, non pour savoir où se dissimule un hypothétique Dieu, mais pour mieux réaliser où se cache la beauté du monde et, parfois, des hommes. C'est un roman sur « rien », un roman qui essaie à sa façon de dire le pourquoi, mais c'est avant tout un roman d'optimisme.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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