Jean d'Ormesson fait ici un travail scientifico-philosophique qui m'a profondément troublé.
Je ne voudrais surtout pas être grandiloquent, mais cet essai risque de chambouler durablement votre serviteur qui a toujours été non croyant et à qui
Jean d'Ormesson a suggéré Dieu presque comme une évidence
Il n'est sans doute pas le premier à avoir mené cette démarche consistant à partir de l'avéré, de la certitude scientifique, à remonter jusqu'au point où rien d'humainement concevable ne peut siéger, où rien d'autre que Dieu ne peut se trouver.
En soi le procédé n'a rien d'extraordinaire ; ce qui l'est beaucoup plus c'est le talent que l'auteur met à le faire. Car comment, sans talent, rédiger en cent pages, quarante-deux portraits.
Des portraits différant entre eux par d'infimes détails, des nuances, des inflexions, des petits riens qui font que malgré l'impossibilité de nous peindre Dieu qui n'est rien et qui est tout,
D Ormesson, par instant, nous le fait entrevoir, deviner, presque palper.
L'approche que l'auteur nous présente est une approche scientifique. Il remonte le temps jusqu'au tout début de ce que nous nommons Univers et que nous sommes capable d'expliquer, jusqu'à cet étrange phénomène qu'est le Big Bang. Tout au moins il remonte jusqu'à une infime fraction de seconde après l' « explosion » car là se trouve ce qu'on ne sait plus expliquer. Là se trouve l'énergie colossale de l'Univers entier contenue en un non-objet de taille zéro, c'est-à-dire rien, c'est-à-dire tout.
Là est ce que l'on peut appeler Dieu, là se trouve sa volonté.
Et si Dieu est cet instant zéro, cette dimension nulle et cette énergie infinie et que son premier et peut être unique acte est de s' « expandre » alors Dieu est omniprésent.
Voilà une chose entendue.
Mais quid du dessein de Dieu ?
Et bien de la même façon
Jean d'Ormesson utilise ce même art consistant à partir d'un fait scientifiquement avéré, à le titiller jusqu'au moment où l'évidence est là.
Il part donc de la certitude que la seule intervention du hasard et de la nécessité ont mené irrémédiablement le monde vivant à son état actuel, puis il va avoir la petite audace de le généraliser à l'ensemble de l'Univers pour ensuite remonter jusqu'à l'origine et suggérer que l'ordre et les lois très strictes qui dirigent le monde matériel ne peuvent s'expliquer que par le seul hasard. Se posant dans une réflexion non galiléenne il va nous conduire, habilement, par le seul usage brillant de la langue, à l'évidence de la nécessité, qui ne peut être que le dessein divin.
«
Comme un chant d'espérance » est donc
Un roman sur rien, c'est à dire, un roman sur tout.
Un roman sur le néant, c'est-à-dire un roman sur Dieu.
Une fois encore
Jean d'Ormesson nous parle de Dieu, et il nous en parle de mieux en mieux je crois, en tous cas il me touche de plus en plus.
Voilà ce, qu'à la fin, j'en ai compris, et qui n'est sans doute pas grand-chose, voilà ce qui m'en reste et ce reste me bouleverse.
Post-scriptum : Ne pensez pas que je vous ai dévoilé le roman car mes impressions ne sont qu'un assemblage maladroit de mots. Ce livre doit être lu pour laisser agir la magie du talent de Jean d'Ormesson, qui saura distiller en vous une évidence, une profondeur réellement troublante.