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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Disons-le tout de suite : je suis une fan de Christian Oster.
Avec ces entames de romans comme à nul autre pareil – à l'image de celui-ci : « Cinq jours plut tôt, j'avais fait un peu de cuisine. J'habitais à la campagne, une maison isolée à deux kilomètres d'un village. Je ne faisais généralement pas de cuisine, mais, à la suite d'une erreur de livraison, j'avais hérité d'un cageot de légumes. »

La suite est à l'avenant : le personnage principal, dont on comprend au bout de quelques pages qu'il est acteur de second voire de troisième rang dans des petites séries télévisées, va se retrouver en route, sa maison ayant brûlé suite à un accident dans sa cuisine (l'oubli d'un torchon sur une casserole sur le gaz). Mais peu importe : le voici à Paris, un peu désoeuvré, où il va enchaîner les rencontres insolites qui le conduiront jusqu'à une ancienne actrice, France Rivière, qui va proposer de l'héberger, ce qu'il va finir par accepter plutôt que de rester à l'hôtel.

On va suivre notre héros qui n'en est pas un dans ses pérégrinations, on le suivra même dans un Aller et retour très improbable au Japon, où il suit Charles, le fils de France, à la demande de celle-ci, Charles ayant pour projet de voir une forêt de bambous dont il rêvait lorsqu'il était en hôpital psychiatrique.
On l'aura compris : l'histoire plutôt loufoque n'est pas le principal. Avec un style inimitable, Christian Oster nous ballade d'histoires en histoires, avec des personnages de « loser » pris dans les mailles de l'absurdité de nos vies modernes.
L'auteur de « Mon grand appartement », de « Une femme de ménage » porté à l'écran avec le très regretté Jean-Pierre Bacri, ou bien encore « Rouler » ou « En ville » que je vous recommande aussi, cette « vie automatique » a une tonalité plus nostalgique que les autres. Mais ce n'est pas forcément pour nous déplaire.

Lu d'une traite pour ma part, je referme la dernière page en me demandant quelle sera la prochaine production d'un auteur à l'humour bien à lui : j'ai déjà hâte de lire le prochain.
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Cela fera bientôt trente ans que Christian Oster publie. D'abord aux Editions de Minuit puis à celles de L'olivier. L'écrivain s'est imposé par son style, véloce, subtil et élégant, et ses récits, relativement minimalistes, empreints d'humour et d'un sens très personnel de l'absurde. La vie automatique est dans la continuité de cette oeuvre et elle commence d'ailleurs d'une manière étrange, qui ne dépare pas dans l'univers habituel de l'auteur. le héros du livre, Jean, assiste sans réagir à l'incendie de sa maison, qu'il a lui même provoquée, involontairement mais sans en éprouver le moindre sentiment de culpabilité, au contraire ne serait-ce pas plutôt du soulagement ? Jean, on va vite s'en apercevoir, est un homme qui s'efface de plus en plus de sa propre vie, au point de ne presque plus exister. Comédien de seconde zone, il semble destiné à rétrécir avant de disparaître. Sauf qu'il y a les autres humains, ceux qu'il croise et qui ne vont pas spécialement mieux que lui, mais
qui, d'une certaine façon, lui font oublier l'insoutenable légèreté de son être. D'habitude, c'est un plaisir que de suivre Oster dans son petit chemin narratif, avec un sourire en coin. Est-ce une impression, mais le temps semble cette fois moins à l'insouciance et davantage à l'inquiétude voire à la désespérance devant le manque de raisons de continuer. Il est tout de même drôlement apathique Jean, en voie de désintégration gazeuse, ou peu s'en faut. Et c'est triste, non ?
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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La Feuille Volante n° 1312

La vie automatiqueChristian Oster – Éditions de l'Olivier.

A quoi ça tient quand même hasard, un fait qui arrive et qu'on laisse se dérouler sans réagir parce que, inconsciemment on l'attendait depuis longtemps. C'est un peu ce qui arrive à Jean Enguerrand, acteur de troisième zone qui, parce qu'il a hérité d'un cageot de courgettes par erreur, qu'il a voulu les cuisiner et les a oubliées sur le feu, voit sa maison brûler et en profite pour disparaître et entamer une nouvelle vie. On a l'impression qu'il est soulagé par cet événement alors que, pour le commun des mortels, ça devrait être un drame. Il prend le train pour Paris bien décidé à s'effacer de ce monde, un peu comme si sa propre vie lui était devenue complètement indifférente , comme si cet événement était pour lui l'occasion d'oublier définitivement quelque chose, de tourner la page ! de cela nous ne saurons rien et il gardera son secret. Il a conscience de n'être rien et cela ne le dérange pas. Sa vie est une sorte de vide, il ne souhaite même pas réagir devant cet état de chose qui fait partie de sa vie mais qui, maintenant, à cause de l'incendie de sa maison, se révèle dans toute son évidence. Il logera simplement à l'hôtel ! Dans son métier, il croise des gens, sûrement semblables à lui mais c'est la même indifférence à leur égard. Pourtant dans cette société qui est la nôtre, il convient de se mettre en valeur, de se « vendre », de réussir, faute de quoi il ne manque pas de gens pour jeter l'anathème sur vous, vous culpabiliser ou simplement vous détruire. Ainsi détonne-t-il sur ses contemporains, mais peu lui chaut parce que, il le sait, son nom ne sera jamais en haut de l'affiche, tout juste au générique de films de série B. Il fait quand son métier de comédien, se lance même dans le théâtre, mais le fait d'une manière détachée, comme pour gagner simplement sa vie. Pourtant son errance l'amène par hasard chez France, une ancienne actrice qui a eu son heure de gloire mais qui veut, elle aussi, tout oublier. Ils se sont peut-être croisés sur les plateaux dans une autre vie, mais Jean a toujours été voué aux rôles secondaires. Il squatte cependant chez elle parce qu'elle l'y invite mais ils ne deviendront cependant pas amants comme on pourrait s'y attendre! Puis ce sera Charles, le fils de France qu'il suivra dans ses dérives psychiatriques. Assez bizarrement Jean se donne pour mission, un peu à la demande de France, de le surveiller et sans doute aussi de le soutenir, s'attache à lui comme une ombre au point qu'on peut se demander si, par une sorte de transfert, il ne souhaite pas le sauver, l'insérer dans une société dans laquelle lui, Jean, ne veut plus entrer, un peu comme si cette rencontre avait déclenché chez lui une sorte de regain d'intérêt pour la vie de l'autre, Cette posture se justifie à la fin par le geste de Charles qu'il analyse en une invitation à contourner ce monde. Il y a entre Jean et France une communauté de vue, mais apparente seulement. France souhaite revenir au théâtre et le fait avec talent mais Jean au contraire veut le fuir comme il veut fuir tout ce qui est autour de lui, C'est un personnage assez insaisissable, qui peut paraître un peu extravagant, pas tellement désagréable cependant, qui jette sur l'existence un regard désabusé et même désespéré parce qu'il ne se sent même plus concerné par sa propre vie.

Alors, « une vie automatique », comme si un mécanisme déroulait son ressort dans le vide, une sorte d'inaptitude à vivre normalement comme le commun des mortels. Mais Jean ne se laissera pas aller à un geste létal et attendra la mort avec fatalisme voire curiosité parce que simplement elle la conclusion normale de cette vie

C'est écrit simplement, sans doute à l'image de ce Jean de plus en plus détaché de tout. Ce style est un peu déconcertant quand même. Je ne suis pas fan des héros qui crèvent l'écran et, même si cette fiction est quelque peu étonnante et décalée, j'y suis entré quand même. Ce Jean m'a rappelé le personnage de Pessoa, le grand écrivain portugais qui a vécu une vie en pointillés dans le quartier populaire de Lisbonne comme simple employé de bureau ou peut-être celui du capitaine Drogo du « Désert des tartares » de Dino Buzzati qui attend quelque chose qui ne viendra jamais. Avaient-ils résolu d'attendre que la vie qu'ils avaient imaginée pour eux tienne ses promesses, oubliant que dans ce domaine leur imagination n'engendre que des fantasmes toujours déçus. Jean. aussi a eu conscience de n'être rien, une sorte d'anti-héro solitaire et marginal mais en réalité qui me plaît bien. Il ne m'est pas antipathique du tout, bien au contraire et vouloir vivre en dehors de cette société de plus en plus contestée, de cette vie qui n'est finalement qu'une agitation vaine et dérisoire, ne me paraît pas absurde le moins du monde.


©Hervé GAUTIER – Janvier 2019.http://hervegautier.e-monsite.com
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Un style indéniable, une atmosphère particulière et une sensation d'inéluctable.
Le narrateur semble vivre à travers un filtre, il tient les émotions à distance, détaché de ce qui l'entoure.
S'il n'est pas dénué de charme et d'intérêt, ce roman peut sembler un peu indigeste avec ses gros "blocs" sans paragraphes.
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Un acte manqué ? Jean, acteur de seconde zone, vient de mettre le feu chez lui. Il abandonne alors sa maison aux flammes et part sans se retourner. Oui, mais pour quoi faire ? et comment va-t-il vivre ?
Il squatte quelque temps sur les canapés de quelques connaissances, puis rencontre France Rivière, une actrice, qui l'invite chez elle. le lecteur suit alors l'étrange voyage de cet homme qui renie ce passé qu'il a laissé partir en fumée, mais qui ne semble pas se construite de nouvel avenir. Voilà donc un roman étonnant, avec lequel j'ai eu n peu de mal à accrocher, mais qui nous pousse peut-être à nous demander ce que nous attendons de cette vie et si nous en sommes satisfaits.
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L'idée de départ est séduisante , c'est bien écrit et pourtant, on peine à s'attacher vraiment aux personnages, peut-être à cause du sentiment d'inachèvement que l'on éprouve . Curieuse ambiance aussi chez l'actrice qui recueille Jean sans qu'on comprenne ses motivations. Il en va de même pour tous les personnages : que font-ils là? Ce peut-être aussi la question que pose le roman...d'où l'impression d'artifice, d'inutile sophistication, voire de snobisme par moments- le monde merveilleux de la grande famille des artistes- On reste sur sa faim, frustré d'en avoir appris si peu.
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