Antoine Ozanam n'en est pas à sa première collaboration avec
Antoine Carrion. Plus connu sous le pseudonyme de
Tentacle Eye, ce dernier a travaillé avec le scénariste de génie sur un autre opus aux accents asiatiques,
le Chant des Sabres, qui m'avait laissé pour le moins une impression mitigée. Mais comment résister face à cet imposant album à la couverture hypnotique ? La réponse est simple : on ne peut pas. Sans blague, j'ai encore du mal à détacher mes yeux de cette sublime illustration qui n'est pas sans évoquer vaguement le travail des studios Ghibli. Mais il se passe quoi, dans
Temudjin ?
Ozbeg le chaman a vu le futur. Il a vu l'exceptionnel destin d'un enfant qui n'est pas encore né. Alors il se rend dans un village, où la femme, mise à l'écart parce qu'accusée de porter l'enfant du démon, s'apprête à donner naissance. Elle sait que ce sera elle ou lui, alors elle s'ouvre le ventre avec une dague pour permettre à son bébé de vivre et le confie au chaman. La naissance de
Temudjin n'a rien de normal, sa destinée ne l'est pas non plus. Il grandit sur les routes, aux côtés de son père adoptif qui lui porte un amour sans faille et se rend là où on a besoin de lui. Bénédictions, exorcismes : le jeune garçon mûrit petit à petit aux contact des esprits qui peuplent ce monde.
C'est donc un voyage onirique imprégné de fantastique que nous offre le duo. Les vastes steppes de la Mongolie et ses forêts profondes donnent tout le loisir à
Antoine Carrion d'exprimer la virtuosité de son trait et surtout de sa palette de couleur qui fait la part belle aux contrastes. le découpage de ces grandes pages, classique mais soigné, donne à voir au lecteur une grande variété de paysages et de cadrages. La forme est originale est un peu surprenante : le récit, d'abord sous forme de bande dessinée, se clôt (ou plutôt se dissout) dans une sorte de cahier graphique accompagné de textes.
Comme pour
le chant des sabres, je suis restée légèrement imperméable à l'histoire qui nous entraîne sur les pas de Gengis Khan et l'unification de tout un peuple, mais j'ai été en revanche fortement séduite par les dessins d'
Antoine Carrion et l'atmosphère de ce récit. Je garde pourtant une vague impression d'inachevé en refermant ce bel album, dont je recommande toutefois la lecture à tous les amoureux de grandes épopées.
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