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La Havane, printemps 1989 : le lieutenant enquêteur Mario Conde se voit confier par son supérieur hiérarchique, le major Rangel, une affaire qui « pue » selon son expression. Il s'agit de l'assassinat d'une jeune professeure de chimie âgée de vingt-quatre ans, militante de la Jeunesse communiste et fille d'une journaliste connue. le lycée où enseignait Lissette Núňez Delgado est l'établissement où a été autrefois scolarisé Conde et où il a lié une indéfectible amitié avec Flaco Carlos, le Conejo et Andrés, compagnons de jeunesse.
L'enquêteur est sombre. À trente-cinq ans, l'avenir qui s'offre à lui n'est pas radieux, il se voit déjà vieillir en célibataire aigri, buvant trop, voué à prendre soin du Flaco cloué dans son fauteuil roulant quand sa mère Josephina aura disparu. Ses états d'âme lui brouillent l'humeur comme les vents de Carême, âpres et violents, qui balaient les rues de la ville. Cependant quand il croise Karina, une fringante jeune femme, il s'enflamme, persuadé d'avoir trouvé la femme de sa vie.
Ouvrir un roman de Leonardo Padura, c'est se trouver précipité dans un chaudron où mijote un ragoût fabuleux, tels ceux mitonnés par Josephina. Il y en aura pour dix, assaisonné à l'excès pour nos langues délicates et avec un fumet à faire claquer les mandibules. Un relecteur en sensibilité aurait fort à faire devant le texte de Padura, car ses personnages ne s'embarrassent pas de précautions de langage et la fièvre latine incendie leurs esprits et leurs corps enfiévrés. Ah, quelle plume ! Truculente, poétique, salace, caressante, et paradoxalement empreinte de pudeur, elle nous embarque dès les premières lignes.
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Un grand merci à Bookycooky pour m'avoir fait découvrir le versant « polar » du célèbre auteur cubain.

L'auteur de « Poussière dans le vent » ou de « l'homme qui aimait les chiens » a bâti un personnage de flic auquel on s'attache très vite, Mario Conde.

Dans « les vents de Carême », après une introduction de 15 pages qui rappelle que Leonardo Padura est d'abord un grand écrivain, on entre dans l'intrigue : une jeune femme – on découvrira bientôt qu'elle est professeure enseignante dans un lycée que Mario Conde connaît très bien – vient d'être découverte assassinée.
En parallèle Mario Conde rencontre une jeune femme dont il tombe raide amoureux en quelques minutes. Il ne sait pas grand-chose d'elle, si ce n'est que comme lui elle aime le jazz et joue du saxophone.

Commence alors un récit dans les ruses de Cuba où la drogue, les trafics en tout genre, et où le crime est roi. La vie au commissariat avec ses jalousies, ses bassesses, mais aussi ses coups de main entre collègues est rendue très palpable.

Mais ce n'est pas tout. Car contrairement à ses polars télévisuels dont on nous matraque à longueur de soirée, il s'agit ici aussi de nostalgie, et aussi de la force de l'amitié.

Autour de nombreuses bouteilles de rhum (bien sûr), avec une scène de sexe torride (bien sûr) l'auteur nous balade dans tous les sens du terme.
Et si on découvrira à la fin qui est l'auteur de ce meurtre stupide, ce n'est pas le principal.

On refermera « Vents de carême » avec une furieuse envie de lire une autre histoire de Mario Conde, un verre de rhum à la main, en écoutant un solo de Benny Carter, dont il est question dans ce livre, à moins qu'on ne préfère Charlie Parker ou John Coltrane – libre à vous – mais vite ! un nouveau Leonardo Padura sur ma table de chevet.
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Un vent charriant de la mélancolie refroidit les rues de la Havane. Mario Conde, le flic qui se voulait écrivain, doit résoudre l'énigme du meurtre d'une jeune prof de chimie. La victime enseignait dans le lycée où Conde a fait ses études. L'enquête s'annonce difficile car la victime multipliait les relations sexuelles.
Le sexe est d'ailleurs un élément central du roman puisque Conde, follement épris, d'une jeune femme, va connaître des moments d'extase mais, hélas, la mélancolie reprendra le dessus.
Dans ce deuxième opus de la série, Padura nous livre davantage de clefs pour comprendre la personnalité de Conde. le style devient également plus flamboyant et poétique. Un magnifique roman noir mais aussi d'amour.
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Sexe, drogue et Salsa
Sans salsa en fait, mais il ya les deux autres ingrédients en grande quantité dans ce deuxième opus des enquêtes du Conde. Et j'adhère a 100% , c'est dépaysant , l'enquête est relayée au second plan tant on est pris par la dramaturgie des personnages principaux et aussi de la vie des gens des barrios! Un polar mais aussi un documentaire sur la vie des iliens cubains. Hâte de lire le troisième volet !
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Vents de carême est le second tome de la tétralogie intitulée Les quatre saisons de Leonardo Padura.

L'action se déroule à La Havane au printemps 1989 et on retrouve un Mario Conde encore plus proche de la dépression qu'aux premiers jours de l'année (voir Passé parfait et mon avis) :

"Je rêve que je pourrais rêver d'autres rêves heureux : construire quelque chose, avoir quelque chose, donner, recevoir, créer quelque chose : écrire.  Mais c'est un délire inutile pour qui vit ce qui est détruit. C'est pour cela que la solitude du policier est la plus redoutable des solitudes : c'est la compagnie de ses fantômes, de ses douleurs, de ses fautes... Si au moins une femme avec un saxophone pouvait composer une berceuse pour endormir le policier. Mais, silence !... La nuit est venue. Dehors le vent maudit ravage la terre." (P29)

Comme pour Passé parfait, je réitère ma mise en garde... Les livres de Leonardo Padura ne sont pas des romans policiers mais des chroniques de la vie cubaine.
Leonardo Padura est un "écrivain havanais, et donc cubain. Les particularités, les tribulations de l'histoire et de la vie cubaines sont sa nourriture artistique" (voir P11 - L'eau de toutes parts -  Leonardo Padura)

Et il y a beaucoup à dire sur La Havane :
"Henry Miller disait que Paris est comme une pute, mais La Havane est encore plus pute : elle ne s'offre qu'à ceux qui la payent avec de l'angoisse et de la douleur, et même ainsi elle ne se donne pas toute, même ainsi elle ne livre pas l'ultime intimité de ses entrailles." (P145)

Avec Vents de carême, l'écriture de Leonardo Padura s'est affirmée, la plume est devenue beaucoup plus poétique : un grand auteur est né !


Vents de carême de Leonardo Padura
Traduit par François Gaudry
GF : Éditions Métailié (indisponible au 18/01/2023)
Poche : Éditions Métailié
Poche : Éditions Points
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Du Padura pur jus, concis mais dense, une histoire touchante, Mario Conde porte le poids de la vie à La Havane sur les épaules, le délabrement, la précarité. Dieux qu'il est attachant! ce Conde. Ses doutes, ses relations de travail, ses amis son refuge, ses amours, il tombe amoureux comme un adolescent, vit une passion, mais quelque chose lui dit que c'est trop beau pour durer, il n'est pas fait pour tant de bonheur..
L'intrigue est simple, sert de fil conducteur mais l'essentiel est ailleurs. L'atmosphère qui se dégage de ce roman, comme des autres de la série, est emprunt de nostalgie, de mélancolie, vivre à La Havane, c'est subir cette pesanteur, c'est naviguer entre précarité, roublardise et désillusion, et pour s'évader, Conde peut compter sur des bonheurs simples, le rhum et les amis, son havre. Bref, j'adore.
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A l'image d'un Corto Maltesse se confondant avec son créateur Hugo Pratt, on pourrait presque s'attendre à croiser Mario Conde dans une pittoresque rue de la Havane, tant Leonardo Padura est parvenu à insuffler une certaine densité dans l'univers de cet emblématique enquêteur cubain, représentatif d'une génération désenchantée perdant toutes ses illusions révolutionnaires avec l'effondrement des pays du bloc de l'est qui sont à l'origine des privations frappant durement tout l'ensemble de la population cubaine. Il n'est d'ailleurs pas anodin que le cycle des quatre saisons se déroule en 1989, année marquante de ce déclin économique dont Leonardo Padura évoque les conséquences au travers du quotidien de ses personnages sans pourtant l'aborder de manière frontale avec un arc narratif tournant autour d'une affaire de corruption affectant une partie des policiers travaillant au commissariat où est affecté Mario Conde et qui n'est donc pas sans corrélation avec le climat social d'un pays ravagé par les privations. Débutant en hiver avec Passé Parfait, on retrouve donc Mario Conde au printemps avec Vents de Carême nous permettant de faire plus ample connaissance avec un policier cultivé qui se questionne au sujet de son engagement lui qui se remémore encore sa carrière d'écrivain avortée dans sa jeunesse avec une nouvelle censurée dans le journal de son lycée. C'est d'ailleurs une nouvelle fois autour de son ancien lycée que Mario Conde va enquêter à l'occasion de la mort terrible d'une enseignante retrouvée assassinée dans son appartement donnant l'occasion à cet enquêteur nostalgique de se pencher sur les brumes de son passé.

Annonciateurs d'un printemps agité, les vents de carême s'engouffrent dans les rues de la Havane depuis plusieurs jours en troublant l'esprit de ses insulaires dont le lieutenant Mario Conde tombant soudainement amoureux d'une splendide ingénieure, amatrice de jazz qui joue du saxophone à ses heures perdues. Quelque peu désoeuvré sur le plan professionnel, il se voit confier par le major Rangel, une enquête portant sur le meurtre sordide d'une professeur qui enseignait dans son ancien lycée, lui donnant ainsi l'occasion de se replonger dans la nostalgie de sa jeunesse tout en découvrant une structure en pleine décomposition où règne l'arrivisme et le trafic d'influence ainsi que toutes sortes de fraude, ceci jusqu'à mettre à jour un trafic de drogue qui pourrait devenir le mobile du crime. Jaloux de ses talents d'enquêteur, Mario Conde doit également se confronter à un collègue irascible qui semble vouloir le provoquer. Un conflit qui pourrait remettre en cause son engagement au sein d'une corporation dans laquelle il ne se reconnaît guère.

Avec une intrigue se déroulant à nouveau dans le contexte de l'ancien lycée de Mario Conde, tout comme c'était le cas pour Passé Parfait, il émane de Vents de Carême une sensation de déjà lu pour ce qui a trait notamment à cette nostalgie qui caractérise la personnalité de ce policier atypique qui ne cesse de s'interroger sur le sens de sa vie, au gré de digressions philosophiques qu'il partage avec son ami d'enfance le Flaco Carlos, en dégustant des plats mémorables concoctés par Josefina et arrosés de généreuses rasades de rhum que le Conde consomme plus que de raison. Avec ce second volume, c'est donc l'occasion pour Leonardo Padura de consolider les caractéristiques d'un personnage attachant qui au-delà de son apparence machiste, se révèle plus sensible qu'il n'y paraît comme le révèle sa relation avec Karina, une ingénieure aussi séduisante qu'émancipée, dont il tombe fou amoureux. Lors une telle relation, se déroulant en dehors du cadre de l'enquête, Leonardo Padura tend à doter son héros d'une vie sentimentale intense en lui conférant ainsi davantage d'épaisseur tout en évitant l'écueil du stéréotype de la femme fatale qui peuple les intrigues policières.

En enquêtant sur le meurtre de Lisette Núñez Delgado, une enseignante du lycée de la Víbora, Mario Conde retourne donc sur les lieux de son adolescence pour mettre à jour toute une série manipulations et d'incartades qui deviennent le reflet d'une société cubaine désemparée qui doit déjà recourir à quelques expédients pour survivre. Ainsi de victime encensée, Lisette Núñez Delgado devient l'incarnation de la fille d'édile combinarde, abusant de ses privilèges pour parvenir à ses fins ce qui la conduira à sa perte. On s'achemine ainsi sur une enquête assez classique, bien éloignée d'un ancrage social ou historique qui caractérise l'oeuvre de Leonardo Padura pour découvrir les entrelacs d'un trafic de drogue plutôt banal. On s'intéressera donc plutôt aux rapports particuliers qu'entretient Mario Conde avec la hiérarchie policière et ses collègues du commissariat dont l'animosité avec le lieutenant Fabricio qui ne supporte pas sa manière de travailler ainsi que ses relations privilégiées avec la major Rangel qui confie à son protégé les affaires sensibles. Pourtant les rapports entre Rangel et Conde se révèlent bien plus complexes et ambigus avec ce supérieur intègre qui décèle chez son subalterne un certain désappointement quant à sa carrière au sein de la police.

Ouvrage charnière du cycle des quatre saisons, Vents de Carême consolide donc les bases d'un héros peu commun et attachant qui va traverser l'oeuvre de Leonardo Padura sur l'ensemble d'une série composée de neuf romans passionnants reflétant les caractéristiques sociales de l'île de Cuba.

Leonardo Padura : Vents de Carême (Vientos de Cuaresma). Editions Métailié 2004. Traduit de l'espagnol (Cuba) par François Gaudry.

A lire en écoutant : Easy Living de George Benson. Album : The New Boss Guitar of George Benson. 1990 Fantasy, Inc.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Un enquête empreinte de nostalgie, de musique et d'alcool, un bon cru ce polar.
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Une ballade à Cuba, au début du printemps ça vous dit ?
Plutôt agréable en ces temps de confinement.
(Pour ceux qui comme moi, ne savent plus ce qu'est le carême, petite précision, "c'est une période de dévotion à Dieu associée à une alternance de jours de jeûne complet et de jours d'abstinence d'une durée de quarante jours que le catholicisme a instituée au IVᵉ siècle en référence aux quarante jours de jeûne de Jésus-Christ dans le désert. Les dates références pour 2020 du 26 février au 9 avril.)

Accompagner cette lecture par de bons ingrédients, une proposition de Mario Conde, une bouteille de rhum Caney, deuxième producteur de rhum de Cuba, véritable institution. Cette distillerie est située dans le sud de l'île, tout près de la ville de Santiago, le domaine bénéficie des terres fertiles entourant les montagnes de la Sierra Maestra. En 1962, Ron Caney est devenu le rhum de la révolution.

Le premier tome de cette tétralogie, "Passé parfait" nous permettait de découvrir ce qu'est un lendemain de fête, la lutte acharnée pour sortir d' un état comateux, du brouillard ....
Nous retrouvons donc les mêmes personnages, et arrivent : "sexe, violence, drogue, crime, alcool, fraude, trafic de devises, faveurs sexuelles bien rétribuées...." ce n'est pas l'argument présenté par l'éditeur, c'est ce que nous révèle l'auteur.
La suite de l'histoire, nous permet de découvrir ce qu'est la naissance de l'amour, comment les sentiments apparaissent, comment s'écrit l'apparition du désir, l'attente délicieuse du bon moment où l'on s'offre à l'autre et où l'autre s'offre à vous ....

Voilà, c'est parti, je vous souhaite une bonne ballade dans le quartier la Vìbora, on s'y croit page après page !
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Ai-je aimé ? Non, pas vraiment. Ce roman comporte une certaine langueur, comme si Conde ne s'était toujours pas remis de sa précédente affaire, qui l'a vu enterrer certains rêves de jeunesse. L'affaire sur laquelle il est présentement sent très mauvais, et le vent du Carême tourne certaines têtes. Cela nous sera rappeler assez souvent que « l'affaire sent mauvais » et de mon côté, j'avais envie de dire « pas plus que cela », eu égard à un dénouement assez décevant, ne remuant pas autant de choses qu'il était prévu, ou du moins, que l'on pouvait s'y attendre au vue de la position de la jeune victime. Pensez donc ! Une réputation sans aucune tâche, un poste dans un établissement urbain, là même où Conde a étudié – relançant ainsi la nostalgie qui ne le quitte pas. Alors oui, la jeune femme n'est pas du tout celle qu'elle paraissait être, et elle montre assez les failles cubaines. Lissette était une professeure populaire ? Elle se conduisait en copine avec ses élèves, avec plus si affinités, n'hésitait pas à donner les sujets du contrôle à l'avance à ceux avec qui elle était le plus « proche », et n'hésitait pas non plus à être extrêmement proche de tout homme qui pourrait lui procurer des avantages. Une qualité ? Même pas. Ses parents étaient trop occupés pour s'occuper d'elle, sa mère n'éprouve pas de réel chagrin à sa mort, et continue à écrire des articles que je qualifie de « réactionnaires » – et à l'opposé du mode de vie de sa propre fille, qu'elle ne connaissait même pas, d'ailleurs. Son voisin, à qui l'âge n'a pas ôté son humour, dresse d'elle un portrait sans concession, et ne cache pas son absence totale d'émotion face à la mort de cette jeune femme qui se sentait très supérieure aux autres.
Les meilleurs moments sont, finalement, ceux qui ne sont pas liés à l'enquête : la vie et la mort des policiers en dehors du commissariat, les moments que Conde partage avec El Flaco et Josefina, sa mère, qui prend soin de lui comme s'il était son fils, la volonté de Conde d'être enfin heureux. Je n'oublie pas, aussi, les moments où il se retrouve au lycée, à la recherche, finalement, de sa jeunesse, du moment où lui et surtout El Flaco avaient encore des rêves, un avenir.
Un roman policier à lire pour tout ce qui n'est pas policier.
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