Avant même de commencer, je tenais à saluer le travail titanesque que doit représenter une trilogie aussi imposante, surtout lorsque l'on est auto-édité.
Ascendance, donc : 3 tomes, tous différents, tant sur la forme que sur le fond.
On commence par le Baptême du Soleil qui aurait pu faire un roman à lui tout seul. le style y est percutant et ce qui s'avérera n'être qu'une mise en bouche pour la suite déroule une histoire sacrément bien ficelée. On notera que si l'on y aperçoit les prémices de la spiritualité qui abondera dans le T2, l'auteur prend son lecteur très au sérieux avec une approche scientifique très crédible (je dis crédible parce que peu importe que ce soit vrai du moment que ça sonne juste). Dès le début, donc, on suit les aventures de 4 héros (Maxime, Lyvius, Miassa et Hank), tous issus de 4 peuples différents (respectivement la Terre, Galéa, Anamets et Neït). Si l'on ne voit pas le rapport au début
Bastien Pantalé déroule la pelote rapidement et efficacement jusqu'à nous livrer la solution (qui ne sera que l'introduction à la suite). Dans cette partie, j'ai trouvé un parallèle intéressant avec les "
Semailles humaines" de
Blish et cette volonté d'en finir avec la notion de terraformation pour se pencher sur la génétique et ses possibilités.
Dans le tome 2, L'Écho Primordial, le lien est fait avec les Vidams, le pourquoi du comment est acquis, je me demandais comment l'auteur allait poursuivre sa route. Exit les Neïts et la Terre, très peu d'Anamets et beaucoup de Galéa. La narration hachée est remplacée par un roman qui ferait presque office de spin-off sur la vie (et le projet) de Lyvius. L'histoire prend alors un tournant bien plus spirituel, où l'esprit remplace la science (mais évidemment, il y a des raisons à cela, n'allez pas croire que
Bastien Pantalé est du genre à laisser les choses au hasard). le style se transforme également : de percutant et efficace, il devient vaporeux et onirique (ouais, vaporeux, ouais, parce que les phrases prennent de l'ampleur, se gonflent de sensations que l'on ne peut qu'entrapercevoir, interpréter (et parce que je dis ce que je veux, aussi)). J'y ai trouvé quelques longueurs, mais je pense que c'était l'absence de certains personnages qui me chagrinait, j'attendais qu'ils reviennent.
Ellipse. le tome 3, L'Héritage du Vide, arrive et nous perdons nos compagnons de voyage, mais pas totalement et c'est là tout le sujet : de la découverte à l'approfondissement, nous entrons dans l'héritage (oui, je sais, le titre l'indique un peu). Tout est lié, tout n'est qu'un, le temps et l'espace sont confondus et l'ennemi s'est dévoilé. Autant le dire : j'ai adoré ce tome. On y délaisse le style strict du début, les élucubrations du second et on envoie le pâté. Les Neïts reviennent, transformés ; les Uztiriens, par leur mélange, sont sûrs d'eux ; sur Galéa, le héros Lyvius a laissé une empreinte indélébile et enfin ouvert la voie à la spiritualité ; les vidams, comme des docteurs Frankenstein, se sont fait dépassés par leurs création et ne peuvent qu'avoir l'humilité de revenir aux sources. Je résumé, évidemment, il y a bien plus à comprendre, voir, imaginer. Lisez-le, en fait. Bref, ici, le style est grandiose et efficace, on dirait vraiment un mix des deux premiers pour en faire un tout cohérent avec une plume qui se libère et vient élégamment finaliser les grands thèmes de cette trilogie : l'amour, l'écologie, le respect, la connaissance et bien d'autres.
En conclusion, il vous faudra vous extraire des codes habituels de la SF si vous voulez savourer pleinement le pavé Pantalesque, car ici, la spiritualité (servie par une base scientifique solide tout de même) exige que l'esprit se libère de certains carcans. Si jamais vous craignez de trop avoir à interpréter, aucun souci : les descriptions sont excellentes (même dans l'éther, on est comme à la maison). Alors, laissez-vous porter !