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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Certains coeurs lâchent pour trois fois rien - Gilles Paris - Récit - Éditions J'ai Lu - Lu en septembre/octobre 20223.

Le titre parle bien du coeur de Gilles qui a des ratés, il a bien manqué s'arrêter définitivement lors d'une énième tentative de suicide. Gilles est dépressif.

Au moment où il écrit son livre, c'est sa huitième dépression, ce n'est pas rien.
Une mélancolie qui le tenaille depuis plus de trente ans écrit-il : "La mélancolie prend toute la place. Elle étire ses pattes visqueuses dans mon corps qui s'engourdit à sa merci" page 21

Gilles cherche le pourquoi de cet état, plusieurs facteurs peuvent entrer en jeu. Alors, Gilles écrit, il écrit avec des personnages fictifs mais c'est bien de lui qu'il parle dans ses livres, il a écrit six romans adultes, deux romans jeunesse, une nouvelle et trois ouvrages collectifs.

Gilles passe beaucoup de temps dans les HP, il s'efforce de s'en sortir. Il y a Laurent, l'amour de sa vie qui le soutient mais la dépression, c'est aussi une immense solitude, un face à face avec soi-même, une souffrance que l'on veut supprimer à n'importe quel prix même par la mort, ce qui semble être l'ultime chemin vers la paix de l'esprit.

Une image revient sans cesse dans la tête de Gilles, celle de son père lui répétant "Tu ne vaux rien. Tu ne feras jamais rien de ta vie. Tu es une merde" page 192. Il faut dire qu'à force de taper sur un clou, il s'enfonce. (je sais de quoi je parle) et là, Gilles sans doute fragile de nature, a fini par craquer.

Et pourtant, non, Gilles n'est pas un bon à rien, il est courageux, il lutte, il a une belle carrière, mais... les paroles de son père l'ont "tué"

Je pense que seul(e)s ceux et celles qui ont connu une telle souffrance peuvent comprendre qu'on en vient à vouloir s'en aller.

L'auteur, dans son récit de trente années de lutte, ne s'attendrit pas sur lui-même, il raconte sa descente en enfer et ses remontées en dents de scie, des faits, pas de pathos.

Ce n'est pas un livre facile à lire certes, mais le sujet m'intéressait, j'étais curieuse de savoir comment Gilles allait( et s'il allait) s'en sortir, je voulais connaître son combat et sa renaissance.

A l'heure où je poste ma chronique, j'espère que Gilles a enfin retrouvé sinon la paix, la force de garder la tête haute et qu'il a compris qu'il est quelqu'un de bien et d'appréciable.


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De la trentaine à aujourd'hui, soit sur un intervalle de quelque trente ans, l'auteur a surmonté huit dépressions et survécu à une dizaine de tentatives de suicide. Il revient dans ce livre sur ce parcours de vie accidenté, laissant entrevoir quelques pistes d'explication dans son histoire familiale, marquée notamment par le divorce de ses parents et la violence de son père, mais surtout nous donnant à percevoir la terrible lutte qu'il lui a fallu mener, chaque fois, pour s'arracher des ténèbres et retrouver la lumière.


Ce récit n'est pas une autobiographie et n'entre pas dans le détail de ce qui, chez Gilles Paris, a pu lui faire perdre l'équilibre de façon si persistante. le but n'est pas tant ici d'expliquer les causes, que de faire comprendre, avec la plus grande pudeur et le minimum de bribes de vie personnelle, la réalité de ce trouble revenu régulièrement empêcher le cours de sa vie. Bien sûr, l'on ne peut que rester pétrifié devant tant de souffrance, alors que le texte laisse entrevoir les années folles d'une jeunesse brûlée par les deux bouts, dans l'ivresse du sexe et de la drogue, le vertige d'une vie noctambule débridée débouchant au petit matin sur une solitude hagarde et glauque, puis, à trente-trois ans, l'effondrement, total et incommensurable, le premier séjour en hôpital psychiatrique, le combat de titan pour revenir des abysses, et les rechutes, désespérantes et interminables, étalées sur trois décennies.


De loin, la vie de Gilles Paris ressemble à une succession d'extinctions brutales de la lumière, chaque fois suivies d'une longue et pénible réémergence du néant, des passages de «vie sans magie et sans couleurs» dont il parvient à s'extirper comme à l'issue d'un combat de boxe. Que dire de son courage et de celui de Laurent, son conjoint, pour garder malgré tout le cap d'une vie commune et de la réussite professionnelle, puisque ces épreuves n'ont au final pas empêché l'auteur de mener une carrière dans l'édition et de connaître le succès littéraire avec ses huit romans. Si l'écriture n'a pas pour lui de vertu thérapeutique, nul doute qu'elle s'est nourrie, inconsciemment ou non, de cette vie en forme de montagnes russes, et de l'extrême sensibilité de cet homme brutalisé par la maladie jusqu'au plus profond de son être.


Mes appréhensions initiales face à la thématique très sombre de ce livre se sont évaporées dès les premiers mots, incisifs et bien tournés. Sobre, sincère et courageuse, cette mise à nu ne peut que toucher le lecteur et le faire s'interroger sur les sidérants mystères de notre fonctionnement psychique.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Gilles Paris étant attaché de presse littéraire depuis plus de trente ans, nos routes se sont forcément croisées au cours de ces dernières années, lorsqu'on a eu notamment la chance de chroniquer certains des livres de son catalogue; ouvrages qu'il défendait avec une abnégation et une passion sans faille.

Mais c'est en tant qu'auteur qu'on avait eu la chance de le rencontrer en chair et en os lorsqu'il était venu sur Lyon promouvoir son envoutant thriller " le vertige des falaises" en 2017.

Car si Gilles Paris est devenu un nom qui compte dans la littérature depuis que son jeune héros courgette ait pris son envol cinématographique avec le succès que l'on sait , il a toujours continué à exercer son actitivé d'attaché de presse de manière très régulière.

Tout cela, il le raconte dans son dernier livre en date Certains coeurs lâchent pour trois fois rien,.

Toutefois, le fond de son récit n'est pas du tout sur son quotidien d'attaché de presse et encore moins de romancier, mais sur ses années de dépression, huit en trente ans, dont il semble comme il l'affaire s'en être sorti aujourd'hui.Car, à l'instar d'un Philippe Labro qui avait également un écrit un texte sur cette maladie, Gilles Paris est tombé huit fois et, huit fois, s en'est relevé, parfois avec pertes et fracas.

Entre deux épisodes de mélancolie, le terme médical pour désigner la maladie, Gilles Paris, d'ordinaire si pudique, se met à nu et raconte comment cette terrible maladiea pu impacté son quotidien.

Il explique vivre à peu près normalement même si l'épée de Damoclès est toujours là, et tente (et réussit souvent) à donner le change même en pleine traversée du désert .

Certains coeurs lâchent pour trois fois rien raconte ses rencontres avec les psychanalyste que l'auteur a rencontré à maintes fois, les établissements psychiatriques qu'il a très souvent fréquenté et ses tentatives de suicide qu'il a du affronter à plusieurs reprises .

Aussi sincère ,intime et éprouvant que peut être ce récit, Gilles Paris ne verse jamais dans le sensationalisme ni le pathos et réussit à nous toucher profondément.

Il livre finalement un beau témoignage d'affection aux proches qui l'ont soutenu, notamment Laurent, son fidèle conjoint, qui l'a toujours soutenu après une grave crise

Surtout, Gilles Paris profite de l'ériture de ce témoigage sincère pour delivrer in fine un message positif en ces temps troublé de la pandémie où les chiffres de la dépression ont doublé.

Un beau livre aussi salutaire qu'émouvant.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Au-delà d'être un auteur talentueux, Gilles Paris est une personne formidable, un attaché de presse remarquablement doué dans son travail, qui défend avec ferveur la littérature dans sa globalité. Avec Certains coeurs lâchent pour trois fois rien, je découvre une autre facette de cet auteur, plus intime, une facette cachée, très différente de la personne publique qu'il laisse apparaître sur les réseaux sociaux ou dans les médias.

Ce livre n'est pas une autobiographie, mais bien des « éclats de vie », comme il aime à les appeler, des bribes d'instants, souvent sombres, de son existence, qui tendent à expliquer le terrible phénomène de dépression dans lequel il est tombé à maintes reprises. Car oui, derrière ce sourire engageant se cache un mal profond, qui remonte à son enfance. Son père, un homme violent, agressif, tant physiquement que moralement, le rabaisse continuellement, si bien que les mots reçus en pleine face deviennent des maux indélébiles, « Tu ne vaux rien« , « Tu ne feras jamais rien de ta vie« , « Tu es une merde« . Des mots qui blessent, qui s'impriment durablement dans la tête d'un enfant, pour persister inlassablement dans celle d'un adulte.

Ces mots vont le poursuivre sa vie durant, l'entraînant inexorablement vers une pente descendante. Gilles Paris enchaînera les épisodes dépressifs, les tentatives de suicide, passant d'établissements spécialisés en hôpitaux psychiatriques, faisant la rencontre de dizaine, vingtaine, voire centaine de patients et d'aides-soignants. Huit dépressions successives, desquelles il arrivera à se relever huit fois. Parmi ces aventures noires se glisse tout de même un peu d'espoir. L'écriture a eu un effet cathartique sur son état. Auteur de plusieurs romans à succès, dont Autobiographie d'une courgette, son plus connu, également adapté sur grand écran, ou Inventer les couleurs, son dernier en date, un album jeunesse illustré haut en couleurs ; chacune de ses parutions est une réponse à la violence et à l'absence du père. Néanmoins, il réussit à traverser ses différentes phases dépressives grâce à son amour des mots. L'écriture lui a permet de se libérer de ses mal-êtres, de le soutenir durant ses convalescence, de lui sortir la tête de l'eau.

Gilles Paris se livre également avec sincérité sur ses débuts sentimentaux et sexuels, sur ses découvertes de la vie, ses dérives, ses excès et ses expériences parisiennes plus ou moins enrichissantes. Il nous parle avec émotion du couple homosexuel qu'il forme avec Laurent, son partenaire de vie, infaillible, qui le soutiendra, peu importe les épreuves. Il nous raconte les belles rencontres qui ont jalonnées sa vie, de Françoise Sagan, auteure à succès, à ses collègues de boulot, en passant par Janine ou Laura, toutes ont illuminées sa vie et lui ont insufflées un semblant de bonheur parmi les pages noires de son histoire.

Des bribes de vies touchantes sur un auteur à succès. Entre épisodes dépressifs, aveux pudiques et émouvants, Gilles Paris met son coeur et sa vie à nu, comme il ne l'a jamais fait. Un témoignage puissant, sensible, empli de courage !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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L'enfance, le départ du père et ce deuil impossible de l'amour par cette mère abandonnée à cinquante ans qui restera seule, à vivre dans le souvenir du mari volage toute sa vie. La relation au père, sa violence tant verbale que physique, les silences, la douleur du manque d'amour paternel et de reconnaissance.
Comment se construire sur autant de violence et aussi peu d'amour.

Un métier, attaché de presse, avec ses hauts et ses bas, mais toujours exercé par passion.
Des amours et des amants de passage puis la rencontre avec Laurent, mari, ami, amant, fidèle jusque dans la maladie, les crises, les dépressions. L'indispensable soutien depuis vingt ans.
Et ces dépressions qui ponctuent la vie d'années de silence, d'hospitalisation, de traitements, avant la lumière qui enfin apparaît à celui qui se tient là, sur un banc et soudain revit. Huit dépressions plus ou moins longues, pour lesquelles il est parfois difficile de guérir. Mais toujours une forme de lumière pour ce warrior qui va renaître à chaque crise de ses propres cendres pour le meilleur et pour la vie.

Un récit sans concession je l'ai dit, et surtout d'une grande sincérité. La violence de cette relation père fils est presque incompréhensible pour qui ne l'a pas vécue. On est admiratif face à l'énergie déployée pour s'en sortir malgré tout. Malgré les obstacles, les chutes, les aléas de la vie.

Si j'avais quelques hésitations à entrer dans ce récit, des dépressions ce n'est pas forcément vendeur à priori, je dois avouer que je n'ai pas du tout eu envie de le lâcher avant la fin. Il n'y a rien de morbide ou d'exhibitionniste dans ces révélations, mais au contraire une certaine pudeur à dire l'amour ou le désamour, une force aussi à parler de ses failles les plus intimes, de ses combats pour s'en sortir, qui rendent l'auteur encore plus attachant.

Chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/03/05/certains-coeurs-lachent-pour-trois-fois-rien-gilles-paris/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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« Cher papa, rien de toi ne m'est cher. Ces deux syllabes, pa-pa, se répètent comme un refus. » Cette phrase est dans la première page du livre, juste après l'avertissement, dans le chapitre Lettre au père. En effet, il y a des mots qui sont difficiles à prononcer, lorsque la personne à qui ils sont destinés, ne représente pas ce que leur nom englobe. En ce qui me concerne, c'est « maman » que ma bouche refusait de dire en entier. Alors, on tourne autour et, malgré nous, on cherche à ressembler à l'image que cette personne nous impute. Une bataille se livre entre ce que nous sommes et ce besoin de correspondre à ce que l'on dit de nous. L'enfant en nous se construit à partir de ce que ses parents disent de lui. Et lorsqu'un parent lui dit « qu'il est une merde, qu'il ne fera jamais rien », il entend ses mots, qui s'ancrent en lui. Il y répond comme il le peut, avec par exemple, des conduites à risques. Lorsqu'il tente de s'opposer à cette image qui n'est pas lui, la lutte est difficile et la dépression peut être une expression de ce combat.


Gilles Paris a connu huit dépressions, la dernière date de 2017, et il s'est relevé huit fois. Il raconte ses tentatives de suicide, ses séjours en hôpital psychiatrique, ses conduites dangereuses et ses rencontres, celles qui apportent la lumière. Il se livre entièrement, avec une sincérité désarmante et touchante à la fois. Il explique que chaque dépression est différente. Tout au long de ma lecture, j'ai pensé que Gilles Paris était très courageux, car il se dévoile sans concessions. Il raconte ses failles et ses forces, il n'a pas peur d'écorner son image publique, en révélant certains de ses actes privés. Cela m'a beaucoup émue. Son récit est tellement empli de sa vérité, que je me suis surprise à espérer qu'il soit lu avec bienveillance.


La suite sur mon blog...


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Je suis une fidèle de l'émission littéraire « Sous couverture » que j'enregistre et regarde quand je peux. Dernièrement, j'ai vu l'épisode consacré à Gilles Paris.
Oui, comme tout le monde, j'avais entendu parler de son best seller « Autobiographie d'une courgette ». Cela fait d'ailleurs des années qu'il patiente dans ma PAL, dont la hauteur fait au moins la distance de la Terre à la Lune et retour.
En présentant le nouvel ouvrage de l'auteur, Thierry Bellefroid parle de « Certains coeurs lâchent pour trois fois rien » dans lequel Gilles Paris va livrer sa vie. Et il insiste sur la nécessité de lire ce récit.
Car il s'agit d'un récit. Je ne sais pas si, dans un roman, on oserait relater les épisodes affreux qu'a vécus l'auteur.
Le titre vient d'une phrase que lui a dite un médecin après une tentative de suicide. Mais le sien, de coeur, après la lecture, on se demande comment il a tenu.
Au début figure un avertissement : « Ce livre n'est pas une autobiographie, mais des éclats de vie ». Comment mieux le formuler ? Au fil des pages, l'auteur parle de lui, de certains moments clefs, mais il ne les déroule pas dans un ordre chronologique.
Parfois, dans un chapitre, il aborde un aspect qui sera développé plus loin. Parfois, il retourne dans le passé. Il termine son prologue par : « Entrez dans ma vie comme on entre dans une danse ». Mais je peux vous assurer que, dans cette gigue infernale, personne n'aurait envie de se lancer.
Quelqu'un conseille à Gilles d'écrire une lettre à son père, sans quoi, toute la rancoeur qu'il a accumulée en lui risque de l'étouffer.
C'est sur cette missive que s'ouvre le volume. Une épître que le lecteur prend en pleine face d'entrée de jeu, comme lui, Gilles, a subi l'incroyable et inexplicable violence de cet homme qu'on a peine à considérer comme un père. le fils a beau lui trouver des circonstances atténuantes, prétendant qu'il n'est pas violent, nous, lecteurs, n'en croyons pas moins le contraire. Tout est fait pour blesser : les paroles « sautant de la bouche comme des balles qui ne m'ont pas tué ». le moment où il a quitté sa famille pour s'installer avec une femme plus jeune. Celui où il a frappé, non, plutôt tabassé son fils de vingt ans de manière si bestiale que, si un bon samaritain ne l'avait pas transporté à l'hôpital voisin, il serait mort. L'appartement qu'il a dévasté, arrachant les meubles, brisant miroirs, chaises et fauteuils, pulvérisant les fenêtres. Et surtout, la phrase qu'il lui a lancée : « Tu ne vaux rien. Tu ne feras jamais rien de ta vie. Tu es une merde. » Est-ce qu'un père dit des choses pareilles à son enfant ?
Au long des pages s'égrènent ces moments dont « Rien n'existe tant qu'on ne l'a pas écrit » comme nous l'apprend l'épigraphe de Virginia Woolf. Car, tout ce que Gilles a vécu, on a peine à croire qu'il ait pu y survivre.
En trente ans, il affronte huit dépressions ! Quand on a connu un seul épisode dépressif, on se rend compte à quel point c'est terrible. Alors, huit ? Des tentatives de suicide, comme autant d'appels au secours, en effet, il le précise : « ceux qui veulent vraiment mettre un point final à leur vie ne se ratent pas, en général. »
Il luttera en se détruisant encore davantage par l'alcool, la drogue. Il se jettera à corps perdu dans le travail. Il raconte ce moment où il doit rencontrer des jeunes pour leur parler de son roman, des séances de dédicaces. Tout en lui dit non. Il a l'impression qu'il va imploser. Mais il se lève, s'habille, se colle un sourire sur le visage, et il y va.
Il décrit la maladie très grave de sa soeur, qui affronte la souffrance avec stoïcisme et une force de caractère telle qu'elle arrivera à remonter la pente.
Dans tout ce noir, heureusement, deux lumières : l'amour de Laurent, son compagnon, qui l'a soutenu et accompagné au long de ses hospitalisations. Auquel je tire mon chapeau : supporter un dépressif, cela n'a rien d'évident.
La deuxième, c'est l'écriture. Quand des jeunes lui demandent s'il a des enfants, il répond : « Oui, mes livres. »
Il va aussi abandonner la cocaïne et la remplacer par du sport intensif.
Il aime beaucoup la musique et y fait souvent allusion. Parfois, pour illustrer ses propos, il cite l'un ou l'autre extrait de chanson. Et de même pour le cinéma, pour lequel il a instauré un rituel : ne jamais manquer telle ou telle séance. La littérature. Il a travaillé comme attaché de presse et nomme plusieurs auteurs qu'il apprécie, qui sont parfois devenus des amis.
Heureusement, il termine son livre par quelque chose de positif : une liste de tout ce qu'il aime. Ce sont parfois des choses importantes, comme des rencontres, des discussions avec des proches. Parfois, des détails insignifiants ; « Sentir la tiédeur du sable sous mon pied nu » ou « les herbes dans la vinaigrette ». Mais ce qui, je pense, est le plus important pour lui, puisqu'il le répète plusieurs fois, c'est : « Écrire ».
Un texte qui m'a vraiment marquée.
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Certains coeurs lâchent pour trois fois rien n'est pas une autobiographie. Il s'agit de fragments de vie, de morceaux tranchants comme du verre. C'est la dépression à répétition qui serre le coeur, écorche l'espoir et coupe les liens.

De sa première dépression à l'âge de 33 ans, après des années d'alcool, de drogue, d'amitiés illusoires, éphémères, et de déceptions amoureuses, Gilles Paris raconte. La dépression comme une bête sauvage, qui ronge, gagne du terrain, qui domine. Huit en trente ans, une dizaine de tentatives de suicide, de multiples séjours en psychiatrie. L'auteur est perdu, mais trouve en l'hôpital un lieu qui le rassure. Il ne demande rien sinon de se laisser porter d'un lit à un banc, d'un banc à une chaise avant de retourner au lit. Il y est entouré de personnes qui souffrent, elles aussi, et n'affronte pas le jugement. Il y survit, dans une autre normalité.

Je connaissais l'auteur, ses personnages émouvants, sa poésie si particulière, mais je ne savais rien de l'homme. Un homme qui avait tout réussi et qu'une maladie, cette incroyable maladie qu'on ne voit pas, a coupé du monde. Elle l'a privé d'exercer son métier d'attaché de presse, de toute vie sociale, de son corps même qui souffrait des fluctuations de poids importantes engendrées par la prise de médicaments. Et toujours à ses côtés, Laurent, son mari aujourd'hui. J'ai été très touchée par ce texte sans fard ni sans apitoiement, par sa sincérité, sa simplicité. de mémoire, je n'ai lu aucun ouvrage qui aborde la dépression sous cet angle, mettant largement de côté le pourquoi des choses pour s'attarder sur le « comment était-ce à ce moment précis ». L'auteur confie bien, à travers son tempérament destructeur, qu'il porte la blessure d'un père violet, verbalement et physiquement, la tristesse d'une mère démissionnaire, mais sans accabler personne. Il évite le cliché qu'on attend tous : la thérapie par l'écriture. Si elle est un exutoire évident, l'écriture lui permet, semble-t-il, avant tout, de prendre une distance essentielle : « Les mots de la fiction pour dire la réalité. » Parfois, aussi, elle est comme un paratonnerre.

Avec beaucoup de sobriété, Gilles Paris laisse entrevoir des points de lumière dans ces années noires, et rend hommage à tous ceux qui l'ont soutenu durant la maladie. Un témoignage qu'il faut lire : sans livrer d'explication prétentieuse et universelle de la dépression clé en main, il autorisera peut-être une lueur d'espoir, à ceux qui souffrent, à ceux qui les épaulent au quotidien. À ceux qui commencent à ne plus y croire. Et pour découvrir la sensibilité d'un très bon auteur.


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Huit dépressions en trente ans de vie nous annonce Gilles Paris dans les premières pages de son récit. Des dépressions dures, fortes, profondes, bouleversantes. Des séjours en hôpital psychiatrique, des tentatives de suicide, les traitements, les guérisons, les chutes et rechutes, ses addictions, sexe et drogue, l'auteur de nous épargne rien de ses descentes dans le monde fragile et béant de la mélancolie. Parfois on sent qu'il aimerait s'y lover, flotter, ne plus rien sentir, et puis il en sort, toujours, bien sûr.

Un récit très émouvant, un long tunnel avec au bout, la lumière, la renaissance. Parce que tout n'est pas si sombre, il y a l'écriture, ses romans ses enfants, ses personnages et puis Laurent. Laurent qui aime, qui soutient, qui chante, fait la cuisine et l'andouille. le livre se termine sur cinq pages pleines de tout ce que Gilles Paris aime ! Et ça en fait des trucs, du short de Steeve McQueen au sourire de Robin Williams, en passant par les cannelés, les romans de Monica Sabolo, les carottes râpées et le soleil, la simplicité et la gentillesse, Gene Kelly et Fred Astaire, la purée maison, manger avec des baguettes, l'odeur de l'herbe coupée, danser sur September, prendre le train... Toutes ces choses que j'aime tellement moi aussi ♥
Pourtant tout ça n'a pas réussi à me remonter le moral, je suis restée triste. Je croise les doigts pour vous monsieur Paris, de tout mon coeur ♥ 
Lien : http://www.levoyagedelola.com
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« Certains coeurs lâchent pour trois fois rien.» Cette phrase d'un médecin urgentiste réveille la conscience de Gilles Paris qui vient de faire une ultime tentative de suicide. Même en prenant les plus grandes précautions, il joue avec la mort et la chance ne sera pas toujours au rendez-vous.

En trente ans, l'auteur a écrit huit livres et fait huit dépressions. Ce n'est pas tout à fait un hasard. Ecrire est une douce thérapie comme une réponse à la violence et l'absence du père mais une fois le livre paru, il reste l'épuisement et le vide.

Dans ce récit, Gilles Paris tente de comprendre la mélancolie qui emprisonne sa vie le conduisant régulièrement dans les hôpitaux psychiatriques pour des périodes plus ou moins longues. Un terrain génétique peut-être mais surtout une enfance sans tendresse avec un père violent et infidèle et une mère absente, toujours plus après le divorce en 1977.

Après sa rupture avec Pascaline, Gilles passe ses nuits dans les night-clubs, abusant de l'alcool et des stupéfiants. A vingt ans, à l'issue d'une soirée au restaurant, son père le bat et lui assène des mots bien plus rudes que les coups.
« Tu es une merde, tu ne feras jamais rien de ta vie. »

L'auteur fait sa première dépression à trente-trois ans en 1992. Son séjour dans une clinique de Montpellier est bénéfique. Il reprend son travail d'attaché de presse et se promet d'écrire un roman. Les visites et entretiens dans une maison d'accueil pour enfants près de Fontainebleau lui donnent matière pour écrire Autobiographie d'une courgette. le livre paraît en 2002 chez PLON et devient un succès. C'est aussi à cette période qu'il rencontre Laurent, l'homme de sa vie qu'il épousera en 2014.

Mais l'équilibre est toujours instable. Sa vie est une alternance de périodes en hôpitaux psychiatriques et de lentes remontées. Au fil du temps, Gilles reconnaît les prémices et sait gérer l'angoisse en faisant du sport et se protégeant auprès de Laurent, de Jeanine, sa meilleure et fidèle amie ou de Franklin, son beagle.

« Ne pas laisser son esprit trop vagabonder, ne pas s'écouter sans cesse, s'obliger à une vie équilibrée, si équilibrée qu'elle en devient presque indigeste. »

Avec ce récit particulièrement courageux, l'auteur n'occulte aucun travers. Il nous confie ses blessures, ses doutes. Nous comprenons ce qui a inspiré ses romans. L'écriture est un remède qui ne bouscule pas comme l'analyse. Je pense qu'il ne va pas aimer ce ressenti mais j'ai éprouvé de la peine pour cet homme si sensible, humain, aimable. de son enfance difficile, il a su inventer les couleurs qui illuminent d'humanité ses romans. J'espère qu'elles sauront aussi colorer son quotidien.

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