Seulement quatre mois après la publication de «La nuit des masques», «Le masque de chair» vient déjà clôturer ce diptyque scénarisé par
Alain Paris et dessiné par Simon Dupuis. La principale qualité de cette conclusion se situe une nouvelle fois au niveau de la restitution brillante de la société babylonienne. Habitué à décrire les civilisations anciennes, que ce soit en tant que romancier ou en tant que scénariste des séries "Galata" et "Antarcidès",
Alain Paris permet ici de découvrir les moeurs et l'organisation de cette cité mythique aux jardins suspendus.
Si l'auteur parvient également à entretenir un certain suspense jusqu'au bout en jouant habilement sur l'identité du coupable, son intrigue est malheureusement trop décousue. Cet environnement du IXè siècle avant notre ère est didactiquement intéressant, mais l'enquête policière menée par Taliya manque de fluidité. Une progression par à-coups qui empêche le lecteur de pleinement rentrer dans l'histoire. Malgré quelques flashbacks intéressants, trop de personnages secondaires ne sont pas assez développés et ont tendance à n'apparaître que pour faire leurs révélations. Même l'héroïne principale au caractère bien trempé n'est pas toujours crédible dans cette fonction jusque-là réservée aux hommes et cette manie d'arborer son sceau afin de se sortir des mauvais coups finit par lasser, surtout dans la manière.
Graphiquement, Simon Dupuis continue de décrire cette époque avec réalisme et reconstitue minutieusement la vie quotidienne et les caractéristiques de la Babylone des jardins suspendus. le jeune dessinateur peine par contre toujours au niveau des expressions du visage, avec des acteurs qui semblent «surjouer» leurs scènes. Une impression accentuée par une narration qui, en tentant de conserver l'esprit d'antan, finit par manquer de naturel.
Une conclusion qui saura ravir les amateurs de récits historiques, mais qui, malgré un bon dosage du suspense, aura plus de mal à convaincre un lectorat plus friand de polars bien construits.