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3,78

sur 1041 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Postulant lecteur, toi qui espères
- un livre qui commence par un début et se termine par une fin, cherches-en un autre car ici c'est le bazar,
- une oeuvre de philosophie qui ne soit pas en même temps et à la fois un cours de catéchisme et une litanie de références bibliques, passe ton chemin, ça va t'énerver
- une motivation à te convertir au christianisme, tu prends le risque de devoir te replonger dans ton cours de probabilité de 2ème, ce qui te semblerait une double peine
- une initiation à la mathématique, à la physique, à l'astronomie, aux sciences naturelles et aux transports publics, tu seras déçu et devras te farcir les Oeuvres complètes, double peine à nouveau
- une formation expresse aux professions de missionnaire, d'avocat et de procureur, les plaidoiries vont t'apparaître quelque peu mitées et désuettes, et tes futurs diplômes très compromis,
- un viatique de célèbres formules pour faire le malin dans les salons, laisse tomber car elles sont noyées dans le tout qu'il faut lire intégralement pour les y débusquer; tu auras meilleur compte à dénicher une anthologie qui aura fait le travail à ta place
- combler, pour la seule raison esthétique, le vide existant dans ta culture littéraire entre Montaigne et Descartes, épargne ton temps; non seulement évite Pascal mais aussi, l'entendant, oublie Montaigne et oublie surtout Descartes, Pascal démontrant en deux coups de ciseaux l'affirmation de Hobbes: "Homo homini lupus est"

Nonobstant, les siècles et les plus grands ont consacré la valeur, l' intérêt et la beauté de cette oeuvre.
Ainsi donc, Postulant lecteur, si comme c'est probable, je ne t'ai pas convaincu, considère ce qui suit, qui vise à étayer mes prolégomènes mais n'est que mon humble avis sur le chef d'oeuvre ...

Les Pensées sont un ensemble de "fragments" dont la mise en ordre a occupé beaucoup d'éditeurs après qu'ils ont été rédigés et en partie assemblés en liasses par Pascal (puis perdus) mais, par bonheur, après avoir fait l'objet de 2 copies, très peu de temps après sa mort, par sa belle-famille Périer.
Le Livre de Poche propose l'édition Sellier, établie en 1976, la première qui, sur la base du texte de la 2ème copie, respecte l'ordre fixé par Pascal (jusqu'au milieu du XXème siècle, les éditeurs se sont autorisés à inventer et imposer un ordre différent de celui voulu par l'auteur, qui leur semblait meilleur, on croit rêver!)
Il reste au lecteur à interpoler et reconstruire la logique entre les fragments et aussi à l'intérieur de certains d'entre eux. Ce n'est pas toujours une mince affaire et il faut saluer l'excellente contribution en notes de Gérard Ferreyrolles, qui traduit toutes les citations latines, reproduit les sources littéraires discutées par Pascal et clarifie à l'occasion un propos elliptique ou une forme surannée de l'auteur.
S'y ajoute un autre obstacle à une compréhension immédiate, qui provient sans doute du caractère "inachevé" de nombreux fragments (i.e. non définitivement mis en forme pour être lus par d'autres, conséquence de la mort prématurée de Pascal) mais peut-être aussi de la fulgurance de son esprit et de sa manière particulière (et souvent déroutante pour nous, quidam) de raisonner et formuler le résultat de son raisonnement.

Pascal est animé d'une volonté, qu'on pourrait par endroit qualifier de féroce , de convaincre afin de convertir (libertins, mais au-delà agnostiques et athées en général), de défendre et justifier (Port-Royal et suspects de jansénisme) et de déconsidérer et ruiner (casuistes jésuites).
Sur le terrain de la conversion, le plus sujet à débat, sa rhétorique se fonde principalement sur la Bible pour ce qui est de la "promesse divine" et sur sa théorie des partis.
Il considère la Bible comme un document irréfutable, Ancien et Nouveau Testament s'accréditant et se justifiant l'un l'autre: dans l'Ancien Testament, les prophètes ont annoncé la venue du Messie; le Nouveau Testament rapporte effectivement cette venue et selon le mode exact qui avait été prédit; tout est donc vrai, bien qu'en partie caché, masqué, "figuré", cela même renforçant la preuve. Dans le même temps, il accepte dans leur sens le plus littéral une partie de ces sources, notamment la création, les âges et généalogies. L'exégèse historico-critique de la Bible qui commence à se développer à cette époque (cf Hobbes "Léviathan" 1651 et Spinoza "Traité théologico-politique" 1667 qu'étrangement Pascal semble méconnaître absolument) ébranlera considérablement ces fondations-là. le scientifique s'est effacé devant le croyant inspiré, certains diront aveuglé, par la luminance de sa conversion.

Comme l'a proclamé plaisamment naguère une entreprise de jeux d'agent -je cite approximativement, "tous ceux qui ont gagné, ont joué"; de fait, combien ne tentent jamais leur chance malgré une espérance mathématique certes pas infinie (à la différence du pari pascalien) mais pas tout à fait négligeable et surtout une mise de pas grand-chose! C'est que l'idée-même de pari est étrangère à leur psychologie. Comme Pascal, négligeons cette masse.
Le pari pascalien fait l'hypothèse soulignée qu'il est impératif de parier, ce qui ne va pas de soi: c'est donc bien aux joueurs, et à eux seuls, que Pascal s'adresse. Que Dieu existe ou pas est affirmé équiprobable (1 chance sur 2, chaque). C'est une hypothèse honnête, incontestable de ce fait; mais faisant intervenir l'humain, elle ne peut être appliquée qu'à un joueur agnostique (mais, considérant la psychologie, un joueur peut-il être, en général, agnostique?).
En revanche s'agissant d'un athée, la probabilité que Dieu existe tend pour lui vers zéro; l'espérance mathématique liée au pari (probabilité x gain) tend vers 0 x ∞, qui est mathématiquement indéterminée…. pas hyper-motivant!
J'imagine en outre que même la quasi-certitude d'un gain, mais dont la jouissance serait différé au-delà de la mort, n'inviterait pas si impérieusement un joueur à parier. Quant à la satisfaction censée être obtenue immédiatement, i.e. dès cette vie, par le seul fait de miser (i.e chercher Dieu, source de bonheur en soi), elle est elle-même de fait objet d'un pari non dit, celui consistant à faire confiance a priori à la personne qui soumet le pari et promet, ce qui restreint inéluctablement et drastiquement le nombre des parieurs….. Reste une question à cent balles: combien y a-t-il eu de ces parieurs depuis 1670?

Tout au long des Pensées, Pascal entretient un dialogue presque ininterrompu, à un demi-siècle de distance, avec Montaigne, dont le séparent la relative indifférence de celui-ci à l'au-delà, son scepticisme tempéré, et "le sot projet qu'il a de se peindre" dixit Pascal, sympa.
Tout autre est son opposition à Descartes qu'il expédie d'un assassin "inutile et incertain", formule que les siècles ont immortalisée, non sans quelque raison!
C'est qu'il ne devait pas faire bon à n'être point de ses amis.

Il n'empêche; certains fragments entièrement développés et rédigés, révélés aux classes successives de lycéens notamment français, sont superbes sur un plan littéraire, précis sans sécheresse, amplement déployés, quelquefois redondants sans lasser, pénétrants et subtils, fins et géométriques, et toujours propices à la prise de recul et à la réflexion, détachées de tout conditionnement historique ou religieux. Parmi eux, de nombreuses perles qu'on a plaisir à redécouvrir, noyées dans l'ensemble fragmenté mais à la place que Pascal leur a assignée.
Ma préférée est celle qui parle du nez de Cléopâtre, parce qu'elle me fait penser à Panoramix et au gâteau de César ...

Postulant lecteur, toi qui envisages sérieusement à présent de te lancer plutôt dans l'intégrale des oeuvres de Goscinny et Uderzo, sache que...
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Au départ totalement ignorant de l'existence de Pascal, jusqu'à sa découverte à l'occasion des cours de philosophie, j'ai rapidement été captivé par cet auteur. Voulant débuter sur des bases solides, je me suis alors jeté sur ses Pensées, et j'en ressors renouvelé.

Je scinderai ma critique en deux parties, premièrement l'aspect que je dirai "vain" de ce livre, puis son aspect théologique.

Pour commencer, donc, par la vanité, le ton est rapidement donné, Pascal est un homme peu optimiste et ses réflexions peu encourageantes. Mais ce n'est pas pour autant que ce livre rend malheureux, ce livre inspire plutôt à changer profondément sa manière de vivre et de penser, je pense notamment à ses fameuses paroles sur l'amour-propre et le divertissement, deux thèmes qui reviennent de façon récurrente au cours des diverses liasses. Sans trop en dire, l'homme est soumis à des forces trompeuses qu'il a lui-même engendré, afin d'oublier la finalité de son existence, mais cela n'est que de mon interprétation. En parlant de finalité, Pascal est peu optimiste sur le bonheur humain, c'est d'ailleurs la partie du recueil que j'ai trouvé la plus maussade, car je l'ai trouvé particulièrement juste, mais cela fait partie du pari lorsque l'on lit un livre comme celui.

Ensuite, dans sa deuxième partie, qui oscille entre une apologie de la religion chrétienne et quelques réflexions qui y sont liées, Pascal se tente à l'impossible et va à contre-sens du lieu commun pour son époque, aller du Dieu tout-puissant à l'Homme mortel. En passant les détails, car cette partie fait environ la moitié du recueil, Pascal y développe plusieurs aspects de la religion, dont le plus connu est le Pari religieux. En restant vague, afin de vous laisser, le plaisir de la découverte, pourquoi ne pas croire en Dieu, nous n'avons rien à y laisser ? Et c'est cette argumentation qui me fait voir toutes les pensées concernant la religion comme une sorte de tentative de conversion des athéistes au christianisme, car Pascal est persuadé de ses bienfaits et de ce que serait le monde s'il était parfaitement chrétien. Me concernant, cela a partiellement marché, je dois avouer que la religion n'était pas l'un de mes centres d'intérêts, mais depuis cette lecture, j'ai un réel désir de comprendre le christianisme.

Pour conclure, nous avons assurément affaire avec un classique intemporel de la philosophie mondiale, qui a eu une influence majeure dans la théologie actuelle et passée. C'est un recueil que je recommande à tous ceux qui s'intéressent à Pascal, et à tous ceux qui sont curieux de la religion.
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Comme pour chaque livre, la seule question qui subsite une fois la lecture achevée est de savoir s'il m'a suffisamment plu, interpellé, questionné ou émerveillé pour que je souhaite me replonger un jour dedans et parcourir une nouvelle fois ses pages. La réponse est non, pas sans un esprit éclairé pour accompagner l'analyse car ce n'est pas un livre qui se lit. Il s'étudie, il s'analyse, il se commente.
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Les Pensées de Blaise Pascal est un essai paru pour la première fois en 1670 de manière posthume. Blaise Pascal (1623-1662) est d'abord connu comme un homme de sciences, et plus particulièrement comme l'inventeur de la machine à calculer. C'est en 1654 à la suite d'un accident qu'il se tourne vers la religion, le thème principal de ses Pensées.

Dans les Pensées, Blaise Pascal place Dieu comme la toute-puissance qui permet à l'homme de connaître le bonheur par sa grâce. L'oeuvre est divisée en huit sections qui ont toutes pour but d'établir la relation entre Dieu et l'homme en abordant plusieurs sujets tels que la misère de l'homme, la politique ou encore la justice. Il distingue la religion et la foi : la religion se trouverait dans la raison et la foi dans le coeur de l'homme. le philosophe déclare ensuite que Dieu est incompréhensible puisque la religion est quelque chose de surnaturel et qu'il faut la ressentir avant tout. Enfin, l'homme doit comprendre qu'il est aussi faible que fort et qu'il a besoin de Dieu pour éviter le malheur et l'ignorance. Ainsi, Blaise Pascal entreprend ici la défense de la religion face aux critiques dans son Apologie de la religion chrétienne.
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On a toutes et tous (au moins) un ouvrage dans nos PAL qui prend la poussière depuis des années, qu'on rechigne à lire pour des tas de raisons - souvent synthétisées en un laconique “pas le bon moment”. C'est la quête du timing parfait, celui qui nous permettra de prendre le pouls d'une oeuvre du mieux possible. Après 12 années tapies dans l'ombre, j'ai le plaisir de vous annoncer que les planètes se sont enfin alignées pour les Pensées de Pascal et moi.

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas volé sa réputation ! Ce pavé d'une grande richesse demande concentration et assiduité. J'ai adoré le pan philosophique de ses réflexions : on ne mentionne souvent que les volets consacrés au divertissement et à la vanité (tous deux excellents) mais il contient aussi de sacrées considérations sur le doute, la justice, la charité, la paix, l'amour, l'amour-propre, la piété ou encore l'introspection avec notamment l'explication de son idéal : vivre sans attaches vis-à-vis des autres mais également s'assurer qu'ils n'en aient pas pour lui.

Il contient toutefois un défaut qui, selon les sensibilités, peut complètement galvauder la lecture. Vous le savez sans doute mais Pascal est ce qu'on pourrait appeler un “fanboy” de la religion chrétienne et ses Pensées n'ont d'autre objectif que celui de convaincre ses lecteurs du bien fondé de celle-ci. Athé(e)s et agnostique(s), vous risquez donc de saturer devant l'amas de bondieuseries. Et j'insiste : quand il mêle philo et religion, aucun souci, la perspective est même très enrichissante. le problème ce sont les chapitres intégralement constitués de dogmatisme religieux qui virent au concours de b*tes (pardonnez-moi l'expression) et qui ne devraient également pas ravir les croyants des autres branches.

Je relativise toutefois cet aspect dans la mesure où Pascal désirait écrire l'apologie de la religion chrétienne (je peux donc difficilement lui reprocher d'y consacrer les ¾ de son livre). de plus, il s'agit de pensées réunies à titre posthume et qui traduisent donc une réflexion en devenir (je ne peux donc pas non plus lui reprocher de n'être -sur la partie religieuse- pas convaincant, d'autant plus au vu de la grâce du reste).

Un ouvrage d'une grande modernité en tout cas, passionnant, qui demande de la patience mais récompense admirablement celles et ceux qui en viennent à bout.
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Un livre intéressant...

Résumé : " Destinées à l'origine à convaincre les libertins de la nécessité de croire en Dieu, ces pensées, telles que nous les lisons, forment un texte qui dépasse largement la simple apologie de la religion chrétienne et qui s'adresse à un public très large, puisque son principal sujet, c'est l'Homme. En voulant apporter la preuve mathématique de l'existence de Dieu (c'est l'argument bien connu du "pari"), Pascal nous livre avant tout une exemplaire peinture de l'Homme, miné par sa misère, mais sauvé par sa grandeur."
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Un livre de reference qui malgre son age se lit encore superbement bien actuellement tant la pensee de l'auteur traverse les siecles sans prendre une ride!
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Je n'aurais jamais lu Pascal si ce livre n'avait fait partie du programme de français au lycée. Les réflexions posées finalement m'ont plus, la pensée 347 comparant l'homme au frêle roseau est philosophiquement très intéressante, surtout si on se place à l'époque de Balise PASCAL
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Comme tous les potaches, j'ai étudié au lycée quelques grands extraits des "Pensées" de Pascal. Des décennies plus tard, j'ai emprunté la version intégrale de cette oeuvre. A vrai dire, une lecture suivie de l'ouvrage m'a semblée impossible. Je trouve très déroutante cette énorme collection de notes - découvertes après la mort de son auteur et péniblement ordonnée afin de réaliser une édition posthume. Ces pensées sont tantôt brèves, sibyllines ou sans intérêt apparent, tantôt génialement conçues et écrites magistralement.
Aujourd'hui le lecteur peut être assez démotivé devant une telle apologie de la religion chrétienne. Il faut toutefois remarquer que, sur le plan philosophique et religieux, Pascal n'est parfois pas très éloigné des conceptions bouddhistes, que d'aucuns apprécient maintenant plus que le christianisme: c'est le cas, par exemple, quand il dénonce l'insatisfaction permanente et le "divertissement" de l'homme. Certaines des questions qu'il soulève sont universelles. Mais d'autres passages paraissent moins propres à emporter notre adhésion.
Toutefois il est évident que Pascal écrit merveilleusement, du moins dans les parties des "Pensées" qui ont une forme achevée. Je trouve qu'il a un sens exceptionnel de la formule, celle qui frappe définitivement notre esprit. On ne compte pas le nombre d'aphorismes que tout le monde connaît ou a déjà entendu. C'est bien pour cela qu'il figure encore au panthéon des grands auteurs du XVIIème siècle.
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Lecture exigeante et lucide mais trop accaparé par la religion .Moi athée ,Pascal passe son temps à lutter contre.Son combat contre les jésuites qualifiés de laxiste est parfois amusant(Faut dire qu'ils collectionnent quelques bévues).Parfois totalement mauvaise foi.Mais Pascal sait écrire (à part les prophéties) sur l 'ennui sur la raison sur la peur de la mort ça sonne très juste .Plus qu'a lire les provinciales.
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