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Marie Vrinat-Nikolov (Traducteur)
EAN : 9782490501274
312 pages
Editions du Typhon (24/01/2023)
4.27/5   15 notes
Résumé :
Quand on est jeune, intrépide et insolent comme notre héros, quel avenir a-t-on dans la grisaille de la Bulgarie soviétique ? Aucun. Victor le sait et fuit avec joie rejoindre son père en Allemagne de l’Est où il pense y trouver la liberté et la réussite. Vite, il déchante : cette terre aussi est un enfer où son père dégringole. Seul le rock’n’roll permettra à Victor d’entrevoir un espoir pour échapper à la misère. Jamais à terre, toujours vibrant, tel est le destin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Grâce à la masse critique de décembre, j'ai découvert un auteur bulgare : Victor Paskov avec son roman :Allemagne, conte obscène.
Le narrateur, certainement ne faisant qu'un avec Victor Paskov est un jeune homme de 19 ans vivant à Sofia, en 1968, dans cette période communiste dont l'avenir radieux ne lui apparaît pas.
Le prologue du livre est très émouvant, il rend hommage à tous ses amis disparus, emportés par un régime qui écrase les individus comme un rouleau compresseur.
Notre narrateur semble avoir un peu plus de chance, son père trompettiste de son état est parti vivre en Allemagne de l'est. Il propose à son fils de le rejoindre.
Mais, très vite, notre jeune héros va percevoir toute la détresse, la xénophobie qu'on impose aux " Garbeirter" c'est à dire les étrangers invités.
C'est avec un humour acide, violent mais aussi parfois désopilant qu'il va nous décrire ce "paradis de L'Allemagne de l'est" qui donnera le titre du roman : Allemagne, conte obscène.
Notre jeune héros va rapidement déchanter dès son arrivée en constatant dans le regard de son père la perte de la dignité d'un homme.
Travaillant dans le théâtre où son père joue, il devient machiniste et va vivre un enfer entre ses collègues qui l'insultent, le maltraitent et les tenailles de la Stasi entre lesquelles il tente vainement d'échapper.
Au final, un roman percutant, mettant à jour la vie d'hommes " de pays frères" qui fait froid dans le dos.

À découvrir certainement.!
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"Allemagne, Conte obscène" a été publié en tout premier lieu en France en 1991, c'est le second roman de Victor Paskov auteur bulgare dont le premier roman "Ballade pour Georg Henig" publié en 1987 avait rencontré un succès inattendu.

Demeuré indisponible pendant 30 ans, les éditions du Typhon en proposent une nouvelle traduction issue du texte de 1993 publié lui, en Bulgarie. le texte a intégré leur collection Après la tempête reconnaissable aux couvertures toujours intrigantes des titres qu'elle rassemble.

"Allemagne, Conte obscène" est un roman dynamique et intelligent, inspiré de la vie de l'auteur, ce que l'on devine quand on rencontre son personnage principal qui se prénomme Viktor.
C'est aussi un roman dense, brut et âpre avec des décors de brume en noir et blanc et des personnages hauts en couleur qui apparaissent d'abord comme des caricatures d'eux mêmes et se révèlent ensuite être des personnages dépossédés de leur destin et en cela, terriblement réels.

L'histoire débute à Sofia, la veille du départ de Viktor pour l'Allemagne de l'Est où il va rejoindre son père qui y travaille en tant que musicien professionnel. L'on découvre un jeune homme fougueux, insolent, musicien, qui va brutalement déchanter une fois arrivé à destination. Livré à lui même et profondément déçu par l'échec de son père qui s'est tué à la tâche toute sa vie pour échouer dans un foyer pour émigrés et se faire entretenir par son amante, Viktor projette d'abord de végéter en attendant de repartir chez lui. Il parvient néanmoins par trouver un emploi au théâtre où se produit l'orchestre de son père et atterrit dans un panier de crabes où il détesté de tous, malmené par les machinistes et manipulé par ses supérieurs. Dans le même temps, il se heurte à la réalité économique, sociale et climatique de Freiberg dont il finit quand même par s'accommoder. Dès lors, une fois ses marques prises, il fait de nouvelles rencontres, prend des habitudes plutôt mauvaises, et va jusqu'à entamer une histoire d'amour avec une jeune prostituée.

Restera t-il ? Pourquoi ? Ou pourquoi faire ? Quel choix l'époque lui offre t-elle ?

Roman d'apprentissage mélancolique :

Avec ce roman, Victor Paskov nous offre un moment de lecture réjouissant et différent : les « vignettes terribles et drôles » (je cite la postface) que l'on retrouve tout au long de son texte rappellent un peu le naturalisme de Zola agrémenté de beaucoup d'humour et d'un ton cinglant un peu moqueur, qui n'épargne personne. Son personnage principal très bien incarné s'avère être un anti-héros en de nombreux aspects (notamment dans sa relation malsaine et violente avec son amante) que l'on le suit vaille que vaille dans ses mésaventures alors qu'il entre dans une nouvelle phase de sa vie plein de désillusion.

Roman d'apprentissage donc, rock'n'roll, burlesque même, Allemagne, Conte obscène est aussi un texte empreint de mélancolie. Comme l'indique Marie Vrinat-Nikolov, la traductrice également auteure de la postface, Victor Paskov a vécu toute sa vie comme un exilé et c'est là un des sujets du livre sinon le sujet principal : cette non-appartenance, que ce soit au pays quitté ou au pays qui accueille, qui côtoie le désir d'appartenir absolument, de se sentir exister là où l'on se trouve. En effet dans son roman, dès son arrivée Viktor regrette Sofia, sa vie et ses amis alors qu'il désirait plus que tout les quitter. D'ailleurs le livre commence aussi avec une sorte d'hommage aux amis disparus et à un passé naufragé.

Témoignage historique :

Cependant l'intérêt de ce texte n'est pas uniquement là, il se trouve aussi dans le témoignage qu'il représente. D'abord parce que pour beaucoup de lecteurs _ notamment ceux pour qui le mur de Berlin est un mythe et l'Union soviétique un vieil et obscur empire _ il serait difficile d'imaginer l'ambiance qui règne à Sofia ces années-là. Particulièrement la cohabitation de la peur induite par le contrôle policier et social avec la désillusion politique face aux régimes autoritaires communistes ou face au marasme économique et le désir qui habite la jeunesse de faire comme à l'Ouest voire de s'y rendre.

Ensuite parce qu'il est tout aussi difficile d'imaginer la situation des émigrés, exilés en Allemagne de l'Est pendant la période soviétique marquée par l'omniprésence de la xénophobie, de la corruption, du clientélisme à quoi s'ajoute l'hypocrisie qui agit comme une chape de plomb sur tout le monde, alors même qu'à cette époque l'Allemagne incarne le « top » du bloc Est.

Leçon de style :

Une autre force de ce texte réside dans le fait qu'il est d'une grande modernité, doté d'une langue très dynamique, d'une narration loin des poncifs et d'un style qui n'a rien de classique dans ses procédés et qui s'impose bien vivant, indompté et même irrévérencieux. Cela fuse, rebondit, fait écho, frappe, ce qui permet au lecteur d'avoir l'impression très vive de coexister avec le personnage principal.

Pour étayer ces éléments : dans la postface Marie Vrinat-Nikolov écrit :

« Cette nouvelle traduction-ci tente de faire entendre et voir, mieux que la première, le Paskov poète et musicien à l'écriture novatrice : par son rythme incisif et nerveux que marquent une utilisation particulière des majuscules, le grand nombre de titres remplaçant des verbes, les chiasmes et reprises de mots ; par ses images hyperboliques, car rien, chez lui, ne saurait être banal (c'est à dire médiocre) ; par sa manière de s'adresser à ses personnages conférant une tension dramatique accrue ; par les changements de points de vue induisant l'alternance entre « je », « tu » et « il », par les sauts fréquents entre le passé et le présent. »

Pour résumer :

"Allemagne, Conte obscène" est un roman dense, brut et âpre avec des décors de brume en noir et blanc et des personnages hauts en couleur qui apparaissent d'abord comme des caricatures d'eux mêmes et se révèlent ensuite être des personnages dépossédés de leur destin et en cela, terriblement réels. L'on rit en pleurant, forcément touché, car il apparaît évident que ce texte est profondément sincère. L'on discerne aussi un monde qui n'est pas si loin dans le temps et l'espace et l'on saisit combien on le connaît mal, bien que le mur soit tombé il y a 40 ans déjà…

Pour finir, le roman de Victor Paskov se lit à la fois comme un cri un peu désespéré de liberté et un pied de nez au cynisme et à la tragi-comédie universelle qui se joue aux dépends de tous.

PS :

« LOVE LOVE LOVE

En dépit de la vie, tout est amour ! »

Lien : https://www.undernierlivre.n..
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Allemagne conte obscène (2023), le deuxième roman de l'auteur et critique musical bulgare Victor Paskov (1949-2009) après Ballade pour Georg Henig (1987), est paru en France en 1991 sous le titre Allemagne conte cruel. Indisponible depuis trente ans, il vient de bénéficier d'une traduction entièrement revue et corrigée.

Dédié « aux amis qui sont morts » et inspiré de la vie de l'auteur, Allemagne conte obscène retrace le cheminement de Viktor Paskov, un jeune Bulgare intrépide et insolent vivotant sans grandes perspectives d'avenir dans la grisaille de la Bulgarie soviétique. Alors que le Printemps de Prague est écrasé en cet été 1968 et que la colère monte à Sofia où se déroule le Festival international de la jeunesse, Viktor se décide à accepter l'invitation de son père à le rejoindre en Allemagne de l'Est où il travaille en tant que musicien dans un théâtre de Freiberg, près de Dresde.

Viktor est enthousiaste à l'idée de se rapprocher de l'Ouest et de bientôt pouvoir, croit-il, goûter au parfum de la liberté. Or, sa difficile condition d'exilé et son statut de « Gastarbeiter » (littéralement « travailleur invité ») met un terme à tous ses espoirs. Comme tous les autres avant lui, il n'échappe pas à la xénophobie, ni à l'oppression et à l'omniprésence de l'idéologie soviétique mais si la chute est très inattendue et brutale, Viktor reste toutefois un frondeur mettant un point d'honneur à faire dignement face à l'adversité. Les insultes pleuvent, les menaces aussi, puis le spectre de la Stasi fait son apparition. Mais contrairement à son père qui joue au « bon étranger » en se couchant à plat ventre devant les Allemands, Viktor résiste encore et toujours.

Allemagne conte obscène est l'histoire d'une cruelle désillusion personnelle racontée avec beaucoup de vivacité -entre sarcasme et humour féroce- dans laquelle l'art occupe un rôle central et, pour certains, salvateur.

A lire également sur le blog.
Lien : https://livrescapades.com/20..
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"Vous avez 2 jours pour publier votre critique de Allemagne conte obscène". Ah. Ça va faire juste là...

Si je ne l'ai toujours pas terminé alors que j'ai eu 30 jours pour le lire, c'est parce que ce n'est pas un roman qu'on dévore, c'est lui qui te bouffe ! Je me suis sentie, dans un style différent, un peu comme dans un Irving, un Donleavy, chez Fante, à suivre ce jeune homme à la liberté toute boudinée dans cette Allemagne de l'Est austère et ordonnée. Il y a là une vivacité qui chope le lecteur dans sa gueule. Enfin la lectrice.

Je ne l'ai pas tout à fait terminé mais en fait ça ne change rien. Ce n'est pas le genre de bouquin dont tu guettes la fin, qui te fait des noeuds au cerveau, qui pousse son intrigue jusqu'à la dernière ligne. Non non. C'est une lecture comme je les adorais ado : Un récit initiatique traversé par l'humour, le sexe, la musique.  le conte obscène d'un mec un peu border qui cherche sa place dans une ville moins libre que lui.

Merci à Babelio pour cette masse critique, merci et bravo aux très élégantes éditions du typhon pour cet objet-livre, la belle carte et le marque-page !

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L'histoire est très originale et parle d'un aspect rarement abordé de l'histoire, à savoir les rapports humains entre les personnes dans les pays de l'Est avant la chute du mur . Un jeune bulgare rêve d'aller vivre en RDA vitrine du communisme. Il y rejoint son père, et connaît des conditions de vie effroyables où la population est allemande le méprise. le style est très enlevé et l'histoire largement autobiographique choquante par cette violence permanente et incroyable au sens premier du mot. Mais je ne vois pas vraiment où l'auteur a voulu aller dans ce livre conséquent qui aurait gagner à être plus court. La fin reste mystérieuse et me laisse un peu sur ma faim
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les mots "artiste" ou " musicien" étaient des mots obscènes en RDA.
L'ouvrier, l'artisan, le policier, l'instituteur __tous nourrissaient une haine mortelle à l'égard de l'artiste.
Être artiste n'était pas une profession. C'était un diagnostic. L'artiste avait un salaire de misère.. Ce n'était pas un facteur fiable. Un fou à la cour du roi.
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Plus vivant que tout ce qui m’entourait.
Vivant comme un affamé!
Vivant comme un assoiffé!
Vivant comme un peureux !
Vivant comme un rapace!
Vivant comme un pygmée, comme un eskimo, comme un

crocodile! Comme un bouc puant, comme une taupe para-
noïde qui creuse et gratte, gratte et creuse – vers le haut...

plus haut... où, plus haut? – peu importe!
L’important, c’est de bouger! Vivant, Seigneur!
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Video de Victor Paskov (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Victor Paskov
5 janv. 2023 Quand on est jeune, intrépide et insolent comme notre héros, quel avenir a-t-on dans la grisaille de la Bulgarie soviétique ? Aucun. Viktor le sait et fuit, avec joie, rejoindre son père en Allemagne de l’Est où il espère pouvoir vivre libre. Vite, il déchante : cette terre aussi est un enfer où dégringole son père. Mais Viktor a deux atouts – sa fougue et le rock’n’roll – avec lesquels il va bousculer ceux qui voulaient le dompter.
Né à Sofia, Victor Paskov (1944-2009) a été diplômé du conservatoire de Leipzig, membre de plusieurs groupes de jazz et critique musical. C'est au mitan de sa vie qu'il se tourne vers l'écriture : il a notamment publié Ballade pour Georg Henig. Il est considéré comme l'une des voix essentielles de la littérature bulgare contemporaine. Traduction de Marie Vrinat-Nikolov Couverture de Benjamin Vesco Montage de Guillaume Genette
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