Qu'est-ce qu'un bon professeur ? Je pense que tous les parents ont leurs opinions sur le sujet. Mais ce qui est très intéressant, c'est d'avoir l'avis d'un homme qui enseigne en classe préparatoire, qui a derrière lui plusieurs années d'expérience et pas seulement en classe prépa.
C'est un livre sérieux. Patricot y énonce ses propres souvenirs sur les bancs de l'école, on découvre qu'il était un élève brillant et ce, depuis toujours. Il reconnaît lui-même qu'il a des facilités d'apprentissage mais surtout qu'il s'est privé d'une vie sociale pendant ses années d'étudiant car c'est un besogneux ce monsieur. Après coup, il se rend compte qu'il a beaucoup souffert (par exemple : pour ne pas décevoir, pour rester au niveau du 18...).
Ce qui est sublime c'est qu'il analyse l'éducation scolaire dans notre pays, il se pose beaucoup de questions, il se remet en cause et cela, peu d'enseignant le font !
Il dissèque :
La vocation.
La course aux méthodes.
Le fantasme des contenus.
La nécessité du charisme.
Etc.
Je crois que ce livre intéressera les nombreux enseignants qui sont sur ce site.
Lu en août 2019 / Plein Jour - Prix : 17 €.
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Chapitre Le fantasme des contenus - page 40 :
Tout d'abord, les classiques de la littérature, parmi lesquels je piochais des choses abordables, ce qui n'est d'ailleurs pas toujours facile. Comment trouver, par exemple, de courts romans dans une langue moderne et belle, certes de qualité soutenue, mais relativement divertissants, de manière à permettre au plus grand nombre d'avoir la satisfaction de les lire ? Il m'arrive encore de me creuser la tête à ce sujet. Zola ? Trop touffu. Balzac ? Trop technique. Hugo ? Trop long. Proust ? Trop verbeux. Céline ? Trop sordide. Colette ? Trop précieuse. Kessel ? Trop factuel. Modiano ? Trop fade. Le Clézio ? Trop rêveur. Le professeur finit toujours par lutter contre les trop.
Chapitre La sévérité - page 115 :
Rousseau n'a pas attendu les pédagogues de la rue de Grenelle pour déconseiller les réprimandes : "Avertissez-le de ses fautes avant qu'il y tombe : quand il y est tombé, ne lui reprochez point; vous ne feriez qu'enflammer et mutiner son amour-propre. Une leçon qui révolte ne profite pas." (Emile ou De l'éducation).
Chapitre La course aux méthodes - page 27 :
Pour avancer dans une réflexion, ne faut-il pas toujours partir d'un présupposé donné, lui apporter des objections pour tenter d'élargir le propos ? De même, toute discussion, tout débat public n'ont-ils pas pour finalité de confronter les points de vue dans l'espoir qu' une sorte d'intelligence collective relève les contradictions, en comprenne la nature et les dépasse ?
Suite 3/3 des portraits et de l'interview des Vies enchantées et suite sur les Petits Blancs.