AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 440 notes
Un polar tendu, polyphonique et d'une rare efficacité pour dire la complexité de l'Algérie des années 90, surtout dans ses rapports avec la France. Avec une belle maîtrise narrative, Frédéric Paulin ausculte la montée du terrorisme, son instrumentalisation. Dans une langue transparente, La ruse est une guerre offre une magistrale leçon d'Histoire.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          140
Début d'une trilogie annoncé, La guerre est une ruse commence en Algérie en 1992. C'est là qu'officie Tedj Benlazar, agent de la DGSE. le 26 août, un attentat à l'aéroport d'Alger a fait neuf morts et plus de cent-vingt blessés. le pouvoir en place a réagi rapidement, exécutant quelques islamistes et dénonçant une éventuelle participation financière d'une puissance étrangère, trop rapidement au goût de Benlazar et de ses supérieurs. C'est que la situation en Algérie, à ce moment-là, est tendue. le processus électoral a été stoppé par les généraux au pouvoir en janvier 1992 après que le Front Islamiste du Salut a remporté la majorité des suffrages au premier tour des législatives et l'on entre alors dans une décennie de guerre civile.
Suivant les pas de Benlazar, mais aussi de Djamel Zitouni, amené à devenir émir du GIA, de militaires algériens et, en France, de Khaled Kelkal, Frédéric Paulin met en scène un roman noir géopolitique dense, instructif et particulièrement prenant.
Entre une Algérie où les factions au pouvoir ou guignant ce pouvoir s'affrontent, s'entremêlent parfois, jouent des doubles ou triples jeux, et une France qui a constamment un temps de retard, partagée entre la nécessité de préserver ses intérêts économiques et la volonté de ne pas trop dévoiler le fait qu'elle est encore par bien des aspects la puissance coloniale d'antan, bien décidée à jouer son propre jeu, Paulin réussit l'exploit de rendre toute la complexité des enjeux, les multiples manipulations et retournements des différents camps, sans tomber dans le piège du didactisme mais en les rendant compréhensibles tout en donnant à son livre un véritable souffle romanesque.
Il ne faut pas bien longtemps – quelques pages – pour se laisser emporter par le flot. Écrit d'une manière extrêmement efficace, jouant sur un suspense constant, s'appuyant sur des personnages complexes aux motivations souvent très ambigües, La guerre est une ruse se place dans la lignée de ce que Frédéric Paulin a pu faire auparavant avec, par exemple, le monde est notre patrie, c'est-à-dire une littérature qui donne des pistes pour comprendre les ressorts stratégiques du monde dans lequel nous vivons sans pour autant, et même s'il est indéniable que l'oeuvre est engagée, se lancer dans des leçons de morale.
Ainsi voit-on là se qui se noue dans ces années 1992-1995 en Algérie avant de heurter de plein fouet la France, prélude à des décennies de sang dont on peut légitiment penser qu'elles seront au coeur des prochains volumes touchant autant les Balkans, que le Caucase, le Moyen-Orient ou les États-Unis.
C'est donc le début d'une fresque ambitieuse que nous propose Frédéric Paulin avec le souci toutefois de toujours la ramener à hauteur d'homme. Si l'on pourra parfois tiquer sur des situations un peu téléphonées (la relation de Benlazar avec sa famille notamment), ce ne sont là que de menus défauts qui n'enlèvent rien à la grande qualité de l'ensemble de ce roman saisissant dont on attend déjà la suite avec une grande impatience.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          130
Alors que les Talibans reprenaient Kaboul au milieu du mois d'août, j'étais plongée dans ce roman très sombre écrit par Frédéric Paulin, et la résonance entre les deux m'a frappée de plein fouet.
En effet dans ce premier volet d'une trilogie autour de l'agent de la DGSE Tedj Benlazar, Paulin s'applique à retracer l'escalade de violence que connaît l'Algérie (et par extension la France) entre 1992 et 1995 alors que les militaires sont au pouvoir et que les islamistes gagnent du terrain, gangrenant progressivement tous les aspects de la vie des Algériens. « La guerre est une ruse » et la frontière entre ces deux factions qui officiellement se livrent bataille est de plus en plus floue au fil des investigations de l'agent français. Qui a le plus intérêt à la multiplication de la violence, des enlèvements et des attentats qui touchent l'Algérie et s'étend jusqu'à la France ?
Si j'ai parfois été perdue par l'avalanche d'acronymes et l'immense galerie de personnages de la première partie du roman, j'ai suivi avec un intérêt croissant les pérégrinations de Tedj, personnage trouble et attachant, et les révélations successives sur les coulisses du pouvoir, le cheminement de ceux qui s'engagent dans le djihad ( le tristement célèbre Khaled Kelkal parmi tant d'autres) ou les manipulations idéologiques et politiques à l'oeuvre à tous les niveaux.
Paulin compose ainsi un polar historique très documenté, incisif, rythmé. J'ai adoré le travail sur les coulisses du pouvoir et le cynisme des classes dirigeantes d'un côté comme de l'autre de la Méditerranée. Clairement désespérant mais lucide et intelligent donc.
Une très belle découverte que j'ai hâte de prolonger avec les volumes suivants : « Prémices de la chute » et « La fabrique de la terreur ».
Commenter  J’apprécie          112
Très intéressée par le sujet, j'ai choisi d'abandonner ce livre par manque de concentration. En ce moment j'aspire à plus de légèreté. Je le reprendrai peut-être dans une période plus sereine.
Commenter  J’apprécie          110
Un roman noir sur une période bien sombre, la montée de l'islamisme en Algérie dans les années 90. On y voit les manipulations et le jeu de dupe entre les groupes islamiques armés algériens, les services secrets algériens, les militaires au pouvoir en Algérie, les services secrets français, et le gouvernement français en contre-jour. le héros, officier de la DGSE sur le terrain, à la double culture française et algérienne, nous rappelle qu'espion rime avec pion.
Frédéric Paulin a fait un travail d'investigation important pour ce récit, romancé mais suffisamment documenté pour respecter la mémoire des victimes. C'est édifiant !! Un livre extrêmement éclairant, mais d'une lumière teintée du rouge sang de tant de victimes.
Un regret : le roman souffre de quelques longueurs et répétitions (et coquilles). Il aurait gagné à être plus direct, plus pêchu, encore plus upercut.
Commenter  J’apprécie          100
Premier volet d'une trilogie dédiée à la naissance et au développement du terrorisme islamique contemporain. Nous sommes en Algérie et en France entre 1992 et 1995. Des rappels historiques, des faits et des personnages réels sont mixés à une fiction romanesque évoquant le FIS, le GIA, la dictature militaire algérienne, la DGSE, le DRS algérien avec des enlèvements, de la torture, des massacres dans un rythme narratif soutenu principalement incarné par le lieutenant Benlazar de la DGSE. La dichotomie entre la connaissance du terrain et les informations transmises à la hiérarchie insuffisamment prises en compte est mise en avant (peut-être de façon excessive) mais c'est cela qui donne du relief aux acteurs du roman. Bon démarrage pour un triptyque polar historique intelligent et utile.
Commenter  J’apprécie          90
« La guerre est une ruse » (« al Harb Khoudraa », nom que l'on trouve dans l'épigraphe : « al Harb Khoudraa tu sais ce que ça veut dire ?
Ça veut dire, la guerre est une ruse.
Mohamed Merah, à un agent de la DCRI lors du siège de son appartement, le 21 mars 2012. »
Épigraphe (une phrase extraite du Coran).
Un ouvrage de Frédéric Paulin

Un livre très noir avec cette guerre en Algérie.
Une horrible question : « La France est elle capable de sauver l'Algérie du péril qui la menace ? La France est elle capable, devant l'horreur à venir, de ne pas considérer l'Algérie uniquement comme une partie de son carré africain ? « (…) La violence s'est abattue sur l'Algérie il y a bien longtemps. Et lorsque les Français ont été chassés du pays en 1962, la violence a continué avec la prise de pouvoir du colonel Boumédienne, en 1965 .» (p.9).

On trouve des « janviéristes » ( quelques généraux qui ont pris le pouvoir) ; des hommes politiques français et d'autres algériens; des terroristes islamistes .

On voit des officiers du DRS ( Département du Renseignement et de la Sécurité) qui, pour « interroger » des islamistes supposés, le font dans la Villa Coopawi en utilisant la torture.
On trouve aussi des personnages comme Rémy de Bellevue ainsi que Tedj Benlazar – Khaled Kelkal – le général Toufik (entre autres) ...
On se retrouve à Aïn M'guel, « le pays du vent »

On voit que Raouf Bougachiche, qui était un postier à Aïn M'guel, est victime d'une rafle, alors qu'il participait à un mouvement d'occupation des places, déclenché par le FIS qui avait remporté les élections.
On observe comment la DGSE est un peu partout (Alger, Blida, Oran…) - ses agents (et surtout Tedj Benlazar), font le lien entre le service de renseignement de l'armée algérienne et ses supérieurs à l'ambassade de France (où le commandant Bellevue a pour mission principale d'éviter que le conflit dégénère sur le sol français).
On apprend comment Benlazar récupérait des renseignements : il le faisait par l'intermédiaire d'un certain Khaldoun Belloumi, qui ne se juge pas un indicateur comme les autres.

Dans ce récit très dense , « La Guerre nous décrit très bien en long, de nombreux d'événements qu'il faut, parfois, relire car il y a des retours en arrière.
et, dans un ouvrage d'une telle force, il ne faut pas en rater une seule ligne.

Frédéric Paulin s'est tellement investi dans ces événements si graves, qu'il a entrepris une oeuvre ambitieuse et immense avec ce récit « de terreur inauguré par les attentats du 11 septembre. » Il faut d'ailleurs saluer son énorme travail de recherches et ce n'est pas fini…

On peut déjà dire que : « La guerre ne rend pas les hommes meilleurs, elle les transforme en bêtes féroces. » (p.254) Et : « Lorsque trop de temps passe, le pardon est impossible. » (p.369)

Commenter  J’apprécie          80
Roman très engagé et très bien documenté sur une époque de l'histoire algérienne. J'avoue m'être un peu perdu dans les différents services, partis politiques, groupes militaires…
Les personnages sont très intéressants qu'ils soient principaux ou secondaires dans le récit. Juste un doute sur la nécessité d'ajouter un traumatisme personnel et familial à la vie du personnage principal.
Mais cela reste une lecture passionnante
Commenter  J’apprécie          80
Aïe ! Aïe ! voilà un roman qui m'a pas mal divisé. Et ennuyé par moments.

La guerre est une ruse est un roman qui retrace à travers différents personnages la guerre civile qui a sévi en Algérie dans les années 90 et plus spécifiquement les années 1992,1993 , 1994 et 1996. A travers Tej Benlazar, agent de la DGSE, en poste à Alger, franco-algérien on suit la manipulation mise en place par les militaires algériens janviéristes qui mirent fin au processus de démocratisation et d'ouverture de la vie politique à la fin des 80's suite à la victoire électorale du FIS.

Car F. Paulin nous démontre que quelques hauts gradés; s'appuyant sur l'armée, ont manipulé le pays, la France, le FIS, le GIA et les instances algériennes pour notamment impliquer la France, et pourquoi pas au-delà, garder le pouvoir et continuer à se servir dans les richesses algériennes durant cette guerre civile qui ne dit pas son nom.

F. Paulin est bien renseigné, a bien étudié la situation algérienne et a retranscrit intelligemment cette manipulation.
Sauf que...personnellement j'ai trouvé cela lourd presque ch... par moments. Ainsi le 1er chapitre, l'année 1992 m'a ennuyé et le dernier chapitre 1995 je l'ai trouvé très délayé et souvent répétitif. Au milieu cela va mieux. Mais les positions avancées par F. Paulin, si je ne les remets pas en cause, je leur reproche d'être manichéennes et spectaculaires à peu de frais. En effet, les janviéristes ont appliqué la stratégie de la tension et la guerre antisubversive, déjà appliquées durant le XXème siècle dans différents pays et pas uniquement des dictatures (cf. l'Italie des années de plomb ou l'Allemagne et la RAF). Sauf que là l'auteur semble vouloir faire passer l'idée que les militaires algériens auraient mis au point un truc extraordinaire, nouveau. Par ailleurs, à focaliser sur les militaires qui ont remisé les islamistes comme des simples manipulés de tous les côtés, ces islamistes deviennent des êtres, des groupes lointains et relativisés. Or, dans cette guerre, tout le monde a manipulé tout le monde et a pratiqué ou retourné les mêmes concepts les uns envers les autres. Et ont pu aussi trouvé des terrains d'entente. Donc pas aussi simple que cela.

Enfin, cela manque d'analyse de base. Ce qui s'est passé dans les 90's n'est pas sorti comme cela. Cela prend racine pendant la guerre d'indépendance et l'installation de l'indépendance en Algérie. Alors s'en refaire l'histoire de A à Z plus d'éléments factuels, d'analyses historiques auraient été bienvenus.

Même si je n'ai pas trop à adhérer je mets 3 étoiles car il y a un vrai travail de réalisme, fondé sur des faits. Et un point fort du roman : les ressorts du roman d'espionnages et les principes du roman policiers sont bien maîtrisés et s'entrecroisent de façon réussie.

Commenter  J’apprécie          80
4 chapitres pour un thriller historico-politique qui correspondent à 4 années sombres de l'histoire de l'Algérie (1992 à 1995) et de la politique étrangère de la France de Mitterrand sous la cohabitation avec Pasqua et Chirac.
1992 : c'est l'année où les généraux janviéristes décident l'interruption du processus électoral alors que le FIS (Front Islamique du Salut) va emporter les élections législatives. En voulant ainsi éliminer les terroristes, ils déclenchent une décennie de guerre civile qui débordera jusqu'en France.
1995 : c'est l'année où la terreur touche la France avec la vague d'attentats attribués au GIA (Groupe Islamique Armé), d'abord à la station Saint-Michel du RER.
Fin du roman.

Tedj Benlazar, franco-algérien est agent de la DGSE en Algérie (service de renseignement extérieur de la France). Il enquête sur des camps d'internement où les islamistes seraient parqués dans des conditions inhumaines. Il passe pour un fonctionnaire incompétent auprès des agents du DRS (services secrets algériens). Il dévoile l'infiltration massive de ces agents du renseignement militaire dans les maquis terroristes. Les militaires au pouvoir ont des méthodes qui ne relèvent pas de la démocratie. Ils auraient en fait depuis plusieurs années pris le contrôle du GIA, d'abord pour éliminer les vrais islamistes, puis pour discréditer le mouvement auprès de la population en assassinant des civils.
Son chef et ami, le commandant Rémy de Bellevue, dans la tradition post coloniale de la diplomatie élyséenne, doit consolider la présence française en Algérie ; sa ligne sur l'islamisme : les problèmes algéro-algériens ne doivent pas devenir des problèmes franco-algériens.
Tedj a une cible : prouver qu'un colonel du DRS, Ghazi Bourbia, manoeuvre le GIA pour entrainer des désordres terroristes en France.
Une taupe des services secrets au sein du GIA, Raouf Bougachiche, sera exécutée par son frère Slimane. Tous deux sont manipulés de main de maître par le colonel Bourbia. La fiancée de Raouf, Gh'zala, nationaliste, en sait trop. Tedj, amoureux d'elle va l'exfiltrer, contre son gré.
Son ami Rémy se meurt d'un cancer ; Tedj doit démêler l'écheveau des liens tissés entre le pouvoir algérien et les islamiques et réunir assez de preuves pour convaincre sa hiérarchie avant que l'horreur ne s'invite à Paris.

Dans ce roman noir, l'auteur mêle subtilement personnages réels et fictifs ainsi qu'attentats et enlèvements qui ont eu lieu en Algérie et en France (meurtres des ressortissants français, prise d'otages du Vol Air France à Marignane et attentat du RER B).

Cela en fait un récit engagé très documenté mais pour moi très compliqué à suivre (activités du DGSE, FIS, GIA, DRS s'entremêlent). Ce roman d'espionnage raconte l'histoire du terrorisme et djihadisme en France dont les prémices ont été les troubles en Algérie, et dénonce les agissements des différents acteurs de cette guerre civile. L'histoire de l'Algérie et sa politique est passionnante mais si complexe ! Sans doute avons-nous du mal à sortir d'une grille de lecture imposée par notre histoire coloniale.

Ce roman est le premier d'une trilogie. Frédéric Paulin a écrit les deuxième et troisième volets : les Prémices de la chute, (situé en Afghanistan et en Bosnie) et La Fabrique de la terreur (situé en Tunisie et Syrie).
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (969) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2871 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}