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sur 440 notes
Grand prix de littérature policière, Prix Quais du Polar, Etoile du Polar, Prix du roman noir français du film policier de Beaune… La guerre est une ruse n'est pas passé inaperçu lors de sa sortie et le bandeau jaune qui fait l'étalage de ses distinctions m'a encouragé a acheter ce polar, avant de découvrir qu'il ne s'agissait pas d'un roman policier. La guerre est une ruse est un roman d'espionnage et de géopolitique. le ressort du livre ne tient pas dans le suspense, mais dans l'analyse subtile du conflit algérien des années 90.
Cela dit, il s'agit en effet d'un excellent livre, qui nous permet de comprendre un peu mieux les événements algériens de la fin du 20ème siècle. Pour un sujet si compliqué, il était difficile de bâtir une intrigue simple. Les personnages sont nombreux et il est aussi dur de les mémoriser tous que dans un roman russe... Et, un peu à la manière de John le Carré, Frédéric Paulin distille les informations au compte-gouttes, laissant au lecteur une bonne part du travail de déduction.
Je ne sais pas quels sont les liens de l'auteur avec l'Algérie, mais on sent qu'il a travaillé son sujet avec profondeur. de tous les personnages du livre, c'est encore cette terre arabe qui est la plus attachante!
Si coté Algérie, on salue l'artiste (cela reste une intuition, car je suis totalement incapable de juger du caractère historique et véridique de l'histoire), j'ai été assez déçu par le versant français du récit, avec le sentiment qu'il y a avait moins de distance avec le sujet et quelques comptes politiques à régler.
Pour les afficionados, il y a une suite (Prémices de la chute).
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C'est en refermant ce livre que l'on en comprend le titre … ou que l'on commence à répondre à la question : pourquoi les Algériens nous haïssent-ils toujours autant ?

Bien entendu, il y eut la guerre d'indépendance de 1945 à 1962, mais ils l'ont, en toute légitimité, gagnée. Pourquoi ce ressentiment chez un peuple jeune, bien éduqué, qui n'a pas, dans sa très grande majorité, connu la colonisation ?

Voici un polar historique très bien (trop peut-être) documenté. L'auteur est né en 1972, diplômé de Sciences po, ancien professeur d'histoire. Il raconte les années sanglantes de la guerre civile algérienne, qui se développa (pourquoi utiliser le passé ?) dans la décennie 90 entre les dirigeants militaires, déjà émiettés en plusieurs clans et les islamistes radicaux sur le point de remporter la majorité aux élections. Nous nous souvenons tous de l'interruption du processus électoral après le premier tour et l'incarcération des deux leaders du FIS.

La ruse ? C'est le noyautage des uns par les autres, les rafles et les massacres destinés à terroriser les populations. La France est toujours présente avec ses services secrets – la DGSE, la DST, ses émissaires plus ou moins mandatés pour négocier les libérations d'otages, les indics à plusieurs casquettes.

Et un héros à cheval sur les deux univers : le lieutenant Tedj Benlazar, rescapé jadis de l'attentat du Drakkar à Beyrouth, détaché auprès du terrible service de renseignement militaire algérien DRS. Mais il y joue le rôle de Cassandre comme dans la tragédie d'Eschyle : il a les intuitions et sait recueillir les signaux faibles mais sa hiérarchie ne le croit pas … sauf son supérieur Bellevue, qui est bien malade.

En réalité, la France joue un jeu dangereux : elle soutient la dictature militaire contre l'instauration d'une théocratie religieuse qui conduirait à l'extension du conflit à la France et produirait inévitablement un afflux de réfugiés en métropole.

Cette mécanique mortifère de coups tordus se développe dans ce premier tome de la trilogie qui se clôt sur l'attentat à la bombe à la station de RER Saint-Michel perpétré par Kahled Khekal en 1995.

Le style est foisonnant, les personnages complexes, on comprend les motivations des uns et des autres … Un roman qui n'a rien perdu, hélas, de son actualité.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Paulin Frédéric – "La guerre est une ruse" – Gallimard/Folio, 2018 (ISBN 978-2-07-285355-5)

Après la lecture du roman d'Adlène Meddi intitulé "1994" (Payot & Rivages, 2020 - cf recension), j'ai tenu à lire ce roman de Frédéric Paulin, traitant du même sujet : les années noires de l'Algérie, 1988-1995, lorsque "les barbus" du FIS puis du GIA et du MIA devenu AIS, tentèrent de s'emparer du pouvoir en organisant des guérillas et des attentats terroristes.

L'auteur expose ici une thèse qui lui est propre : ce sont les militaires – corrompus, cupides, manoeuvriers – au pouvoir en Algérie depuis l'indépendance qui auraient délibérément manipulé des islamistes pour susciter des attentats, aggraver si ce n'est provoquer le chaos, et justifier ainsi leur maintien au pouvoir au prix d'une répression sanglante faisant des milliers de morts sauvagement assassinés après avoir été torturés. L'auteur va encore plus loin : selon lui, certains de ces militaires auraient délibérément infiltré si ce n'est créé les réseaux islamistes parallèles qui allaient organiser en France la vague de sinistres attentats allant de juillet à octobre 1995. Pour rendre sa thèse aussi crédible que faire se peut, l'auteur – un journaliste – n'hésite pas à insérer dans son récit des personnages réels, membres des gouvernements français ou algérien : c'est de la "docu-fiction" sans preuve réelle...

Autre travers : bien évidemment, le héros principal est ballotté par des évènements qu'il ne peut maîtriser, mais il a de plus – c'est devenu un incontournable lassant et rasoir dans ce genre de récit – subi un Grand Traumatisme Très Traumatisant dans sa vie personnelle ; l'auteur en rajoute régulièrement de bonnes et pleines louches – ce procédé est lourd, lourd, lourd... tout en rendant le récit encore plus in-vraisemblable.
Je préfère et de loin le roman d'Adlène Meddi intitulé "1994".
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"La guerre est une ruse" de Frédéric Paulin est classé dans les romans policiers.
J'ai longtemps dédaigné ce genre que j'associais aux romans de gare. Erreur.
"La guerre est une ruse" n'est ni un roman ni policier ou très peu.
C'est beaucoup plus. C'est un livre d'Histoire avec un grand H qui nous conte la vraie histoire de l'Algérie des années 90. D'ailleurs les protagonistes de cette histoire porte leurs vrais noms Médiène dit "Toufik", Lamari, Zitouni, Kelkal, Touchent, Marchiani, Pasqua. Et bien-sûr, les événements relatés sont vrais et facilement vérifiables.
C'est le premier livre d'histoire qui explique la mécanique engagée par les généraux qui a abouti à cette boucherie que fut cette guerre qui ne disait pas son nom. On comprend la duplicité du pouvoir qui n'a d'égal que la complicité de l'état français.
Bien-sûr, il y a une histoire romancée et des personnages fictifs qui relient les évènements. Ces personnages ne sont pas des héros, ils sont complexes et construisent cette histoire vraie mais encore occultée des deux cotés de la méditerranée.
Je me suis appliqué à vérifier cette histoire dans la presse de l'époque.
On lira avec intérêt le témoignage de Mohammed Samraoui, ex-officier de la Sécurité militaire algérienne qui corrobore la thèse de Paulin
https://www.liberation.fr/week-end/2003/11/15/les-gia-sont-une-creation-des-services-de-securite-algeriens_451964.
On comprend mieux ce qui s'est passé à Tibehirine même si cet épisode n'est pas relaté
https://www.liberation.fr/evenement/2002/12/23/les-sept-moines-de-tibehirine-enleves-sur-ordre-d-alger_425565
On explique enfin le terrorisme islamiste qui a suivi en France.
La créature monstrueuse du DRS a échappé à ses créateurs bien au-delà des frontières algériennes.
A lire absolument.
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"Dans ce roman, Frédéric Paulin défend une théorie sur les relations entre GIA et pouvoir militaire qui, à défaut d'être totalement convaincante parce que parfois contradictoire, structure ce roman et lui donne sa force. L'immersion dans les services secrets français plus ou moins livrés à eux-mêmes, le récit de ces années de terreur, la découverte des paysages urbains dégradés, des déserts et des camps de concentration, tout cela est une réussite, et même un tour de force.
La guerre est une ruse est un texte puissant, un univers romanesque à découvrir, une écriture précise et évocatrice, bref un roman à lire."
François Muratet (Extrait) in DM
Lien : https://doublemarge.com/la-g..
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Un roman noir. Très noir. Un roman d'espionnage qui s'insère dans l'Histoire algérienne des années 90 et donc, par conséquent, plutôt complexe. « La guerre est une ruse » traite de sujets épineux tels que le tir Beryl en 1962, la légende de l'existence de camps de concentration au sud de l'Algérie, en passant par le djihadisme ou la création du fameux GIA. Au lieu d'un thriller du style page turner, le lecteur se trouve confronté à une lecture plus « fastidieuse » mais non moins intéressante. J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce roman et la plume de Frédéric Paulin. Au-delà de la trame romancée, ce livre est une petite merveille pour sa documentation sur l'Algérie à cette période. On ressent toute la recherche de l'auteur pour nous faire vivre ces années charnières, dans ce pays en pleine crise.

Frédéric Paulin nous conte l'histoire de Tedj Benlazar, agent de la DGSE à l'ambassade d'Alger. Ce flic sombre, à deux doigts de la folie, va se retrouver bien malgré lui, dans un jeu de manipulation militaire et politique, qui mettra à feu et à sang tout un pays.

Un personnage qui m'a paru trop sinistre pour pouvoir apprécier à 100% un roman noir de cette envergure. Malgré cette absence de chaleur qui ne m'a pas permis de m'attacher à Tedj, ce fut une lecture captivante et enrichissante.

En conclusion, j'ai hâte de continuer l'aventure avec « Prémices de la chute » qui fait dès à présent parti de ma pile à lire.

Très bonne lecture à tous !
Lien : https://avoslivreschroniques..
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Trente ans après la fin de la guerre d'Algérie en 1992, l'ancienne colonie (province ?) française suscite encore bien d'interrogations au sein des instances gouvernementales hexagonales. Des généraux (les janvieristes) ont pris le pouvoir comme avaient failli le faire le quatuor français à Alger (Salan, Zeller, Jouhaud et Challe) lors du putsch du 21 avril 1961. Les Islamistes ont pris les armes et le maquis comme leurs prédécesseurs, les Fellaghas du FLN dès 1954. le chaos s'établit dans l'Algérie, tout comme 30 ans auparavant.
Tout cela inquiète la DGSE et notamment Tedj Benlazar, un de ses agents d'origine algérienne détaché dans son pays d'origine où la France possède toujours des bases arrières. Tedj Benlazar en vient à soupçonner l'armée algérienne et surtout son service de renseignement la DRS de jouer double jeu avec certains membres du GIA pour fomenter des attentats et donc semer la zizanie. Contre sa hiérarchie, il va enquêter au péril de sa vie et on va suivre son cheminement tout au long du roman, faisant de multiples rencontres, dont celle d'une jeune étudiante fiancée à un membre du GIA qui perdra la vie et dont il espère les faveurs, et d'autres éléments moins recommandables comme Djamel Zitouni, le futur commanditaire du massacre des moines de Tibhirine le 26 mars 1996.
A travers son héros principal, Frédéric Paulin reconstitue un pan de l'histoire algérienne et par là-même française. Il décline cette oeuvre ambitieuse en trois volets dont le second « prémices de la chute » est déjà dans les bacs. Si le premier tome était uniquement axé sur le conflit algéro-français, il préfigure déjà la suite avec l'essor planétaire du terrorisme djihadiste et les foyers d'infection qui éclatent un peu partout, Bosnie, Afghanistan, pour se prolonger avec les attentats de New-York. Tedj Benlazar n'a pas fini de courir et de risquer sa peau pour son créateur.
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Premier tome d'une trilogie annoncée, La guerre est une ruse débute en Algérie en août 1992 avec l'attentat de l'aéroport d'Alger pour se terminer à Vaugneray, en septembre 1995 avec la mort de Khaled Kelkal.

On y suit Tedj Benlazar, officier de la DGSE chargé de confirmer aux algériens le parfait soutien de la France dans leur nouvelle vie de nation libre, et de s'assurer au passage que les intérêts de cette dernière sont bien préservés.

Tedj se fait passer pour un imbécile, ça l'arrange bien, personne ne se méfie.

Pourtant, alors qu'il passe comme chaque jour au centre de détention récupérer les rapports sans intérêt que veulent bien lui transmettre les services secrets algériens (DRS), il est invité à assister à l'interrogatoire disons... musclé, d'un jeune islamiste (ou supposé).

Au fond de la salle se tient un officier algérien aux lunettes cerclées d'or et un jeune homme en barbe et djellaba.

Tedj sent pointer le malaise en devinant des liens contre nature entre l'armée des janviéristes et les mouvements islamistes... évidemment, Tedj vient de mettre le doigt dans un engrenage assez dégueulasse qui va plonger l'Algérie dans des décennies d'une violence inouïe avant de se répandre de manière tentaculaire aux quatre coins du globe.

Extrêmement documenté La guerre est une ruse évoque donc l'après guerre d'indépendance, dont on a beaucoup parlé lors de la précédente rentrée littéraire, notamment avec le formidable L'art de perdre de Alice Zeniter.

Avec force détails, Frédéric Paulin nous plonge dans ces premières années de terreur et l'avènement des partis islamiques, en l'occurrence du FIS, puis les GIA (Groupes Islamiques Armés) sous l'impulsion des conservateurs pas trop pressés de voir les forces démocratiques succéder au FLN.

Une fois les islamistes en place, y'avait plus qu'à les discréditer en forçant un peu leur radicalisation afin d'asseoir définitivement le pouvoir des militaires.

Sauf que... Sauf que la bête a débordé les militaires, et le territoire.

Le récit est absolument passionnant et érudit.

Un peu didactique à mon sens dans sa première partie, il reprend un souffle romanesque, de manière parfois maladroite, dans la seconde moitié permettant ainsi une empathie bien utile dans ces méandres de noirceur.

Plus document que roman donc, le tout manque un peu de littérature en ce qui me concerne: style journalistique minimaliste, beaucoup de répétitions, personnages insuffisamment construits...

Pour autant, on sort de cette lecture à la fois fasciné et dégoûté de ce que peut faire l'humain pour un peu de pouvoir.

Je me plongerai donc volontiers dans le deuxième tome: Les prémices de la chute, qui devrait nous mener de Sarajevo à New-York en passant par Roubaix...

A suivre...

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Je ne sais pas trop par où commencer pour vous parler de ce roman foisonnant et je regrette de ne pas trouver les mots justes pour vous en parler au mieux. Frédéric Paulin mêle la noirceur de l'âme humaine, les manipulations politiques les plus perfides et une violence psychologique et physique dans ce polar noir historique tout en préservant la dimension humaine de son récit. Un vrai tour de force !

Le roman commence au début des années 90 lorsque l'Algérie est sur la voie de la démocratisation et que le pouvoir en place autorise la création de nombreux partis. Parmi eux, le Front Islamique du Salut (FIS) émerge largement lors des élections législatives de 92. Prenant peur face au risque de l'instauration d'une république islamiste en Algérie, le gouvernement annule le scrutin, décrète l'état d'urgence et interdit le FIS. Cela a pour effet de plonger le pays dans une guerre civile pour une décennie noire et de reléguer les islamistes dans le maquis qui se regroupent sous le Groupe Islamique Armée (GIA). Dans ce contexte tendu, nous suivons un officier de la DGSE franco-algérien, Tedj Benlazar, qui avance sur ce terrain miné en proie à toutes les plus perfides manipulations et à tous les meurtres les plus horribles. Il commence à se poser des questions sur les liens entre les militaires algériens et les milices islamistes. le roman nous emmène ainsi jusqu'à l'attentat du RER en 1995 par Khaled Kelkal.

Je ne vous cache pas avoir été un peu perdue au début du roman. Je n'étais pas du tout familière avec ce pan de l'histoire algérienne et ce ne fut pas simple de comprendre tout les enjeux au début. J'ai d'ailleurs dû aller faire un petit tour sur Wikipédia afin d'appréhender le conflit. le glossaire à la fin du roman est aussi très utile, surtout pour les acronymes. Entre le FIS, GIA, DRS à chaque page, il y a de quoi s'y perdre ! Une fois le décor planté, j'ai pu complètement être embarquée par l'intrigue. le talent de l'auteur est indéniable tant il nous transporte avec brio dans cette société algérienne gangrénée par la guerre civile et l'islamisme radicale. La tâche n'était pas aisée, le projet était ambitieux mais c'est une vraie réussite. Avec un sujet si difficile à traiter et encore tabou en France, je ne pensais pas accrocher comme cela et c'est parce que j'avais vu de nombreux retours positifs que j'avais fait le choix ce de roman. Je n'y serais peut-être pas allée de moi-même en lisant la quatrième de couverture mais cela aurait été une grave erreur !

C'est aussi un formidable roman d'espionnage avec des personnages riches, ambigus, dont on ne sait pas toujours dans quel camp ils se trouvent. le personnage principal, Tedj, a un passé tourmenté ce qui le rend terriblement humain tandis que les personnages secondaires, comme les femmes, ne sont pas négligés non plus. L'auteur mêle habilement les personnages fictifs et réels entre intrigue romanesque et Histoire algérienne. le pays est également un personnage à lui tout seul tant l'auteur arrive à nous y transporter sans jamais y avoir mis les pieds. Sans jugement ni morale, Frédéric Paulin parvient à retranscrire l'ambiance d'une époque, violente et délétère, avec un style incisif. Tout est très noir et il ne faut se fier à personne !

Bref, je ne peux que vous recommander ce formidable roman sur un sujet rarement traité. Je n'ai plus pu le lâcher dans les cent dernières pages. Même si a priori, il ne vous tente pas plus que cela, soyez curieux et vous ne serez pas déçus ! Quant à moi, je ne vais pas manquer de découvrir le deuxième tome, Les prémices de la chute, qui vient de paraître, toujours chez Agullo.
Lien : https://thetwinbooks.wordpre..
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«La guerre est une ruse» a obtenu le prix des lecteurs Quais du Polar 2019.

A la fin des années 80 en Algérie, un processus de démocratisation est initié sous la pression populaire. le Front Islamique du Salut remporte les élections municipales de 1990 et arrive largement en tête au premier tour des législatives d'avril 1991. de peur de voir s'instaurer une république islamique, les militaires réagissent, prennent le pouvoir et annulent les résultats des urnes. le président Chadli Bendjedid démissionne en 1992, le FIS devient illégal et les Groupes islamiques armées (GIA) font leur apparition pour s'opposer au gouvernement par la violence et les attentats, dans une véritable guerre civile durant la «décennie noire».
Le roman de Frédéric Paulin se situe dans ce contexte trouble et violent, entre 1992 et 1995, toujours marqué aujourd'hui par les non-dits et le secret défense.

La représentation française sur place se compose de diplomates et de membres de la DGSE dont Tedj Benlazar fait partie.
Français par sa mère et algérien par son père, il parle l'arabe et, contrairement à ses collègues, n'hésite pas à se plonger dans les quartiers populaires et fréquenter les milieux interlopes pour recueillir ses informations auprès «d'honorables correspondants».
Il a également un rôle de liaison avec le Département de Renseignement et de Sécurité des militaires algériens (DRS).

Ses interlocuteurs le tenant pour un petit fonctionnaire incompétent et insignifiant le laissent assister à des interrogatoires de terroristes islamistes.
D'étranges scènes l'amènent à penser que la situation n'est pas aussi manichéenne que le clament les généraux algériens, que le chaos ambiant sert plus leurs intérêts que ce que le gouvernement français veut bien croire, et que la menace d'une violence traversant la Méditerranée est peut-être imminente.

Ce roman est passionnant avec une lecture à deux niveaux. Une partie historique richement documentée, ayant déjà tous les ingrédients pour scotcher le lecteur, relatant des événements authentiques avec des personnes réelles. Une autre plus romanesque avec des personnages imaginaires, le lieutenant Tedj Benlazar, le commandant Bellevue, le colonel Bourbia «aux lunettes cerclées d'or», qui permet à l'auteur de donner de la substance à une intrigue politico-historique complexe, dont les rouages, sans être totalement avérés, semblent fortement plausibles.

Une superbe réussite qui débute une trilogie dont le deuxième opus, «Prémices de la chute» est disponible depuis peu.
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