Je ne sais plus qui sur Babelio, comparait
40 jours de nuit à du
Stephen King. Je dirais que je suis à moitié d'accord avec cette affirmation…
Nous nous trouvons effectivement ici devant une oeuvre digne d'une ambiance "shiningueste", par le côté enneigé de la situation - l'action se situe au Pôle Nord - et le huis-clos qui s'installe inéluctablement à partir du moment où trois protagonistes se retrouvent encerclés par les ténèbres, le froid et la solitude des grands espaces vides de vie humaine.
Et on retrouve également un thème cher au King : les fantômes. Mais contrairement aux oeuvres de King, où les personnages nient l'évidence, dans le récit de Michelle Paver, il deviendra une nécessité pour le héros d'envisager l'existence de telles créatures, pour ne pas finir fou.
Tous ces éléments, plus l'emploi de la 1ère personne à la manière d'un journal de bord, font indéniablement penser à la manière dont opère
Stephen King quand il a décidé de nous mener là où il veut, doucement mais fermement. On est happé, c'est sans appel, on ne peut lutter, il faut continuer à lire... pour savoir.
Mais là où le livre de Paver se différencie vraiment de
Stephen King, et le surpasse même oserais-je dire, c'est par son style, directe, simple, efficace. Pas de foisonnement de détails sur le fil des pensées des personnages, mais la juste dose d'intimité, distillée par le journal de bord de Jack Miller, caractère centrale presque Shakespearien, qui est et restera celui qu'il a décidé d'incarner pour une fois dans sa vie : un héros.
Car ce jeune britannique de la classe moyenne qui a dû arrêter ses études pour subvenir à ses besoins, et qui se jette dans cette expédition scientifique aux confins du Groenland comme on se jetterait à la mer pour échapper à une pauvre vie trop étriquée, ce jeune homme plein de volonté et de contradictions va devoir se battre contre lui-même, entre-autres, pour mener à bien cette expédition dans un premier temps, puis pour survivre à cet hiver polaire, et accessoirement, échapper à un fantôme en colère...
Ce livre m'a donné des cauchemars. Je l'ai lu en deux jours, et j'en ai rêvé toute une nuit, hantée, terrifiée. J'ai adoré cette histoire.
C'est un délicieux récit de terreur pure.
Les peurs primales se réveillent… Celle du Noir, des Ténèbres au sens propre du terme ; quand le Soleil disparait totalement, et qu'il ne reste que la Lune pour éclairer le monde durant ces longs jours de nuit Arctique. Et quand la Lune disparait à son tour… Il ne reste que la nuit et les ténèbres.
La peur du Noir combinée à celle de la solitude, du silence, des immenses espaces vides et glacés, entourés d'un océan couleur de néant, alors l'esprit s'affole et les esprits se réveillent. Peut-être n'ont-ils jamais vraiment dormi d'ailleurs…