Les pieds Nickelés, tome 1 : Font fortune

Les trois clochards, Croquignol au nez pointu, le borgne nerveux Filochard et le gastronome Ribouldingue ( celui que je préfère ) deviennent riches légalement : Croquignol gagne à la loterie, Filochard hérite d'un cousin au trente-septième degré, et Ribouldingue vend son tableau signé Pikalo, représentant « Miss Tinguette, 64 dents, un seul,oeil et pas de nez ». René Pellos n'aime pas Pablo Picasso, moi non plus, sauf la période bleue !
Une fois riches, ils font leur abbé Pierre ou leur Coluche ( qui sont peut-être encore en culottes courtes à cette époque ), et invitent tous les clochards ( SDF maintenant) à gueuletonner dans une péniche et à y héberger.

C'est alors qu'au fil de l'histoire, nos trois lascars découvrent des gens qui s'enrichissent illégalement, et ça les met en fureur.
« Bien mal acquis ne profite jamais. »
C'est, je pense, la morale de cet album des Pieds Nickelés.
J'aime bien, c'est divertissant après le lourd classique d'Emily Brontë.
L'album date de 1949. Je ne savais pas qu'il y avait autant de marché noir à cette époque, il est largement dénoncé dans ce livre.... Mais les péripéties se succèdent à un rythme endiablé, et l'on aimerait peut-être que l'auteur en produise moins, mais prenne son temps !
Et d'autre part, habitué aux BD plus modernes avec des bulles, les BD anciennes avec le texte sous les images est un peu incommode au début... Cependant, c'est un « collector », comme dirait un de mes fils !

En tous cas, Ribouldingue me fait penser à un acteur de publicité, et ( je sais, je me répète ) …. Introuvable ! Trouvez moi le nom du barbu qui fait la pub de Grand Frais ; il est génial, ce mec, il faut qu'il fasse du "vrai" cinéma ! Non, il ne s'appelle pas Ribouldingue...?

Ah, les vieilles BD d'antan... Qu'a fait la France pour les oublier ainsi ? le format à l'italienne (horizontal plutôt que vertical) n'avait pas grand-chose de mauvais, et pourtant les bandes dessinées de ce format se comptent de nos jours sur le doigt d'une main. le texte à la française (pas ou quasiment pas de bulle, mais les images sont décrites en dessous), lui, a été totalement oublié. Or, voici que l'éditeur de René Pellos insiste pour que ses albums continuent de l'utiliser. Ce que ça vaut ? Pas grand-chose, il est vrai. Cette autre manière de raconter avait notamment le désavantage d'être trop verbeuse (comme toujours en France, mais bon...).
Très vieille BD oblige, nous avons aussi un scénario évaporé (comprenez : très peu de fil rouge entre les différentes aubaines des compères) et on ne sait pas trop comment les pieds nickelés vont finir par dilapider leur fortune (eh oui, parce qu'il faudra bien un tome suivant). Mais ne nous attristons pas et voyons un peu l'humour. Ça, au moins, c'est réussi. Croquignol, Filochard et Ribouldingue étant riches, ils n'ont pas beaucoup de coups bas à faire. En revanche, leurs ennemis, si...
Immoraux, pétulants et joyeux drilles, les Pieds Nickelés donnaient ce genre de bandes dessinées d'avant l'âge d'or qui a eu des hauts, des bas, pour finalement être délaissés, à l'image du format à l'italienne ou du texte à la française. On a essayé de les reprendre, mais ils ont pris la poussière, c'est indéniable. Parviendront-ils à ressusciter vraiment un jour ? En attendant, nous pouvons toujours lire leurs centaines d'aventures déjà parues.

L'expression « pieds nickelés » signifie « ceux qui ne sont pas portés sur le travail ». Elle vient soit du fait que les pieds en nickel sont trop précieux pour servir à marcher ou travailler, soit de « pieds niclés », pieds atteints de rachitisme ne permettant donc pas un travail soutenu.