Oh, que d'émotions dans ce volume des aventures de l'inspecteur chef Armand Gamache !
A la fin, je n'en pouvais plus, j'avais envie que ça s'arrête tellement c'était devenu difficile de lire autant d'horreurs.
Ce roman n'est absolument pas sanglant ou violent physiquement, mais les sentiments des lecteurs, tout comme ceux des protagonistes sont mis à rude épreuve.
Il faut impérativement avoir lu les romans précédents pour bien comprendre celui-ci, car il est l'aboutissement final de toute une série de vilaines mesquineries, de sales manipulations et de tout un tas de complots qui ont pris racine il y a déjà de nombreuses années dans la vie des personnages principaux.
On retrouve avec un immense plaisir Gamache et Beauvoir, mais le respect mutuel entre ces deux hommes à fait place à autre chose. La noirceur, le doute et la vengeance habitent désormais le coeur et l'esprit de l'un des deux, et tous les deux en souffrent énormément.
On croirait lire le récit d'un tsunami, qui de simple petite vague, devient énorme et emporte tout sur son passage, détruisant irrémédiablement la vie et les espoirs de tous ceux qui se sont trouvés sur son chemin.
La souffrance, le sentiment d'abandon et la volonté de faire mal en retour sont au coeur de ce récit.
L'enquête en cours semble pourtant simple, une femme âgée, une amie de Myrna, la librairie de Three Pines a disparu, mais cette intrigue semble presque anodine à côté de tout ce qui va venir bouleverser la vie des personnages principaux. Ils vont être secoués dans tous les sens, comme soulevés de terre, jetés contre les murs et écrasés au sol par une force immense et dévastatrice, avant d'être de nouveau projetés au loin sans savoir si cela va achever de les briser ou leur laisser une infime chance de s'en sortir.
Quand le monde entier semble écrasé sous une noirceur étouffante et acide, peut-on encore espérer respirer à nouveau un jour une bouffée d'air pur, ou est-ce le signe que la bonté a définitivement capitulé devant le mal ?
Louise Penny a réalisé une prouesse en décrivant avec autant de finesse des sentiments aussi forts que la colère la plus noire, la rage, le désir de vengeance, mais aussi la joie simple, le pardon et l'envie de croire encore, en dépit du mal qui rôde et qui peut se faufiler partout, en chacun de nous sans exception.