AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,5

sur 136 notes
Illisible et illarant, L'art et la manière d'aborder son chef de service pour lui demander une augmentation est un défi accepté par Georges Perec : transcrire en texte le voyage de l'oeil suivant un organigramme.
Pris dans un labyrinthe infernal de mots poussant leurs prédécesseurs, sans aucune ponctuation, l'auteur nous embarque dans un récit emplit d'humour noir et décalé, sur la campagne de chasse à la promotion auprès de son chef de service. Un acteur alors broyé dans un engrenage qui semble sans fin, une bille courant dans un jeu de couloirs manipulé par un être extérieur, une boucle sans fin qui n'offre que peu de chance de tirer le gros lot de la sortie !

C'est drôle, décalé, déstabilisant, bref, délicieux !! Et la lecture de l'organigramme ayant servi de trame, livré en fin d'ouvrage, achève le lecteur, repartant dans le dédale d'échanges et d'arrêts devant le bureau du chef, monsieur x, afin de saisir le gibier au moment le plus opportun.
Commenter  J’apprécie          50
J'avais déjà vu l'organigramme qui en est la source, j'avais déjà lu des extraits, mais maintenant j'ai pu faire l'expérience complète de ce cheminement exhaustif à la manière de Perec dans une approche combinatoire et ludique de la littérature potentielle.

À la manière de Tentatives d'épuisement d'un lieu parisien, Perec empruntera toutes les branches de son organigramme avec toutes les subtiles différences que cela suppose.

Cette lecture survient au moment même où ma situation au travail vient de changer... Est-ce que j'oserai aborder mon chef de service pour lui demander une augmentation?
Lien : http://rivesderives.blogspot..
Commenter  J’apprécie          50
Vous avez écouté la version audio de L'art et la manière d'aborder son chef de service pour lui demander une augmentation. de deux choses l'une, soit vous apprécié l'oeuvre, soit vous ne l'avez pas appréciée. Si vous avez apprécié l'oeuvre, trois facteurs peuvent être à l'origine de votre enthousiasme. Soit vous partagez la vision d'un monde professionnel absurde, soit vous avez goûté l'humour avec lequel cette même vision est présentée, soit enfin vous admirez l'exercice de style de l'auteur qui s'est donné encore bien plus de mal de vous pour arriver au bout de la démonstration. Soit vous n'avez pas apprécié l'oeuvre. Dans ce cas, plusieurs raisons ont pu faire naître une opinion défavorable. Soit vous vous êtes perdu en cours de route dans les bureaux qui constituent tout ou partie de l'organisation qui emploie Monsieur X. Soit vous n'êtes pas sensible au comique de répétition. Soit vous avez écrit à l'éditeur pour dénoncer l'absence de tout signe de ponctuation. Quoi qu'il en soit, que vous ayez effectivement apprécié ou non l'ouvrage, de deux choses l'une. Soit vous gardez pour vous votre opinion, soit vous la partagez sur Babelio. Pour ma part, je suis admirative du travail de Pérec. La démarche est originale, l'affaire est maîtrisée. En revanche, le résultat me laisse un peu sur ma faim. J'ai bien souri à quelques reprises pendant la seconde partie de la démonstration, mais sans plus. Quand à l'absurdité dénoncée, le thème est banal. En résumé, avis en demi-teinte. Et je suis contente d'avoir pu profiter de la version audio parce que je ne crois pas que je serais allée au bout de la version papier !
Commenter  J’apprécie          51
Ma nouvelle année littéraire commence bien avec cette longue phrase de Georges Perec comme une farandole de mots.
Avant l'édition de « L'art et la manière d'aborder son chef de service pour lui demander une augmentation », Georges Perec avait écrit un texte adapté pour le théâtre sous le titre « L'augmentation ». C'était en 1968. Et je dois dire que j'ai retrouvé le côté théâtral dans ce récit aussi drôle que critique vis-à-vis du monde du travail. Et puis, ce texte est un prétexte à exercice de style dans lequel l'Oulipien excelle.
Il s'agit d'envisager toutes les solutions possibles pour un employé en quête d'augmentation afin de vaincre les stratégies de sa hiérarchie pour satisfaire sa demande, y compris la séquestration dudit chef mais en considérant également ce qu'il a mangé le midi.
Il faut entrer dans cet univers aussi ludique qu'ironique pour apprécier. Pour ma part, je me suis fait prendre au jeu et j'en ris encore.


Commenter  J’apprécie          50
🗄 « si mlle yolande n'est pas dans son bureau vous ferez le tour des différents services dont l'ensemble constitue tout ou partie de l'organisation qui vous emploie disons plutôt qui vous exploite puis vous retournerez tenter votre chance un peu plus tard il se peut même que mr x ne soit pas dans son bureau qu'à cela ne tienne attendez le dans le couloir puis s'il tarde à revenir allez faire un brin de causette comme diraient victor hugo et roland bacri avec mlle yolande à condition non seulement que mlle yolande soit dans son bureau mais aussi quelle soit de jon e humeur »
(P.24)

🗄Si l'on en croit Perec, pour demander une augmentation à son patron il faut prendre en considération un nombre incalculable de variables que dis-je d'imprévus et autres étranges circonstances il ne suffit pas de se lever de son bureau et se diriger vers celui de son patron qui serait d'ailleurs certainement fermé alors ne restez pas là et toquez si tant est que le bureau est bien vide et que votre patron n'est pas occupé ni au téléphone ni sur un dossier ni même en train de parler avec un autre employé non alors frappez et entrez mais alors espérons qu'il soit de bonne humeur et que vous méritiez ce que vous allez demander d'ailleurs y avez-vous seulement pensé voilà que vous ouvrez la porte car votre patron vous a dit d'entrer mais déjà vous n'êtes plus sûr de la légitimité de votre demande votre corps entre dans le bureau auparavant fermé mais vous regrettez ces pas mais il est trop tard vous avez interrompu votre patron alors maintenant trouvez une bonne excuse d'avoir perdu son temps si précieux…

🗄 Mes conseils pour ce livre formé d'une seule et unique phrase : prenez une très forte inspiration. Aussi n'ayez peur du premier jour de carême, ne craignez pas les oeufs ni le poisson ni même les familles nombreuses ni même les machines à colle. Si vous pensez trop ou si vous êtes angoissés, n'ouvrez pas ce livre. Et si vous voulez une augmentation, ne le lisez pas non plus :) !

Commenter  J’apprécie          42
Un indispensable pour avoir l'art et la manière d'aborder son chef de service pour lui demander une augmentation, et aussi gagner 14 mots sur sa critique. Comme d'habitude avec George Perec le livre et plein d'humour et de sagesse, il y a toujours un fond de vérité et d'innocence dans le traitement de ses sujets, ici le monde de l'entreprise n'y échappe pas.
Je n'ai pas pu mettre en pratique tous les conseils car déjà je n'ai pas de travail actuellement, ce qui limite mes chances d'obtenir une augmentation, mais nous sommes également en confinement, ce qui limite mes chances de trouver un travail. Bref, je le garde sous le coude pour bientôt j'espère.
Commenter  J’apprécie          40
Ce texte est paru en 1968. Il avait, entre autres buts, l'objectif de démontrer les limites de la littérature : Pérec s'est donc appliqué à écrire un organigramme, c'est-à-dire, à développer chaque possibilité, en retournant à chaque "fin de parcours" au début. Pour donner un aspect encore plus linéaire à son texte, il a enlevé toute la ponctuation, ce qui fait que pour nous lecteur, en plus d'être chiant, le texte est quasi illisible : pari réussi pour l'auteur. le pire, c'est qu'on a l'impression de relire toujours la même chose (forcément!) et Pérec a l'air de s'éclater lui : il ironise, il change un mot ou deux histoire de dire "ben non, c'est pas toujours la même chose!". bref, très joli exercice de style (à priori, ils se faisaient pas mal de ce genre de défis avec Queneau) mais comme littérature...j'ai vu mieux!
Commenter  J’apprécie          40
Vous ne trouverez pas le roman dans le rayon des ressources humaines et encore moins dans le développement personnel. Pourtant savoir demander une augmentation est tout un art. Pourquoi ne pas s'approprier une question de société pour s'amuser? Georges Perec ne s'interdit absolument rien. Et en même temps, il serait étonnant qu'un oulipien se limite à quelque chose. Suite à une demande de la revue "L'enseignement programmé" en décembre 1968, il écrit ce long texte. Il joue de nombreuses manières. Tout d'abord, il n'y a qu'une seule phrase, une majuscule au début et un point au final. C'est une façon de rénover avec une tradition post-imprimerie de Gutenberg. Aucun doute que plus d'un lecteur va être dérouté. le contenu est sous forme de mode d'emploi avec des hypothèses. Pas d'inquiétude, vous avez un plan à la fin qui résume simplement et de façon humoristique le tout. C'est très ingénieux. Rien de tel pour faire une critique ludique et loufoque du fonctionnement en entreprise. On vous donnera toutes les astuces pour passer à travers tous les obstacles possibles. Vous ne ferez plus avoir ou du moins vous serez plus vigilent. Etonnamment, il y a toujours une situation qui va vous évoquer quelque chose. On s'amuse de la dérision à la fois absurde et si réaliste. Faut-il mieux en rire ou s'en déprimer? On s'en contente comme un moment de lecture étrange et philosophique. Et si l'expérience vous a plu, sachez que le livre a été adapté au théâtre sous le titre de "L'augmentation".
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
Commenter  J’apprécie          30
Ayant encore "bon pied bon oeil" rien ne me contraignait à choisir une version sonore, sinon que nous préparions "L'Augmentation", dans sa version théâtrale avec une jolie troupe d'amateurs.
Le rythme de la lecture avec cet empressement hilare, m'a semblé un exercice de haute voltige plutôt qu'une façon de faire passer ce texte, plus grinçant à mon sens.
C'est une chance de pouvoir se faire son film à soi tant qu'on peut lire! Merci donc pour le concept du livre-audio : je vais le prêter de ce pas à quelqu'un de cher qui n'a plus accès à la lecture.
Commenter  J’apprécie          30
Un inédit du génial Georges. Un petit bijou d'absurdité pas si absurde que cela. Et toujours ce lien entre littérature et mathématiques qui produit ces chefs-d'oeuvre de l'Oulipo.

Club de lecteurs de la Médithèque des Chartreux
Lien : http://www.mediatheque-agglo..
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (327) Voir plus



Quiz Voir plus

Je me souviens de Georges Perec

Quel était le nom d'origine (polonaise) de Georges Perec ?

Perecki
Peretz
Peretscki
Peretzkaia

15 questions
111 lecteurs ont répondu
Thème : Georges PerecCréer un quiz sur ce livre

{* *}