«
L'inconnue du portrait » est l'histoire d'un tableau dont
Camille de Peretti explique les faits en avant-propos. En 1910,
Gustav Klimt peint le portrait d'une jeune femme coiffée d'un grand chapeau, dont le cou supporte une étole de fourrure. Ce tableau s'appelle « Jouvencelle ». En 1917, soit un an avant la mort du peintre, le tableau est remanié par le peintre. Cela veut dire qu'il peint sur la toile, un autre portrait. La jeune femme reste la même, le chapeau et l'étole disparaissent. Ce tableau s'appelle « Portrait d'une dame ». Lors de la vente de cette toile, personne n'imagine qu'elle contient deux tableaux en un seul. Il faudra attendre 1996 pour qu'une étudiante en histoire de l'art prouve que « Jouvencelle » et « Portrait d'une dame » ne sont pas deux tableaux distincts, mais un seul.
Dans «
L'inconnue du portrait »,
Camille de Peretti nous entraîne dans trois histoires différentes. D'abord, celle d'Isidore qui est cireur de chaussures au parc de Bowling
Green à New York (Lower Manhattan à côté de Wall Street). Dans son métier, il en profite pour interroger des financiers, sur des investissements boursiers, avec une petite idée derrière la tête…
Puis, le lecteur rencontre Martha et son bébé qui vivent tous les deux près d'une usine à Leobendorf, à 30 km de Vienne que Martha a été obligée de quitter pour des raisons à ce stade mystérieuses.
Enfin, il y a Michelle qui vit à Houston. Elle est mère d'une jeune fille prénommée Pearl qui va bientôt entrer à l'université. Michelle s'apprête à faire une chose pour l'époque inédite, et qui va faire débat…
Voici donc les trois protagonistes dont nous suivons les aventures, en nous demandant quel lien il y a entre eux et si leurs destins vont se croiser. de plus, nous nous interrogeons sur ce mystérieux tableau dont l'auteure fait mention au début du roman. Deux femmes, un homme, un portrait. Des temporalités différentes, des voix différentes qui se succèdent. de Vienne en 1900, au Texas en 1980, en passant par New York, de nombreuses interrogations viennent nous questionner.
Je ne pensais pas être autant captivée par ce roman qu'au départ, je n'avais pas du tout prévu de lire. Pourtant, j'aime beaucoup lorsque l'art est inséré dans un récit. J'aime les romans chorals, j'aime ces destins qui se croisent, j'aime suivre des personnages sur un temps historique long, ici le passage par la crise de 29, l'ère industrielle et enfin le rapprochement temporel vers notre ère. J'aime surtout deviner à quel moment les destinées se croisent, pourquoi, avec quelles conséquences. Dans «
L'inconnue du portrait », il y a tous ces éléments qui rendent la lecture fascinante, presque envoûtante tant ces chemins de vie captent notre attention.
Les secrets de famille, les petits et grands mensonges, les tragédies ou au contraire les amours grandioses, la richesse atteinte face à la misère vécue captent notre attention jusqu'à la dernière ligne, avec en fil rouge l'histoire de cet incroyable tableau et de son vol. Qui ? Pourquoi ?
La plume de Camille de Perreti, que je ne connaissais pas, est lumineuse même dans les moments sombres, poétique et pudique dans l'expression des sentiments, et terriblement vivante. Elle mène avec brio le roman choral historique, la saga familiale et les mystères qui entourent le tableau de Klimt. Elle accroche son lecteur de façon immédiate et ne le lâche plus jusqu'à la fin. L'évocation des différentes époques, tourbillonnante, entrelace les personnages avec énormément de finesse. Difficile de quitter «
L'inconnue du portrait » sans un petit pincement au coeur tant le roman est réussi, la tendresse profonde pour Isidore, Martha et Pearl, la quête électrisante et l'attraction pour ce tableau saisissante.
Un roman fort réussi, tant sur le fond que sur la forme, si romanesque et si touchant !
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