Depuis ma lointaine première rencontre avec
Arturo Perez-Reverte lors de la découverte de son premier roman "
le tableau du maître flamand", j'apprécie cet auteur qui mêle harmonieusement son érudition à un sens de l'intrigue impeccable et entraîne son lecteur dans un merveilleux parcours littéraire.
Je me faisais donc un plaisir de retrouver l'Andalousie, non pas hélas en présentiel , mais à travers une oeuvre qui la met en avant et aussi une période de son histoire que je connais mal et sur laquelle je pensais pouvoir m'instruire.
Erreur ! Ce n'est pas dans ce roman que l'on pourra acquérir quelque savoir que ce soit sur l'occupation française pendant les guerres napoléoniennes car le contexte historique pourtant bien présent dans le roman, n'est pas vraiment explicité et si ce n'est que Cadix a subi un long siège fort peu meurtrier et pas davantage contraignant, tout ce que j'ai pu apprendre en plus sur la période fut le fruit de mes recherches personnelles .
Bien sûr un roman ne saurait s'assimiler à un livre d'histoire mais quand il prend place dans une période bien déterminée, il ne parait pas inutile de tracer , fut-ce à large traits, le contexte, ce qui permet au lecteur d'apprécier davantage le fil du récit.
La vie quotidienne à Cadix est donc présentée à travers plusieurs personnages successifs avec un foisonnement de détails qui donne au récit un aspect cinématographique et plonge dans des décors différents pour donner un panel complet de la société gaditane.
Une enquête policière tient lieu de fil rouge avec un meurtrier sadique qui écorche de jeunes victime à l'endroit même où les bombes tirées sur la ville par les français tombent sans faire trop de dégâts.
Le commissaire Tizon joueur d'échecs passionné est persuadé qu'après s'être inspiré de la tragédie "
Ajax" de
Sophocle", le meurtrier considère la ville toute entière comme un vaste échiquier parsemé de vortex, ces tourbillons chers à
Descartes, dans lesquels il pourra jouer sa sinistre partie... Plus alambiqué, c'est difficile...
Et pourtant je me suis accrochée et je suis venue à bout des 763 pages du texte avec le sentiment d'avoir parcouru un véritable marathon...Dans les courses de fond il y a l'adrénaline qui redonne des jambes mais il y a aussi l'ennui et en ce qui me concerne, il fut particulièrement profond dans les passages évoquant les arcanes de l'artillerie et ceux qui décrivent par le menu chaque pouce des bateaux et les moments de combat naval. Pourrais-je en conclure que je me suis instruite sur ces points dont l'intérêt m'a paru vraiment très relatif...Même pas.
Dommage également que je n'ai pas pu éprouver la moindre sympathie pour aucun des personnages qu'il s'agisse du corsaire courageux, de la belle armatrice ou de l'artificier de l'empereur, du taxidermiste espion ou du paysan menant sa propre guerre dans les salines...
Ma rencontre avec ce roman n'a pas été un succès et pour retrouver le soleil espagnol et la douceur andalouse, il faudra que j'aille voir ailleurs .