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4,05

sur 169 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
l y grand-mère, Mamie-Lee pour les petits ; Dana, sa fille, et ses enfants : Marcus, Wes, Deborah, Jonah et Vicky. Il y la Red River, un jour de chaleur dans le sud des Etats-Unis et il y a l'histoire afro-américaine : le racisme, la violence et la discrimination.
Le récit aurait pu être banal. Mais voilà, Judith Perrignon a choisi d'écrire un tryptique. Trois chapitres chorals où les voix des personnages se croisent pour nous raconter cette famille et l'histoire, la petite et la grande. Avec force, elle nous donne toute son émotion face à un fait-divers qui n'aurait pu rester que cela si elle n'en avait pas fait ce livre magnifique.
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Cela commence par un roman à plusieurs voix un jour où la police investi la maison à la recherche de drogue (qu'elle ne trouve pas). La grand-mère, le fils aîné accusé, la mère, la cadette, chacun raconte l'événement.

Puis le récit se déplace en 1949 pour relater un incident à caractère raciste typique de ces années-là dans le Sud des Etats-Unis.

Enfin, nous assistons au dénouement de la fameuse journée, tragique, forcément tragique.

Tout s'explique et tout prend forme autour de cet été 1949.

Pourtant, le titre m'a paru un peu pompeux par rapport au contenu du récit.

Un point de vue intéressant sur un injustice qui perdure.

L'image que je retiendrai :

Celle des tresses de Deborah qui se fait belle pour Jason, avec des perles blanches au bout.
Lien : http://motamots.canalblog.co..
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C'est un roman puzzle, on découvre un personnage, puis un autre, puis un autre et encore un autre et ainsi de suite. C'est l'histoire d'une douleur, d'une famille noire américaine, de la Grand-mère aux petits enfants, dont le destin m'a émue. A travers cette famille, c'est la tragédie du peuple noir et du chemin qui reste à faire qui nous est racontée. Les dernières pages m'ont laissé une immense émotion. « Ma ville en ruine et moi, on se ressemble, on est deux vieilles mal en point, on suffoque en août et on grelotte en janvier, on a les mêmes souvenirs, les mêmes fantômes, la même nostalgie, on a cru trouver de l'or, connu la folie des grandeurs et des cadences infernales, ici Ford, General Motors et Chrysler ont dicté la taille du capot et des routes, ici a été calibré le rêve américain… ».YR
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La construction du roman "Les faibles et les forts" est assez originale, désarçonnante. La première partie se déroule en 2010 et voit se succéder des chapitres correspondant aux voix de différents membres d'une famille. le lecteur est mis dans une position omnipotente est "lit" les pensées de chacune des personnes qui a assisté à la perquisition brutale de la police. A la recherche de drogue les policiers ont brutalisé Marcus, le fils aîné, l'obligeant à se dessaper dans le salon familial, à s'exhiber le cul à l'air en présence de sa grand-mère Mary-Lee, sa mère Dana – mère des cinq enfants avec trois différents père –, ses frères Wes l'indépendant malicieux et Johna en totale admiration pour son grand-frère, la petite Déborah à l'orée d'une adolescence qui s'annonce tortueuse et la petite Vickie.
Après avoir mis la maison sans dessus-dessous les flics sont partis, laissant derrière eux des tempêtes de frustrations et de rages dans les esprits de chacun.

L'exercice est bien mené. le lecteur passe successivement dans la tête de chacun et vit avec chaque personnage l'épisode brutal de la fouille. Nous naviguons dans les colères de chacun, les désespoirs, les récriminations d'une famille à la dérive sociale. le pire c'est qu'on a l'impression qu'ils se tiennent plus, les uns et les autres, responsables de l'humiliation plutôt que la brutalité policière. Elle leur semble à tou(te)s normale, évidente. C'est perturbant.

Puis, brutalement, Judith Perrignon nous ramène en Juin 1949, à Saint-Louis. Cette fois-ci nous sommes dans une narration classique qui nous met dans la tête d'une Mary-Lee adolescente qui vit les premières heures de l'ouverture des piscines aux Noirs. Son frère Howard fait partie de ces premiers intrépides qui osent s'aventurer dans des bassins "publics" réservés pourtant aux blancs. Et les réactions qui s'en suivent. le lecteur ne subit ni les coups ni les crachats, mais c'est d'une violence psychologique telle que des larmes de rage pourraient vous humidifier les yeux. Pourraient.

(Suites... http://www.loumeto.com/spip.php?article423)
Lien : http://www.loumeto.com/spip...
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Comme « Les Chagrins », son premier roman, ce nouveau titre nous offre plusieurs points de vue : celui de Mary Lee, la grand-mère, sa fille Dana, les petits-enfants Déborah, Marcus, Wes et Jonah. C'est principalement la grand-mère qui s'exprime, et c'est elle aussi qui nous offre un flash-back en 1949, en pleine ségrégation. Une nouvelle fois, l'auteur mène très bien son oeuvre et gère à merveille les différents points de vue. Elle termine son roman sous la forme d'une émission de radio, un procédé que j'ai trouvé intéressant.

La ségrégation est un sujet qui a beaucoup été traité dans des romans et pourtant, celui-ci sort du lot. Tout d'abord grâce à l'angle original de la natation. Et ensuite parce que Judith Perrignon a su trouver les bons mots pour restituer la condition des Afro-américains et la violence de ce qu'ils ont vécu. Durant l'épisode qui se déroule en 1949, on est frappé par le sentiment d'impunité des blancs, par la violence gratuite qu'ils déploient et par la position ambiguë des forces de l'ordre chargées de protéger les gens de couleurs sans pour autant sanctionner les agitateurs blancs. Concernant la période actuelle, l'auteure nous fait prendre conscience des préjugés qui pèsent sur les épaules de ces jeunes gens, et combien il est dur pour eux de tracer une autre voie que celle qu'on leur destine, d'autant plus que leurs pères sont le plus souvent absents.

Les personnages sont assez nombreux dans ce roman. Parmi eux, Mary Lee, la grand-mère, est la plus présente et la plus intéressante, car elle a vécu les deux époques, celle de la ségrégation et celle des années 2000. Marcus est un garçon bien, seulement un peu dépassé par la vision que l'on a de lui. Déborah rêve d'être aimée, tandis que leur mère, Dana, n'a jamais réussi à garder un homme et aimerait être fière d'elle-même, à nouveau. Ces personnages sont profondément attachés les uns aux autres et ce roman est aussi une belle histoire de famille.

J'aime beaucoup le style de Judith Perrignon que je trouve assez percutant. Elle emploie des mots forts et parfois crus, mais toujours à bon escient, tout sonne juste. C'est un auteur qui sait donner du poids à ses paroles. En somme, c'est un style à la fois direct et agréable.

Ainsi, c'est un roman que je vous recommande volontiers, même si le sujet de la ségrégation a été maintes fois évoqué celui-ci tire son épingle du jeu, je l'ai trouvé très fort. Il est bien mené, bien pensé et bien écrit. A ce jour, c'est le titre de la rentrée littéraire que j'ai préféré, même si je n'en ai pas encore lu beaucoup… !
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
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Mary Lee, la grand-mère, parle la première : « A ton âge, Marcus, je voyais les dames serrer leurs sacs à main contre elle quand mon père montait dans le tramway de Saint Louis. Alors si ça ne tenait qu'à moi, tu resterais là, la porte fermée à double tour, on te laisserait comme un chien en laisse, avec un peu d'eau et on irait sans toi au bord de la rivière ».
Pas de mise en bouche, on entre directement dans l'intimité d'une famille, dans le ressenti des protagonistes. Nous sommes en été dans un quartier noir et défavorisé du sud des Etats-Unis. C'est intense et ivre de révolte : la police a débarqué pour Marius, fouillant la maison sans vergogne pour trouver, en vain, de quoi l'inculper.
On fera connaissance avec toute la famille. Chacun, avec ses propres soucis, se dévoile face à cette intrusion. Puis le quotidien reprend le dessus et la famille part se rafraîchir au fleuve…

Le roman aurait pu continuer comme un choeur d'orchestre où chacun intervient tour à tour. Mais non. L'auteur choisit une autre direction. Après l'incident, nous sommes projetés en 1949 dans l'adolescence de Mary Lee pour ensuite revenir à notre époque par le biais d'un débat à la radio suite à un drame où des enfants noirs sont morts noyés.
Cette construction peut sembler particulière mais elle fait mouche. Un fil conducteur relie ces évènements, une simple statistique : « 60 % des enfants afro-américains ne savent pas nager ». Comment expliquer que les noirs soient moins aptes que les blancs pour la natation ? Est-ce un héritage de l'esclavage ? de la ségrégation ? de la pauvreté ? Chacun donnera son point de vue et au lecteur de s'interroger, de faire sa propre opinion.

Les faibles et les forts est un roman qui m'a fort plu. L'histoire est prenante et poignante ; l'écriture est précise et limpide. Mais ce que j'ai le plus apprécié est l'effort de réflexion que nous propose l'auteur. Elle nous confronte, avec émotion, à des faits divers qui heurtent notre sensibilité et si l'indignation n'est pas loin, tout est nuancé et sans parti pris.
Merci à Babelio et aux éditions Stock pour m'avoir offert ce livre dans le cadre de Masse critique. C'est une très belle découverte.
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Tout d'abord un grand merci aux Editions Stock du regretté Jean-Marc Roberts et à Babelio pour cette masse critique.
Après le remarqué « Les chagrins » que j'avais beaucoup aimé, le nouveau roman de Judith Perrignon vient confirmer de bien belle manière son talent de romancière.
A partir d'un fait divers tragique (la noyade de 6 jeunes adolescents afro-américains), Perrignon construit un récit pour tenter d'expliquer, à travers le portrait d'une famille noire américaine, les véritables causes d'un tel drame. En remontant aux années 60, Marie-Lee la grand-mère, petite fille à l'époque découvre la bêtise, le racisme lors de la première ouverture d'une piscine municipale aux gens de couleurs. Et si cette interdiction de profiter d'un lieu public et d'y apprendre à nager étaient la cause de cet insupportable gâchis quarante plus tard ?
Avec une justesse formidable, Judith Perrignon prête sa plume à ces petites gens, portraits magnifiques d'êtres qui restent dignes et debout malgré les injustices. Puis dans une deuxième partie, elle démontre que si un grand nombre de la population afro ne sait pas nager, cela vient justement de cette insupportable ségrégation subit pendant des décennies.
Un livre bouleversant, chant funèbre et coup de gueule désespéré devant l'inimaginable. A ne pas rater.


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Un fait divers, la noyade de six enfants noirs, en août 2010 en Louisiane est à l'origine de ce livre.
Les médias alors s'interrogent. Ces enfants, comme 60% de la population noire américaine ne savaient pas nager.
Judith Perrignon cherche à comprendre. Elle fouille l'histoire et s'intéresse à celle des piscines aux Etats Unis.

Son roman rapproche deux événements, un accident où six enfants périrent noyés et des émeutes, 60 ans plus tôt, provoquées par l'ouverture des piscines aux Noirs et où un membre de cette même famille avait été très grièvement blessé et était resté handicapé.
Et si ce traumatisme s'était transmis, si la peur s'était inscrite dans les corps, si l'histoire des piscines, la ségrégation, les violences expliquaient pourquoi aujourd'hui la majorité des Noirs américains ne sait pas nager. Et si cette noyade n'était pas qu'un accident mais le fruit de l'histoire.
Ce livre très poignant dresse le portrait d'une Amérique avec une voix qui rappelle celle de Toni Morrison.
Un roman de cette rentrée littéraire à ne pas manquer.
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