Le début du roman donne, de très belle manière, la parole aux différents membres d'une famille qui viennent d'être confrontés à une brutale descente de police. Il y a la grand-mère, la mère, le grand fils, la fille adolescente, les enfants plus jeunes… L'absence des hommes est criante. La grand-mère, Mary Lee, possède la plus forte des voix, et celle à laquelle on s'attache le plus. Malgré le choc éprouvé par ces soupçons policiers envers le fils aîné, Marcus, la famille décide de ne pas changer le programme de sa journée, et de la passer au bord du fleuve. Par une brusque rupture, amorcée avec les souvenirs de May Lee, la deuxième partie retourne soixante ans en arrière vers un fait-divers terrible qu'on découvre, puis la troisième partie sera, ou devrait être, encore plus dramatique, dès lors qu'on comprend de quels faits il s'agit, et l'explication de cette tragédie.
Toutefois, malgré la force du sujet, je me suis sentie flouée, presque déçue par ce livre que tout le monde semble avoir aimé… Les faits du débuts, la descente de flics au domicile de la famille, sont déconnectés de la suite, et semblent plaqués artificiellement. le drame principal n'arrive qu'après une construction qui m'a semblé laborieuse, et il est raconté au cours d'une reconstitution d'émission de radio, sans qu'on comprenne la raison de ce choix…
Alors, oui, certes, le sujet abordé ne laisse pas indifférent, on ne peut que se révolter et être ému par les séquelles invisibles de siècles de ségrégation, mais je ne trouve pas pour autant de qualités littéraires particulières à ce roman. le manque d'homogénéité entre les trois parties me gêne. Si j'en reviens aux auteurs anglo-saxons qui ont toujours mes faveurs dès qu'il s'agit d'écrire sur le racisme ou la discrimination, je préfère largement
le temps où nous chantions, de
Richard Powers,
Home, de
Toni Morrison,
Zeitoun, de
Dave Eggers, ou bien d'autres… Je ne déconseillerais pourtant pas cette lecture, car il ne me semble pas possible d'ignorer les faits dénoncés, mais sachez que la forme du récit peut interférer et vous empêcher tout enthousiasme, comme ce fut mon cas, mais pas celui de tous…
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