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4,05

sur 168 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Plonger dans le racisme ordinaire et terrible à la fois qui sévit aux États-Unis depuis l'esclavage, ces femmes et ces hommes arrachés à l'Afrique, Judith Perrignon dont j'avais lu L'Intranquille, autoportrait d'un d'un peintre, d'un fou avec Gérard Garouste, et Victor Hugo vient de mourir, le réussit parfaitement.
Dans ce roman, Les faibles et les forts, éliminé hélas des livres proposés par ma Médiathèque… Pourquoi ? j'ai été révolté, ému, scandalisé par le sort réservé aux Noirs qui avaient réussi à se libérer de l'esclavage mais toujours victimes d'un racisme bien enraciné dans les esprits de la majorité de la population blanche.
Au travers du vécu de la famille Baker, plus particulièrement de Mary Lee (74 ans), la grand-mère, je suis plongé sans ménagement dans une intervention plus que musclée chez ces gens dont Marcus est soupçonné de trafic drogue.
Petit à petit, s'expriment Dana, la fille de Mary Lee, qui a eu cinq enfants de trois pères différents : Marcus, Deborah, Wes, Jonah plus Carlos, l'aîné, qui est dans l'armée.
Nous sommes le 2 avril 2010, au nord de la Louisiane et Dana emmène la famille à la rivière Rouge pour y passer un bon moment. Les voisins, la famille King, y vont aussi. Au passage, j'apprends que Howard, le frère de Mary Lee, est sourd depuis l'âge de 17 ans.
Brusquement, Judith Perrignon effectue un retour en arrière, le 21 juin 1949, à Saint-Louis, Missouri. Là, je me retrouve confronté à un événement dramatique suite à la déclaration de O'Toole, l'adjoint aux affaires sociales, qui affirme : « Légalement, rien n'empêche un Noir qui veut nager d'entre dans une piscine. »
À partir de là, s'enclenche une cascade de calamités qu'il faut lire pour comprendre cette haine féroce des Blancs qui se liguent pour empêcher les Noirs d'accéder aux piscines municipales. C'est terrible, d'une violence inouïe car « Negroes are pushing too far. »
Aussi, en 2010, un enfant noir a trois fois plus de risques de se noyer, héritage de l'esclavage et de la ségrégation.
S'ajoute à cela la légende de Shine que les enfants réclament sans cesse à Mamy Lee. Ce n'est qu'à la fin du roman que je la connaîtrai enfin.
Impossible d'en dire plus mais il faut découvrir la réaction des auditeurs sur l'antenne de la National Public Radio. Que de stéréotypes ! Quelle honte avant que… !
En conclusion, Judith Perrignon rappelle un événement dramatique survenu le 2 août 2010 à Shreveport.
Apprendre à nager, cela semble évident pour nous. D'ailleurs, l'école se charge de réaliser cet apprentissage pour tous les enfants qui n'ont pas la chance d'avoir des parents qui les emmènent à la piscine ou à la plage. Mais aux États-Unis…
Lisez Les faibles et les forts ! Dans ce livre, Judith Perrignon m'a fait prendre conscience d'une terrible injustice, une de plus, subie par la majorité des Noirs confrontés à un racisme jamais complètement éradiqué.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Les faibles et les forts est un roman en trois parties bien distinctes, aussi bien dans l'écriture que dans le temps, de J. Perrignon. La première période, "chorale", se déroule en 2010 en Louisiane. Elle donne voix à toute une famille, de la grand-mère aux plus jeunes. Dans cette partie sont évoqués pêle-mêle les difficultés d'argent, le racisme, la violence, le chômage, le manque d'avenir des plus jeunes, l'éveil à la vie et à la beauté, l'amour, et cette fichue ligne qui sépare le nord du sud des Etats-Unis, toujours existante.
La seconde partie remonte le temps, dans les années 50, et décrit les évènements relatifs et consécutifs à une annonce qui a fait scandale dans le Missouri : "Légalement, rien n'empêche un noir qui veut nager d'entrer dans une piscine." Bien sur, c'est la loi. Mais dans les faits ? Pour le savoir, nous suivons une bande de jeunes noirs, dont notre vieille grand-mère de 2010 alors petite fille, bien décidés à se baigner ce jour-là. Mais c'est bien plus compliqué que ça.
Enfin, la dernière partie, qui nous permet de revenir en 2010 en Louisiane, prend la forme d'une retransmission d'une émission de radio, au cours de laquelle l'animateur fait réagir des spécialistes et des auditeurs, au sujet d'un fait divers tragique.

Les faibles et les forts, c'est aussi une sorte d'exploit au cours duquel J. Perrignon, en un peu moins de 200 pages, évoque des vies, des points de vue, des explications et tout un tas de sujets qui en découlent. le lecteur reste accroché à cette lecture dont on devine qu'elle sera tragique, ce qui ne l'empêche pas de recevoir en pleine poire la réalité des statistiques et des préjugés qui ont cours aujourd'hui encore au pays de la liberté. Et l'on se rend compte, à peine croyable, que ces disparités si énormes, si basiques, simplement liées à une couleur de peau, héritées d'un esclavage que même les bien-pensants peinent à planquer sous le tapis, sont toujours d'actualité. A peine les a-t-on légèrement maquillées...
A lire !
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Lu d'une traite, Les faibles et les forts fait parti de ces livres qui laissent une trace. Seulement 187 lecteurs sur Babelio, pourtant ce roman chorale mérite d'être lu.
Basé sur des faits historiques il nous raconte à travers plusieurs personnages et donc plusieurs points de vue la ségrégation dans l'Amérique d'hier et d'aujourd'hui. On se rend vite compte que les injustices d'hier ne sont pas sans conséquences sur le présent et sur la vie des descendants des esclaves, elles provoquent d'autres drames et d'autres injustices. Avoir la peau noire conditionne le devenir de ces enfants, parce que l'on efface pas des décennies de racisme, d'injustice et de ségrégation avec quelques lois et qu'il est tellement difficile de faire évoluer les mentalités. Les stéréotypes ont la vie dure. L'égalité entre noirs et blancs est encore aujourd'hui à bien des égards une utopie . Les statistiques l'attestent comme nous le montre Judith Perrignon. Il y a de quoi se poser des questions sur les sociétés soit disant civilisées.

L'écriture est belle, soignée, empreinte d'émotion et de colère. Mamie Lee est un personnage touchant, forte et faible à la fois, le coeur de cette vielle dame est plein de sagesse mais aussi de douleur et de révolte. En peu de pages l'auteur réussi à créer de l'empathie envers les différents personnages. Il y a beaucoup de poésie en peu de lignes. Les phrases sont simples, criantes de vérités et laissent le lecteur pensif. L'auteur nous incite à la réflexion. On voudrait tout noter pour ne rien oublier.

Je ne connaissais pas «l'histoire de Shine» et «les toasts» qui sont des histoires transmises oralement de génération en génération par ces familles afro-américaines. Certaines ont été rassemblées et mises par écrit, c'est une belle découverte et une piste de lecture que je ne manquerai pas de creuser. D'ailleurs si certains lecteurs en savent plus sur le sujet je suis preneuse.

Ce récit est un mélange de fatalité et d'espoir et je ressors de ma lecture écoeurée, en colère mais ravie d'avoir découvert ce livre.
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Pour la famille Baker, la journée n'avait pas très bien commencé. Une descente de police infructueuse, de bon matin dans leur appartement, a suffi à créer des tensions entre Marcus, l'adolescent renfermé, Dana, sa mère et Mary Lee, sa grand-mère, inquiète de voir ses petits-enfants mal tourner. Deborah, la soeur, Wes et Jonah, les frères de Marcus observent quant à eux la scène, tout en évitant de prendre part au conflit. Heureusement, l'après-midi prévu sur les bords de la rivière Rouge devrait réconcilier les uns et les autres, apaiser les tensions et faire oublier ce désagrément malheureusement fréquent pour la population afro-américaine de Louisiane… Mais la journée va virer au cauchemar lorsque Marcus, suivi par six autres enfants, se retrouve entraîné au fond de la rivière sous le regard impuissant des adultes. Lui seul sera sauvé et survivra à la noyade. On découvre alors que, comme 60% de la population afro-américaine, aucune des personnes présentes ce jour-là ne savait nager…

On fait ensuite un saut dans le temps pour revenir en 1949, où Mary Lee nous raconte un épisode marquant de sa jeunesse. A cette époque, la politique de ségrégation fait que les Noirs n'ont pas accès aux piscines où vont les Blancs. Mais la déclaration malencontreuse d'un politique va remettre en question ce droit, provoquant des émeutes et une véritable guerre civile dans la ville de Saint Louis. Mary Lee assiste, terrorisée, à ce déchaînement de haine et de violence à l'encontre des siens, qui laissera de lourdes séquelles à son frère Howard qui avait osé aller se baigner… Comment ces deux évènements, pourtant séparés par soixante années, s'avèrent être intimement liés ?

C'est ce que nous explique, avec beaucoup de pertinence, Judith Perrignon dans ce roman habilement tissé, inspiré par des faits réels. En liant ces deux époques, elle révèle la transmission d'une peur, d'un traumatisme chez l'ensemble d'une population. Elle fait remonter la peur de l'eau chez les Noirs au temps de l'esclavage, une peur transmise de génération en génération, comme un héritage et qui reste, aujourd'hui encore, profondément ancrée chez une grande partie d'entre eux. Par le récit d'un drame en particulier, l'auteur pointe du doigt une réalité désolante liée à un passé douloureux. Elle nous confronte également à l'injustice, à la discrimination et la violence dont sont victimes de nombreux afro-américains, auxquels on reproche leurs dérives, sans pour autant leur donner une chance de s'intégrer… L'écriture de Judith Perrignon et la construction de son récit sont percutants et réellement bouleversants. Difficile de ne pas céder aux larmes qui montent face au drame humain qui se joue sous nos yeux et dont on découvre qu'il est loin d'être un fait isolé. J'ai été profondément émue par la force de ce récit, par sa justesse et par les vérités effrayantes qu'il renferme. Un texte à découvrir absolument !
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Le destin des enfants Baker semble tout tracé. Parce qu'ils sont noirs, la prison pour les garçons, les grossesses non désirées pour les filles.
Le récit commence par une descente de police en une chaude journée d'août 2010, en Louisiane. Et si Marcus est innocent, ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne devienne coupable. Chacun des membres de la famille est à son tour le narrateur de ce moment, la principale étant Mary Lee, la grand-mère. Puis, vite, pour penser à autre chose et se rafraîchir, le barbecue au bord de la rivière Rouge. Un retour en arrière revient sur la jeunesse de Mary Lee et l'omniprésence du racisme aveugle, violent, stupide. Quelles que soient l'époque et les circonstances, c'est bien d'inégalités des chances dont il est question dans ce roman, et le destin de cette famille, qu'on pensait scellé aux premières pages, prend un tour encore plus bouleversant.
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Markus, adolescent renfermé, sera le seul survivant d'un terrible fait divers… Deborah sa soeur, Wes et Jonah ses frères et trois de leurs cousins eux ne s'en sortiront pas, un cauchemar. Pourtant ce jour-là, au bord de la rivière rouge, ce devait être jour de détente organisée par leur grand-mère Mary Lee, afin d'apaiser les tensions provoquées au sein de la famille Baker le matin même par une descente infructueuse de police dans l'appartement. Pourtant pas un événement non, plutôt un incident courant parmi la population afro-américaine en Louisiane…

Juillet 2010, Judith Perrignon vient d'apprendre la nouvelle, un fait réel : « Six enfants Noirs d'une même famille viennent de se noyer en voulant se sauver les uns les autres… « Aucun d'eux ne savait nager » pas plus que la population assistant au drame!

Retour en 1949 durant la jeunesse de Mary Lee, elle nous en livre l'explication. La ségrégation agissant, les Noirs n'avaient pas accès aux piscines fréquentées par les Blancs, lesquels apprenant qu'un politique allait remettre ce droit en question vont se déchainer sous les yeux terrorisés de Mary Lee contre les siens dont son frère, qui en gardera des traces indélébiles, il avait osé aller s'y baigner..!

Alors à la fois on apprend et on comprend pourquoi, un tel drame avait pu se produire : « 60% de la population noire ayant subi les séquelles des événements de l'époque ayant hérité d'une peur quasi viscérale de l'eau ne savait pas nager » !

L'écriture de Judith Perrignon nous attache à son ouvrage en nous mettant littéralement à sa place pour mesurer les ravages d'un passé tellement douloureux de cette haïssable ségrégation raciale.
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Je voudrais attirer l'attention, car autour de tous ces beaux livres qu'on peut lire, celui-ci est particulièrement magnifique, magnifique ! ! C'est aussi beau qu'un superbe blues...à faire pleurer les pierres,.

«  J'ai l'impression que nous sommes comme les feuilles mortes qui dans quelques mois se détacheront des arbres, poussière dans l'eau. »

Judith Perrignon part d'un fait divers qui n'apparaît qu'à la fin du livre. Je ne vous parlerai donc pas de l'histoire, miroir du destin noir aux États-Unis, de l'esclavage à nos jours, un destin qui nous montre comment la soi disant toute puissance américaine étouffe peu à peu sous l'arrogance, son peuple , ses peuples.

«  Car le Noir aurait pu apparaître pour ce qu'il est : un homme. »

Mais c'est avant tout une tragique histoire intime, celle d'une famille noire, celle de chacun de ses membres se racontant de façon déchirante, l'un après l'autre. Je vous parlerai donc plutôt de ces personnages, trois générations sous le même toit. Cinq enfants de trois pères différents, fascinés-effrayés par la délinquance, les yeux pétillants d'envies et de rêves, matés par une société qui les a déjà catalogués. La mère, abandonnée par tous ces pères successifs, essuyant du doigt les larmes au bord des yeux pour que les enfants ne les voient pas (mais ils sont bien trop malins pour les ignorer), anéantie par la fatigue et par la vie. Et la grand-mère surtout, Mary Lee, cette femme pleine de sagesse et de fureur, qui traîne dans son coeur l'histoire de leurs ancêtres, l'esclavage, la ségrégation, les lynchages, qui sait qu'à l'espoir ne fait pas suite la simple douceur mais la désolation, encore et toujours cette misère, alors que les coeurs seraient si prêts pour autre chose...

Cette lecture est bouleversante à chaque page, à chaque phrase, à chaque mot. Chacun parle à son tour, enfermé dans la solitude de cette affectueuse promiscuité, chacun voit les événements à sa façon, selon son coeur, ses peurs et ses espoirs. Chacun, dans sa rancoeur et ses espérances est l'aboutissment d'une fatalité qui se tisse depuis des générations. C'est d'une tristesse à pleurer même si le récit prend parfois des allures de chaleur réconfortante. C'est 150 pages, une à une bouleversantes, qu'on lit en ne sachant que choisir, les finir pour les appréhender au plus profond, ou ne pas les terminer pour en jouir encore longtemps.

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Ce livre-ci commence par un coup de poing. L'auteur a su retranscrire parfaitement les paroles de Mary Lee, la grand-mère, sa colère face à Marcus, son petit-fils. Nous rentrons très vite dans l'intimité de cette famille de Louisiane, qui, malgré la descente de police, malgré les soucis, s'apprête à passer une journée au bord du fleuve. Une journée "de détente", pensaient-ils.
Chaque personnage est vraiment vivant, fortement caractérisé, attachant, chacun à sa manière. La suite n'en est que plus difficile.
Puis vient le retour en arrière, la tragédie vécue par Mary Lee et son frère dans sa jeunesse. Elle n'est pas la cause de ce qui survient au bord du fleuve. La cause véritable est à chercher dans la ségrégation qui sévissait aux Etats-Unis il y a un demi-siècle à peine.
Je n'ai pas envie d'en dire plus, tant la force de ce texte se suffit à lui-même.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Un court roman (150 pages) inspiré d'un fait divers réel survenu en Louisiane en 2012, et bâti autour d'une famille afro-américaine.

Alors qu'on pourrait s'attendre à un roman de plus sur la ségrégation, Judith Perrignon choisit un angle d'attaque original avec un flash-back sur l'année 1949 et l'émeute provoquée par l'ouverture des piscines aux Noirs dans la ville de St Louis, émeute vécue par la grand-mère Mary Lee.
« Légalement, rien n'empêche un Noir qui veut nager d'entrer dans une piscine. » Légalement certes, mais concrètement …la ville préférera fermer ses piscines que connaître des émeutes à répétitions et la population noire va inconsciemment intérioriser l'idée que l'eau n' est pas faite pour elle . En 2012, l'année du fait divers tragique, 60% de la population afro-américaine ne savait pas nager.

En montrant les conséquences de l'esclavage et de la ségrégation sur le quotidien des générations actuelles, l'auteure a bâti un récit percutant et poignant qui incite à la réflexion.

Mon quatrième livre de Judith Perrignon dont j'apprécie toujours la plume.
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J'ai refermé cet ouvrage secouée et frustrée. Secouée par la cruauté des drames, frustrée par l'injustice et l'impuissance qui s'en dégagent.
Ce livre, intense et poignant, m'a profondément marquée. L'écriture est habile. Au coeur des protagonistes, elle nous maintient dans la connexion, pour se terminer par une réflexion sur le lien entre l'épouvantable accident et la ségrégation.
A lire avec résistance (et non force, pour reprendre le terme si juste de l'auteure).
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