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4,05

sur 168 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout d'abord un grand merci aux Editions Stock du regretté Jean-Marc Roberts et à Babelio pour cette masse critique.
Après le remarqué « Les chagrins » que j'avais beaucoup aimé, le nouveau roman de Judith Perrignon vient confirmer de bien belle manière son talent de romancière.
A partir d'un fait divers tragique (la noyade de 6 jeunes adolescents afro-américains), Perrignon construit un récit pour tenter d'expliquer, à travers le portrait d'une famille noire américaine, les véritables causes d'un tel drame. En remontant aux années 60, Marie-Lee la grand-mère, petite fille à l'époque découvre la bêtise, le racisme lors de la première ouverture d'une piscine municipale aux gens de couleurs. Et si cette interdiction de profiter d'un lieu public et d'y apprendre à nager étaient la cause de cet insupportable gâchis quarante plus tard ?
Avec une justesse formidable, Judith Perrignon prête sa plume à ces petites gens, portraits magnifiques d'êtres qui restent dignes et debout malgré les injustices. Puis dans une deuxième partie, elle démontre que si un grand nombre de la population afro ne sait pas nager, cela vient justement de cette insupportable ségrégation subit pendant des décennies.
Un livre bouleversant, chant funèbre et coup de gueule désespéré devant l'inimaginable. A ne pas rater.


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Un livre grave sur un fait divers de 2010 à Saint Louis, Missouri... répercussion de la ségrégation ordinaire depuis des décennies.

Comme une mélopée funèbre, toute une famille afro-américaine mêle leurs voix pour dire les conditions de vie difficile, et les débuts d'une journée qui augurait de bons moments mais qui se terminera en drame.
On entend surtout le chant douloureux de la grand-mère, les souvenir des émeutes, de l'injustice, de la haine qui ont déjà frappé. Avec l'expérience du passé, c'est la plus lucide sur les risques toujours présents.
Si elle ne le réalise pas totalement, nous comprenons que c'est ce racisme passé et présent, qui a encore conduit à cette affligeante tragédie.

Une lecture poignante, rythmée par la violence raciale... entrecoupée de pauses éplorées.
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Beaucoup entendu parler de ce roman dans lequel un drame se déroule… J'ai eu mal à rentrer dans l'histoire, à placer chaque personne du foyer ; la première partie est chorale, la parole est laissée aux membres de la famille afro-américaine Baker qui est constamment sur ses gardes avec la police. On sent une tension mais ils semblent aussi très soudés. Dans la seconde partie, on revient quelques décennies en arrière ; en juin 1949, officiellement dans l'état du Missouri, les piscines sont ouvertes à tous. En théorie, seulement. La population d'alors est mécontente de devoir partager ses piscines avec les Noirs. Des émeutes ont eu lieu, beaucoup de vies sont gâchées… En 2010, d'autres le seront.
C'est une lecture qui m'a énormément touchée, comment un héritage d'esclavage, de ségrégation, a des conséquences sur le peuple d'aujourd'hui… Judith Perrignon m'a appris que la natation était laissée de côté par les afro-américains comme si les événements des années 40 et 50 (et ceux encore avant) avaient posé des limites dans l'esprit de ce peuple. Les piscines, les fleuves, les eaux, même soixante ans après, restent des barrières entre les forts et les faibles. Pourvu que la différence disparaisse, pourvu que les barrières s'abaissent…
Une lecture difficile mais nécessaire.
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Mary Lee, la grand-mère, parle la première : « A ton âge, Marcus, je voyais les dames serrer leurs sacs à main contre elle quand mon père montait dans le tramway de Saint Louis. Alors si ça ne tenait qu'à moi, tu resterais là, la porte fermée à double tour, on te laisserait comme un chien en laisse, avec un peu d'eau et on irait sans toi au bord de la rivière ».
Pas de mise en bouche, on entre directement dans l'intimité d'une famille, dans le ressenti des protagonistes. Nous sommes en été dans un quartier noir et défavorisé du sud des Etats-Unis. C'est intense et ivre de révolte : la police a débarqué pour Marius, fouillant la maison sans vergogne pour trouver, en vain, de quoi l'inculper.
On fera connaissance avec toute la famille. Chacun, avec ses propres soucis, se dévoile face à cette intrusion. Puis le quotidien reprend le dessus et la famille part se rafraîchir au fleuve…

Le roman aurait pu continuer comme un choeur d'orchestre où chacun intervient tour à tour. Mais non. L'auteur choisit une autre direction. Après l'incident, nous sommes projetés en 1949 dans l'adolescence de Mary Lee pour ensuite revenir à notre époque par le biais d'un débat à la radio suite à un drame où des enfants noirs sont morts noyés.
Cette construction peut sembler particulière mais elle fait mouche. Un fil conducteur relie ces évènements, une simple statistique : « 60 % des enfants afro-américains ne savent pas nager ». Comment expliquer que les noirs soient moins aptes que les blancs pour la natation ? Est-ce un héritage de l'esclavage ? de la ségrégation ? de la pauvreté ? Chacun donnera son point de vue et au lecteur de s'interroger, de faire sa propre opinion.

Les faibles et les forts est un roman qui m'a fort plu. L'histoire est prenante et poignante ; l'écriture est précise et limpide. Mais ce que j'ai le plus apprécié est l'effort de réflexion que nous propose l'auteur. Elle nous confronte, avec émotion, à des faits divers qui heurtent notre sensibilité et si l'indignation n'est pas loin, tout est nuancé et sans parti pris.
Merci à Babelio et aux éditions Stock pour m'avoir offert ce livre dans le cadre de Masse critique. C'est une très belle découverte.
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Une bande d'adolescents noirs, frères, soeurs, copains, partent se baigner dans une rivière boueuse et dangereuse du sud des Etats-Unis, emmenés par leurs familles. La grand-mère de l'une des fratries, ayant quitté une ville sinistrée du nord pour suivre sa fille, abandonnant son frère, raconte l'histoire du jour où celui-ci est devenu handicapé auditif.
Le récit de ce qu'il adviendra lors de cette journée estivale de baignade est mis en parallèle avec celui de Mary Lee, la grand-mère. Il est aussi basé sur un fait réel (les prénoms ont bien entendu étaient changés, et l'histoire romancée). La première journée est une des causes de la seconde.
Des interviews radiophoniques rendent parfaitement compte de la réalité de la mentalité des américains blancs en 2010.
Une dernière légende, transmise de génération en génération, termine le livre, en donnant fictivement une revanche aux afro-américains.
Ce livre est une antidote absolue contre le racisme.
Le style, en revanche, trop monotone, ne m'a pas emballée.
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La construction du roman "Les faibles et les forts" est assez originale, désarçonnante. La première partie se déroule en 2010 et voit se succéder des chapitres correspondant aux voix de différents membres d'une famille. le lecteur est mis dans une position omnipotente est "lit" les pensées de chacune des personnes qui a assisté à la perquisition brutale de la police. A la recherche de drogue les policiers ont brutalisé Marcus, le fils aîné, l'obligeant à se dessaper dans le salon familial, à s'exhiber le cul à l'air en présence de sa grand-mère Mary-Lee, sa mère Dana – mère des cinq enfants avec trois différents père –, ses frères Wes l'indépendant malicieux et Johna en totale admiration pour son grand-frère, la petite Déborah à l'orée d'une adolescence qui s'annonce tortueuse et la petite Vickie.
Après avoir mis la maison sans dessus-dessous les flics sont partis, laissant derrière eux des tempêtes de frustrations et de rages dans les esprits de chacun.

L'exercice est bien mené. le lecteur passe successivement dans la tête de chacun et vit avec chaque personnage l'épisode brutal de la fouille. Nous naviguons dans les colères de chacun, les désespoirs, les récriminations d'une famille à la dérive sociale. le pire c'est qu'on a l'impression qu'ils se tiennent plus, les uns et les autres, responsables de l'humiliation plutôt que la brutalité policière. Elle leur semble à tou(te)s normale, évidente. C'est perturbant.

Puis, brutalement, Judith Perrignon nous ramène en Juin 1949, à Saint-Louis. Cette fois-ci nous sommes dans une narration classique qui nous met dans la tête d'une Mary-Lee adolescente qui vit les premières heures de l'ouverture des piscines aux Noirs. Son frère Howard fait partie de ces premiers intrépides qui osent s'aventurer dans des bassins "publics" réservés pourtant aux blancs. Et les réactions qui s'en suivent. le lecteur ne subit ni les coups ni les crachats, mais c'est d'une violence psychologique telle que des larmes de rage pourraient vous humidifier les yeux. Pourraient.

(Suites... http://www.loumeto.com/spip.php?article423)
Lien : http://www.loumeto.com/spip...
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« Les faibles et les forts", livre que j'ai 'brocanté' pour 2,95€ est un vrai coup de coeur!
Sorti de la plume de Judith PERRIGNON, (Editions Stock, 2013), il nous plonge, en 2010, au coeur d'une famille Negro. Mamy Lee, sa fille Dana, ses enfants Marcus, Deborah, Wes, Jonah, ... Tous ils ont peur, des flics et de l'eau. Surtout de l'eau!
En juin 1949, un adjoint au Maire a osé décrété que, légalement, rien n'empêchait un noir dese rendre à la piscine jusqu'alors à l'usage exclusif des blancs! Non, mais... [Un travail ! Une place dans le bus! Ou au restaurant! C'est déjà leur faire grand honneur! Mais dans l'eau! Dans nos vestiaires! A poil! Leur peau! Leurs microbes! Veulent pas coucher avec nos femmes pendant qu'on y est ?]

A St Louis, cet événement va déclencher des émeutes urbaines mettant la population sans dessus-dessous! Les battes et les lames se déchaînent. La politique dira que la légalité est juste mais irréalisable! Mamy Lee, alors gamine a assisté à ce jeu de massacre!

En août 2010, en Louisiane, six adolescents se noient dans une rivière. Tous noirs! Pas étonnant, aux USA, 6 enfants afro-américains sur dix ne savent pas nager. C'est là une des facette de l'héritage de l'esclavage, des ségrégations et des conditions précaires d'existence qui ont imprimé dans l'inconscient collectif des noirs cette croyance en leur incapacité profonde de pouvoir apprendre à nager! C'est le constat de Mamy Lee. L'eau n'est pas bonne pour les noirs, elle est dangereuse, sournoise... D'ailleurs c'est elle qui a pris ses six enfants, ses petits-enfants, la chair de sa chair.

Avec son écriture aussi puissante que simple, en croissant les regards de ces différents membres d'une même famille, repassant le film des événements pour les situer dans le vécu individuel de chacun, l'auteur nous plonge au coeur d'une réflexion sur la violence de la société. Il nous interpelle sur la cruauté du regard des autres, sur les maladresses qui sont au coeur de nos relations, mêmes celles que nous voudrions bienveillantes. Un grand livre qui ausculte le coeur d'un monde malade de ses réticences à admettre pour richesse la différence!
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Cela commence par un roman à plusieurs voix un jour où la police investi la maison à la recherche de drogue (qu'elle ne trouve pas). La grand-mère, le fils aîné accusé, la mère, la cadette, chacun raconte l'événement.

Puis le récit se déplace en 1949 pour relater un incident à caractère raciste typique de ces années-là dans le Sud des Etats-Unis.

Enfin, nous assistons au dénouement de la fameuse journée, tragique, forcément tragique.

Tout s'explique et tout prend forme autour de cet été 1949.

Pourtant, le titre m'a paru un peu pompeux par rapport au contenu du récit.

Un point de vue intéressant sur un injustice qui perdure.

L'image que je retiendrai :

Celle des tresses de Deborah qui se fait belle pour Jason, avec des perles blanches au bout.
Lien : http://motamots.canalblog.co..
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Voici un livre court et efficace, qui montre par un fait divers terrifiant l'ampleur du racisme en Amérique, et l'hypocrisie des bien pensants.
la ségrégation, bien qu'abolie, continue à exister en causant douleurs, tragédies.

Un jour d'avril 2010, une famille afro-américaine profite de la chaleur pour pique-niquer au bord d'une rivière. Les enfants ne savent pas nager, et la plupart perdent la vie lors de cette journée. En effet, les enfants afro-américains ne savent pas nager - un enfant noir à trois plus de chances de se noyer - héritage tragique des politiques ségrégationnistes qui ne permettaient pas aux populations noires de se rendre à la piscine municipale.
On est plongé dans le quotidien de cette famille qui subit de plein fouet le racisme : délit de faciès, acharnement moral, tabassages ...
Edifiant.
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Ce court roman inspiré d'un fait divers réel met en parallèle la ségrégation raciale dans le Sud des Etats-Unis dans les années 40-50, en s'appuyant sur le personnage de la grand-mère, et ses conséquences encore prégnantes dans la société américaine actuelle. A partir d'un constat « 60% des enfants afro-américains ne savent pas nager », Judith Perrignon démontre comment un système s'est perpétué sur plusieurs générations malgré les lois. C'est en même temps une démonstration admirable qu'un droit acquis dans la loi doit, ensuite, être conquis dans les faits.

Ce roman est l'une des oeuvres les plus admirables et les plus efficaces qu'il m'ait été donné de lire sur le thème de la lutte contre le racisme. le système ségrégationniste se perpétue, dans les faits, plus de 50 ans après les combats victorieux des droits civiques. [...]

La construction habile du récit permet de passer du point de vue d'un personnage à l'autre tout en progressant dans l'intrigue. J'ai été saisi par ce drame bouleversant qui donne beaucoup à réfléchir sur le chemin qu'il reste encore à accomplir dans la lutte contre le racisme. Au-delà de l'histoire, l'écriture aussi est admirable, les pages les plus prenantes étant celles où l'on se retrouve dans les pensées de la grand-mère, Mary Lee.

L'auteure s'efface totalement derrière ses personnages, elle va à l'essentiel, dans un récit court, sans fioriture, d'une efficacité redoutable, qui sonne comme un uppercut.

Je ne peux que vous conseiller la lecture de ce court roman, incontournable et important.
Lien : https://lionelfour.wordpress..
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