1880, Londres. En général, on pense à Jack l'Eventreur. Mais ici, il s'agit « simplement » d'un étrangleur de jeunes femmes.
Ceci est le premier tome d'une série de policiers où Charlotte Ellison, une jeune fille de bonne famille mais au caractère fort et spontané aidera le policier Pitt à démêler les affaires criminelles. Comme c'est le tome d'introduction, nous assistons à la rencontre de Pitt et Charlotte, car dans la rue de celle-ci ont lieu des crimes rapprochés, le soir, dans le brouillard.
C'est l'occasion pour
Anne Perry de décrire dans le menu les moeurs des gens bien nés, où les femmes n'avaient pas l'occasion de travailler ni de se distraire seules. La visite aux pauvres, l'office du dimanche, la préparation de la vente de charité étaient les seules distractions. Aux hommes les soirées à leur club, les fréquentations des femmes de toutes sortes, les beuveries, les parties de cartes, mais aussi la mainmise sur leurs femmes – soeurs, filles, bonnes-.
C'est aussi l'occasion pour nous de côtoyer les différents membres de la famille, qui me font penser personnellement à ceux de
Jane Austen. Dominic le beau et romantique beau-fils, Emily la petite jeune fille ambitieuse, Sarah l'épouse fragile et vite névrosée de Dominic, Caroline la mère de famille coincée par l'autorité de son mari, Edouard le pater familias omnipotent, et la grand-mère infecte. N'oublions pas le pasteur rigide et sa pauvre épouse, et surtout Charlotte, celle qui n'a pas sa langue en poche et qui se fiche des conventions.
Difficile pour cette famille d'accepter l'irruption d'un policier « de la classe sociale d'un commerçant » dans leur salon pour les cuisiner. J'ai été à vrai dire horrifiée par les réactions abominables de ces gens face aux personnes de moins haute extraction ! Ne parlons même pas des pauvres, totalement inconnus des riches…
Bref, l'étrangleur, s'il fait partie du titre, n'est pas le plus important dans ce roman, du moins selon moi. L'auteure s'amuse davantage à reproduire les dialogues collet monté, et à insister de nombreuses fois sur la condition des femmes.
J'ai assez aimé ce roman, mais ai été contente de le refermer, car cette vie plan-plan est vite agaçante. Heureusement que l'étrangleur est là pour remuer un peu cette vie rigide et guindée.
Vais-je poursuivre l'exploration d'
Anne Perry ? Je n'en sais rien du tout…