C'est un hasard des chronologies de lecture mais ce roman est dans le même esprit que ceux de la collection "Pas de panique, c'est la vie !" bien que beaucoup plus conséquent en nombre de pages.
Tania raconte l'enfer que sa soeur, anorexique, fait vivre à son entourage familial : une mère au bout du rouleau, un père remarié que sa fille manipule dans l'espoir de réconcilier ses parents et Tania qui ne trouve aucune place ou vivre à part à l'école.
J'ai trouvé intéressant d'aborder cet aspect de la maladie du point de vue relationnel avec cette notion de "chantage" affectif que le malade semble exercer sur ses proches pour attirer leur attention.
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Quand Cécile va mal, elle appelle maman, papa ou mes grands-parents. Elle m'a lancé quelques S.O.S., mais je n'ai pas cédé. Même si je suis heureuse, comblée par une existence que j'ai choisie, je pense que je me dois avant tout à ceux que j'aime, et je ne veux pas risquer de compromettre notre équilibre, mon équilibre. peut-être la sagesse, la maturité sont-elles acquises quand on prend conscience de sa fragilité ? (p.194)
- Coupable, pas forcément. Différente, à coup sûr. Parce que tu as vécu - et tu vivras encore, ce n'est jamais complètement fini - une expérience qui n'est pas partageable, pas communicable... Il faut avoir vécu avec une personne souffrant d'une maladie mentale pour comprendre l'enfer que ça représente... (p.189)
Chez maman, sous prétexte qu'aucun sujet n'est tabou, j'étais noyée sous les mots, les phrases, les explications, les justifications...
Surtout depuis que Cécile était malade et fréquentait les psychiatres. Rien n'était laissé en suspens ou dans l'ombre, ou inachevé. Comme un champ qu'on aurait labouré et labouré encore. Évidemment, cette diarrhée verbale ne résolvait rien. Il y avait beaucoup de non-dit sous le trop-dit. Mais je me sentais soûlée, agressée, violée presque par ce flot de paroles soi-disant "assumées". (p.70)
Il devrait y avoir des vocabulaires différents, un pour chaque type de personne.
Utiliser les mots de maman - anorexie mentale, culpabilité, refoulement, jalousie, autodestruction - c'était comme avaler les médicaments de Cécile : entrer dans la toile d'araignée. Et à défaut de pouvoir en sortir, s'y créer une petite place à soi. Pire : feindre de s'y sentir bien. Ce qu'avait fait maman. (p.122)
Le sourire victorieux de Cécile me donnait envie de mordre. Tout était faux, truqué, et surtout la maladie de ma sœur. Une drôle de maladie qui guérissait du jour au lendemain. Du chantage, oui…
Un chantage dont on m’avait rendue complice, malgré moi, en ajoutant, pour faire bon poids, une menace de mort. (p.38)