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sur 117 notes
Ils sont partis un lundi matin, sur un coup de tête, sans en avoir discuté au préalable. Zéro préméditation. Tony a compté jusqu'à trois et s'est élancé. Antoine l'a suivi. En baskets et survêtement, rien dans les poches. Ils ont quitté la cité en courant en ne se sont pas arrêtés. Ils ont couru du matin au soir, couvrant près de 400 kilomètres en cinq jours. Ils ont chapardé leur nourriture dans les supérettes, ont couché dans des maisons de vacances à l'abandon. Ils ont pris la clé des champs sur un coup de tête, l'un fuyant ce père qui le frappe et l'autre refusant de quitter la France pour l'Ukraine suite à un arrêté d'expulsion.

Un magnifique roman, ode à la liberté, fuite nécessaire pour profiter d'un présent faisant fi du passé et de l'avenir. Une course de fond motivée par la tristesse et la colère, loin d'une quelconque recherche de performance. « La course, on l'a gagnée tous les deux, ensemble, on ne saura pas lequel court le plus vite, et on ne veut pas le savoir, puisque l'on courait l'un avec l'autre, en équipe. »

Dans la tête d'Antoine, le lecteur partage la fatigue, la peur, la douleur physique, la soif, la faim, l'entraide, les silences, le danger permanent. Il partage aussi cette incroyable sensation de lâcher prise, ce champ des possibles où l'utopie prend forme à chaque mètre parcouru.

Le texte est aérien, il respire au rythme des foulées, allie réalisme et poésie dans une langue puissante et délicate. Magnifique, vraiment.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Un très beau roman sur adolescence, le besoin de partir loin, tout plaquer comme ça. Parce que c'est possible et ils le font. Bien sur cette fuite aura une fin mais quel parcours sur le bitume et dans les esprits.
La fin peur paraître mièvre, mais j'aimé, séduite par la fait que nos deux jeunes en fasse quelques chose, que ce ne soit pas pour rien.
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Antoine et Tony courent ensemble, un défi comme s'en lancent les ados pour voir qui va le plus vite. Mais ils ne s'arrêtent pas : ils courent pendant plusieurs jours, en direction de la mer, éliminant les toxines ou plutôt les angoisses. N'ayant rien préparé, ils s'arrêtent et volent dans les épiceries, leur course décourageant une poursuite pour quelques tranches de jambon et une bouteille d'eau. La nuit, ils s'arrêtent dans des maisons de villégiature laissées vides hors-saison. Conscients d'enfreindre les règles, ces pauses leur sont cependant nécessaires. Et puis la course fait réfléchir : Antoine nous raconte des bribes de vie, des souvenirs, surtout son père qui le frappe et sa mère qui sort de la pièce à ce moment. Il nous raconte Tony, qui a quitté l'Ukraine mais dont les parents viennent de recevoir l'OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français).
Et la course devient une façon de braver la peur .
On comprend alors que cette course de plusieurs jours devient un exutoire, pas une fuite mais une prise de conscience de la vie et de son corps qui vit, qui souffre au présent.
Et c'est superbe. On court avec eux, on sent les muscles des jambes, le cœur qui se régule.
S'il se termine par une note citoyenne puisque Tony et Antoine se rendent dans un grand journal régional et donnent un sens à une course qui n'en avait aucun à l'origine, ce roman n'est pas didactique.
Lien : http://livrelibre.blog.lemon..
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Un roman qui se lit comme la course de nos deux jeunes héros : sans s'arrêter, sans jamais perdre haleine. Raconté par Antoine, l'histoire débute comme la simple évocation d'une amitié. Une amitié qui lie ces deux garçons aux prénoms similaires pas seulement à cause de ça mais aussi car ils ont tous les deux quelque chose qui leur pèse. Un avis d'expulsion pour Tony, dont la famille ukrainienne va devoir quitter le territoire français, un père à la main lourde pour Antoine. Sont-ce là les raisons qui les ont poussés à se mettre à courir, un jour, comme ça ? Pour Antoine, ces raisons intimes sont venues plus tard. Au début, il ne s'agissait que d'un jeu, de quelque chose qui n'était pas prémédité. Et puis, en courant, les raisons sont apparues, les pensées ont eu le temps de se frayer un chemin dans l'esprit du jeune homme.

Aussi loin que possible pourrait être le slogan d'Antoine et Tony dans cette course qui paraît d'abord comme une fugue pour leurs familles avant d'être médiatisée et vue par la presse comme la volonté d'agir sur ce qui ne va pas dans leur vie ou, du moins, dans celle de Tony et de l'éviction de sa famille. Une course qui devient alors politique et sociale quand elle n'a commencé que par un défi entre amis. C'est sans doute là toute la beauté de ce texte qui, avec beaucoup de finesse, nous fait entrer dans les réflexions d'un garçon de 13 ou 14 ans qui, au fil de son odyssée, développe une analyse de son environnement, des gens qu'il croise, de notre société consumériste. Ce n'est pas le coeur du roman, mais j'ai trouvé les réflexions d'Antoine belles et pertinentes, l'écriture d'Eric Pessan est vraiment remarquable.
Aussi loin que possible est un roman sans doute singulier mais qui fait avant tout la part belle à une grande amitié entre deux adolescents et porte en lui un beau message d'encouragement et d'espoir.
Lien : http://bobetjeanmichel.com/2..
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Un roman qui se traverse comme courent les deux héros : sans pouvoir s'arrêter.
Pas vraiment d'intrigue pourtant, seulement ces garçons qui courent - qui fuient ? - et nous happent dans leur élan. Et cette question lancinante : pourquoi ? Eux-mêmes ne trouveront un but à leur départ spontané qu'en fin du parcours. Une course effrénée nourrie d'images récurrentes : le visage furieux d'un père qui aime passer ses nerfs sur son fils, et une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) qui te conduit directement avec tes parents dans un avion. "On partage ça avec Tony : la peur".

Mais peu importe la destination, seul le voyage compte. Ce marathon-road movie, raconté du point de vue d'Antoine, est avant tout l'occasion d'observer autour de soi "ce monde délavé et fade que je traverse avec prudence". La cité où il habite, la zone commerciale, les traces de la pollution humaine, les lotissements avec "ces maisons qui se veulent toutes différentes et qui finissent par se ressembler", tout est prétexte à analyse. Antoine précise d'ailleurs que "si la cité avait été construite à côté d'une forêt, nous aurions cessé de courir pour nous promener en respirant le grand air et en contemplant la beauté des arbres. Là, encerclés par les magasins, rien ne pouvait nous donner envie de stopper. La laideur, parfois, on ne la supporte plus."

Les moments où les adolescents courent en pleine nature sont uniques mais trop brefs. Pourtant "le ciel décrasse les idées noires", l'océan fait oublier la peur, les cris, les engueulades, on ne pense à rien d'autre qu'au moment présent, savourant les sensations de la course dans son corps : "Respirer est un cadeau. (...) Je me sens terriblement vivant". Par opposition, Antoine est surpris de croiser sur son chemin autant de gens qui "portent en eux des fureurs immenses, venues d'on ne sait où, prêtes à exploser au moindre prétexte"... Les lieux, les individus : autant de prétextes pour méditer sur le fonctionnement de notre société et sur ses propres choix de vie.

Dès lors, à l'issue de plusieurs jours de cette course réflexive, une décision s'imposera naturellement aux deux garçons : agir pour changer ce qui ne va pas dans la leur. L'issue de l'histoire est un peu trop "happy end" pour être réaliste, mais a le mérite d'encourager l'action plutôt que la soumission, la prise de décision plutôt que la frustration.
Un roman d'initiation singulier, qui encourage à aborder la vie comme on entame une course : avec le désir d'aller "aussi loin que possible".
Lien : http://www.takalirsa.fr/auss..
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