Jésus

Il faut oser écrire une vie de Jésus. 
La difficulté est considérable et l'écueil permanent. L'auteur a l'obligation de se situer. Est-il historien auquel cas, il ne doit s'en tenir qu'aux faits les plus avérés, est-il chrétien et exégète avant de se voir historien et la tendance à vouloir croire ou tout expliquer prend vite le dessus.


Le livre porte le bandeau « Le Jésus de l'Histoire »…

Qu'apporte Jean-Christian Petitfils au corpus massif de biographies du Christ ?

Le livre est le dernier en date, il a pour lui les dernières découvertes archéologiques et elles sont passionnantes. Impossible aujourd'hui de nier par exemple l'existence de Nazareth comme le fit Robert Ambelain. Il suit parfaitement l'itinéraire de Jésus et de ses disciples, décrit arrestation et procès avec vraisemblance. Mais la crucifixion s'appuie sur les reliques du Saint Suaire et de la tunique sans considérer que ce pourrait être des faux. Tout ici est dépeint en détails alors que l'on sait que personne justement ne sait comment se passait exactement ce supplice.
Il reprend par exemple la thèse de Pierre Barbet sur l'implantation des clous dans les poignets et non les mains mais se gardent bien de dire que tous les stigmatisés présentent des trous…aux mains.
Jean-Christian Petitfils cite aussi Max Frei dont l'étude sur les pollens du suaire s'est avérée douteuse, veut que le Mandelyon d'Edesse soit le suaire plié...

Mais là où cela commence à poser problème, est lorsqu'il distord les textes. L'évangile de Jean décrit les linges mortuaires au sol du sépulcre (écrit pourtant deux fois), Petitfils les dit intacts et en place sur la banquette comme vidés du corps par l'intérieur !! Il est aisé de choisir sa traduction du grec.
L'évangile de Jean, ayant pourtant la préférence de l'auteur, ne met pas en place le partage du pain et du vin de la cène, Petitfils ne tente même pas de comprendre pourquoi !

La partie « annexes » est pire encore car cette fois il tire l'histoire pour la faire coller aux textes. L'étoile des rois mages devient une conjonction, les rois mages eux-mêmes sont juifs de la Diaspora et revoilà, le saint suaire déclaré véritable linge mortuaire du supplicié.

On doit reconnaître des facultés de synthèse et de conteur à Jean-Christian Petifils pour un ouvrage qui a l'avantage de faire le point sur les dernières recherches et leur part de remises en causes mais on peut déplorer aussi des prises de positions, avancées comme des évidences ou des certitudes et qui sont bien loin d'en être.