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4,3

sur 2950 notes
Vous avez aimé La Daronne d' Hannelore Cayre? Vous adorerez Mamie Luger, de Benoît Philippon, son aïeule littéraire. Qui a fait beaucoup, elle auusi, pour l'émancipation féminine, même si elle n'y va pas avec le dos de la cuiller ou la crosse de son Luger !

Faut pas creuser beaucoup -et je pèse mes mots !- pour lui reconnaître, malgré ses 102 printemps, une efficacité largement supérieure aux George Sand, Simone de Beauvoir, Annie Leclerc et autres suffragettes de la plume, même vitriolée.

le blam blam !du Luger supporte rarement la réplique...

Berthe Gavignol, une Cantaloue , (quasiment une voisine !), m'a conquise par son naturel désarmant, son a(petit)plomb sidérant, sa réactivité fulgurante.

En voilà une qui ne mâche pas ses mots, qui appelle un(e) chat(te) un(e) chat(te)... et pour qui la vengeance est un plat qui se mange chaud bouillant !

Résumons : pour sauver deux Bonnie and Clyde en cavale, Berthe Gavignol tire assez abondamment sur les forces de l'ordre et continue à faire diversion, telle une Sheherazade en kalash, en racontant aux flics médusés sa carrière de seriale killeuse, preuves excavées à l'appui.

Comme elle n' est pas de la première jeunesse et qu'il y en a beaucoup des... preuves, elle gagne du temps, s'acquiert l'indulgence à peine masquée du commissaire Ventura (andré, pas Lino !) et très vite nous met dans sa poché où traînent toujours, sale manie de Mamie, quelques cartouches, au cas où...

J'ai beaucoup ri devant l' outrance assumée, j'ai bien aimé la pertinence des analyses cachée derrière cette justice expéditive et été emue par les dernières pages où la Veuve Noire fend enfin l'armure et pleure au son de Strange Fruit chanté par Nina Simone...

Comme quoi, on peut aimer la poésie délicatement féminine d'Ile Eniger et les tribulations trashissimes de Mamie Luger...
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Disparition de K.E, son mari est passé aux aveux , (il y a 3 jours). "Femme tuée à Amiens : son ex-conjoint, suspecté de l'avoir tuée, retrouvé mort" ...
Femmes tuées, violences conjugales, disparitions, il ne se passe pas une semaine sans que l'actualité soit marquée par un fait de violence sur des femmes.
Pourquoi je commence ma critique ainsi?
Le roman de Benoît Philippon pourrait, du fait de l'illustration qui pare sa couverture, du titre au ton légèrement comicoracoleur, induire un certain nombre d'entre vous en erreur sur la légèreté d'un récit qui aborde des faits d'une actualité malheureusement trop brûlante (et je ne parle pas de la chaleur de ce mois de juin!)
Certes, on y trouve de nombreuses tirades dignes des répliques qui illustrent les Tontons flingueurs "Déjà qu'arrêter une petite vieille aux aurores, c'est pas bien courtois, mais rentrer chez elle avec leurs godillots crottés, ils manquent sèrieusement d'bonnes manières, vos trouffions.". D'ailleurs, le titre de "Mamie lüger" nous fait furieusement penser à Fernand et aux frères Volfoni, il y a même une référence au vitriol fabriqué avec l'alambic de la grand-mère de Berthe, Nana "Lassée de louer le sous-sol de ses jupons, Nana a préféré mettre en branle son savoir-faire mécanique et tenir commerce dans la cave de sa maison"

Bref, c'est un roman dans lequel on s"amuse bien, on rigole en lisant les frasques de la mémé centenaire et de son arsenal militaire.
Mais le propos a une bien autre profondeur lorsque Berthe se confie à l'inspecteur Ventura, (encore un petit clin d'oeil au film) et lui retrace sa longue vie pas toujours heureuse : Gamine, déjà, elle est molestée par des petits loulous qui menacent de la violenter. Jeune fille elle sera violée, , jeune mariée, elle deviendra vite femme battue, et connaîtra le sort des femmes agressées par des hommes sans aucun scrupule pendant toute une partie de sa vie.
"En 1952, asservir une femme n'avait rien d'un crime. On appelai ça une femme au foyer"

Mais Berthe est bien trop libre et va tout faire pour échapper à ces carcans du patriarcat.
Alors, elle connaîtra le sort de celles qui se voulaient un peu trop indépendantes pour l'époque et qui recherchaient un peu plus que les quelques droits aquis après la deuxième guerre mondiale.
Elle sera traitée de pute par certains, de sorcière par d'autres.

Heureusement, Berthe n'est pas que jolie, elle a du tempérament et très rapidement, grâce à sa curiosité , va apprendre et très vite se familiariser avec les écrits de Simone de Beauvoir. Bref, Berthe est une féministe dans l'âme et c'est souvent ce qui va la sauver dans le courant d'une existence dont les rapports avec les hommes sont très souvent tendus.
Heureusement, il y aura l'intermède Luther, qui lui apportera le véritable amour.

Je n'en dirai pas plus car je préfère, après ces quelques phrases de présentation, vous laisser découvrir une héroïne que vous allez apprendre à connaître hors de sa vieille peau de mamie tueuse et que vous aller aimer.

C'est très bien écrit, avec beaucoup d'humour, ça je l'ai déjà dit mais aussi, avec une certaine poésie, et qui va vous tenir en haleine jusqu'au bout, jusqu'au bout!

Je n'hésiterai pas à le dire, pour moi, la beauté de Berthe, je suis tombé sous son charme, c'est un sacré coup de coeur!

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Mamie Luger canarde la police en les traitants de voleurs gitans. C'est qu'elle a un grand âge !! Après avoir semée la zizanie elle est arrêtée et interrogée au commissariat... Où elle avouera de nombreux meurtres... Ceux de ses amants, principalement. Qu'ils soient nazis, alcooliques ou juste salops...
C'est assez dépaysant que le récit porte sur une très vieille dame !! Vous n'êtes pas aux bouts de vos surprises...
Lien : https://www.instagram.com/ch..
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Je dois vous faire un aveu : quand j'ai lu la quatrième de couverture, je me suis dit que ma lecture risquait d'être laborieuse car j'ai parfois un peu de mal avec le côté « décalé » dans les polars et romans noirs. Mais vu que je me suis engagée à remplir ma mission de jurée pour cette nouvelle édition du Prix des Lecteurs, je me devais d'y plonger.

J'ai donc commencé ma lecture, un peu sceptique. Puis les pages ont commencé à défiler sans que je m'en rende vraiment compte. Et alors là, finalement et compte toute attente, je l'ai totalement adoré!!! Pourquoi? Plein de raisons en fait.

Tout d'abord, ce personnage de Berthe, la mamie centenaire meurtrière est savoureux à souhait. Piquante mais ô combien attachante, je l'ai trouvée parfois cynique mais surtout tellement vraie.

Ensuite, c'est absolument bien écrit. Je ne peux – pour moi – y trouver un défaut. le style d'écriture est abouti et sans fioritures, chaque page ayant son importance. On alterne le récit de cette garde à vue sans commune mesure menée par l'inspecteur Ventura avec l'histoire personnelle de Berthe, parfois drôle mais tellement touchante. Elle nous conte le fil de sa vie et comment elle est devenue, par la force des choses, une serial-killeuse.

Même si ça prête parfois à sourire, le livre ne tombe pas dans le cliché du loufoque. Émotionnellement, on passe par tous les sentiments et on se met à s'attacher grandement à cette mamie hors du commun qui n'a pas sa langue dans la poche. Malgré cela, on reste en plein roman policier, c'est indéniable.

Voilà longtemps qu'un livre ne m'avait pas autant surprise, par ses nombreuses qualités et par son originalité. J'ai eu des difficultés à terminer les dernières pages (même si je voulais connaître le final) et à y laisser Berthe. Comme quoi, c'est l'exemple par excellence qu'il ne faut pas rester sur des a-priori qui finalement s'avèrent totalement erronés.

Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs 2020 du Livre de Poche, sélection « polar » en lice pour le mois d'avril (en raison du confinement, nos lectures, membres du jury, ont été un peu bouleversées dans le temps; c'est pourquoi j'ai jusqu'à fin juin pour voter dans le cadre de cette sélection mensuelle).
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Au pays de mamie Luger, on s'amuse, on pleure, on rit ; comme Candy, elle est espiègle, nature et un peu fofolle.
Derrière cette apparence bohème, nous avons affaire à une centenaire, qui a vécu bien des horreurs, qui va se retrouver en garde à vue et qui va devoir se raconter.
Il s'agit alors de violences conjugales, de mauvais choix d'époux (c'est peu de le dire...), de racisme, d'intolérance, de lutte des classes, d'abus sexuel, de vengeances et du peu d'amour d'une mère.
Il est aussi question de féminisme, de courage, de l'amour d'une grand-mère, de solidarité, d'anticonformisme, de tolérance et du grand amour.
Le style est précis et rythmè. Les dialogues sont cyniques et croustillants.
C'est émouvant, drôle et profond.
Foncez faire connaissance de Berthe.
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Berthe 102 ans, est en garde à vue après avoir canardé les flics. La raison officielle : elle pensait avoir affaire à des voleurs qui en voulait à sa 4L presque aussi vieille qu'elle.
Cette garde à vue vise à faire diversion. Mais elle va être aussi l'occasion pour elle d'une confession.
Berthe va faire le récit de sa vie, expliquer pourquoi elle a dû recourir à la force plus souvent qu'à son tour pour faire valoir ses droits.
Aux phases d'aveux s'intercalent les entretiens avec l'inspecteur Ventura. C'est cette rencontre improbable qui m'a le plus séduit. Les dialogues entre les deux personnages sont souvent désopilants.
Certes les récits successifs sont un peu répétitifs par leur format mais ils ont le mérite de montrer tout un panel de situations matrimoniales difficilement acceptables. La révolte, les révoltes de Berthe sont très contemporaines et la vieille femme tour à tour insupportable, touchante, provocatrice, sa gouille, ses réparties incisives sont tout simplement irrésistibles.

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Génial!! Cette tatie Danielle - dexter est une tuerie. Au delà du côté burlesque de la mamie tueuse, ce livre est un bijou, une leçon de féminisme avant l'heure et d'émancipation . Sacrée Berthe, ce personnage me restera en mémoire un moment. Inoubliable !
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« Mais j'ai vu, autour de moi, les femmes se briser une par une. Que ça se fasse dans la dignité du silence ne nous aura pas avancées. »
De prime abord, difficile de trouver plus éloignés l'un de l'autre que « Cher connard » de Virginie Despentes, dont est issue la citation ci-dessus, et « Mamie Luger ». Qu'auraient de commun Rebecca et Zoé Katana, les deux héroïnes du roman de la première, avec Berthe Gavignol, la mamie impayable du second ?

« Mamie Luger » s'ouvre sur une fusillade carabinée de Berthe Gavignol, 102 ans et pas toutes ses dents, contre la police qui vient l'arrêter, après qu'elle a truffé le derrière de son voisin de quelques balles bien senties. Ce qui la mènera en garde à vue, où elle sera sommée de s'expliquer par André Ventura, inspecteur de son état. Celui-ci assistera ainsi, entre agacement et tendresse pour cette mamie rebelle et plus que rock'n'roll, à l'interrogatoire le plus extraordinaire de sa carrière : « […] il n'aura très probablement plus jamais d'affaire aussi spectaculaire que celle de Berthe. L'interrogatoire d'une vie. Ceux qui suivront lui paraîtront bien ordinaires en comparaison. »

Car Berthe Gavignol, c'est quelque chose ! Grande gueule, d'un bagout incroyable, d'un avant-gardisme qu'elle ne cessera de payer toute sa vie dans sa campagne auvergnate bien-pensante, elle ne se laisse pas démonter et raconte ainsi sa vie par le menu, illustrant bien pourquoi la rumeur lui donnait le surnom de « Veuve noire » : en effet, cinq maris, cinq disparitions, ça laisse songeur. C'est que Berthe, malgré sa liberté de penser et son envie irrépressible de vivre, a bien mal su choisir ses maris, tout en sachant en revanche bien s'en débarrasser. Pour aussitôt replonger dans un nouveau mariage sur un coup de tête. J'avoue avoir été déroutée sinon agacée par cette femme si indépendante, si déterminée à penser par elle-même, retomber sans réfléchir dans le même piège marital.

Mais ce procédé répétitif auquel on peut reprocher un certain manque de subtilité, a le mérite de mettre en avant le féminisme de Berthe, exacerbé par les violences qu'elle a subies (et c'est là que le trait d'union avec Despentes se fait) et la rage pure qu'elle ressent envers les hommes, plus largement envers un système patriarcal qui domine les femmes et les détruit, aidé en cela par une justice défaillante :
« - T'es pas assez con pour m'dire que la vie est juste, le provoque la vieille.
- Non effectivement, je ne vais pas vous dire cette connerie.
- Par contre la loi, t'y crois ?
- Ca fait trente ans que je la défends, et oui, j'y crois.
- Et t'étais où quand y fallait m'défendre, moi ?
- […] Je n'étais pas né.
- Fais pas l'malin. Toi, ou un autre, derrière vot' Code civil, y en a pas eu un pour réagir. Ces meurtres à p'tit feu, y comptent pas pour des assassinats. Un mari qui vous bat, qui vous torture, qui vous détruit, il est pas puni par la loi…
- S'il y a des preuves, si.
- Tu peux me montrer des blessures qui s'voient pas, toi ? La justice et la loi font pas meilleur ménage qu'un mariage arrangé. »

Une femme a-t-elle ainsi d'autres moyens de se défendre qu'en se mettant au niveau de la violence masculine, surtout quand elle sait qu'elle n'obtiendra rien de la justice ? Berthe a choisi, et le sang a ainsi accompagné cette vie pleine d'épreuves.

« Mamie Luger » est donc un récit plein de rebondissements dignes d'un grand huit et de changements de ton. Les premières pages sont très drôles, avec ce ton potache et enlevé, pour progressivement passer à un registre plus sombre, voire triste quand Berthe raconte sa vie marquée par les hommes qui ont traversé sa vie, pour le meilleur et surtout le pire. On rit, on pleure, on réfléchit, dans le tourbillon de cette Berthe qui n'est jamais là où on l'attend, elle qui a toujours un jeu d'avance. Inoubliable et impayable, cette mamie.
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Berthe, dite Mamie Luger, dite la Veuve Noire, affiche cent deux printemps au compteur certes, mais elle a toujours toute sa tête et pleins de souvenirs qu'elle va partager, contrainte et forcée, avec l'inspecteur Ventura.
C'est une féministe avant l'heure qui a toujours refusé d'être dominée par les hommes, quels qu'ils soient.
Elle me fait penser à la Maria des Bodins, aussi acrimonieuse, aussi agressive, avec son franc-parler, son mordant et son humour.
Un moment de pure rigolade à ne pas rater.
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Un roman hilarant avec pourtant un sujet qui ne s'y prête pas vraiment, mais ne peut-on rire de tout ? Je ne suis pas adepte de ce genre de roman en général mais mon frère m'avait conseillé de le lire en me disant que ça lui rappelait les San Antonio de son enfance (un style auquel je ne comprenais pas grand chose...). Eh bien si c'est dans la même veine, je vais peut-être me lancer après tout ?
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