Keri essaya de pousser sur ses bras pour se redresser, mais Ray l’arrêta, posa doucement une main sur son épaule et secoua la tête.
— Prends un peu de temps. Tu as l’air encore un peu fragile.
— Je me suis évanouie combien de temps ? croassa Keri.
— Pas tout à fait une minute.
— Pourquoi je me suis évanouie ?
Les yeux de Ray s’agrandirent. Il ouvrit la bouche pour répondre mais s’arrêta, clairement confus.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Tu ne te souviens pas ? demanda-t-il, incrédule.
Keri secoua la tête. Elle crut entendre un bourdonnement dans ses oreilles mais elle réalisa ensuite qu’il s’agissait d’une autre voix. Elle jeta un coup d’œil sur la table basse et y vit son téléphone. Il était allumé et quelqu’un parlait.
— Qui est au téléphone ?
— Oh, tu l’as laissé tomber quand tu t’es évanouie et je l’ai posé là le temps que je te réanime.
— Qui est-ce ? redemanda Keri qui avait remarqué qu’il avait évité sa question.
— C’est Susan, dit-il à contrecœur. Susan Granger.
Susan Granger était une prostituée de quinze ans que Keri avait sauvée de son proxénète l’année dernière et qui l’avait fait placer dans une maison d’accueil pour filles. Depuis, elles étaient devenues proches, Keri jouait en quelque sorte le rôle de mentor pour la jeune fille blessée mais pleine d’entrain.