Chère toi que je ne connais pas

Certains lecteurs pourraient s'agacer de voir là encore un moyen de traiter d'un sujet controversé.

Et si l'on en parlait autrement, et si l'on se mettait à hauteur des jeunes lecteurs pour voir les choses sous un autre biais et s'en tenir à l'essentiel.



Asseyons-nous dans l'herbe, là où la petite héroïne prévoit d'installer son goûter pour son invitée surprise, si elle accepte.



Sa nouvelle invitée aura droit à son invitation, bien qu'elle ne partage pas la même langue.

L'héroïne pense qu'il est possible de partager bien d'autres choses quand on a le même âge.

En lisant, nous en sommes convaincus.



Imaginez cette nouvelle élève introduite par la maîtresse, dans son coin de cour d'école, recevant UNE INVITATION?!

Dans un coeur de petite fille, ça doit tournebouler, d'excitation, parce qu'on aime les goûters, ça doit chauffer les joues de craintes de se montrer gauche peut-être, de manquer de repères.

Acceptera t-elle?



La petite héroïne sortira le grand jeu de l'organisation, en cas de beau temps ou de douche pluvieuse.

"Chère toi que je ne connais pas", rien ne vendra gâcher cette journée.

La petite héroïne nous projettera dans ce que l'on peut attendre d'une nouvelle amie, des rires, des confidences de toutes sortes, partager le thé et les gâteaux.

Par là, nous reviendrons forcément au sujet que certains lecteurs auraient préféré contourner, mais la dimension enfantine qu'use l'auteure Isabel Pin nous amène à une perception plus contenue et agréable, à hauteur des lecteurs cibles, mais qui dit les choses.

Ce sont des choses qui arrivent.



En fermant l'album, nous nous disons que cette nouvelle future amie à bien de la chance, parce que nous, lecteurs, avons eu le sentiment d'y être bien accueilli dans cette histoire.

Le véritable sujet, ce sont les nouvelles rencontres de l'enfance.

Chère toi,
Je t'invite samedi après-midi
à quatre heures,
pour un goûter chez moi.
On ne se connaît pas,
mais la maîtresse dit
que tu viens d'un autre pays... Ainsi commence cette ode à la tolérance, à l'ouverture aux autres, au partage, au respect.
À travers les mots d'une petite écolière pour une nouvelle élève fraîchement arrivée d'un pays étranger, on découvre le sort des réfugiés.

L'invitation est douce, honnête, empreinte d'une respectueuse curiosité pour l'autre que l'on ne connaît pas...encore. Ce livre bienveillant évoque les conflits, le trajet douloureux vers des horizons plus sereins. Sans aucun préjugé, l'émettrice de cette invitation, se rejouit de rencontrer et d'en apprendre davantage sur cette nouvelle venue, de découvrir quelle était sa vie et quel est le langage qu'elle utilise.

J'ai trouvé le texte touchant limite poétique. Il traite d'un sujet difficile avec toute la douceur et la gentillesse innée des petits. Peu importe où tu es né et à quoi tu ressemble, j'ai envie de te connaître. Quelle leçon!
Cet album est une porte ouverte pour aborder la difficile question de l'immigration. Arthur est encore un peu jeune mais la tolérance fait vraiment partie de mes valeurs et l'ouvrage m'a permis d'aborder ce thème avec lui. Dans notre campagne, nous avons peu de diversité et j'estime important de la lui enseigner.

Les illustrations ne sont pas fabuleuses, des dessins un peu brouillon comme ceux d'un enfant (plus doué que moi quand même) mais elles s'accordent bien avec le texte qui est si fort.
La lecture est conseillée vers 6 ans mais à 4ans et demi Arthur a bien aimé l'ouvrage et en a compris le message et les valeurs.
Et vous quels sont les livres qui traitent de vos valeurs?

Texte court et percutant. On sent en même temps la distance et la familiarité que l'auteur de cette lettre met à l'attention de sa correspondante. Belle invitation au dialogue