AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,39

sur 60 notes
5
6 avis
4
13 avis
3
7 avis
2
7 avis
1
0 avis
Je remercie les éditions Cherche Midi ainsi que Babelio pour leur confiance.

« D'innombrables soleils » est le quatrième roman d'Emmanuelle Pirotte (après « Today we live », « de profundis » et « Loup et les hommes »). L'auteure nous plonge dans l'Angleterre élisabéthaine, à la fin du mois de mai 1593, pour nous parler du poète et dramaturge célèbre : Christopher Marlowe. Ce dernier est mort « officiellement » le 30 mai 1593, mais les circonstances nimbées de mystère de son décès, laissent à penser que Marlowe a pu survivre à son agression et s'enfuir. C'est la théorie de certains historiens et le point de départ du récit envoûtant et enfiévré d'Emmanuelle Pirotte. Christopher Marlowe était le dramaturge, le poète, le plus connu après Shakespeare et surtout l'un des pères fondateurs du drame élisabéthain. le récit débute donc ainsi, Christopher Marlowe est recueilli par son ami Walter dans son manoir. Walter a été l'amant de Christopher, il l'aime encore mais c'était sans compter sur les affres de la passion et de la rencontre avec Jane, l'épouse de son ami et hôte. La passion tumultueuse, entre ces deux êtres perclus de désirs, naît telles des braises incandescentes déclenchant un immense incendie de forêt. Dans ce manoir, sous les yeux d'un Walter désemparé, Christopher et Jane sombrent et franchissent les frontières de la folie pour assouvir leur insatiable soif d'amour. Tourmenté et tempétueux, Christopher a l'insolence d'une jeunesse pas si lointaine, lui qui se sent déjà toucher du doigt les portes de la mort et de l'enfer pour le simple fait d'être homosexuel. Jane quant à elle, s'est perdue dans un mariage où elle erre, âme en peine, femme délaissée d'un époux encore sous le coup de ses désirs homosexuels inassouvis. C'est un roman sur la part qui manque à chacun d'entre nous et que l'on pense retrouver chez l'astre aimé. Plongée vertigineuse dans une Angleterre élisabéthaine pleine d'hypocrisie quand à la question sexuelle, le roman d'Emmanuelle Pirotte est brûlant et nous de suivre l'immolation sur le bûcher des amants de Jane et Christopher, deux être perdus au delà des conventions de leur époque. L'écriture d'Emmanuelle Pirotte est toujours aussi sensible et belle, charnelle et insolente. On s'immisce dans les arcanes de la création intellectuelle d'un homme de lettre surdoué qui souhaite chasser les pestilences et les mensonges d'une société, d'une époque. Poétique et cédant aux douces incantations de l'union des amants transfigurés par le sexe, la fusion des corps et des esprits, il émane également de ce roman un parfum de mélancolie et de spleen qui font partie intégrantes des histoires d'amour tragiques. Comme si les amours se fanaient telles ces fleurs gorgées de soleil et de couleurs qui pourtant connaîtront la consomption et le pourrissement. Roman incarné où la chair est célébrée sur l'autel des amants, c'est avec un immense plaisir que j'ai lu « »D'innombrables soleils » d'Emmanuelle Pirotte. Une auteure qui décidément n'a pas fini de nous surprendre et de nous envoûter. Je vous invite donc à découvrir son quatrième roman. Une réussite.
Lien : https://thedude524.com/2019/..
Commenter  J’apprécie          389
Un grand merci à Masse critique Babelio et les éditions Cherche midi pour l'envoie de ce roman remarquable.
Une écriture unique qui nous porte à la fois avec douceur et ardeur au sein de ce couple atypique. Au delà de l'histoire de ce poète que je ne connaissais nullement, on retient surtout cet amour particulier, que l'auteure a su si bien décrire en gardant les codes de l'époque, beaucoup de poésie, et de sensualité.
Même si le personnage n'est pas très attachant, on reste aux côté de Jane pour la voir s'épanouir d'un amour fulgurant hésitant trop longtemps, pour s'évader à jamais.
C'est intense, puissant et très poétique.
J'ai mis du temps à le lire pour mieux apprécier cette plume remarquable qui n'est pas donnée à tout le monde, qu'on ne croise que trop rarement.
C'est un pur plaisir de lecture.
Je recommande vivement ce roman si vous aimez les belles plumes, les histoires atypiques, la poésie.
Commenter  J’apprécie          370
Comment parler de ce livre sans le réduire à une partie seulement de ce qu'il est ?

Disons d'abord que c'est l'occasion de découvrir – peut-être, pour certains, de redécouvrir – ce personnage hors norme et profondément mystérieux. Issu d'une petite bourgeoisie – son père était cordonnier à Canterbury -, il entre tardivement à la King's school, avant d'obtenir l'une des trois bourses offertes par l'archevêque Matthew Parker, grâce à laquelle il peut entrer au Corpus Christi College de l'Université de Cambridge. On sait qu'il n'y est guère assidu, mais on ignore à quoi il passe son temps. Il obtient son Master of Arts en 1587 : alors que l'on hésite à lui donner son diplôme suite à des rumeurs – il se serait converti au catholicisme et aurait voulu s'inscrire au lycée anglais de Reims – une intervention du conseil privé de la reine, Élisabeth Iere, permet qu'il soit finalement diplômé. le courrier en question évoque l'idée que Christopher Marlowe aurait « agi par ordre et discrètement, rendant ainsi bon service à sa Majesté ». La formulation est suffisante pour donner à penser qu'il pourrait avoir mené des missions d'espionnage pour le compte du royaume.

Personnage mystérieux, donc, d'autant plus que les quelques épisodes de sa vie connus avec certitude le sont tout autant. On retrouve ainsi la trace d'une rixe dont il est l'un des acteurs, à l'occasion de laquelle un homme est tué. Marlowe est acquitté, et son ami Watson finalement considéré comme en situation de légitime défense. En 1592, il est arrêté à Flessingue pour tentative de contrefaçon d'argent. Bref, le personnage est éminemment sulfureux, jusque dans ses écrits, puisqu'il est régulièrement accusé de tenir des propos athées. Enfin, tout aussi compliqué dans l'Angleterre de l'époque, son homosexualité peut à tout moment lui valoir la pendaison…

Le personnage, on le voit, est éminemment romanesque. Et l'idée d'une passion dévorante avec Jane n'en est que plus crédible.

Mais tout cela ne serait rien sans la plume d'Emmanuelle Pirotte. Alors même qu'elle traque les corps, les sécrétions, les humeurs, on reste dans un moment de poésie, là où on aurait pu sombrer dans le sordide.

Cela fera-t-il cet effet là à tout le monde ? Peut-être pas. Peut-être certains resteront-ils à la lisière de cette poésie et ne se laisseront-ils pas embarquer dans cette histoire. Mais, en tout cas, avec moi, cela a fonctionné !

Je ne peux pas ne pas signaler également la façon dont l'auteure amène également des questionnements profondément actuels. Ainsi, quand les pensées de Christopher nous sont exposées et qu'elle écrit :

« Aimer un homme lui semble si simple à présent, sans risque, excepté celui de finir au bout d'une corde. La femme est le défi suprême de l'homme, elle est son ultime croisade, sa destinée, son impossible conquête, celle qui lui résistera encore lorsqu'il aura soumis les peuples, possédé toutes les terres immergées, les océans et les pôles, les bêtes et les fleuves, le ciel, les étoiles. Parce qu'il échouera à la comprendre et à l'aimer, l'homme n'aura de cesse de la soumettre et de l'humilier, jusqu'à la fin des monde. »

Ce livre, c'est enfin l'histoire de ce sentiment d'amour, de sa naissance à sa possible fin, entre deux êtres qui, tour à tour, se cherchent et se fuient, se protègent et s'abandonnent, se frottent et se blessent. Et tout cela est criant de vérité…

Lien : https://ogrimoire.com/2019/1..
Commenter  J’apprécie          340
Voilà une histoire d'amour que j'ai lu avec délice tant la langue, intense, charnelle m'a envoûtée et correspond parfaitement à l'époque. Christopher Marlow, contemporain de Shakespeare est déclaré mort après avoir été attaqué dans une taverne. Pour échapper à ses persécuteurs, il se réfugie chez un ami (et ancien amant) à la campagne. Dans cette maison isolée, il rencontre Jane, la maîtresse de maison, avec laquelle il va vivre une passion amoureuse et charnelle, malgré son peu d'appétence pour les femmes, sous les yeux de Walter, mari impuissant devant tant d'amour (et plutôt tolérant). Un roman intéressant qui aborde de nombreux sujets (l'homosexualité, la création littéraire, la condition féminine au XVIème siècle) avec beaucoup de verve. Je déplore juste quelques longueurs à la fin du roman et des personnages pour lesquels j'ai parfois manqué d'empathie. Malgré ces réserves, cela reste un très beau texte littéraire d'un auteur qui sait diversifier sa plume. Merci à Netgalley et à l'éditeur pour l'envoi de ce roman. #DinnombrablesSoleils #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          270
D'innombrables soleils c'est la vie romancée de l'auteur de nombreuses pièces de théâtre , poète , Christopher Marlowe , ayant vécu sous l'ère Élisabéthaine.
Emmanuelle Pirotte nous emmène dans une histoire d'amour sans avenir , une passion dévorante qui va tout emporter sur son passage .
Christopher Marlowe arrive gravement blessé chez un couple d'amis et l'inévitable se produit , la jeune femme de son ami ressent une attirance passionnée , passionnelle , irrésistible, ils deviennent amants et le monde autour d'eux n'existe plus .
Attirance d'autant plus forte , que le poète n'aime pas les femmes , il est homosexuel notoire même si c'est un grand crime à cette époque . Il va pourtant se rendre compte qu'il désire la femme de son ami , un désir dévorant qui le ronge , dont il a honte ayant une piètre opinion des femmes .
Triangle amoureux revisité car on découvre que le dramaturge a eu une liaison avec le maître de maison .
Mon avis , il s'agit d'un livre déroutant sur un personnage dont je n'avais jamais entendu parler , Christopher Marlowe a eu une vie aventureuse , scandaleuse , marquée d'épisodes mystérieux .
L'auteur nous transporte dans l'Angleterre de la grande reine Élisabeth , the Virgin Queen , décrit merveilleusement l'époque et surtout trouve les mots justes pour évoquer cette passion destructrice , elle nous dresse un portait de femme inoubliable, qui se bat pour être libre jusqu'au boutisme car elle va renoncer à la maternité au nom de cette liberté , qui osera vivre son amour interdit .
Elle va malgré tout se rendre compte que son époux est un allié , un rempart , un parapet qui me retient de tomber dans le précipice dira - t - elle .
Un livre très réussi sur la passion qui nous élève , nous fait sentir si vivants et qui nous fait si cruellement souffrir .
Commenter  J’apprécie          230
Angleterre. 1593. le dramaturge Christopher Marlowe se cache chez son ami et ancien amant Walter. Il y rencontre sa femme Jane. Dès qu'il pose les yeux sur elle, le trouble l'envahit. Pourtant Marlowe aime les hommes et pour lui la gente féminine n'est « qu'une espèce qui lui a inspiré jusqu'ici qu'un vague mépris , au mieux une indifférence bienveillante ». Qu'il y a-t-il donc chez cette femme qui l'attire autant?

Mai 1593 Christopher Marlowe , 29 ans, connaît une fin tragique. le dramaturge notamment connu pour son Dr Faust ou Édouard II , est assassiné dans une auberge de Londres. Ce décès n'est pas validé par tous les historiens. Pour eux Marlowe aurait survécu! Partant de cette hypothèse l'auteur nous livre donc « l'après » de cette fameuse nuit. On retrouve un homme entre la vie et la mort secouru par son vieil ami. Caché dans son manoir, il succombe à la jeune et jolie Jane « Mais qu'est-ce donc qui provoque en lui cette déferlante d'émotions au contact de cette petite créature insaisissable et insolente ? Elle n'a même pas l'air d'un homme ! Rien de masculin en elle, rien qu'une féminité exacerbée au contraire, qui s'impose et triomphe sans merci , se donne sans réserve. »

Une histoire d'amour passionnelle, conflictuelle, irraisonnable. Un huis clos terriblement sensuel, poétique et il faut le dire érotique ! Un récit finalement assez moderne où l'amour transcende le genre.
Aucun tabou , aucune pudeur l'auteure nous livre avec une superbe plume cette passion dévorante aux corps-à-corps enflammés.

Que dire de Walter ? J'ai énormément aimé ce personnage. Lui le mari trompé, toujours présent à leurs côtés. Gardien de leur amour puissant, les aimant autant l'un que l'autre... Quelle abnégation !

Vous l'aurez compris j'ai eu le coup de foudre pour ce roman. Et pourtant certains passages me parlaient moins notamment le côté écriture des pièces mais en relisant j'ai fini par mieux les appréhender et apprécier. Car plus loin que l'union des corps c'est également l'histoire d'une union artistique.


Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          212
Je ressors conquise de ce très beau récit d'amour en clair-obscur. Ce sont les puissants contrastes qui existent dans ce roman qui en font la force et qui m'ont particulièrement charmée : la lumière d'un formidable amour et l'obscurité d'une passion violente ; un mariage moribond face à une relation bouillonnante de désir ; le silence d'un manoir accueillant de bruyants ébats ; Jane et Marlowe, impudiques dans leur débauche d'amour et de vie, face à la discrétion triste de Walter. C'est un roman de liberté, la liberté que Jane s'autorise à conquérir, en aimant Marlowe et qui finit par la libérer en tant que femme et en tant qu'artiste.
Commenter  J’apprécie          190
Bienvenue dans l'ère Elisabéthaine, ou l'érotisme au XVIe siècle !
.
En refermant ce livre, j'avais la chanson d'Edith Piaf en tête: « tu me fais tourner la tête, mon manège à moi, c'est toi. » parce que ce roman est une ode à l'amour. Un huis clos envoûtant et d'un érotisme assez incroyable. Mais surtout, surtout, un hommage fiévreux à la dramaturgie et au talent de Marlowe.
.
Marlowe était un dramaturge très doué ... mais malheureusement pour lui, il était le contemporain de Shakespeare. Alors, pour percer, vas-y mon gars. Et puis, pour couronner le tout, il meurt brutalement (et mystérieusement !) a l'âge de 29 ans. Bref, voilà pourquoi on l'oublie souvent. Mais... là n'est pas la question de ce roman, vous l'aurez compris!
.
Avec D'innombrables soleils, Emmanuelle Pirotte imagine que Christopher Marlowe est recueilli, à deux doigts de la mort, par son ami et ancien amant, Walter, qui vit lui-même avec sa femme: Jane.
.
Et là, c'est l'attirance à son paroxysme. Jane et Christopher entament alors une liaison, seulement guidés par leur envie du corps de l'autre, leur passion. Une passion dévorante, qui les mènera bien plus loin qu'ils ne l'auraient imaginé. Vous l'aurez compris, c'est chaud!
.
C'est grâce à la plume d'Emmanuelle Pirotte que ce roman prend une dimension toute autre qu'un simple roman s'inscrivant dans la lignée de « 50 nuances de machins ».
.
L'autrice nous parle de la passion, cet incroyable sentiment qui nous fait, parfois, perdre la tête. Celui que tout un chacun cherche à vivre, au moins une fois dans sa vie.
.
Emmanuelle Pirotte mélange subtilement passages contés, échanges épistolaires et extraits de poèmes de Christopher Marlowe.
.
Le résultat : une véritable ode à l'amour, la passion et ... la dramaturgie anglo-saxonne.
.
En bref : foncez tête baissée et découvrez un roman poétique, sensuel et artistique à souhait.
Commenter  J’apprécie          150
Emmanuelle Pirotte est une autrice qui m'avait déjà fait de l'oeil avec son précédent roman, Loup et les hommes, mais je n'avais pas eu l'occasion de le lire. Alors cette année, en voyant l'annonce de la parution de son nouvel ouvrage, D'innombrables soleils, j'ai immédiatement voulu le lire. Cela, d'autant plus que le roman se déroule dans un cadre spatio-temporel que j'affectionne particulièrement : l'Angleterre élisabéthaine ; la promesse d'en savoir plus sur le dramaturge Christopher Marlowe me tentait également.

En effet, Christopher Marlowe, un contemporain de Shakespeare, est le personnage central de ce roman. On peut le vérifier en faisant quelques recherches rapides sur ce personnage historique : il existe un doute autour de son décès, survenu en 1953 : est-il bien mort au cours d'une dispute le jour où l'histoire le laisse le croire ? Emmanuelle Pirotte s'empare de cette lacune biographique et imagine ce qu'auraient pu être les derniers jours de cet homme, entre l'attaque, bien avérée, et le décès, qu'elle imagine survenu quelques semaines plus tard seulement. Dans cette fiction, le dramaturge grièvement blessé se rend en dernier recours chez un ami de jeunesse, Walter, dont il sait qu'il pourra l'héberger en toute discrétion, et lui permettre de se remettre de ses blessures. Seulement, dès qu'il entre dans la maison, Christopher capte le regard de l'épouse de son ami, Jane, et une passion dévorante naît dans la seconde entre ces deux êtres. Très vite, ils vont succomber à cet amour charnel qui les pousse irrésistiblement l'un vers l'autre. Seulement, on prend vite conscience que cette relation ne peut que difficilement permettre aux différents personnages de s'épanouir pleinement. Tout d'abord, Marlowe, s'il a déjà couché avec des femmes, est notoirement attiré par les hommes, et lui-même s'étonne au plus haut point de l'attirance incontrôlable qu'il éprouve pour Jane. Cette dernière reste mariée à Walter, même si ces deux-là ne consomment plus leur union depuis quelques temps. Walter, quant à lui, est un des amants passés de Marlowe, et en le recevant sous son toit, il espérait secrètement retrouver ses faveurs. Où cette passion stérile mènera chacun de ces personnages ? C'est ce qu'on explore au fil du roman.

J'ai apprécié me plonger dans ce livre, notamment pour le personnage de Christopher Marlowe, dont la personnalité semble tout à fait cohérente avec ce que l'on sait de lui, d'un point de vue historique. L'homme est impétueux, orgueilleux et colérique. Hérétique avéré, il se moque des conventions et des croyances qui jalonnent la vie de Jane. le personnage de cette dernière est également très bien campé et développé. Si au début, elle apparaît comme une créature fragile, dont on soupçonne que la romance dans laquelle elle s'engage risque de la briser, elle s'avère en fait complètement maîtresse de sa vie, et ressort en fait fortifiée et encore plus indépendante de cette relation. Étrangement, on a ne s'attache pas véritablement à chacun de ces personnages, on regarde tout ça en étant très en retrait, mais cela n'enlève en rien à la beauté du roman.

Car en réalité, cette beauté est surtout due à la langue employée par Emmanuelle Pirotte. A travers une plume bien ciselée, elle nous fait parfaitement ressentir l'attirance charnelle qui plane dans la demeure de Walter et Jane. Grâce à cette écriture extrêmement sensuelle, on a l'impression que le roman se veut en lui-même orgasmique et passionnel, à l'image de ce que peuvent ressentir les amants. Contrairement à ce que je disais de Rouge impératrice, dans ma dernière chronique, le désir est ici exprimé d'un point de vue très masculin, ce qui m'a un peu fait tiquer au début : pourquoi s'attarder davantage sur le plaisir de Marlowe alors que Jane aussi en ressent tout autant ? Cette question se posait d'autant plus que l'autrice était une femme. Mais à bien y réfléchir, cela reste tout à fait cohérent avec le personnage de Marlowe, que l'on perçoit comme très égoïste.

C'était donc une belle expérience de lecture que la découverte de cette autrice. Sa plume et son univers m'ont charmée sans mal, et ce roman a véritablement attisé ma curiosité autour de la figure historique de Christopher Marlowe, à tel point que je me suis procuré deux de ses pièces pour les lire prochainement.
Lien : https://chroniqueetudiantele..
Commenter  J’apprécie          142
L'auteure part du postulat que Christopher Marlowe, célèbre dramaturge, n'est pas mort le 30 mai 1593 mais, qu'il est emmené par Walter, son ami et ex-amant. Marlowe, blessé et convaincu qu'on souhaite sa mort en haut-lieu, se soigne et se cache chez Walter. Celui-ci a épousé Jane. Il l'a aimé pendant trois ans puis, son amour, son envie d'elle a disparu. Leur vie est devenue monotone.
Marlowe, préférant davantage les hommes aux femmes, va perturber l'équilibre du couple. Jane et Marlowe vont tomber amoureux et vivre leur passion. Ils deviennent amants et complices d'écriture aussi. Walter assiste impuissant à cet amour. Lui-même, voyant Jane lui échapper, connaît un regain d'amour pour sa belle mais trop tard. Il se rend compte également qu'il aime toujours Marlowe....

Huis clos entre trois personnages centraux, décor somme toute assez banal: le triangle amoureux réuni sous un même toit. Mais c'est sans compter sur l'écriture d'Emmanuelle Pirotte. Elle nous partage la passion, nous décrit un Marlowe éblouissant de vie. Un épicurien certes mais il est également conscient du mal qu'il peut faire. Cependant, sa passion l'emporte. le coeur l'emporte sur la raison. J'ai aimé ce personnage tellement vivant, j'ai aimé sa liberté, j'ai aimé son envie de bouffer la vie à pleins poumons (même si pas très français, je l'ai ressenti comme tel). Libre d'aimer et de partir avant que l'amour ne flétrisse.
L'auteure nous partage aussi les tourments de ses personnages ce qui fait aussi la force du livre.
Seul petit bémol, j'aurais souhaité que Walter prenne davantage de place dans le roman, que son personnage soit plus étoffé.
Première lecture de cette auteure mais pas la dernière. Quelle puissance d'écriture! Ce roman se lit au galop et non au trot. Je me suis laissée emportée dans cette spirale amoureuse.
Commenter  J’apprécie          134




Lecteurs (121) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3206 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..