Après avoir tenté désespérément de sauver les Beatles à partir de Sgt. Pepper, McCartney a du jeter l'éponge et au fond, quiconque éprouve de la peine devant par exemple, le triste spectacle donné aujourd'hui par les Rolling Stones, ne peut que se dire que cette fin a définitivement crée un mythe en or massif.
Le livre évoque bien sûr, mais très succinctement, la période pré et pendant les Beatles déjà tellement traitée, mais les passages les plus passionnants concernent les périodes suivantes, moins connues. Celles qui lui ont valu de subir autant d'avanies, de critiques stéréotypées, des flopées d'attaques, certaines justifiées, d'autres, beaucoup moins.
François Plassat nous montre ce "géant" traînant au début de ses années en solo, le poids de sa dizaine d'années au sein des Fab Four, cherchant à "re" vivre, recréer sans copier mais sans se renier. Plassat rappelle à juste titre qu'à ce moment P McC n'avait au fond, plus rien à prouver et qu'il est pourtant parti inlassablement au combat, avec son optimisme criminel aux yeux de certains, son éternelle soif de produire des chansons, sa curiosité permanente, sa gentille rouerie aussi parfois ou son désir touchant d'être le premier.
De réussites (Ram, Band On The Run, Wings Over America, Flowers..Chaos and Creation..) en désillusions (Wild Life, McCartney II, Press To Play...) de disques convenus à d'autres tout à fait innatendus, le livre détaille avec un souci de fan maniaque,la production de cet artiste hors du commun, remettant au passage quelques pendules à l'heure, là où les lieux communs ont servi de critiques : l'influence réelle de Costello sur "Flowers In the Dirt" ou l'intérêt de ses expérimentations du Type Fireman, par exemple.
Plassat a réussi l'exploit de faire un peu la lumière sur cette trajectoire plus complexe qu'on a bien souvent voulu la présenter. Il justifie ainsi à l'avance les tombereaux de louanges qui s'abattront sur Macca quand il quittera la scène un jour.
D'ici, là, à l'âge où il serait raisonnable de gérer son fonds de commerce, McCartney, fait aussi de la prospection. Merci à lui.
Et grand merci à
François Plassat pour son amour respectueux du sujet, qu'il traite d'une plume alerte et dans un style très agréable -quelques coquilles quand même messieurs les correcteurs- , mais aussi pour avoir en même temps, su garder un reste de lucidité et d'esprit critique.
Au final, un livre bilan (provisoire) tout à fait enthousiasmant. S'il y avait toutefois un reproche à faire, je dirais qu'après cette lecture, vous êtes pris d'une espèce de frénésie incontrôlable qui vous pousse à fureter dans tous les coins de votre discothèque pour retrouver ces vieux albums et les redécouvrir, mais aussi à vous procurer tous ceux qui vous manquent, tous ces inédits enfouis ici ou là...Ça va encore nous coûter des sous cette passion, mais Can't buy me love, non ?