Tout en correspondant avec Natalie de Noailles, Chateaubriand, au beau milieu d'un voyage qu'il effectuait en Bretagne avec Céleste, rejoignit Delphine de Custine quinze jours à Fervaques.
François-René, malgré madame Récamier, filait un parfait amour avec Cordélia de Castellane.
Deux exemples sans ambigüité. Lorsque nous comprenons qu'il trompa les femmes les unes après les autres, qu'il eut plusieurs maîtresses au même moment durant un mariage qui n'en était un que par le nom, lorsque nous apprenons, enfin, qu'il ne celait rien de ses multiples aventures au point de les rendre publiques, nous pouvons à juste titre nous demander comment il a pu obtenir un tel succès auprès des femmes, trompées l'une après l'autre, délaissées ou utilisées à des fins politiques ou littéraires.
Avec les femmes, puisque c'est cela dont il s'agit, il utilisa en effet toute la gamme des sentiments et des sensations : de l'amitié pure à la tendresse profonde, de la passion effective à l'affection fidèle, de l'amour fou à l'attachement de convenance, de la reconnaissance pour la mère nourricière à l'amour fraternel, il exploita toute la palette des sentiments dans ses relations avec le sexe féminin.
Or, comment ne pas s'apercevoir que Chateaubriand a volontairement jeté un voile sur ses aventures et ses rapports avec les femmes en général, conférant ainsi au récit de sa vie un mystère et une poésie remarquables ? En effet, c'est de son plein gré qu'il a soigneusement délimité les zones qu'il voulait laisser dans l'ombre.