Son autre Je est je de mots
La ligne, c'est la chaîne de production. C'est la dure réalité du travail dans deux usines bretonnes de l'industrie alimentaire : d'abord une entreprise produisant des produits de la mer conditionnés pour la consommation, puis un abattoir pour le gros bétail. Dans ces deux usines,
Joseph Ponthus a dû "gagner sa vie", parce qu'il ne trouvait pas d'emploi correspondant à ses capacités d'éduc spé, parce qu'il avait dû "chercher fortune" dans une agence d'interim, en Bretagne où il a émigré pour vivre avec sa chérie.
La ligne, c'est aussi l'enchaînement des mots écrits que J.P chérit, lui qui les a d'abord pratiqués en hypokhâgne, khâgne et fac de lettres avant de devenir éduc, dans sa moselle natale.
Et les mots, vraiment, il s'en délecte, on le sent ô combien !
Il a décidé de mettre à profit son amour du verbe pour dire le quotidien si souvent inhumain du travail industriel auquel il lui faut se mesurer, le quotidien des "derniers de cordée" au milieu desquels il trouve sa place de travailleur éclairé, épuisé mais décidément forcené.
Ponthus signe un livre lumineux de solidarité, de lucidité, de ferveur-ardeur à vivre malgré tout.
Un livre où l'Amour passe à travers les mailles du profit aveugle. Un livre magnifique !
Un seule petite réserve pour moi, qui n'enlève que peu de chose je crois à ma démarche d'admirateur : dans ce poignant cri du coeur manque un peu d'empathie pour les animaux, leur souffrance dans les abattoirs n'est pas assez pointée du doigt.
Mais c'est presque un autre sujet, même si ça enlève à ma note, disons, une demi étoile...