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4,3

sur 2090 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si l'on s'en tient à la quatrième de couverture, « À la ligne » serait une oeuvre de dénonciation, un manifeste contre le travail déshumanisant. Alors, bien sûr que l'auteur raconte les cadences, les nuits blanches, l'imbécilité de certaines tâches (égoutter du tofu!), le corps qui souffre; mais il n'oublie pas que le travail a de la noblesse et ne sert pas seulement à rapporter un salaire.
La noblesse de travailler de vrais poissons
Gagner une guerre contre le bulot et soi-même
Déjà il tarderait presque de retrouver l'usine
Des collègues aident fraternellement
L'abattoir vend du rêve
Les bras qui se musclent
« L'usine bouleverse mon corps
« Mes certitudes
« Ce que je croyais savoir du travail et du repos
« De la fatigue
« De la joie
« De l'humanité

Le travail à la chaîne et le travail sur la langue ; chacun nourrit l'autre. L'humanité des hommes à l'usine et les humanités de l'ex-étudiant. La ligne de production et la ligne qui se fait vers. Écrire ou pousser des carcasses, c'est toujours un labeur.

Et en ces temps où l'on bat le pavé pour défendre sa retraite, j'en veux à la gauche d'avoir renoncé au travail. De nous dire que finalement tout ce qu'elle peut faire pour nous c'est nous permettre de quitter au plus vite la vie laborieuse.
Pourtant, bosser, ce n'est pas rien. Et ce serait bien qu'on se batte aussi pour être des travailleurs heureux avant de devenir de bienheureux retraités.
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L'auteur était intérimaire dans différentes usines et il raconte son expérience. Il n'y était pas pour effectuer un reportage ou bien écrire un livre, il y était parce qu'il se retrouvait sans emploi et avait besoin d'argent. Joseph Ponthus était quelqu'un du peuple. Un ouvrier. Et il raconte

La douleur
La pénibilité
Le travail
Les horaires
Les collègues
La solidarité
La conserverie de poissons
L'abattoir
Le bruit
La fatigue
La répétition
La douleur
La douleur
La douleur

À l'instar de l'usine, le texte se fait à la chaîne, à la ligne. Sans points, sans pause. L'horreur des abattoirs, la douleur ouvrière, la force de leur travail vendue à des exploitants… tout ceci est raconté à l'aide de la littérature qui a bercée Ponthus, qui l'a aidé à tenir quand il travaillait à la chaîne,

à la ligne

[Chronique complète sur le blog].
Lien : https://anaislemillefeuilles..
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Absence de ponctuation, phrases à la ligne -c'est le cas de le dire- une écriture en langage parlé sur les traces de Céline le grand précurseur, un livre sensible et pathétique, drôle parfois, poétique et chargé de repères littéraires, une réflexion profonde sur l'usine, l'intérim, la chaîne de production- cousin en cela de « L'établi » de Robert Linhart- le travail et la peur d'en manquer ou de le perdre, la nécessité de gagner son argent, sa vie ou tout du moins le fait de pouvoir vendre sa force de travail, la confrontation avec le chef le contremaître le patron avec l'oeil, non pas du délégué syndical, ni celui du travailleur aigri exploité ou revanchard, mais avec le regard du travailleur épuisé et malgré cela non encore résigné, et surtout le regard humaniste et philosophe de celui qui a souffert… Un premier roman, formidable coup de poing et de plume, récompensé à juste titre par le Grand Prix RTL et le prix Régine Desforges en 2019. Roman signé donc Joseph Ponthus, tristement décédé deux ans plus tard d'un cancer généralisé à l'âge de 43 ans…
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La couverture du livre propose le plan de découpe d'un homme comme la boucherie le propose un tableau pour identifier les morceaux du boeuf.

La ligne c'est la chaîne où les crevettes, poissons, bulots puis les veaux, vaches, cochons sont transformés.

J'avais lu “Le quai de Ouistreham” où les intérimaires nettoyaient les ferries, ici Joseph Ponthus nous emmène à l'usine comme on irait à l'abattoir ; il essaye d'en sortir son nez et son cerveau pendant les huit heures répétitives à se casser le dos.

L'auteur prend le parti pris d'écrire sans ponctuation et s'en explique : “...l'usine…a donné le rythme : sur une ligne de production, tout s'enchaîne très vite. Il n'y a pas le temps de mettre de jolies subordonnées. Les gestes sont machinaux et les pensées vont à la ligne.”

Conçu comme un long ruban poétique continu, un peu comme défile sans arrêt le travail à la chaîne, “A la ligne” est une poésie prosaïque de l'univers déshumanisé de ces travailleurs nécessaires.
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****

Que ce soit des crevettes, des poissons panés ou encore des têtes de vaches, Joseph se lève chaque matin pour se rendre à l'usine. Ce n'est pas un choix de vie, mais plutôt une nécessité de survie. Un chèque qui tombe chaque mois, pour payer son loyer, ses factures et les croquettes de Pok Pok...

Après avoir vu passer ce roman pendant de longs mois sur les réseaux de lecteurs, c'est à mon tour d'en vanter la justesse et le réalisme.

Joseph parle avec son coeur, avec ses tripes comme on dit, de cet univers si dur et particulier qu'est le monde de l'usine, et notamment celui de l'agroalimentaire.

Avec des phrases courtes, des vers libres, des mots qui percutent, il évoque les levers aux aurores, les sommeils découpés et décalés, la production qu'on doit obtenir, coûte que coûte, les pauses et les collègues, les chefs et les machines en panne...

Mais de tout ça, Joseph Ponthus tire aussi de la poésie, des chansons de Trenet qu'il fredonne pour tenir debout, de l'amour de sa femme et de sa mère qui lui permet de garder la tête haute... Il dit son combat, sa lutte, pour gagner quelques sous, pour respirer quelques jours encore...

Un roman nécessaire et puissant, qui touche et qui pique, qui émeut et qui bouscule... Un roman sur la vie difficile, mais sur la volonté de s'en sortir...

Merci aux 68 premières fois pour l'avoir mis en avant dans la sélection d'hiver... Il n'est jamais trop tard pour découvrir une belle plume, et un bon roman...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2019..
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Joseph n'a pas retrouvé de poste d'éducateur spécialisé depuis qu'il est en Bretagne. Pour survivre, il enchaîne alors les petits contrats pour une boîte d'intérim. D'abord dans une conserverie de poissons puis dans un abattoir.
C'est incroyable. Tout le livre sans ponctuation, mais écrit d'une manière si aérée, si poétique que la lecture n'en est en rien entravée. C'est très beau.
Et pourtant, le sujet ne prête ni à la légèreté ni à la poésie.
Etre employé à la chaine dans une usine, c'est quasiment l'enfer, ça n'a guère évolué, voire pas du tout depuis « Les temps modernes » de Charlie Chaplin, c'est toujours la déshumanisation la plus totale. Et tout ça pour un salaire de misère, avec des cadences infernales et des horaires décalés. Et des millions de gens vivent ça chaque jour !
C'est comme un tour de magie d'avoir pu écrire ce livre d'une manière qui semble si désinvolte, bercé par les poèmes d'Apollinaire….., les chansons de Barbara, de Trenet…..
Une belle prouesse offerte par Josph Ponthus à qui on ne peut que souhaiter retrouver un poste dans sa branche au plus vite.
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J'ai achevé la dernière page du roman et ouvert le grand livre de ma mémoire car après avoir eu mon bac, il y a quelques décennies, j'ai moi aussi travaillé en usine durant un été.
Certes c'était dans l'horticulture mais j'ai retrouvé dans les lignes de J. Ponthus tout l'abêtissement du travail que l'on me confiait, des tâches répétitives, des rythmes décousus, des journées cadencées par le bruit des machines et des sirènes indiquant le moment des pauses et de reprises de l'activité, les pointeuses, les rires gras, l'odeur de sueur dans des hangars surchauffés, poussiéreux et mal aérés au milieux de travailleurs de tous âges, de tous sexes, certains sans dents, certains pomponnés, tous épuisés et surtout résignés.

J'ai pourtant préféré "La Jungle" d'Upton Sinclair pour son approche sociale, peut-être parce qu'il y a de l'espoir dans ce livre, même si la misère y est encore plus violente.

En ce qui concerne le travail de Joseph dans les usines, que ce soit dans la poissonnerie ou dans les abattoirs, c'est tout simplement effroyable. Avoir lu Jean-Pierre Digard et son livre sur "Les français et leurs animaux de compagnie" m'a permis de prendre un peu de recul mais ça a été terrible malgré tout. Donner la mort n'est pas chose naturelle, même au sein des abattoirs, c'est compliqué. Les tueurs sont un peu les Samson de la Monarchie, une "caste" à part. Et pourtant ....

Puisse ce livre créer de la solidarité entre les hommes, les femmes et les enfants pour que les horizons de tous ne se limitent pas à un trajet domicile - usine / boulot mais qu'il soit parsemé de rêves, de projets et de découvertes ici et maintenant.



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Au vu des avis qui ont tout dit je vais pas ajouter grand chose, sauf que j'ai apprécié la forme du récit, les vérités bien salées.
Autant c'est beau par le style et le courage de ce monsieur qui ne baisse pas les bras, malgré son statut, autant c'est moche de voir que tant de personnes sont contraintes de subir ce calvaire tout le long de leur vie professionnelle, pour gagner quatre sous.

J'ai beaucoup aimé le passage avec sa mère, en lui faisant comprendre que les études n'ont pas servi à rien, car sans elles, il n'aurait pas pu supporter.
Et à contrario, il dit aussi que sans l'usine, il n'aurait peut être pas survécu non plus à la dépression. Un mal pour un bien en sorte.
Malheureusement beaucoup de gens diplômés se retrouvent sur le carreau notamment les jeunes car sans expérience et ils doivent se résigner à prendre le premier boulot venu pour survivre.
Le boulot ne se trouve pas forcément là où on se trouve, c'est bien le cas de l'auteur qui a suit sa femme, au détriment de sa carrière.

Je dis bravo pour cette belle leçon d'humilité, de courage. Puisse l'avenir vous réserver de belles opportunités autre que l'intérim.

Pour ceux qui ne connaissent pas le monde du travail tel que décrit ici, vous feriez bien d'y jeter un oeil pour comprendre pourquoi, certaine population crie leur ras bol.



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Comment bien écrire sur cette lecture tellement particulière. Joseph Ponthus, par amour, se retrouve à accepter tous les boulots qu'on lui propose comme intérimaire, lui l'éducateur spécialisé se retrouve sur une ligne (on ne dit plus chaîne) de production, il devient un opérateur en ligne dans deux usines. Dans la première partie une usine de conditionnement de produits de la mer et dans la deuxième dans un abattoir. Il faut vraiment être amoureux, vraiment être prêt à tout pour travailler dans ces univers et lui il accepte, pas le choix, les factures sont là et puis parce que l'on a sa dignité.

C'est un témoignage d'une réalité bouleversante. J'ai été dans une vie passée amenée à connaître ces lignes de production (non alimentaires dans mon cas) et l'on retrouve totalement l'ambiance, les personnages, les attitudes, les cadences, le rythme infernal, où l'humain devient machine, corvéable et sans droit, sans parole que celle de se taire car sinon il y a du monde à la porte qui attend pour prendre ta place (même si ce n'est pas toujours vrai car ces postes ont vite mauvaise réputation).

Mais on ne vous demande pas d'aimer, on vous demande de travailler…..

Avec un style très particulier, sans ponctuation, à la façon d'un slam, chaque pensée est consignée après avoir été mûrement préparée au long de la journée. Faire court, direct et juste, n'hésitant pas à y glisser parfois une pointe d'humour ou de désespoir. Cela transpire la fatigue, l'usure et la révolte mais une révolte sourde, silencieuse car il en a besoin de ce travail.

C'est fantastique tout ce qu'on peut supporter.

Guillaume Appolinaire (Lettre à Madeleine Pagès, 30 Novembre 1915)

Oui c'est inouï tout ce que l'homme peut accepter, peut supporter et Joseph Ponthus n'en dit que l'essentiel dans ce court premier roman : les douleurs, les humeurs des petits cheffaillons, de la cheffitude, l'abnégation dont il faut faire preuve pour ramener des sous mais aussi la solidarité de certains, l'entr'aide bien que généralement c'est chacun pour soi, pour se protéger, pour garder son poste, pour avoir moins mal.

Mais il faudrait déjà que l'on se parle

Malgré les bouchons d'oreille les machines qui

martèlent nos silences à la pause pourquoi se dire

et quoi se dire d'ailleurs

et quoi se dire d'ailleurs

Que l'on en chie

Que l'on peine à trouver le sommeil le weekend

Mais que l'on fait

Comme si

Tout allait bien

On a du boulot

Même si de merde

Même si l'on ne se repose pas

On gage des sous

Et l'usine nous bouffera

Et nous bouffe déjà (p54)

L'auteur interpelle avec les absurdités de ce travail : être obligé de payer un taxi pour prendre le poste parce que le co-voiturage n'est plus possible, changements d'horaires, l'usure du corps, du mental….

Tout ce qu'il dit est tellement vrai. J'ai souri (jaune) à l'évocation des audits en usine….

Heureusement Joseph Ponthus est un passionné de littérature, il se réfugie dans ses lectures pour survivre, il fredonne Trenet, Vanessa Paradis, Bach, il se fait ses séances de films pour ne plus voir le quotidien, ne plus l'entendre, pour être ailleurs.

C'est du brut, c'est du fort, mais c'est aussi des émotions, des sentiments. L'humain garde sa place, il reste digne et debout, même si le dos n'est plus que douleurs, même si la tête n'arrive plus à aligner des idées. La force de l'auteur c'est d'avoir trouvé exactement l'écriture qu'il fallait à cette narration.

On en ressort bouleversé même si on sait que cet univers existe, on oublie par commodité parfois, on est écoeuré (je suis végétarienne en autre par respect de la cause animale) des pratiques mais aussi de ce que doivent endurer ceux qui y travaillent, qui n'ont pas d'autre choix, parce qu'il en faut pour nourrir les gens……

On ne regarde plus les crevettes et les bulots de la même manière ensuite, on ne regarde plus son voisin qui rentre à 5 heures du matin, vouté, exténué parce que lui rentre de l'usine, qu'il doit gérer le quotidien mais aussi les complications avec Pôle Emploi, les justificatifs, les rendez-vous etc….

Il n'y a pas que les bêtes que l'on abat, que l'on débite, que l'on tronçonne, il y a aussi les humains qui ne deviennent que corps sans tête….. On s'active, on ne pense pas car si on pense cela fait mal…..

C'est le genre de récit que l'on ne peut oublier, qui reste imprégner en vous par son style mais aussi par son contenu, à la manière d'une odeur de marée ou de sang.

A voir sur un prochain roman si Joseph Ponthus gardera le même style ou saura-t-il l'adapté à son récit, mais pour celui-ci il mêle mots et réflexions, poésie et réalité avec courage (et il lui en a fallu pour mener de front travail et écriture) c'est une réussite, pas un coup de coeur pour moi mais plus un coup de poing littéraire.


Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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C'est un jeune intello qui débarque dans le monde du travail, abattoir breton, usine à poisson, travail à la chaîne, travail de nuit.

Il égoutte du tofu 8heures par nuit et il en chie mais faut bien nourrir la famille.

Au cours des mois ses jugements vont évoluer, une accoutumance s'installe. Ses critiques stériles du système, des chefs, de certains collègues font place à des moments d'entraide, à de petits challenge et il perçoit la fin d'un contrat, plus comme une déception qu'un soulagement.

C'est aussi l'écriture d'un littéraire, des références et quelques belles tournures, un genre de poésie résignée, un rythme rappelant son travail sur la 'ligne'.
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