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4,3

sur 2051 notes
L'écriture est très belle, il y a un rythme , une cadence , une urgence à dire le travail de l'usine, les jours qui se suivent dans la douloureuse attente du répit après le travail harassant, le corps mis à l'épreuve dans ses extrêmes, l'épuisement mental d'une tache ingrate , folie de cette mécanique sans âme qu'est le travail à la chaine.
On va dans une usine de poissons panés, dans la chaine des crustacés, puis arrive l'abattoir.
C'est violent et ce qui sauve le lecteur c'est tout l'art de la langue de l'auteur .
Très beau.
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Un livre et une écriture que l'on ne peut oublier ! Joseph Ponthus, avec « A la ligne. Feuillets d'usine » a écrit une oeuvre magistrale, très incantatoire avec ses retours à la ligne, qui rythment le propos, aidés par les assonances et les allitérations à la manière d'un slam. Il nous fait pénétrer, entendre, sentir, vivre le travail d'un ouvrier d'usine intérimaire, avec une plume et une culture qui remue les tripes, font rentrer dans le combat pour une dignité.
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LA CLAQUE!!!!
Je viens de finir cette belle lecture de Joseph Ponthus, et j'en suis bouleversée.
A la ligne, c'est la ligne de production, à l'usine, la répétition des gestes, la répétition des douleurs physiques, du trop porté, du trop lourd, c'est la répétition des pauses café clopes tant attendues, le moment où l'on croise les autres de l'usine, à la ligne, c'est l'univers rude de l'usine, le froid des crevettes qui ont le culot de s'appeler chimères, c'est la réalité des ouvriers qui n'ont pas d'autres choix que ce travail éreintant.
A la ligne, c'est la ligne de l'écriture, qui donne sens et vie à la répétition incessante qui caractérise le travail à la chaîne.
Joseph Ponthus est un littéraire, il aime les mots, et heureusement, car les mots et l'écriture lui permettent de tenir dans ce boulot. Et réciproquement, l'usine lui donne de quoi écrire, il en sort ces feuillets d'usine bouleversants.
Bouleversant car il rend hommage aux travailleurs de l'intermittence, les intérimaires dont les horaires varient au gré des besoins des chefs, de la production, de la consommation . L'intimité surgit parfois au détour d'une lettre à sa mère, d'une pensée pour son chien, des souvenirs de ce qui a été autrefois mais n'est plus.
Moi j'ai pleuré, les passages relatifs à l'abattoir sont terribles, non pas seulement l'aspect "quoi on fait ça aux animaux" car on le sait bien lorsque l'on est carnivore, mais le rapport à la mort, les morceaux de carcasse qui sont autant de traces d'existences, et pointent notre absurdité.
A la ligne, c'est enfin la ligne de vie, celle que l'on suit tant bien que mal, avec grands bonheurs et parfois gros malheurs.
C'est peut être cela qui m'a bouleversé, la question du sens de ce que l'on fait, la nécessité de donner du sens à ce que l'on fait, pour exister, pour vivre, pour aimer.
Bravo pour ces feuillets grandioses.
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Je t'ai lu d'une traite
Aspirée par ta cadence
A la ligne
La lectrice
Page après page
Vissée à ta prose
De ces Feuillets d'usine
J'ai pensé en te lisant
Le grand marin de Catherine Poulain
Tu proposes tes parallèles littéraires
Je choisis les miens
Tu as mis en symbiose
Ta forme sans point
Et ton lancinant
Épuisant
Labeur qui se répète
Qui distend les heures
La ligne de tes mots qui égrènent
Crevettes bulots qui défilent
La ligne toujours la ligne
Puis les carcasses
Plus dur encore
Embauché dans l'agro
Confiés aux bons soins de l'intérimaire
Précaire temporaire salaire
Chanter penser
Agir tenir écrire
Convoquer ce que tu peux
Amour littérature
Camaraderie
Comme au temps de la Guerre
La Grande
Convoquer la poésie
Et nous donner tant...

Lien : https://leschroniquesdepetit..
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J'arrive à ma septième lecture pour cette sélection des 68 premières Fois : À la ligne de Joseph Ponthus, un roman sous-titré « Feuillets d'usine »…
Avant même de le découvrir et bien que ne lisant jamais les critiques des autres avant d'avoir publié la mienne, je sais que ce livre a reçu, chez les 68 et ailleurs un accueil enthousiaste.

Ce roman est d'inspiration hautement autobiographique. le JE est bien celui de l'auteur qui nous raconte une partie de son histoire quand, par amour, il a quitté sa région et son travail dans le social et, par nécessité, s'est inscrit dans une agence d'intérim pour gagner sa vie comme ouvrier d'usine non qualifié.
Ce qui frappe immédiatement, c'est la mise en page et le style : des vers libres, sans ponctuation.

J'ai ressenti ce livre comme un poème épique, une épopée des temps modernes qui donne la parole aux ouvriers intérimaires et aux sans grade, qui nous rappelle que, malgré les progrès techniques, le travail à la chaine existe toujours, usant, répétitif, avilissant, mortifère…
C'est Joseph Ponthus qui s'exprime, qui a couché sur le papier ses impressions mises en mots, en littéralité, mais il y a dans ce livre une véritable dimension collective ; les exploits ne sont ni légendaires, ni historiques, mais quotidiens, basiques, pratiques, physiques… Il y a des larmes et du sang, du courage et de la douleur… des combats contre soi-même, des victoires et des défaites… Il y a aussi une forme d'humilité, notamment dans la notion de « feuillets », pages volantes réunies et assemblées pour devenir ce texte définitif.

J'ai adoré l'univers référentiel de Joseph Ponthus qui rejoint souvent le mien, univers littéraire et musical… Dans les pires épreuves, se sont souvent les souvenirs de lectures ou de chansons qui aident à tenir.
J'ai retrouvé des détails assez personnels, ne me touchant pas directement mais faisant partie du quotidien d'un proche.
Ce texte est à la fois poétique et réaliste.
J'ajouterai un petit mot pour le bandeau qui entoure le livre, pour ce corps humain découpé, pour les parties manquantes puis retrouvées, pour le talent de Kebba Sanneh qui l'a dessiné et qui illustre si bien l'ambiance de ce livre.

Ce livre procède d'une urgence, d'une nécessité de dire la réalité ouvrière et intérimaire, de mettre en lumière le monde de l'usine.
Une belle réussite. Un succès mérité.
Cependant, je suis davantage conquise par l'esthétique du propos que par une véritable émotion.
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Quelle claque! Ce livre est presque un ovni, ce n'est pas un roman mais il raconte bien une histoire, ce n'est pas de la poésie mais cela se lit comme des strophes, c'est un témoignage autobiographique, un peu un documentaire un peu pamphlet parfois, avec des héros ordinaires. La vie quoi!
Je ne savais pas à quoi m'attendre en lisant "A la ligne: Feuillets d'usine", je ne suis pas déçue.
L'auteur raconte son expérience à l'usine, en tant qu'intérimaire, il découvre un univers, une vie difficile qui ne trouve son sens qu'à la fin du mois au moment de la paye.
C'est un texte fort, avec des partis pris, de l'humanité, de la fraternité, beaucoup de bon sens, parfois du découragement, du réalisme, de jolies références littéraires et une très belle écriture. Il n'y a pas de ponctuation et pourtant tout est clair et fluide.
Cette lecture a marqué mon esprit pour un moment.
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Dans ce premier roman, l𠆚uteur écrit son quotidien d’ouvrier dans une conserverie de poissons et crustacés, puis dans un abattoir industriel de bovins, près de Lorient.
On souffre avec lui dans ce quotidien difficile d’intérimaire dans « l𠆚gro », ses heures à la chaine.
Cette douleur du corps et l𠆚liénation de l𠆞sprit.
Ici, on ne parle plus de chaîne mais de ligne, les ouvriers sont devenus des «opérateur » et les contremaîtres des «chefs ».
Son écriture est très belle, atypique, froide et clinique, mais aussi drôle et poétique (le tout en vers libres).
On devine sa vie de lettré, avant l’usine, où il a adoré les poètes et autres écrivains (les vers d’Aragon et de Rimbaud et la « poésie » des textes de Charles Trenet).
La littérature et l’écriture deviennent les seuls échappatoires à cette inhumanité.

J𠆚i englouti ce livre tel un poème, un régal!
Une claque littéraire, qui a été récompensé par de nombreux prix tels que le Grand prix RTL-Lire 2019, le prix littéraire des étudiants de Sciences Po en juin 2020.
Joseph Ponthus dédie son livre «aux prolétaires de tous les pays, aux illettrés et aux sans dents ».
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Ouvrier dans une usine du secteur agro-alimentaire, Joseph Ponthus raconte la détresse de ce quotidien extrêmement mécanisé qui ne laisse pas de place à la pensée, mais dont il s'évade par l'imagination et la passion de la littérature.

C'est un témoignage écrit en vers. Cette présentation très aérée et en gros caractère en font une lecture assez fraîche et pas prise de tête- d'autant plus que les chapitres sont très courts.
Les nombreuses références littéraires, sociologiques (à Marx par exemple) font d' À la ligne un ouvrage qui pourrait passer au-dessus de la tête de plus d'un lecteur.

En ce qui me concerne, si je ne l'ai pas trouvé mauvais, je ne dirai pas non plus que c'était un livre super ou particulièrement marquant. C'est un peu répétitif par moments toutes ces impressions et actions mises bout à bout.
Ça se laisse lire, mais rien d'inoubliable non plus.
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Un lettré au coeur du travail intérimaire et précaire des usines...on s'attendrait presque à du Zola version contemporaine. L'écriture de Joseph Ponthus n'a pourtant rien à voir avec les descriptions scientifiques de notre auteur naturaliste classique. L'écrivain propose une langue plus épurée qui est à la fois brute et sensible.
Les horaires et les cadences intenables, les odeurs et le sang de l'abattoir... C'est par amour que l'auteur a accepté de s'immerger dans l'univers infernal des ouvriers. Difficile de vivre normalement quand on ne profite plus de la vie, quand on ne voit plus sa femme...mais il faut bien gagner son pain.
En homme curieux, il observe et cherche à comprendre et à disséquer ce monde fermé. Existe-t-il encore de l'humanité parmi les machines? Au fil de ses expériences ouvrières, le corps et l'esprit souffrent, Joseph Ponthus plonge tout entier dans le monde de ces hommes soumis aux règles capitalistes des grandes entreprises d'aujourd'hui.
Comme la plupart de ses camarades, il apparaît plutôt taiseux mais trouve dans l'écriture un moyen d'exorciser voire de magnifier la dureté de ce monde. Son langage devient poésie et transforme notre vision de l'usine. Les touches d'humour et les nombreuses références littéraires et culturelles allègent aussi le ton, et l'écriture s'avère même lumineuse.
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A tous ceux qui pensent qu'il n'existe plus de classe ouvrière en France, à nos politiques, pour qui il faut sans cesse repousser l'âge de départ en retraite, je conseillerais de lire le livre de Joseph Ponthus. Parti en Bretagne pour rejoindre son épouse, il ne trouve pas de travail en tant que travailleur social. C'est donc dans les usines agro-alimentaires de conditionnement de poissons et crustacés puis dans les abattoirs, qu'il va travailler en tant qu'intérimaire, parce qu'il faut bien vivre et "gagner des sous". Il y a du Simone Weil dans "A la ligne", avec les descriptions du travail à la chaîne, pénible, répétitif, usant, qui ne permet pas de penser, parfois même qui ne permet pas de chanter dans sa tête... Cela va induire le choix d'écriture de Joseph Ponthus, des vers libres, une absence de ponctuation et ce retour à la ligne, comme la ligne des chaînes de production, encore et toujours.
Ce livre m'a beaucoup touchée, les larmes me sont souvent montées aux yeux devant un tel gâchis, une telle absurdité. Heureusement, il y a la littérature, la force de l'imagination et l'humour, qui permet de se voir tel Ulysse, non pas face aux sirènes ou à Polyphème mais ferraillant contre des queues de vaches ou des bulots. Hommes ou bêtes sont pris dans cet engrenage de la productivité, de la rentabilité, on est révolté par ce qu'on lit et on est heureux que ce livre existe ; l'auteur a pris le temps, malgré la fatigue, l'envie de se reposer, l'envie de rien après le retour du travail, de poser sur le papier le ressenti de tous ces anonymes qui travaillent pour que d'autres mangent des langoustes à Noël. Sa formation classique d'ancien khâgneux transparaît bien dans les références multiples qui donnent épaisseur et humour à son témoignage. J'ai été d'autant plus attristée en lisant que l'auteur était décédé peu de temps après.
Un livre à lire, que je compte bien faire découvrir à mes élèves de 3e cette année.
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