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3,57

sur 124 notes
Pourquoi ai-je été attirée par ce roman "Un automne de Flaubert"? Pour Flaubert, en premier lieu, dont je gardais un souvenir agréable de l'étude de ses romans et dont j'avais relu à plusieurs reprises "Emma Bovary"; pour Concarneau, ensuite, que je connais bien en tant que bretonne d'adoption tout comme Pont-Aven et où j'aime me balader, respirer l'atmosphère, flâner.
Ce roman, à la limite d'une biographie, circonscrite à septembre et octobre 1875, nous fait découvrir un Flaubert de 53 ans, loin de l'écrivain flamboyant et prolixe; c'est un homme gros, mou, rougeaud, qui a des problèmes financiers et dépend de sa nièce, dépressif, qui n'a plus d'inspiration et ne peut plus écrire.
Au bout de deux mois passés à paresser, à s'empiffrer, à passer du temps avec ses deux amis scientifiques, à nager, à dormir, il retrouve le feu sacré; c'est cette renaissance, la relance du processus créatif que décrit Alexandre Postel. Il n'y a pas d'action à proprement parler dans ce roman mais le goût de la vie retrouvé.
Un des thèmes récurrents du roman est l'opposition ou la complémentarité entre la science et l'art. Flaubert était fils de médecin et ses deux amis sont des scientifiques; il se considérait lui-même comme un scientifique raté. Il assiste, à Concarneau, presque journellement , aux dissections de poissons vivants. C'est d'ailleurs probablement ces séances qui lui ont donné la trame de "La légende de Saint Julien L'hospitalier", qui fut un enfant cruel à l'égard des animaux. Je me serais volontiers passée des descriptions à répétition des dissections de toutes sortes de poissons; une ou deux aurait largement suffi à faire comprendre le propos de l'auteur.
La plume, au service d'un aspect méconnu de Flaubert et de la description de son processus créatif, est belle, facile à lire, très Flaubertienne. le vocabulaire est riche et imagé.
Un agréable moment de lecture.

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Le voyage de Flaubert à Concarneau en 1875.
Déprimé et menacé par le ruine il y rejoint un ami scientifique. Un Flaubert si attachant !
Une merveille de lecture.
Lien : https://www.laprocure.com/li..
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"1875 : à cinquante-trois ans, Gustave Flaubert se considère comme un homme fini. Menacé de ruine financière, accablé de chagrins, incapable d'écrire, il voudrait être mort. Il décide de passer l'automne à Concarneau, où un savant de ses amis dirige la station de biologie marine. Là, pendant deux mois, Flaubert prend des bains de mer, se promène sur la côte, s'empiffre de homards, observe les pêcheurs, regarde son ami disséquer mollusques et poissons. Un jour, dans sa petite chambre d'hôtel, il commence à écrire un conte médiéval d'une grande férocité - pour voir, dit-il, s'il est encore capable de faire une phrase... A partir de ces éléments avérés, j'ai imaginé le roman de son oisiveté, le rêve de sa rêverie, la légende de sa guérison. Cela aurait pu s'appeler : Gustave terrassant le dragon de la mélancolie". Alexandre Postel

Voilà donc le grand Gustave devenu personnage d'un roman qui parle de lui, de son esprit envahi par le Soleil Noir*, du conte "La légende Saint Julien l'Hospitalier" qui annonce le "retour aux affaires du Patron"....
La gageure consiste à créer un roman, un vrai roman à partir d'un morceau de vie réelle de l'Ecrivain par excellence. Il y a de quoi s'y casser les dents, le dos, les doigts (tapuscrit) ou la main (manuscrit). Pari pris, résultat obtenu.
Les scènes de déjeuner, de dissection de poissons, de désordres mentaux, d'idylle à peine ébauchée, de baignades ornent, grâce à la richesse du vocabulaire, un sens narratif affirmé, un recours très judicieux à quelques extraits de la correspondance, le récit d'une plongée abyssale dans les eaux noires du Lac Obscur, d'un retour à la lumière de la Création et de la mise au monde d'une Oeuvre. La partie consacrée à la genèse de la première phrase fait frémir d'aise. La grande affaire stylistique débute là ...au moment le ciseau du sculpteur de texte attaque la pierre brute.
En fait, c'est là le tour de force, Alexandre Postel écrit plus qu'un texte. Il retrace les affres incertaines de la conception évoquant un monde à peine naissant "englébé" dans le limon fertile des moments incertains de l'Imaginaire puis travaillé par cette nappe phréatique nourricière, les très lentes premières élaborations enfin l'accéleration des choses d'abord entrevues, ensuite précisées et finalement mises par écrit. La sortie de crise aboutit au plan général du texte précédant la première phrase. Dès lors la Grande Affaire peut s'enclencher.

A lire donc.


Mais parmi les chacals, les panthères, les lices [...],
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris,
Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C'est l'Ennui !
Charles Baudelaire-1857
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Je suis un peu mitigée sur ce roman entre déception et intérêt. Je ne connaissais pas l'auteur et je n'avais pas entendu parler de l'ouvrage lors de son achat dans ma librairie de quartier. C'est FLAUBERT qui m'a interpellée. Je ne suis pas une grande fan de l'écrivain, mais j'apprécie beaucoup cet auteur pour avoir lu dans mon adolescence « Madame BOVARY », « salammbô », « L'éducation sentimentale ».
De quoi est-il question, ici ? Il s'agit d'un moment de vacances de FLAUBERT. Nous sommes en 1875. L'écrivain, âgé d'une cinquantaine d'années déprime, est dépressif. L'avenir l'inquiète. Il est rentier et vit aux dépens de sa nièce Caroline qui a épousé à la demande de son oncle, un forestier sur le déclin. La ruine guette. Que faire par la suite ?
D'autant plus que la page blanche reste toujours blanche. FLAUBERT n'écrit plus, plus d'idées, plus d'inspirations. Il se sent fini. de cette observation, FLAUBERT décide de partir et de s'établir durant deux mois à Concarneau rejoindre son ami et ancien professeur de sciences, le Dr POUCHET.
Là, il prend des bains de mer, se balade sur la côte, visite les sardineries, observe les pêcheurs, se gave de fruits de mer et dissèque mollusques, crustacés ou poissons avec POUCHET, médecin biologiste et théoricien de la génération spontanée débattue car très controversée avec Louis PASTEUR. Ces scènes de dissections décrites dans l'ouvrage ne sont pour moi d'aucun intérêt et ma sensibilité à fleur de peau est mise à mal pour ces pauvres bêtes vivantes sous le bistouri de ce psychopathe. Mais, la science est la science et Alexandre POSTEL l'explique bien dans son interview donnée lors de l'émission « La grande librairie » sur France 5. C'est la joie de la découverte, du progrès, des avancées de la science. Quant à l'écrivain, l'enthousiasme de son ami lui fait du bien. Il admire cet esprit cartésien qui suit un protocole où tout est régi par des règles, des programmes. Tout est calme. Ce qui soulage FLAUBERT en proie à des angoisses, à des doutes et des réminiscences. Et, pourtant, c'est dans la dissection que va germer une idée littéraire, celle de « La légende de Saint Julien L'Hospitalier », vitrail de la cathédrale de Rouen, fascinant l'écrivain.
A partir de là, l'intérêt du roman repose sur les belles descriptions de Concarneau, la vie du petit port, la résurrection rédactionnelle de l'écrivain. Car Alexandre POSTEL nous fait entrer dans l'antre de FLAUBERT et sa genèse de l'écriture : l'histoire qui se compose au fil de l'eau (technicité des phrases, travail cérébral sur la mise en place et la description des personnages, sur le fil conducteur de la narration, l'élaboration du plan...) tout en se mettant à la place du lecteur.
La plume d'Alexandre POSTEL est légère et fluide, empruntant les mots de Gustave FLAUBERT lui-même recueillis dans « La correspondance de Flaubert », bibliothèque de la Pléiade (Gallimard) ou de l'université de Rouen. L'ouvrage est richement documenté et les sources sur lesquelles s'appuient l'écrivain sont citées à la fin du roman.
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Dans ce court récit, Alexandre Postel tente de percer les mystères qui entourent Gustave Flaubert.

Miné par des problèmes d'argent et par la vente probable de la demeure de sa nièce à Croiset, Gustave Flaubert est rongé par l'inquiétude. En proie à des pensées sombres, il décide de s'éloigner pour quelques semaines et choisit une petite pension proche de la mer. Il séjourne ainsi à Concarneau et retrouve son ami le Docteur Pouchet. Flaubert observe le travail de son ami, chercheur au musée d'histoire naturelle, il dissèque des poissons dans un calme chirurgical. Son séjour sera aussi l'occasion de savourer la cuisine bretonne et de pratiquer, tous les jours, des bains de mer comme pour calmer son anxiété croissante. Si proche de la mer, Gustave Flaubert réussira-t-il à trouver l'apaisement et à écrire ?

J'ai aimé être propulsée au côté de Gustave Flaubert dans ses quelques semaines de villégiatures. Les libertés prises par Alexandre Postel pour retranscrire la vie de l'écrivain rapprochent cet ouvrage du roman. Si j'ai aimé cette délicieuse promenade avec Flaubert et le développement de son processus d'écriture, j'aurai aimé que les aspects biographiques de sa vie soient davantage abordés.
Lien : https://memoiresdelivres.fr/
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Contre mes attentes, j'ai trouvé ce livre plutôt abordable.
C'est un roman biographique qui a la qualité de m'avoir fait découvrir la psyché d'un auteur clairement en pleine dépression et le pire, c'est que ça me donne envie d'en savoir davantage sur Flaubert.
A lire si vous êtes intéressé par l'auteur ou même si vous êtes juste curieux.
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Il y a de ces romans qui proposent de vrais instants de grâce, qui offrent au lecteur l'expérience d'un temps suspendu. Un automne avec Flaubert est l'un de ces livres, malgré son apparente simplicité, ici, l'évocation mélancolique d'un monstre sacré de la littérature.

1875, Flaubert pense être un homme fini. Sa pièce de théâtre est un échec, il est en proie à la sourde inquiétude de la faillite de son neveu par alliance, époux de sa chère nièce Caroline, une espèce rare de froideur et d'indifférence, ou une stoïcienne accomplie. La sauver de la ruine implique de vendre la ferme qui lui rapporte des rentes annuelles qui lui permettent de vivre confortablement. Pire, sa nièce pourrait vendre le domaine de Croisset, refuge chéri de l'écrivain normand.

Aux inquiétudes financières s'ajoute aussi le poids du temps qui passe. La vieillesse apporte son lot de soucis de santé, et de morts. Ses amis les plus proches sont décédés, Bouilhet, Gautier, Feydeau, leur absence rend sa vie bien ennuyeuse. Il ne supporte plus la médiocrité ambiante de la société, si celle-ci a fait son succès, elle a fini par l'asphyxier de trop de présence. Et elle semble même gagner les plus grands, à l'image de ce repas décevant chez Victor Hugo, où le sage fait preuve d'une bêtise littéraire impardonnable. La solitude pèse sur Flaubert et invite à la mélancolie. Et le voilà même doutant de sa capacité à modeler des phrases percutantes, précises comme le mécanisme délicat d'une horloge. Il en a délaissé son oeuvre, Bouvard et Pécuchet, dans laquelle il moque la vanité et la médiocrité de ses contemporains ignares.

Aiguillé par la tendresse de George Sand qui lui suggère de se changer les idées, Gustave part pour Concarneau, il a le projet de profiter de la présence de Georges Pouchet, naturaliste et anatomiste, dont le père avait travaillé avec celui de Flaubert. Là-bas, en pension dans une auberge qui lui prépare chaque jour des repas pantagruéliques qui pansent ses vagues à l'âme, il promène sa lourde carcasse abîmée sur les plages bretonnes et goûte au plaisir simple du bain de mer. L'après-midi est consacrée à son ami, Pouchet, directeur du laboratoire maritime de Concarneau, qui l'invite à assister à ses nombreuses dissections de poissons et autres mollusques.

Entre les souvenirs d'une enfance heureuse, bien que Flaubert admette être l'enfant qui a déçu les ambitions de son père, et les discussions nourries de sciences et de lettres, Flaubert retrouve l'inspiration. Les multiples dissections de Georges font naître l'image d'un enfant cruel, qui se perd dans la contemplation de la mort, qui connaît le plaisir de la donner. le soir, penché sur sa table, dans sa chambre où flotte l'odeur des sardines qui vient du port, les premiers mots de « La légende de Saint Julien l'Hospitalier » surgissent. Petit miracle de la création, qui nous donne à voir la difficile mais fascinante conception d'une phrase, taillée comme un diamant, trouver le mot juste, l'adjectif efficace, le verbe haut, la formule percutante, la sonorité omniprésente et essentielle. Processus créatif minutieux et délicat, émouvant dans un certain sens.

D'une écriture ciselée, émaillée de citations reprises des correspondances de l'écrivain, Alexandre Postel a su incarner, dans son court roman, un Gustave Flaubert étonnamment vivant. Il nous donne à voir un écrivain épuisé, harassé par des soucis financiers et un monde dont la médiocrité l'assaille. La mélancolie y est latente, et l'on ressent la lancinante lassitude de Flaubert qui semble traîner sa carcasse comme un poids incommensurable sur les plages bretonnes. Puis, l'inspiration revient, le goût d'écrire se fait plus présent, presque insistant, et chasse les brumes de la mélancolie. Et le lecteur assiste au spectacle unique de la création littéraire et à la renaissance d'un colosse.
Lien : https://enquetelitteraire.wo..
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La suavité du titre m'a interpellé... Ce roman, délicat et élégant, relève autant du récit que de la fiction. L'auteur saisit à la perfection les envies de l'homme vieillissant qui guérit par l'écriture. Un bel hommage au mystère de la création.
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