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sur 2750 notes
Quel singulier roman que ce Manon Lescaut. Je dois avouer qu'avant de me lancer dedans je ne m'attendais pas à une telle histoire : et dans le fond et dans la forme.
Tout d'abord la forme, parfaitement singulière d'un discours dans le discours fait de discours dans le discours. le narrateur nous raconte sa rencontre avec le chevalier des Grieux qui lui même va raconter son histoire et sa rencontre avec Manon Lescaut et dans son récit il racontera également les discours de ses interlocuteurs qui parfois eux-même rapporteront d'autres discours. Bref, une forme pour le moins alambiquée qui aurait pu tourner à une catastrophe incompréhensible, mais on constate très rapidement que l'Abbé Prévost maitrise cet art à la perfection. J'ai rarement vu une telle maitrise du discours indirect, et surtout comme on vient de le dire en version démultiplié, j'en ai été impressionnée. C'est d'ailleurs cette narration très particulière qui m'a énormément plu, et quand on ajoute à cela une plume générale fluide, dynamique et très agréable, une obtient une narration générale très réussie.
C'est tout cela qui m'a permis d'apprécier pleinement l'histoire elle-même. Une histoire d'amour et de dépendance, de fuite et d'obsession entre des Grieux et Manon. J'ai rarement eu sous les yeux une histoire aussi rocambolesque au premier sens du terme : extravagante et truffés d'innombrables péripéties ! Les deux amants vont vivre un périple amoureux assez hors du commun et j'ai beaucoup apprécié cette originalité (du moins à titre personnel). Car oui, ce n'est pas la plus grande histoire d'amour en tant que telle — dans les sentiments ou le souffle amoureux —, et d'ailleurs on a parfois envie de dire à des Grieux de lâcher cette histoire puisque Manon semble plus inconstante qu'amoureuse, c'est resté néanmoins quand même touchant. Je me suis assez attachée à ses deux personnages malgré la répétition incessante des mêmes erreurs.
Une belle découverte et grand plaisir de lecture !
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"Manon Lescaut" de l'Abbé Prevost.
Un auteur du 18e siècle que j'avais envie de commencer depuis assez longtemps.
C'est en trouvant cette édition (Librio 10 francs) de "Manon Lescaut" dans une boite à livre que je me suis dit pourquoi par le prendre car n'étant pas très long et car celui-ci est un classique de l'Abbé.

J'ai trouvé ce roman plutôt sympathique sans pour autant être subjugué comme beaucoup ont pu l'être. N'étant pas un fan d'histoire d'amour c'était quand même compliqué (même si celui-ci étant un classique de la littérature française et non pas un roman récent m'a quand même donné envie de voir la fin de l'histoire).
De Grieux m'a souvent beaucoup énervé. Je veux bien que tu sois amoureux et donc tu pardonnes beaucoup mais a un moment quand Manon te trompe toutes les deux occasions pour avoir de l'argent, la relation n'est vraiment pas saine. Et le fait que celui-ci est obsédé par Manon est encore plus gênant. Comment on peut en venir à tuer un homme religieux juste pour pouvoir partir la voir ? Une question dont je n'aurais pas la réponse.
Difficile aussi d'être l'ami de de Grieux et de lui donner des conseils qui ne seront jamais écouté par celui-ci pour qu'à la fin du roman il se rende compte qu'il aurait dû écouter son ami.

Pour finir, de Grieux m'a souvent énervé (tout comme Manon) que je ne comprends pas. J'ai quand même bien aimé cette histoire d'amour et de voir jusqu'à où l'amour (surtout du 18e siècle) peut emmener un homme fidèle (beaucoup trop fidèle, tellement fidèle qu'il ne la quitte pas et la pardonne tout le temps).
Je conseille tout de même cette lecture pour lire un classique qui doit être lu au moins une fois dans sa vie.

(6/10)
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Le chevalier des Grieux aime d'amour Manon.
Pour elle, il est prêt à tout. Tricher aux cartes, faire des escroqueries, aller en prison, s'évader, partir à l'etranger pour suivre Manon...
Pourtant Manon n'est pas sans reproche: elle est infidèle, dépensière, manipulatrice...
Mais comment expliquer un tel amour ?
Mon hypothèse : dans l'intimité Manon comble le chevalier de son expertise dans le "commerce" de l' amour (l'amour physique, je précise).
L'ecriture sublime de l'abbé Prevost ne permet pas de decrire ce qu'une femme experte peut faire à un homme dans l'intimité (heureusement, Prevost n'est pas Sade ! )
Et malgré cela, je ne peux pas m'empêcher de désirer Manon... Les hommes sont tous les mêmes ! Tous des chevaliers des Grieux !
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"Ah Manon, perfide Manon"...
Cette lecture n'est pas ma première de cette oeuvre de Prévost et malgré les années, j'aime toujours autant.
Tout d'abord, qu'un abbé écrive une histoire d'amour, où la passion domine et où le protagoniste se marginalise, est particulièrement intrigant.
Prévost sait manier les mots pour dépeindre la passion et la déraison d'un jeune homme de qualité. Des Grieux contrarie les plans de son père, trahit sa parole donnée aux autres, tue, s'évade, vole par amour pour la belle et insaisissable Manon.
La focalisation interne n'est du fait que du chevalier. A aucun moment nous n'avons les sentiments et pensées de Manon. Tout nous est rapporté par le regard oh combien passionné de cet amant transi d'amour. de ce fait, Manon paraît la belle mystérieuse, la traîtresse, la manipulatrice et la perfide de l'histoire. Ses faits le prouvent : elle est en perpétuelle recherche du luxe, de superficialité et d'argent. Elle est prête à trahir Des Grieux à chaque fois.
Mais que ressent-elle réellement pour lui ? Mystère... la focalisation interne de Des Grieux nous empêche d'établir des certitudes. Néanmoins, Manon retourne toujours aux sources... et revient chaque fois auprès de son sensible amant... jusqu'à ce que ses ressources financières s'épuisent de nouveau.
Ce court roman relate cette passion maudite et la vie rocambolesque d'un duo mal assorti : un homme honnête et fidèle qui s'amourache d'une jeune fille légère, avide et libre.
L'intrigue est une suite d'actions malheureuses : pauvre Des Grieux ! La malchance le poursuit de ses assiduités ! Il en perd pied et sombre à tous les niveaux.
En outre, ce roman est à la croisée des sources littéraires : des accents de tragédie, des références à Dom Juan de Molière (dans les scènes de reproches paternels), de roman picaresque en passant par des scènes plus comiques. La sensibilité ou pré-romantisme, courant dont fait partie l'auteur, annonce Rousseau et Chateaubriand ou encore la plume de Bernardin de Saint Pierre.
Attention à ne pas classer ce roman dans le libertinage, vous n'y trouverez aucune scène scabreuse ou de libertin débridé. Non, vous y trouverez les affres de la passion qui mènent au pire.

Une belle histoire à la plume poétique où tout se cristallise sur Manon, voilà pourquoi le titre raccourci la met en avant, elle; en plus de mettre en avant un personnage qui n'a aucune noblesse et qui est une femme ! Belle modernité.
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Encore un livre que j'ai adoré. Pourtant, j'ai pensé au début de ma lecture que ce serait une lecture agréable, mais sans plus. Et quelle erreur !

L'écriture de l'abbé Prévost a totalement conquis mon coeur (je n'avais rien lu de lui auparavant). L'histoire peut paraître originale dans le choix des personnages, mais sinon je l'ai trouvée assez basique. Un héros qui tente de devenir un anti-heros par quelques défauts mais sans réussir, car on l'aime et lui pardonne naturellement, c'est assez classique. le choix du caractère féminin du texte en revanche est plus subtil puisque j'ai passé les 3/4 du livre à ne savoir sur quel pied danser à son propos.
L'histoire reste assez basique dans l'idée avec une histoire d'amour passionnelle et compliquée, malgré de chouettes rebondissements. Ce qui fait que j'ai tant aimé ce livre cependant reste son incroyable capacité à me toucher, grâce à une écriture riche et juste dans les sentiments humains. C'est le gros point fort du livre selon moi.
Je vous conseille fortement de le lire et de vous faire votre avis : à première vue il peut paraître peu original, mais il a une profonde richesse qu'il est délectable de contempler.
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Cette aventure est caractéristique de la noblesse du XVIIIe appliquant aux moeurs le libertinage philosophique du XVIIe, noblesse ainsi souvent qualifiée de décadente ; on peut dénombrer tous les larcins imaginables – enlèvement, prostitution, tricherie au jeu, arnaque, évasion, meurtre... Mais ce petit récit est particulièrement frappant parce que s'il tient du libertinage XVIIIe (Liaisons dangereuses, Sade...), il annonce aussi le pré-romantisme (d'un Paul et Virginie) avec cet amour impossible mais plus fort que tout, et cet épisode sur les terres perdues du Nouveau Monde (qui pourra faire penser aux premiers romans de Chateaubriand Atala et René).

Le style demeure très classique et la première personne marque le style des mémoires bien qu'il s'agisse d'un récit second. On suppose néanmoins que ces aventures sont fortement inspirées de la jeunesse de Prévost. En cela, on s'approche à couvert du style qu'auront Les Confessions de Rousseau lequel n'hésitera pas à raconter ses mauvaises actions en tant que document humain authentique pouvant mieux rendre compte de l'homme dans sa nature profonde, sous l'homme mondain. Ainsi, Prévost raconte, sans juger, sans s'appesantir sur les détails, les causes... il s'agit bien de peindre une passion amoureuse, dans sa vérité, si immorale soit-elle.

Le thème le plus intéressant est la question de l'argent qui vient toujours gêner, interrompre l'idylle amoureuse, la ramener à la réalité. L'amour nécessitant le sacrifice de la situation, il peut difficilement tenir. Ce sont bien ces impossibilités qui se manifestent par autant d'actions immorales du couple. le personnage de Manon est également à ce point très finement posé. L'amour semble dominer entièrement le personnage – qui en disparaît presque entièrement – tant que l'argent ne vient pas à manquer pour soutenir son rythme de vie. Cette folie amoureuse est évidemment à mettre en parallèle avec les amours d'Abélard et Héloïse (passant également de l'amour-passion dévorant, au dur retour à la réalité, puis au renoncement et à la consolation divine) et à opposer à l'amour naïf de L'Astrée (le berger et la bergère amoureux qui sont séparés par de multiples mésaventures, comme si toute l'aventure amoureuse consistait à se trouver et à faire couple malgré les obstacle alors que les plus difficiles péripéties se jouent sans doute après...).
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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La relecture de Manon Lescaut m'a beaucoup fait rire !

Le Lecteur fait la connaissance de Des Grieux et de Manon Lescaut ; deux personnes épris d'une folle et grande passion amoureuse. le chevalier Des Grieux réussit parfaitement à émouvoir le Lecteur en incarnant l'amant prêt à tout abandonner et à tout sacrifier pour son seul et unique amour, Manon. Un amour qui peut prêter à rire, car profondément démesuré et dysfonctionnel, mais qui peut aussi nous faire penser à une ode à l'Amour, propre aux Romantiques, où la passion amoureuse est fatale. Néanmoins, il ne faut pas oublier que Manon Lescaut reste un roman libertin, et que derrière cette fresque amoureuse, se cache l'histoire d'un amour interdit par la Morale.

Manon incarne le personnage le plus fascinant et le plus mystérieux du récit que le chevalier Des Grieux livre à son Lecteur - et qui ne dévoile jamais son portrait, lui laissant le soin d'imaginer l'éthopée et la prosopographie de Manon. Ce dernier ne peut s'empêcher de compatir avec le narrateur qui souffre atrocement des nombreuses infidélités de son amante, de ses abandons, et de son apparente frivolité.

Seulement, malgré le portrait négatif que nous dresse Des Grieux de sa dulcinée, apparenté à une femme fatale, il me semble que Manon soit en réalité une femme pragmatique ; elle connaît parfaitement les rouages de la société dans laquelle elle et son amant évoluent. Aussi, de ce point de vue, leur amour semble VRAI mais MAUDIT, car il est sans cesse confronté à la réalité du monde ; à la Morale, qui interdit fermement ce genre d'amour et à la représentation collective de la femme réduite à son physique et qui n'a souvent d'autre choix que d'user de ses charmes pour survivre et pouvoir s'enrichir.

Une oeuvre riche et complexe à comprendre, à en saisir un véritable sens, mais qui vaut la peine d'être lu ou relu, ne serait-ce que pour jouir du plaisir d'aller à l'encontre de la Morale du XVIIIème en osant vivre un amour « hors-norme ».
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Lorsque, lors de la dernière masse critique de Babelio, j'ai vu ce roman, j'ai eu très envie de le lire à nouveau. Il fait partie des "classiques" que l'on lit bien souvent pendant nos années lycée, au moment du baccalauréat de français. Ce qui fut mon cas. Je me souviens très bien de sa lecture il y a déjà bien longtemps, j'avais aimé à l'époque, et j'avais envie de voir si  mon avis allait évoluer avec le temps et avec toutes les autres lectures que j'ai faites depuis. Et c'est le cas. J'ai aimé, mais j'ai souvent été lassée, je vous dirais pourquoi par la suite. 

Avant, il faut quand même parler du livre, il a été écrit en 1731 par l'Abbé Prévost, un écrivaine très prolifique. Au départ, ce roman s'appelait "L'histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut", mais l'éditeur hollandais décidera de raccourcir le titre en "Manon Lescaut". Après lecture, je trouve que le premier titre correspondait beaucoup mieux, car on parle autant des deux personnages, et c'est le Chevalier qui se raconte. Ce roman est le septième et dernier tome d'une oeuvre à succès de l'Abbé Prévost, "Mémoires et aventures d'un homme de qualité", où le personnage le marquis de Renoncour raconte sa vie. On va d'ailleurs le retrouver au début de ce livre, mais on en apprend pas plus sur lui, pas la peine de lire les six autres tomes avant. Quoique, pour ma part, j'aimerais bien en apprendre plus sur lui. 

Ce roman raconte une histoire d'amour comme on en faisait à cette époque, tourmentée, cruelle. Il y a Roméo et Juliette, Tristan et Yseut, et il y a le Chevalier Des Grieux et Manon Lescaut. Dès que ces deux-là se rencontrent, c'est le coup de foudre. Ils sont tous les deux jeunes, même pas encore vingt ans, lui à 17 ans, elle moins, Des Grieux est un jeune homme de bonne famille, brillant dans ses études, il rencontre Manon par hasard, elle est avec d'autres filles et doit être menée au couvent. Des Grieux va préparer un plan pour la faire libérer et ils s'enfuient les deux. Mais il faut maintenant arriver à vivre. Et pour cela, Manon n'hésite pas à avoir recours à sa beauté et à ses charmes pour séduire de riches hommes, et de se faire entretenir par eux. Des Grieux la suit, il est aveuglé par l'amour, il sait qu'elle le trompe, mais il est tellement amoureux qu'il lui pardonne tout le temps. Il faut dire aussi qu'elle sait le manipuler et lui dire qu'elle ne pouvait faire autrement et qu'elle le faisait pour lui. Manon n'aime pas la pauvreté, elle veut vivre avec des largesses, la fuite ne l'intéresse pas. Et pourtant, ils vont avoir tous les deux des déconvenues, les hommes qu'ils ont exploités se rendent compte de la supercherie, et les poursuivent ou les font mettre en prison. Mais, malgré des mois enfermés, Des Grieux continuera à chercher Manon, à la retrouver, à la libérer, et à chaque fois elle recommencera, jusqu'à la fois de trop...

Je ne me souviens pas à ma première lecture lors de ma préparation au Bac, que Manon m'ait à tel point insupportée. Elle a tout le loisir d'être heureuse avec Des Grieux, il faut toujours qu'elle aille chercher à côté, et tout ça pour l'argent. Je l'ai trouvée tellement vénale. Je regrette que l'auteur n'ait pas fait parler Manon, qu'elle s'explique, qu'elle raconte son passé, peut-être celui-ci expliquerait son appât du gain et du toujours plus. Parce que là, c'est Des Grieux qui raconte, donc je n'ai eu qu'une version. J'avais souvent envie de le remuer, et de lui dire d'arrêter d'être naïf. À chaque fois qu'il présentait quelqu'un à Manon, je savais qu'il allait être à nouveau berné, et lui, aveuglé, continuait. Et cela reflète bien la société d'alors, où il y avait les très riches, et les très pauvres. Ceux-ci ne pouvaient pas évoluer, ils restaient toujours dans la même condition. Manon veut se sortir de là, et elle accepte tout pour y arriver, même si cela doit lui nuire. 

À part les personnages qui m'ont énervée et auxquels j'ai eu du mal à m'attacher, j'ai apprécié l'ensemble de ce livre. Il est écrit dans un style ancien, avec un vocabulaire parfois obsolète, mais les mots sont expliqués en bas de page, donc la compréhension se fait tout de même facilement. le style est très bon, bien sûr, les descriptions sont bien faites. On voyage beaucoup, mais j'ai trouvé que les décors extérieurs étaient peu décrits. L'action est assez lente, elle représente bien la vie d'avant, et surtout celle des gens aisés, qui se laissaient plutôt vivre et ne faisaient pas grand chose de la journée. Par contre, j'ai été satisfaite de trouver de la densité dans les actes, les personnages. Je me demandais bien souvent où j'allais atterrir, vers quel final. le livre est séparé en deux parties, et n'a pas de chapitre. C'est quelque chose qui m'a parfois un peu perturbé, car j'aime arrêter ma lecture à une fin de chapitre, ça m'aide pour reprendre, et là je ne pouvais pas le faire, je devais relire un peu avant lorsque je reprenais mon livre. J'ai d'ailleurs trouvé la seconde partie plus mouvementée et plus addictive. Je l'ai lue bien plus vite que la première. Par contre, le final m'a laissée sur ma faim, j'ai envie de dire, tout ça pour ça, j'aurais aimé savoir ce qui allait se passer par la suite, que ce soit pour Des Grieux ou pour le narrateur, monsieur de Renoncour. Surtout que c'est un dernier tome, il n'y aura jamais de suite, et c'est dommage. le début du livre est raconté par le marquis, qui cède la parole ensuite à Des Grieux lorsqu'il le rencontre. Malgré la narration à la première personne, j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages, et j'ai gardé une certaine distance avec eux. Je pense que ceci est dû à la période où cela se passe, et aussi au fait que j'ai trouvé le couple insupportable, comme je le disais plus haut. 

L'abbé Prévost mélange dans l'histoire de ce couple la vie au XVIIIème siècle, le siècle des Lumières qui a vu la société se modifier, avec une période de tensions religieuses,  une société en pleine mutation où la condition des femmes est débattue, la place des femmes dans la haute société, parce que chez les pauvres, la femme est toujours sous l'ordre de l'homme. C'est très instructif, et l'auteur a très bien mélangé la fiction avec des faits réels de l'époque. Tout ceci est d'ailleurs bien résumé dans le livre, qui est bien plus que la retranscription de l'oeuvre. Il y a en effet tout un dossier pédagogique au début et à la fin du roman. Au début, la collection est présentée, avec les noms des professeurs qui sont intervenus, il y en a dans chaque académie, qui ont d'ailleurs veillé à ce que la place de la femme soit mise en lumière. L'oeuvre nous est ensuite présentée, dans son contexte historique, la biographie de l'auteur, la société d'alors, avec de belles frises pour situer l'histoire dans le temps historique. Et à la fin du roman, il y a tout un dossier pédagogique avec de la compréhension de texte, des explications, des extraits d'autres oeuvres d'autres auteurs pour faire le lien, et enfin, des exercices destinés aux lycéens, sur le vocabulaire, la grammaire et des pistes de dissertation. J'ai trouvé ce dossier très complet, j'aurais beaucoup aimé avoir un tel livre pendant mes études, ce n'était pas si perfectionné. Et en plus, notre époque étant connectée, il y a un QR code qui permet de retrouver le roman sur le net, avec un fichier epub, des extraits lus par des comédiens, une vidéo pour découvrir l'auteur. Bref, tout un dossier très complet, ludique et interactif. Et d'autres oeuvres existent pour le lycée ou le collège, sur Rimbaud, Balzac, Molière et d'autres thèmes. 

Je me suis amusée à répondre aux questions, à me remettre dans la peau de l'ancienne lycéenne, à réfléchir aux questions posées, et j'aime toujours autant, ça permet de pousser l'histoire un peu plus loin, et parfois de comprendre certains points abordés dans le livre. 

J'ai dans l'ensemble passé un très bon moment. J'ai aimé redécouvrir une oeuvre lue il y a longtemps, j'aime le faire de temps en temps, la dernière fois, c'était le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier. Je ne sais pas encore quel sera le prochain.. En tout cas, je vous conseille ce livre si vous avez envie de redécouvrir un classique, ou pour vos enfants s'ils sont au lycée. C'est une très jolie collection.

Il ne me reste plus qu'à remercier les éditions le Livre Scolaire et Babelio pour leur masse critique, qui m'a permise de relire un roman que je n'avais pas oublié tant que cela.
Lien : http://marienel-lit.over-blo..
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Voici deux travers moraux qui mène au drame, deux visions de la vie à deux liées par l'amour, deux vies qui ne sont guère faciles! Ce roman moral n'en ai pas tout à fait un car il pointe dans ces jugements du comportement des uns et des autres, une si fidèle description des passions et des actes qu'on peut légitimement se demander si l'auteur ne les a pas éprouvé à un moment de sa vie ou tout du moins ne les a souhaité!
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Cette oeuvre témoigne que l'on peut parfois éprouver un grand plaisir de lecture sans qu'il y ait besoin d'apprécier l'intrigue développée.
En effet, l'histoire en elle-même est certes passionnée mais pas très passionnante. Elle ne fait que suivre à plusieurs reprises un cycle assez prévisible, aux ressorts récurrents, où il n'est question que de fuites, de passion, de ruine, d'infidélité intéressée, de remords, de séquestration, d'emprunts d'argent immédiatement dilapidé en vain, de généreux et fortuits protecteurs, de retrouvailles pleines de promesses hypocrites ou naïves, et d'idées de vengeance malheureuses annonçant la prochaine chute. Les atermoiements de ce chevalier immature qui soumet toute raison à son amour, dont le récit, même dans ses épisodes les plus joyeux, prélude explicitement à une catastrophe qui promet des torrents de larmes et des grandes résolutions bancales à se laisser mourir, pourraient insupporter un lecteur plus pragmatique, en dépit de la prédominance du récit sur les digressions. le seul passage théorique significatif, à l'occasion d'un dialogue, livre d'ailleurs une réflexion d'une grande profondeur sur la comparaison entre le bonheur terrestre et celui qui est promis dans l'au-delà en récompense des actes vertueux de notre vie.
C'est indéniablement l'écriture qui me réconcilie tout du long avec ce livre. Alors il est vrai que j'aime les grandes phrases alambiquées, c'est mon faible. La même histoire, écrite avec les phrases nominales qui caractérisent la littérature d'aujourd'hui, n'aurait pas même valu le temps passé à formuler une critique incendiaire. Mais le XVIIIe siècle arrive, lui, à rendre touchants les gazouillis irresponsables de deux tourtereaux à cervelles de moineaux. Je m'incline devant le tour de force littéraire à défaut de tirer grand-chose du fond, à l'exception de quelques passages anecdotiques.
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