Entre les dieux et nous…
Entre les dieux et nous l’amour est un passage
Rares sont ceux qui vont jusqu’au delà du pont
Mais les amants qui sont des porteurs de message
N’ont pas à deviner si quelqu’un leur répond
L’amour leur suffit bien avec tous ses bagages
Avec ses mille feux allumés sur la nuit
Car un amour jamais ne connaît son langage
Et porte son secret comme un arbre ses fruits
La mort n’arrête rien car dans l’ombre complice
Un amour quelquefois peut se continuer
Il faut que le destin des amants s’accomplisse
Et ce n’est que le temps qui peut diminuer
Cette vie à tout prendre est une bonne auberge
Même si les repas y sont rares souvent
Mais tout peut-il finir parce que sur la berge
Un voyageur est pris dans les filets du vent
Esclaves savez-vous qu’il suffirait d’un geste…
Esclaves savez-vous qu’il suffirait d’un geste
Pour que tombent ces fers que vous dites cruels
Mais l’esclavage vous est trop habituel
Pour qu’un désir de vivre en cette peau vous reste
Vous êtes nés, devant cet horizon de meules
Pour y broyer l’amour et le pain des vivants
Vous ne pouvez tenir debout et le pouvant
Que feriez-vous avec ces mains vides et veules
Tournez dans vos saisons, de meules et de guerres
Passez encore un coup sous vos arcs triomphaux
Les amants savent seuls éviter les jours faux
Et vivre sans tomber dans les pièges vulgaires
Ce monde où tes vingt ans…
Ce monde où tes vingt ans lucides s’épouvantent
Ne vaut pas que ton cœur s’acharne à le sauver
Laisse à d’autres le soin des prières, savantes
Et vois comme l’amour est amer à trouver
Dominique surgie à côté de mes armes
Peux-tu ne pas savoir que nous sommes trahis
La grâce de Mozart n’est plus que dans tes larmes
Le poète et l’amant n’ont pas d’autre pays
Ces villes où l’amour tremble de solitude
Ces ombres entre nous qui masquent des bouffons
Cette foule qui n’aime que sa servitude
Valent-elles jamais le mal qu’elles nous font
Reposons-nous ce soir dans leur ville anonyme
Partageons-nous le pain et le vin de l’exil
Les chambres du passé toutes pleines de crimes
Ne garderont de nous qu’un très vague profil
Je ne vois rien d’heureux…
Je ne vois rien d’heureux dans tout ce paysage
Rien que ta solitude à côté de mon cœur
J’ai beau fouiller leur âme et scruter leur visage
L’abîme a mis sur eux ses griffes de vainqueur
Laisse dans le passé se vider toute plaie
J’aime que cette peau leur ait appartenu
Notre saison d’amour n’en sera que plus vraie
Et la mort n’aura plus qu’un visage connu
Car à quoi bon vouloir prolonger la romance
Dans ces villes où vivre est souvent malséant
Seule l’enfance (un peu) vaut qu’on la recommence
Le reste n’est que le théâtre du néant