Il s'agit pour l'école de choisir sa fraternité : une fraternité entre nous, pour se rassurer - au risque d'exclure -, ou une fraternité avec le prochain - celui dont je me fais proche -, qu'il soit blanc, black ou beur, chrétien, musulman, ou athée ? La fraternité des murs ou celle des passerelles ? "Une personne qui veut construire des murs et non des ponts n'est pas chrétienne " : l'avertissement du pape à Donald Trump s'arrête-t-il aux murs contre lesquels viennent mourir les migrants ?
(Jean Merckaert, rédacteur en chef de la revue)
De l'école à l'université, les lieux de savoir (...) sont et peuvent devenir davantage des lieux fraternels où chacun se trouve encouragé à donner le meilleur de lui-même et à partager. Face à une tendance à centrer l'apprentissage sur l'individu mis en compétition avec les autres, l'école gagnerait à faire davantage confiance aux logiques coopératives qui stimulent l'activité, augmentent la réussite et sont l'occasion de mesurer l'efficacité plus grande de la communauté grâce au partage des talents.
(Jean Caron)
L'étymologie latine désigne sous le nom de "frater", non pas le frère biologique, mais tout membre de l'espèce humaine qu'il s'agit de découvrir, au-delà des ignorances et des méfiances, comme un frère en humanité. Le défi de l'éducation consiste bien dans l'articulation heureuse, qui suppose la patience des étapes, des différents cercles de la fraternité : je me découvre frère de celui qui me ressemble, mais aussi de celui qui est différent de moi, du proche comme du lointain. La philosophie stoïcienne ne voyait pas de contradiction à s'affirmer membre d'une famille, citoyen d'une cité et citoyen du monde : "Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger." (Térence, "Heautontimoroumenos")
(Jean Caron)