Fribourg, indécrottable canton arriéré de bouseux cléricaux ? Certes, mais par intermittence. L'histoire des deux derniers siècles oscille entre volontés de secouer le cocotier et retours de bâton. Après un début de dix-neuvième siècle agité, Révolution française oblige, et suite à l'humiliation du Sonderbund, se met en place la sévère République chrétienne des conservateurs, menée par Georges Python sur le plan politique, cul et chemise avec des évêques tous plus rigides les uns que les autres. C'est le bon temps des rogations et des confessionnaux, l'époque bénie du contrôle social et de la stagnation économique, l'industrie fribourgeoise – j'exagère, indigne ancien étudiant du si nuancé professeur
Francis Python (rien à voir avec l'autre) – se limitant à quelques laiteries et à trois scieries. Puis, à contre-coeur, il a bien fallu entrer dans la modernité, céder une partie du pouvoir à des forces nouvelles, morceler l'hégémonie de l'Eglise, se laisser percer par l'autoroute. Aujourd'hui, Fribourg la conservatrice – du moins la ville – se croit de gauche, elle est gangrénée par les graineux, elle installe des végans dans ses boucheries mais rassurez-vous, chers amis réacs, à Fribourg, on pense encore souvent comme on a toujours pensé, en ordre serré.