AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,56

sur 95 notes
5
3 avis
4
16 avis
3
8 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  


Pas facile d'être le fils de. Dans « L »homme de ma vie », Yann Quéffelec le prouve à travers un livre qui aurait pu être un réquisitoire sans retour sur un père qui n'ouvrit presque jamais son coeur à ce fils qui pourtant choisit la même voie et obtint le Goncourt pour « Les noces barbares », d'ailleurs la scène de l'annonce du prix, par le fils au père est le parfait exemple de cette déconnexion familiale. Yann raconte tout cela dans un style riche (parfois un peu trop), les malentendus, les disputes, les absences, l'incompréhension, la dureté d'un père fermé, autoritaire. Quéffelec fils, malgré les rendez-vous manqués, racontent ces peines, ce manque d'affection. Il utilise un l'humour bienvenu, il n'est pas revanchard, juste lucide. Son récit est celui d'un homme qui a su trouver sa place, regarder vers la mer (que son père aimait lui aussi) pour trouver les bons vents, histoire de rappeler qu'il peut-être fier de son parcours malgré ces blessures paternelles.
Emouvant.
Commenter  J’apprécie          400
J'avais oublié que je n'aimais plus Yann Queffelec et que je ne le lirais plus.
Bon, là, il se rattrape un peu.
Il entreprend de parler de son père.
L'homme de sa vie ?
Disons plutôt l'homme qui a un peu pourri sa vie.
Un père à qui il a toujours voué une grande admiration mais de qui il a toujours attendu une parole d'encouragement.
Même quand il a reçu le Goncourt, rien, pas de commentaires.
Depuis petit il se sent moins aimé que ses frères.
Quand il commence à écrire, c'est encore une fois une forme de rejet.
Les seuls mots un peu agréables, c'est quand il appelle son fils « petit vieux ».
Souvent des brimades, du mépris, de l'indifférence.
Henri Queffelec semblait un peu imbu de lui-même.
Il n'a pas laissé beaucoup de place à son fils.
Tous leurs rendez-vous pour tenter de se parler ont été manqués.
Ça n'a pas du être toujours facile pour Yann, et il l'exprime bien dans ce livre.
Ce livre n'est ni un hommage, ni un règlement de compte, c'est un constat plutôt douloureux.
Commenter  J’apprécie          180
A l'approche de ses 50 ans Yann Quéffelec a ressenti le besoin d'écrire un livre sur son père, l'écrivain Henri Quéffelec. Hommage ? Règlement de compte ? Ni l'un ni l'autre en fait.

J'ai eu beaucoup de mal à aller au bout de ce petit récit autobiographique qui fait moins de 300 pages. La première partie est l'enfance, jusqu'au 15 mai 1970, jour où celle de l'auteur semble disparaître avec le décès de sa mère. La seconde partie nous montre l'auteur à l'âge adulte, écrivain à succès (prix Goncourt avec son deuxième roman, « Les noces barbares » en 1985) et navigateur, et ses tentatives de rapprochement avec son père qui ne semble ne s'être jamais remis de la disparition de sa femme.

A aucun moment je n'ai ressenti d'empathie pour cette famille étrange, dominée par la figure d'un père austère, froid, détestable, incapable d'exprimer des sentiments positifs (tout du moins à l'encontre de son fils cadet). Je n'ai pas compris l'acharnement du père contre ce fils « né dans la mauvaise famille ». Parce qu'il ne voulait pas d'un troisième enfant ? Parce que l'accouchement a été difficile et qu'il a eu peur de perdre sa femme ? Comme un être aussi éduqué et intelligent pourrait-il avoir ces sentiments ?

Je n'ai pas non plus été touchée par la quête intense, immense, infructueuse de ce fils pour arracher à son père une minute, un mot, un geste d'amour. Un besoin de reconnaissance, d'amour si profond que le fils va suivre le père sur les chemins de la littérature, et, suprême affront au géniteur, dépasser celui-ci en obtenant le plus prestigieux des prix littéraires dès son deuxième roman.

Même si Yann Quéffelec essaie de mettre de l'humour, de la poésie, de l'autodérision dans son écriture, on sent toute la douleur de cette communication qui n'a jamais pu s'établir vraiment. Et même s'il semble que les deux hommes aient fait la paix l'un avec l'autre sans vraiment se le dire, la plaie semble encore très vive au moment où l'auteur écrit les derniers mots de son récit.

Bref, peut-être pas pour moi le meilleur livre pour aller à la rencontre de cet auteur.
Commenter  J’apprécie          140
Je n’ai lu aucun précédent livre ni de Yann Queffelec, ni de cet autre écrivain célèbre qui lui a donné et pourri la vie : son père Henri, universitaire et auteur estampillé breton dès le lendemain de la seconde guerre, pupille de la Nation et ancien élève de la prestigieuse Ecole Normale Supérieure, né en 1910, comme mon papa titulaire du seul Certificat d’Etudes Primaires mais qui savait nous aimer avec passion.

Yann, de son vrai prénom Jean-Marie, est un de mes quasi-contemporains puisque je ne suis son aînée que de trois ans. Cette enfance parisienne, c’est donc aussi mon enfance qu’il raconte, avec ses modèles de voitures – la spécialité de son frère aîné Hervé dit Bouéboué - son mobilier emblématique – le tourne-disques Pathé-Marconi – ses nombreux déménagements – au gré des succès littéraires de ce père psychorigide, égocentrique et mal aimant. Une enfance plus intellectuelle et plus bourgeoise que la mienne, certainement pas aussi heureuse.

Yann, surnommé «p’tit vieux », à l’impression permanente de s’être trompé de famille : toutes les louanges paternelles vont à son grand frère. Il a la mauvaise place, celle du cadet. Sa sœur s’en sortira grâce à la musique. Le petit dernier, Tanguy, jouit de la place de petit dernier. Yann s’efforce d’exister : mauvais résultats scolaires, mensonges – de toute façon, son pervers de père lui donne toujours tort – et un exutoire privilégié : la mer. Heureusement, il peut compter sur l’appui indéfectible de sa mère, l’héroïque Yvonne qui coupe ses Gauloises en deux pour les fumer la bouche en coin, mais qui disparaît alors qu’il n’est qu’adolescent. Pour son père, il restera toute sa vie un incapable, la honte de la famille … rien à en tirer. Sacré handicap pour un homme. Jusqu’à ce qu’il se mette, lui aussi, à écrire et à publier à l’âge de 32 ans. D’abord une biographie de Belà Bartok (en 1981), puis un premier roman, puis « Les noces barbares » en 1985, pour lequel il obtient le Prix Goncourt.

Son père ne le lui pardonnera jamais. Lui qui pourtant est lauréat du Grand Prix de l’Académie française depuis 1958, jamais ne lui dira ce qu’il pense du roman de son fils, si tant est qu’il l’ait jamais lu … C’est de cette immense incompréhension dont il est question dans ce récit tendre, plein de regrets, d’occasions manquées, d’amour filial – quand même - de la difficulté infinie de vivre dans l’ombre d’un surdoué – sauf pour l’amour paternel – qui continuait à se baigner dans l’eau glacée à plus de 80 ans … et qui succomba à un infarctus le 13 janvier 1992.

Après 23 romans et bien d’autres ouvrages, le fils écrivain reconnu se libère de l’emprise maléfique de son père. C’est un texte émouvant, drôle et sincère … qui me conforte dans l’impression depuis toujours mienne que nous, parents inconscients, exerçons une influence majeure, bonne ou mauvaise, ou les deux à la fois, sur nos enfants. Qu’ils nous pardonnent !



Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
Commenter  J’apprécie          141
Beau livre sur les rapports père et fils (thème éminemment littéraire). J'avoue avoir perdu de vue Yann Queffelec depuis longtemps, quelques uns de ses romans m'avaient pourtant séduit ("le Charme noir", "les Noces Barbares", "Disparue dans la nuit" et "Osmose") . C'est sans doute son meilleur livre depuis longtemps. Mélancolique et souvent drôle. Un joli moment.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai apprécié ce livre grâce à la qualité du verbe de Yann Queffélec. C'est un plaisir de lire ses phrases.
Néanmoins j'ai été assez déboussolé par le rythme, la chronologie et j'ai manqué de repères sur certains personnages ou d'ancrages dans le temps avec des références que je n'identifie pas.
Surtout, un grand bémol pour moi sur ce livre : le chapitre 13 nommé Aparté.
Alors que depuis le début du livre, le père s'adonne à la fessée sur son fils sans recul par l'auteur, voici que ce chapitre se positionne, non pas en défense de la fessée mais en pourfendeur de la loi contre « les violences éducatives ordinaires ».
Voici ce qu'écrit Yann Queffélec : « l'intrusion des Lois dans les mystères du cercle de famille est d'abord un viol, et qu'il faut s'assurer que cette profanation sert efficacement l'intérêt du Petit avant de la sceller d'un verdict officiel qui défait le père aux yeux des siens. Et tue la famille aussi radicalement qu'un divorce ou un meurtre. »
Je trouve ces propos absolument honteux. Chaque phrase est désastreuse. Par exemple, cette loi ne tue pas la faille, pas plus qu'un divorce (qu'elle drôle de comparaison avec un meurtre). Mais je m'interroge franchement sur le choix de Queffélec de cette saillie contre une loi visant à protéger les personnes quand on sait les drames auxquels mènent les fessées sur les enfants comme les adultes qu'ils deviendront. Si un père ne sait éduquer ses enfants sans violences (pourquoi Queffélec résume cet acte aux hommes?), il a un problème et la loi doit lui rappeler. le jour où un parlement votera une loi revenant sur cette interdiction, nous aurons de grands combats à mener pour nos libertés. J'espère qu'on pourra compter sur Yann Queffélec.
Commenter  J’apprécie          00
Yann Queffélec n'est pas fils unique. Il est le "mal placé" d'une fratrie de quatre : le troisième, précédé d'un frère aîné -le préféré- et d'une soeur, et suivi d'un petit dernier. Celui dont l'accouchement fut le plus douloureux. le ton est rapidement donné : petit, il s'entend dire par son père qu'il a dû se tromper de famille. Il se sent le mal aimé d'un foyer dont les autres membres semblent bénéficier d'une attention et d'une affection paternelles qui lui sont refusées.

Henri Queffélec est un homme intelligent et cultivé, exigent, au sarcasme facile, et un père, du moins pour le petit Yann, distant et abrupt, d'une condescendance dédaigneuse confinant parfois au mépris..
Une bonne partie de l'existence de l'auteur semble n'être qu'une succession de vaines tentatives pour plaire à celui à qui il voue une inconditionnelle admiration. L'aura, le prestige qui entourent cet écrivain reconnu par ses pairs comme le grand romancier maritime français du XXème siècle, son assurance et l'étendue de son savoir, renvoient son fils à un sentiment d'infériorité, provoquant chez lui le besoin constant de se montrer -sans succès- à la hauteur. En faisant de son père un modèle, l'enfant goguenard aux résultats scolaires médiocres -ainsi qu'il se décrit- a fixé la barre trop haut...

Mais le véritable et plus grand drame de Yann Queffélec, l'évidence la plus poignante qui émane du récit, est l'incapacité dans laquelle il se trouve à communiquer avec son père, même devenu adulte. Ses tentatives pour lui exprimer ses émotions et la souffrance qu'a imprimé en lui le rejet paternel, finissent systématiquement par avorter, lui laissant un sentiment toujours plus grand d'impuissance et de frustration.

Si Pascal Bruckner a su devenir un adulte épanoui en assumant des choix à l'encontre des espoirs paternels, Yann Queffélec a au contraire suivi les traces de celui à qui il ne rêve que de ressembler. le père et le fils partagent le même amour de la mer, et le même attrait pour l'écriture. L'approbation paternelle, voire même une certaine forme de reconnaissance -il n'oserait tout de même pas quêter son admiration-, lui sera toujours refusée. Henri Queffélec, implicitement ou non, ne manque jamais de lui rappeler qu'il est l'indétrônable écrivain qui a rendu leur nom célèbre. Et il reproche à son fils, notamment dans son premier roman, de régler ses comptes... non pas que cela paraisse le gêner personnellement. Il s'agit là, ni plus ni moins, d'une critique, qui se veut objective, du travail de Yann.
Ce dernier l'admet d'ailleurs bien volontiers : ce qu'il ne peut dire ou écrire à son père, il l'exprime, indirectement, dans ses romans, exutoires au mal-être et aux non-dits qui ont laissé en lui une amertume irrésolue.

On ressent dans "L'homme de ma vie" la profonde mélancolie qui en résulte, mais c'est aussi un récit très vivant, et même souvent cocasse. Par le truchement de ses souvenirs de jeunesse, passée entre le Paris et la Bretagne des années 50, l'auteur nous livre maintes anecdotes à l'occasion desquelles il restitue avec justesse et humour les couleurs et l'imagination de l'univers enfantin.

Un roman touchant, dont le style diffère de celui "d'Un bon fils" par une résonance plus marquée des émotions sur un style plus abrupt, plus "coloré". L'impossibilité pour Yann Queffélec de s'affranchir du joug paternel a laissé des stigmates qui se révèlent dans son écriture, mais c'est aussi ce qui la rend remarquable...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          00
j'ai envie de dire à Yann Queffélec : Mais quand te mettras-tu en colère contre ce père soi-disant aimant...
On comprend l'admiration et l'amour de son fils mais jusqu'à quel point.
Lecture agréable mais pas de souvenir impérissable.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (202) Voir plus



Quiz Voir plus

Les noces barbares

Le héros de ce livre se prénomme:

Hugo
Ludo
Martin
Micho

20 questions
62 lecteurs ont répondu
Thème : Les noces barbares de Yann QueffélecCréer un quiz sur ce livre

{* *}